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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 17:43

"UN PUR MOMENT DE ROCK N' ROLL"

Je me souviens, dans les années 70, la rubrique des lecteurs du magazine Best. Un aficionado, ou juste un adolescent rêveur, avait envoyé la date et l'heure et ce commentaire : "Il fait Procol Harum chez moi."
Synchronie.
Il a atteint son but, le scribe. Plus de trente après, je m'en souviens.
J'écoute une compilation des Who (Ah c'est quand bien fichu I Can See For Miles) et je me sens léger comme si le temps avait allégé son armure.
"Jésus, que ma joie demeure", ou quelque chose comme ça...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 juin 2009

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 17:11

ANECDOTE

Piège.
L'anecdote est un piège à facettes. Une trappe à synchronies. Un arlequin des couillonnades. Un potin de scribe. Un  fâcheux a posteriori.

Actes.
La somme des gestes visibles cache une infinité d'actes invisibles.

One shot.
Nous ne sommes jamais qu'une seule fois. Tous les humains sont regrettables.

Anecdotiques.
Le plaisir d'écrire est dans l'illusion de la modernité de l'actualisation. Un petit tour chez un bouquiniste ou sur un marché aux puces nous rappelle ce qu'il en est réellement de nos modernités.

Complicité.
Les anecdotes ne reflètent jamais qu'un air du temps. Les heurs et malheurs des humains sont contés de manière à nourrir cet esprit d'une époque, cette complicité avec la légèreté, ce goût du ragot distingué qui est censé pimenter les bavardages et qui ne révèle qu'un grand vide, qu'une grande impuissance à commenter un peu plus que la surface des êtres.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 juin 2009

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 16:45

A.A.

Lorsque le ciel lui tomba sur la tête, il la perdit. Ensuite, il écrivit et beugla : "Pour en finir avec le jugement de Dieu." Ce qui le rangea définitivement du côté des esprits libres.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 juin 2009

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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 18:30

SONNET POUR PARODIER RONSARD

 

« Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose »
(Pierre de Ronsard)

 

La branche au mois de mai, la rose et la fille :
Elle est jeune – quel corps ! Tout est plein de fleurs,
De jaloux, de bandants, jeunes gens pressés
Par la pluie – Ah zut ! Nos cheveux s’ront mouillés !

 

La beauté, y en a plein les rues, du laid aussi :
Décharges et jardins, chaleurs, sueurs, odeurs ;
La pluie bat et déchiquette les roses qui
S’éparpillent façon puzzle dans les gazons.

 

La fille donc, - une étudiante -, elle est fraîche
Comme un mur repeint et ce soir ira voir
La Parque et ses Gothics en live un concert

 

Dans un bar aux murs noirs comme des obsèques ;
- La Parque ! Une face de lait empoisonné
Qui chante le vif et le mort, les roses, le sang…

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 juin 2009

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3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 12:08

CRISIS ! WHAT CRISIS ?

 

Mon Dieu, Seigneur !
Certains à gauche annoncent la fin des « paradis fiscaux » et du « capitalisme financier ». Mon Dieu, Seigneur ! Que ferons-nous alors dans ce monde impossible où la part maudite de l’économie ne jouerait plus son rôle de moteur de la croissance ?
Ce serait vite le retour à l’armement, aux nationalismes, aux guerres.

 

La peau du monde.
Certains croient voir dans la crise actuelle un effondrement du capitalisme – l’autre jour, sur France Culture, j’ai même entendu un pompeux imbécile déclarer que la crise des crédits hypothécaires était pour le capitalisme l’équivalent de ce que fut la chute du mur de Berlin pour le communisme ! -. Rassurez-vous, hypocrites, vous en aurez encore des beaux jours dans l’opposition : le capitalisme s’est méchamment grippé, mais évidemment il se relèvera vu que l’énergie que mettent les humains à faire des profits n’est comparable en intensité qu’à celle qu’ils mettent pour sauver leur peau.

 

De gauche.
Parfois, j’aimerais être de gauche, me dire : si les impôts étaient assez élevés pour assurer la gratuité de la plupart des services publics, ne vivrions-nous pas mieux ? C’est, d’après ce que j’ai compris, le « modèle suédois ». Oui mais nous, nous sommes quand même très latins, individualistes, adeptes du magot planqué, et catholiques aussi ! c’est-à-dire que nous nous pardonnons nos offenses comme nous ne pardonnons pas à ceux qui nous ont offensés. Au fond, la France est une grande entreprise privée avec une convention collective assez bien pensée.

 

Décroissance.
Ceux qui en appellent à la décroissance me semblent vouloir reculer devant la férocité des complications. Ils ne voient même pas que c’est leur agitation, leurs bavardages, leurs réseaux sociaux, leur inutile convivialité qui sont des machines à produire du féroce, de l’exclusion, de la fonctionnaire vanité. Le doux apôtre de la décroissance est un loup masqué.

 

Le plus grand mensonge.
Le plus grand mensonge des Etats modernes réside dans la promesse faite aux électeurs que l’on pourrait vivre sans produire, simplement en occupant des fonctions.
Cela est fort bien pour justifier les indemnités des pondeurs de circulaires et des donneurs de coups de tampon.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 juin 2009

 

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3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 06:19

DE LA LEGITIMITE AU STYLE

Légitimité.
Le but de tout art : donner à l’être la légitimité de l’existant. Ainsi les surréalistes ont-ils très réalistement détaillé l’univers des songes.

 

Filets.
En écrivant, il arrive que nous remontions dans nos filets quelques miracles du passé. Les voilà de nouveau tout frétillants. Les jeter vifs dans le bassin du présent, voilà ce que nous nommons littérature.

 

Jazz.
Ecrire des brefs, c’est faire comme le musicien de jazz, chercher la note bleue.

 

Ennui des narrations.
Dans la plupart des livres que l’on publie quand même, il n’y a que des histoires. Comme c’est ennuyeux.

 

Style.
Dès que l’on connaît la fin de l’histoire, le pressentiment de l’irréversible, de l’inéluctable marche des choses se met à nous peser dessus de tout son poids narratif.
Aller vers la fin, certes, mais avec style, c’est la seule manière d’accepter la fatalité des fictions.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 juin 2009

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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 17:56

« L’EMPIRE DES SOLEILS NOIRS »

 

Univers.
Univers du roman pour lequel « tout ce qui n’est pas prévu n’existe pas » (postulat énoncé dans ce qui est l’exemple même de la narration, un album de bande dessinée, en l’occurrence L’Empire des Soleils noirs de Godard et Ribera).
Impression d’étouffement devant les narrations attendues, les histoires qui déroulent inexorablement leur fil, les contes, l’habileté des romans de genre.
Rien ne se démode plus vite qu’une histoire.
A peine l’a-t-on lue que la voilà reléguée dans le « déjà lu », « déjà vu ».
Qu’est-ce donc qu’un chef d’œuvre ?
Les grandes histoires, ces chefs d’œuvre, sont percées de trous par lesquels on peut entrevoir, si on consent à y jeter l’œil, énigmes et autres dieux, seigneurs inconnus et nouvelles créatures.
C’est le style qui fait ce monde que l’on appelle littérature.
Sinon, autant lire le journal.

 

Sonner le pantin.
-          « Axle, dis à ce pantin grotesque que je ne l’ai pas sonné » (Godard et Ribera, L’Empire des Soleils noirs, Dargaud, 1980, p.26).
Est ici signifiée l’expression « sonner le pantin » (non attestée dans l’usage courant du français ; on dit ordinairement : « toi, on ne t’a pas sonné »). Cette signification fait du mot « que » autant un élément de la construction « dire que » qu’un pronom du mot « pantin » ; cependant, le pronom est grammaticalement le complément « l’ ».
Sonner le pantin qui est en nous, c’est ce que nous faisons tous les jours. Nous appelons cela « savoir-être », ou « savoir-vivre ». Parfois même « dignité ».

 

« Je n’avais pas pensé à cela ! »
Cette phrase que je tire d’une bande dessinée a l’air tout d’abord commune. Mais, franchement, la disons-nous, cette phrase ? Nous disons plutôt : « Je n’y avais pas pensé » ou « je ne pensai pas que ça s’rait comme ça. » Ce qui semble évident est en fait aussi faux qu’un discours électoral et les personnages de bande dessinée s’expriment parfois dans un autre français que le nôtre. Au besoin, à l’hypercorrect, ils ajoutent le juron coloré : « Putentrailles ! Je n’avais pas pensé à cela ! » s’exclame Musky à la page 36 de l’album L’Empire des Soleils noirs, album que nous devons aux sieurs Godard et Ribera et dont l’exemplaire en ma possession fut publié par la maison Dargaud en 1980.

 

Anti-ange.
« Qu’il descende ici, s’il l’ose, et je lui plume ses ailes de carton-pâte… » (dixit Musky in L’Empire des Soleils noirs, p.26). Décidément, il me plaît, ce petit bonhomme dégommeur d’anges. « plumer les ailes de carton-pâte » de quelques envolés de la comprenette qui s’agitent autour de nous en nous abreuvant de préceptes ineptes, prétentieux, hypocrites, voilà un bon programme…
Cela me rappelle la mode des « anges gardiens » (dans les années 90 me semble-t-il) : avec témoignages à la radio, livres à la pelle, billevesées « new age » et tout le tintouin des déraisons.

 

« L’Empire des Soleils noirs » :
Bonne expression pour désigner ces collections de signes qui peuplent les bibliohèques.
« Soleil noir » : c’est l’oxymore habituel des mélancolies. « L’Empire des Soleils noirs », c’est donc l’Empire des Mélancolies. Ce qui sonne assez juste pour une civilisation dans laquelle « tout ce n’est pas prévu n’existe pas ». Dans un monde pareil, on finit par devenir mélancolique, non ? Je me demande même si ce n’est pas le postulat d’une certaine fonction publique : Comme ce n’est pas prévu par le règlement, cela n’a pas lieu d’être et donc cela n’existe pas ; vous me comprenez, n’est-ce pas ?

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er juin 2009

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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 07:55

SUR TRISTESSE D’ETE DE MALLARME

 

Tristesse d’été

 

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie, (1)
En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux. (2)
De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie (3) (4) (5)
T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique désert et les palmiers heureux ! » (6)

Mais ta chevelure est une rivière tiède, (7)
Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas !

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières, (8)
Pour voir s’il sait donner au cœur que tu frappas
L’insensibilité de l’azur et des pierres. (9) (10)

 

(Stéphane Mallarmé, Poésies, Poésie/Gallimard, p. 37)

Notes :

(1)
Suscite tes cymbales balayées de sable, susurre tes murmures syncopés, soleil des paupières baissées, des endormissements, des corps sonnés, des torpeurs.

(2)
   
Les images de cette « Tristesse d’été » diffusent par tout le corps :
-         
« l’or » est mêlé aux cheveux (cf vers 2)
-         
« l’encens » se consume sur la joue (cf vers 3)
-         
le philtre d’amour, le « breuvage amoureux » est mêlé « avec les pleurs ».
Le corps synthétise les éléments. Un creuset donc que le corps.

(3) Monde blanc frappé de stupeur solaire. Rythme ternaire et assonant. J’ai souvent trouvé maladroites les poésies de Mallarmé (et formidable sa prose), mais quel talent de l’alexandrin ! Paul Valéry aussi en composa des indigestions versifiées, avec des éclairs de génie dedans.

(4)
    « immuable accalmie » : L’immuable définit ce qui ne change pas.
L’accalmie ne se définit que par le retour de la perturbation.
L’expression « immuable accalmie » est paradoxale en ce sens qu’elle réunit la synchronie de l’immobilité et la diachronie du temporaire.
Le « blanc flamboiement » du monde de l’été est certes immuable ; une saison se définissant par l’absence des autres, cette œuvre au blanc du solaire est vouée à l’accalmie, à l’oxymore, à l’été étale comme l’expansion, épié, guetté, traqué par le poème, cet « immuable » dans lequel nous ne pouvons rester à demeure, cette « accalmie » entre les mondes de nos mondes. (5)

(5) Ah ! J’ai oublié le « a » de monade et la voilà monde.

(6) Une vision de l’éternité ; un couple uni en une « seule momie », une inscription dans un temps sans bornes, un temps que seul signale le sable et l’en-soi des « palmiers heureux ».
La forme négative « nous ne serons jamais » doute de cette éternité sablée, palmée, où roupillent des momies.
Il n’y a jamais que du jamais.
En fin de compte, nous n’aurons jamais été et Dieu fondra comme un morceau de sucre.

(7) « rivière tiède » : J’apprécie cet art de faire couler des rivières sur les têtes des jeunes filles.
En clair, on les douche.
Ici, c’est heureux, la « rivière » est tiède…

(8) Fichtre ! Baudelairien en diable, ce vers, avec cette envie de trouble, de plaisir et de larmes, de masque décomposé, d’enchantement à charogne, de dégoulinant maquillage tombant de la face fardée de quelque muse vénale.

(9)
    Ce que nous appelons « monde sensible », - ce monde dont nos sens seraient quoi ? – les ombres d’une preuve ? – est de fait furieusement insensible. Il a ici la baudelairienne insensibilité de « l’azur et des pierres ». Cœur qui cogne, sens, et notre compréhensive réflexivité sont ainsi fascinés par l’énigme d’un sphinx qui patiente dans l’azur.

(10) Je prends des notes sur « Tristesse d’été » de Stéphane Mallarmé. J’entends la guitare sèche comme une herbe brûlée et la voix de Keith Richards qui chante You got the silver. Je pense : le rock des Stones est une musique solaire.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er juin 2009

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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 07:22

D’UN ŒIL AUTRE

On a pu rêver d’un « théâtre de la cruauté ». Il y a aussi un cinoche de la pétoche. C’est ce qui m’a frappé dans la vision récente de trois films éprouvants : Irréversible (Gaspard Noé, France, 2002), Calvaire (Fabrice Du Welz, France, Belgique, Luxembourg, 2005), « Ils » (David Moreau, Xavier Pallud, France, 2006).

La caméra est un œil autre. Le cinéma de la mise à l’épreuve tend à la vision froide d’une civilisation en proie à la barbarie. Ou à une vision sans concession. Ou distanciée. Ou indifférente.

Le cinéma de la froide mise à l’épreuve tend à l’effroi, à la perte de sympathie, à l’antipathie : les personnages de Irréversible ne sont intéressants que par leurs réactions en face de la barbarie à l’état brut : le viol suivi du meurtre.

Les personnages des films de la mise à l’épreuve se définissent par leur régression : réduits à l’instinct de survie, les proies du film « Ils » s’enfoncent dans l’épouvante et leur humanité même les y conduit. Ainsi, hésitent-ils avant de frapper leurs bourreaux (mais qu'attend-t-il pour frapper ?) et sont en fin de compte abusés par l’illusion du sauveur.

La danse barbare et homosexuelle du film Calvaire relève d’un surréalisme de l’ignoble. Au surréalisme élégant des artistes de l’énigme a succédé un surréalisme du sordide, de la régression, de la laideur. Au baroque inventif et magnétique succède un gothique angoissant.

Le cinéma de la mise à l’épreuve relève du regard phénoménologique. Il décrit la régression sociale et induit cette mort dans l’âme, cette désolation du spectateur fasciné devant le spectacle de la barbarie.

Le cinéma de la mise à l’épreuve est peut-être un outil de réflexion sur l’avenir de nos sociétés. C’est peut-être le cas du film « Ils » qui tend à montrer que l’exercice de la violence est aussi devenu un jeu. Le film Irréversible me semble avant tout un brillant exercice de style (c’est d’ailleurs en cela, - cette narration à rebours -, qu’il s’inscrit dans l’histoire du cinéma). Calvaire est un film d’acteurs au service d’une narration du malaise, de l’écoeurement, de la nausée.

Le cinéma de la mise à l’épreuve constitue une phénoménologie prémonitoire. Il prévoit le temps des assassins, des barbaries à venir.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 mai 2009

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 18:19

L’IMPERMEABLE

 

Lorsqu’il pleuvait dans la durée, il enfilait son imperméable et c’est alors qu’il s’enfuyait, s’enfonçant dans le dédale des rues, pli selon pli, rideau de pluie après rideau de pluie, le diamant volé dans sa main serrée, ses poursuivants finissant invariablement par le rattraper, s’agrippant à lui et découvrant avec stupéfaction l’imperméable vide de toute présence et qui se débattait, se chiffonnait, se faufilait, se défilait, glissait entre les doigts des estomaqués et reprenait sa course pli selon pli, rideau de pluie après rideau de pluie dans le dédale des rues jusqu’à chez lui, jusqu’à sa collection de diamants, jusqu’au coffre derrière le miroir où le matin, il ne se voyait pas.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 mai 2009

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