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29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 03:48

LES DEBUTS DE L'INSOLENCE
Questions et réponses sur le poème "Mon Dieu", de Henri Michaux (cf Henri Michaux, La nuit remue, La bibliothèque Gallimard n°90, p.240)

 

GRAND A : QUESTIONS.

 

1) Qu'il y eut-il un jour ?
2) Que lui-a-t-on fait ?
3) Qu'est-il devenu ?
4) Que lui a-t-on fait encore ?
5) Qu'est-il alors devenu ?
6) Et pourquoi le narrateur veut-il qu'on le "comprenne bien" ?
7) Quel est l'intérêt de l'anaphore "et" ?
8) Quel type de phrase domine la seconde strophe ?
9) A quoi, dans cette seconde strophe, Dieu est-il comparé ?
10) Dans quelle mesure l'adverbe "insolemment" peut-il être considéré comme ironique ?

 

GRAND B : REPONSES.

 

1.
Il y eut un jour que je ne sais pas ce qu'il y eut. Mais il y eut, ça me semble évident.

 

2.
Il y eut qu'il ne fut plus ce qu'il était, et ce qu'il était, bien malin qui peut le dire. Mais il était, ça me semble évident.

 

3.
Il y eut qu'il devint, et ce qu'il est devenu, bien malin qui peut le préciser. Mais il est devenu, ça me semble évident.

 

4.
Il y eut qu'il ne fut plus non plus ce qu'il était devenu. Mais il persistait tout de même à être, ça me semble évident.

 

5.
Il y eut qu'il devint nombreux aussi, et multiplié, et attroupé, et des griffes lui poussèrent, et lui poussèrent aussi des dents.

 

6.
Si le narrateur veut qu'on le "comprenne bien", c'est que c'est un naïf qui pense qu'il y a réellement quelque chose à comprendre, alors que ça se comprend tout seul, sans nous, que ça se promène, et s'amplifie, et se murmure de bouche en bouche, et se joue sans nous, et se joue de nous, qu'il n'y a rien d'évident, c'est évident.

 

7.
Et c'est que les "et" enchaînent les choses les unes aux autres comme si elles avaient un lien entre elles, les choses, alors qu'elles ne sont que du et, que du et, que du et il mit son manteau, et il sortit acheter du pain, et la voiture le faucha, et voilà qu'on l'enterre, et c'est bien dommage, c'est évident. Si on m'avait dit... jamais je n'aurais pensé... ça n'arrive pas qu'aux autres... on croit que... c'est évident.

 

8.
Un type de phrase qui donne à penser qu'il y en a qui sont étonnés que ça soit si évident.

 

9.
Dieu est incomparable. Et même insolemment incomparable. Il faut tout de même une sacrée dose d'inconscience pour vouloir comparer Dieu à de la gomme, à du papier de verre, à du vide-cervelle, à de la cuiller à ramasser les yeux crevés et les dents tombées.

 

10.
Là aussi, et encore une fois, il faut être tout de même sacrément insolent pour demander en quoi il est ironique ici, l'adverbe "insolemment", alors que, dès le début, comme on l'a vu, l'insolence fut, qui se fit chair, et souffla dans la poussière, et ça fit de grands mouvements d'êtres bruissants, d'êtres mouvants, d'êtres à syllabes, que ça en fit, des histoires.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 août 2013

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