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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 23:29

SUR QUELQUES DESSINS DE MATHIEU LAUFFRAY

 

DBD # 72 (avril 2013), pp 40-47 : portfolio Mathieu Lauffray. Les citations des propos du dessinateur figurent ici entre guillemets.

 

1.
p.40 : escaliers monumentaux. Crâne de pierre. Orbites démesurées. Trous. Gouffres. Architecture gris-vert. Ruines des jungles. "Murailles", "cité perdue". Petits bonshommes. Quatre têtes dans quatre cases.

 

"J'ai penché un peu l'horizon afin de rendre plus ardue la progression vers les portes monumentales."

 

C'est le privilège des graphistes, des dessinateurs, des peintres, de jouer avec la géométrie, de dérégler l'espace, de plonger nos yeux dans un ailleurs pour lequel nous nous fascinons, parce qu'on est bien futile, et tout rêve, à croire que le réel n'est jamais qu'une réalité par défaut.

 

2.
p.41 : brume. Lanterne. Massif pirate. Seul. Sabre. Trésor fabuleux et jambe de bois. Roches à peine distinctes dans le brouillard.
Et, comme nous tous, "il fait signe à ses compagnons encore invisibles", lesquels n'arrivent jamais, bien entendu, même que s'ils se pointaient, on serait bien embêtés, car, à mon avis, il faut être pirate fieffé pour se réjouir du jaillissement de ses compagnons invisibles, il faut habiter les brumes, je vois que ça.

 

3.
p.42. Arbres surdimensionnés. On nage dans le géant. Epave dans cette drôle de forêt pleine d'eau. Comme si le navire avait éperonné, éventré la forêt. Brume. Pâle lumière. "Chaloupe", "jungle", "halluciné".

 

"Tout l'exercice est de faire que l'on y croie toujours."

 

C'est vivre ça, raconter des histoires et s'y prendre de telle façon que l'autre ne cesse pas trop d'y croire. Ceci dit, on ne peut pas mentir efficacement à tout le monde.

 

4.
p.43. Masque de cire de lune. Elegance des cils. Bouche entrouverte. Mépris. Dédain. Froideur. Fond noir. Ténèbres.

 

"La reine du monde souterrain, Pellucidar !" : J'admire que la reine du monde souterrain porte en son nom tant de lucidité : l'oeil des ténèbres serait-il si clairvoyant ?

 

5.
p.44. Tarzan au serpent. Géant python. "Albinos" python. Enroulé autour des arbres et prêt à bouffer le Tarzan torse nu et poignard levé.

 

"et la lutte qui oppose reptiles et mammifères n'est pas près de s'arrêter."

 

Serpents et mamelles sont deux mots qui vont si bien ensemble qu'ils se fichent sur la gueule avec une patience de siècle.

 

6.
p.45 : Hubert-Félix Thiéphaine portraituré. Tête penchée sur le côté. Les yeux levés vers un ailleurs qui s'apprêterait à lui tomber sur la figure. Diagonale - j'ai envie de dire diagonale du fou (c'est idiot et j'aime beaucoup les chansons de Thiéphaine) - diagonale qui semble quasi lui ployer le cou. "Effets de diffraction".

 

7.
p.46. Une planche. Maison grignotée d'encre. Léprée. Ravagée.

 

"mais, une fois de plus, rien ne va se passer comme il le voudrait."

 

C'est, comme dit le film, que l'Aventure, c'est l'Aventure. C'est même ce "rien ne va se passer comme il le voudrait" qui détermine nos existences ; sinon, ce serait pas de jeu. Les dieux expérimentateurs nous ont inoculé le hasard. Depuis, on roule nos dés et nos bosses.

 

8.
p.47. Pas beau le vampire. Pas charmant. Argenté du bulbe. les yeux mi-clos comme s'il allait soudain baver des ghh, des gahas, des ghou-uh ! Vertical des écoutilles. Gros pif. Noble tout de même, muté mutant, "classe". Un saigneur quoi.

 

"Le monsieur a vu défiler la course des siècles et a le sens du drame."

 

L'Histoire, un théâtre. Péripéties périlleuses, rebondissements diaboliques, tuiles tueuses, critiques coups. Le Vampire, en dehors de sa soif de sang, est celui qui, loup fondateur, regarde passer la caravane des siècles.

 

9.
Les mangeurs visitent. Les gens meurent si vite, me glisse Elise à l'oreille.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 avril 2013

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