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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 11:13

DES FOIS QU'ON ASPIRE AU SILENCE

1.
Des fois qu'on aspire au silence, au silence « en noir » des horloges d'un poème de Verhaeren, piqueté silence, tic-tac tranquille de la bibliothèque, en noir silence, contre les autres silence, contre le bruit que vous faites silence, toutes les fureurs lointaines silence, tout nouveau tourment silence, tout œil chargé de reproches silence, toute foudre des sourcils silence – ah tiens, c'est rigolo, ce « truc gras en forme de poulet », que j'entends dans un épisode de « Desperate Housewives » et la bouche de Gaby, comme quoi le silence et moi, c'est très relatif, moi, pomme bouffeuse de fictions, de navets même, et sont-ce glousses de poules, cacardes d'oies, cancanes de canards qu'ouïs-je en boucle et à la fin du morceau « Bike » du « Piper At The Gate Of Dawn » des Pink Floyd du temps de Syd Barrett ? – ; des fois qu'on aspire au silence, qu'elles bouclent leur chant, les Sirènes, qu'on puisse en paix s'imaginer des chansons de marins, et les grands mugissements des taureaux tempestaires ; des fois qu'on aspire au silence, à l'autre côté du rideau où se faire face, se rendre compte que, comme dit l'autre, dans Claudel des « Ténèbres » : « Je suis ici, l'autre est ailleurs, et le silence est terrible ».

2.
Au magasin du Diable, on trouve tout ce qu'il faut dans le genre tourments et catastrophes, et l'humain pour vous servir.

3.
Des fois, le silence se promène tout en noir, rentre dans les horloges, d'où il ressort avec des yeux chargés de reproches.

4.
« A quel nouveau tourment je me suis réservée ! »
(Racine, « Phèdre », IV,6 [Phèdre])

Le cœur du tragique, c'est qu'le singulier s'en réserve, des tourments et d'la catastrophe, un ticket de train pour Les Ombres.

5.
Quand elles se taisent, les Sirènes, les marins chantent-ils ? Est-ce l'heure des grand mugissements ?

6.
« Je suis ici, l'autre est ailleurs, et le silence est terrible »
(Paul Claudel, « Ténèbres »)

7.
Des fois qu'on aspire au silence, au silence « en noir » des horloges d'un poème de Verhaeren, des fois qu'on aurait envie de pleurer.

8.
Piqueté silence, tic-tac tranquille de la bibliothèque, silence traversé de jeunes femmes tandis que dehors, le jour s'active encore.

9.
J'aime les gens qui font contre les autres silence, les gens qui opposent l'entêtement de leur silence aux fureurs lointaines du monde.

10.
Une figurine de bande dessinée, poursuivie par des yeux chargés de reproches et qui froncent la foudre de leurs sourcils.

11.
Il était si mélancolique qu'il avait souvent l'impression de donner ses doigts à manger à sa guitare.

12.
Ah tiens, c'est rigolo, ce « truc gras en forme de poulet » que j'entends dans un épisode de « Desperate Housewives » et la bouche de Gaby.

13.
Le silence et moi, c'est très relatif, moi, pomme bouffeuse de fictions, de répliques, de masques, de chansons.

14.
Sont-ce glousses de poules, cacardes d'oies, cancanes de canards, qu'ouïs-je en boucle à la fin du « Bike » des Pink Floyd de Syd Barrett ?

15.
Qu'elles bouclent leur chant, les Sirènes, qu'on puisse s'imaginer des chansons de marins, et les mugissements des taureaux tempestaires.

16.
Des fois qu'on aspire au silence, à l'autre côté du rideau où se faire face, face, face, tête de mort.

17.
Le réel est plein de comme dit l'autre, de Claudel des Ténèbres, de Céline à traits furieux, ou alors faut pas s'occuper de littérature.

18.
Assis à une terrasse, buvant un alcool blanc, regardant passer l'invisible dans l'invisible et la jeune femme en blanc de nos rêves.

19.
La situation parfois masque assez ses grimaces, et l'on finit toujours par mourir.

20.
Des fois qu'on aspire au silence, au silence des horloges, et puis à personne.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 novembre 2015

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