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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 13:38

ALLER A HURRIE

 

1.
"Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe"
(Henri Michaux, Mes Occupations)

 

Je le jarque je
Le jure que je le jarque je le
Mets dans le mais le pourtant l'aussi je le mets
Sur le grill avec les autres saucisses
La langue je la jerke sur la
Table je l'assiette je la fourche je la coutelle
Je prends après le museau je
Le démasque je le
Tasse groin
Et j'y ajoute la vinaigrette et les frites et
L'étouffe dans mon grand noir je l'étouffe moi.

 

2.
"Il y a haine en moi, forte et de date ancienne"
(Henri Michaux, Je suis gong)

 

Il y a que
Y a que et
A que je suis pas content jamais
Haine grommelle gronderie gorgongogne
En gong en langue longue de gong
Moi grimaçant gargouillant grognassant
Forte est ma moutarde
Et depuis longtemps qu'elle m'est au pif montée
De vous je suis lassé et mes souliers aussi
Date-toi date-toi ô grand obsolète
Ancienne est ta moustache et ta barbe ahurie.

 

3.
Seul. Et après, tous les autres mots.

 

4.
Aller à Hurrie, c'est ne pas savoir où l'on va, comme un qui voudrait se rendre dans ce village où il y a une église sans clocher, où il y a une boucherie sans os, où il y a un troupeau sans vaches, et une seule et longue longue longue rue sans maisons. Aller à Hurrie, c'est aller au bout de sa langue, et s'apercevoir qu'il n'y a plus personne derrière, ni Dieu, ni gens, que du passé, du sursis.

 

5.
"Se détachent petit à petit les sentiments"
(Henri Michaux, A mort)

 

Se passent les heures le temps de nous se passe se
Détachent les feuilles pour que d'autres viennent
Petit à petit voilà une expression que je n'aime guère
Petit pourquoi petit ?
A tout prendre je veux du grand le
Petit n'est pas ma mesure
Les sentiments tout de même c'est vrai que
Petit à petit se détachent les sentiments
Se détachent les yeux
Se détachent les lèvres
Se détachent les craquelures des corps et
Les sentiments tombent dans les oreilles sourdes
Les sentiments dans les oreilles sourdes de la terre.

 

6.
"A tant refus secoue l'abeille manège son trou"
(Henri Michaux, Ra)

 

A tant barlons secoue la barle et neige
Neige neige neige la cerise du temps
A tant barlons secoue la barle et neige
Dans la rue toute noire avec des néons
A tant barlons puisque c'est l'époque
Dans la rue toute noire avec des passants
Des passants d'effaçures et de barlures
Des passants très srisés parpassés
Et donc passons nous aussi avec la
Barle qui nous rappelle que tout finit
Toujours par cette secousse du là
Cette barle d'une neige qui nous mange l'oeil.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 juillet 2013

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