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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 09:34

A TOUT LE MOINS

 

1.
Pour être seul, il faut être deux.

 

2.
Pour être seul, il faut être deux. Je connais peu de célibataires qui ne soient secrètement amoureux.

 

3.
La mode intègre ; le style communautarise.

 

4.
On a tant fait de Napoléon une légende de la volonté, une victoire de la raison de la République et de l'Etat, qu'en France l'on n'évoque jamais la folie du bonhomme, et l'on compense les incertitudes, sinon les fêlures, de son esprit par une sorte de mélancolie amoureuse qui certainement, selon le mot de Guenièvre dans le Kaamelott d'Alexandre Astier, "le ferait retourner dans sa tombe s'il était encore en vie." "En vie" plutôt que "vivant" ; de mémoire, il me semble que l'actrice, Anne Girouard, accentue le "i" final.

 

5.
Entendu dans un documentaire sur Thomas Bernhard , je cite de mémoire :"Je n'ai jamais connu un homme si intelligent qui, tout au long de la journée, puisse proférer autant de bêtises." C'était sans doute pour lui une manière de s'intégrer, et de tenir à distance.

 

6.
"à ruminer dans un tombeau" ; "crever sur l'heure" ; "en pleine putréfaction" : nécrophage, parfois, la plume à Cioran.

 

7.
Un "genre d'enlisement", cher Cioran, c'est toujours un genre qu'on se donne.

 

8.
"la perception du vide" [Cioran] : je ne vois pas comment on pourrait percevoir le vide sans avoir aussitôt l'idée de le remplir. Ce n'est pas la nature qui a horreur du vide, c'est notre esprit.

 

9.
Le langage est un sac où nous fourrons un réel qui s'en échappe.

 

10.
Il est heureux que le réel soit radicalement insaisissable. Qu'en ferions-nous ?

 

11.
"fatigues", "troubles", "physiologie", "spéculation" : Cioran en quatre mots, entre les quatre murs de sa boîte à pensées, dont le narrateur, - son moi autofictif -, ne semble sortir, après avoir bon gré, mal gré côtoyé quelques originaux dans leur médiocrité, que pour composer des aphorismes à tout le moins publiables.

 

12.
Dans l'expression "à tout le moins", je suppose que le moins est la part humaine, et le tout la part à Dieu.

 

13.
Un écrivain, une espèce de sac à mots. Il y puise, parfois s'y épuise, et ne s'y retrouve jamais.

 

13.
J'ai du mal à m'ordonner ; du coup, je ne m'obéis guère.

 

14.
La mort, c'est celle qui met le point sur le "i" final.

 

15.
Il y a dans tout aphorisme un fond de naïveté, un fond de fronde enfantine, que seul le style est capable de couvrir d'un manteau présentable.

 

16.
Je n'aime pas les romans qui se terminent sur un suicide ; je ne peux m'empêcher d'y voir un sournois encouragement.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er novembre 2013

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