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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 15:16

SUR CE COUP LA, MARX...

    "Toutes les sociétés antérieures, nous l'avons vu, ont reposé sur l'antagonisme de classes oppressives et de classes opprimées. Mais pour opprimer une classe, il faut au moins lui garantir des conditions d'existence qui lui permettent de vivre en servitude. Le serf en plein servage est parvenu à devenir membre d'une commune, de même que le roturier s'est élevé au rang de bourgeois sous le joug de l'absolutisme féodal. L'ouvrier moderne, loin de s'élever avec le progrès de l'industrie, descend au contraire plus bas, au dessous des conditions de vie de sa propre classe." (Karl Marx, Friedrich Engels, Le manifeste du parti communiste (1848) in André Roussel, Textes philosophiques, Classes Terminales G, Masson & Cie Editeurs, p.223).

 

"Mais pour opprimer une classe, il faut au moins lui garantir des conditions d'existence qui lui permettent de vivre en servitude." : On ne gouverne pas des morts. On n'administre pas des ombres. On ne peut concevoir un pacte social fondé sur la loi du plus désespéré.

 

Les Trente Glorieuses ont infirmé, dans les sociétés industrielles tout au moins, cette vision de l'ouvrier aux conditions de vie dégradées. L'amélioration des conditions de vie et de travail, les acquis sociaux, les avantages salariaux sous forme d'heures supplémentaires, de primes, ou encore d'intéressement au bénéfice, la démocratisation de l'enseignement ont donné à l'ouvrier l'espoir de ne pas "descendre", de ne pas être "rabaissé" "au dessous des conditions de vie de sa classe", mais, au contraire, d'être reconnu dans son savoir-faire et de voir, un jour, ses enfants s'élever dans l'échelle sociale.

La crise commencée en 1973 et qui, depuis l'éclatement de la bulle spéculative dite des "crédits hypothécaires américains" (2007) et sa propagation en 2008 à toute l'Europe semble accélérer ce que la mondialisation avait largement initié.
La recherche des plus bas coûts du travail induisant la délocalisation de pans entiers de l'économie, la classe ouvrière en Europe se réduit comme peau de chagrin.
De plus, il n'est pas de semaine sans qu'on ne parle de remise en cause de tel ou tel acquis social.
En outre, l'échec patent de l'éducation nationale, en particulier dans le domaine de la formation professionnelle (par manque de souplesse, par manque de compréhension des nouveux enjeux économiques, par une trop grande théorisation des programmes), lié à l'illusion lyrique de l'élévation du niveau moyen de la population par la massification de l'enseignement supérieur, conduit tout droit à la déqualification des emplois, à un accroissement des inégalités et à la frustration d'une grande partie de la jeunesse du pays.
Il est donc à penser, qu'à l'exemple de la classe ouvrière d'avant la crise de 1929 et la mise en place du New Deal, les vieux pays industrialisés se caractérisent bientôt par la paupérisation croissante de la plus grande partie de ses salariés.

La question est donc de savoir, en considérant que la démocratie formelle n'a pas encore étouffé dans l'oeuf toute possibilité de contestation organisée et efficace, à quel moment de la chute se déclenchera cette contestation.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 14 février 2009

 

   


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