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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 19:48

ET OMBRE

Et ombre elle était bien, une fantasque
   
(Yves Bonnefoy)

Et elle dansait parmi les flûtes du rêve,
Ombre en ce jardin que le pinceau révèle.
Elle aux yeux d'autres saisons et qui
Etait d'une évidente indifférence comme si le
Bien, ni le mal, ne la concernaient réellement ;
Une sphinge à l'énigme renouvelée,
Fantasque flamme aux fleurs bleues et rouges.

Et bien sûr, je fus épaté du talent de l'
Ombre et de la lumière du peintre.
Elle, l'étrange et la familière, elle
Etait si tonique, si rythmique, si
Bien, si peinte que l'on aurait bien dit qu'elle allait nous faire
Une petite causerie
Fantasque ou nous chanter L'Air de la Folie

Du Platée de Rameau.

Note
: Et ombre elle était bien, une fantasque (Yves Bonnefoy, La Voix lointaine in Les planches courbes poésie/Gallimard, p.66).
A lui seul, il est porteur de rêverie, ce décasyllabe d'Yves Bonnefoy.
C'est une caractéristique de la poésie qu'un énoncé très bref soit assez dense pour susciter le songe et tous ces vers épars finissent par constituer un poème disjoint, une parole en archipel du texte en nous :

Des colonnades sous la nuit bleue, des gares
    (Rimbaud)

Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur

    (Racine)

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
    (Corneille)

Ce toit tranquille où marchent des colombes
    (Valéry)

Sois sage, ô ma Douleur et tiens-toi plus tranquille.
    (Baudelaire)

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune
   
(Du bellay)

Soleil cou coupé
   
(Apollinaire)

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 juin 2006

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 16:47

"petite ruine gothique"

"Surpris, tous deux, par un gros orage, dans les allées du Prieuré, nous nous étions abrités, tant bien que mal, sous la petite ruine gothique qui s'y trouve." (Jean-Louis Bouquet, Les Filles de la nuit, in La dimension fantastique - 2, Librio, p.67).

Être surpris, c'est être un instant la proie possible de l'extérieur, c'est percevoir soudainement le pur dehors agissant. Ici, le narrateur et sa compagne d'aventure se trouvent tout à coup sous les fureurs d'un orage. Ils s'abritent alors sous ce qui est actualisé par l'épithète. La "petite ruine" des "allées du Prieuré" tire sa justification de cette qualité particulière que lui confère l'adjectif "gothique". En cela, elle perdure dans le présent de vérité générale de la fiction, synchronie au service de la diachronie des récits, abri possible pour d'autres couples, sous d'autres orages.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 mars 2009

 

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 15:29

LE DIABLE DIT-ON

Le sire cornu prend plaisir à la messe, dit-on ; le
Diable aime écouter le curé qui
Dit contes bleus et morales naïves.
On ne le reconnaît d'ailleurs jamais, le Prince des ténèbres qui
Ne manque jamais d'être sérieux et discret et qui ne
Loupe jamais le spectacle de l'ostie.
Jamais, voilà le vrai nom du Démon.
La messe est sa récréation, la
Messe si jolie et toujours la même.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 7 juin 2006

Commentaires

Jamais? "never" mord!

Posté par orlando de rudde, 08 juin 2006 à 09:53
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 15:22

L'EAU QUI ÉTINCELAIT

L'eau qui étincelait sur les miroirs (Yves Bonnefoy)

L'eau tombait doucement et partout
Qui pleuvait dans les chambres et
Étincelait éparpillée comme un visage
Sur la nuit bleue du palais ;
Les princes se concertaient et les
Miroirs réfléchissaient leurs regards inquiets.

L'eau tombait depuis longtemps maintenant
Qui annonçait les larmes et les cris et
Étincelait sur les coqs de fer,
Sur l'acier trempé des armes ;
Les princes décidèrent et les
Miroirs se mirent à mentir.


Miroirs dans l'eau des lacs,
Brisés sous le blason trouble d'un ciel perdu.

Note
: On remarquera qu'il suffit d'ajouter l'adjectif "brisés" au vers de Yves Bonnefoy qui m'a servi ici de thème pour obtenir un alexandrin :
"L'eau qui étincelait sur les miroirs [brisés]".
Le vers de Yves Bonnefoy est tiré de la suite "La Maison natale" in Les Planches courbes" :

"Il pleuvait doucement dans toutes les salles,
J'allais d'une à une autre, regardant
L'eau qui étincelait sur les miroirs
Amoncelés partout, certains brisés ou même
Poussés entre des meubles et les murs."
    (Yves Bonnefoy, La Maison natale II, Les Planches courbes, poésie/Gallimard, p.84)

L'adjectif "brisés" se rencontre ainsi dans la suite de ce vers.
Les alexandrins parfois se brisent comme les miroirs.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 7 juin 2006

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 15:18

 

UNE OMBRE DANSE II

Une ombre parmi les visages clairs, une
Ombre court, couteau vif papillon qui
Danse sa drôle de danse assassine
En plein soleil dans la foule des gens sans crimes en
Plein jour du
Soleil poisson
Dans le ciel.
La minute passe, vérité sans importance, et la
Rue comme un grand corps de pierre se
Vide de ses passants jamais les mêmes et toujours là.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 juin 2006

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 15:14

UNE OMBRE DANSE I

Une lumière noire court dans les rues, c'est une
Ombre aussi vive qu'un couteau dans la nuit, elle
Danse et tourne entre les fenêtres mortes,
En plein soleil dans la poussière des rues en
Plein soleil, tulipe fantôme et noire comme un
Soleil crevé.
Dans la ville morte, au-delà du désert,
La ville où plus rien ne bouge que le vent dans la
Rue qui pousse de vieux journaux dans le
Vide de l'été pour personne.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 juin 2006

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 15:08

SEULEMENT

"Only the scissory noise of the grasshoppers"
    (Louis MacNeice, Evening in Connectitut)

"Seulement les ciseaux crissants des sauterelles"
    (traduction : Clotilde Castagné-Véziès)

Seulement, c'est ainsi que je vais, seulement ;
Les soleils tissent mes ombres ; le jour a des
Ciseaux pour y découper des théâtres si
Crissants que les acteurs en font fuir ce public
Des aimables curieux. Moi, je contemple les
Sauterelles qui font des strips sur leur webcam.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 juin 2006

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 14:59

J'ENTENDS, JE VOIS, J'ÉCOUTE

J'entends mourir et remourir un chant lointain
        (Guillaume Apollinaire)

J'entends la pluie qui frappe les vaches et les vitres des autobus
Mourir la chanson d'une école sous des arbres perdus
Et passer la ritournelle de l'alouette brisée dans les bouches
Remourir au gré du vent, - quel ingénieur du son, celui-là ! -
Un choeur invisible de passants pressés par la pluie
Chant des bottines des chaussures des hauts talons,
Lointain comme la vie de quelqu'un avec qui on travaille.

LE CIEL PRESQUE

Le ciel presque nocturne a des lueurs d'aiguilles
       (Guillaume Apollinaire)

Le ciel est un charnier de dieux morts
Ciel si bleu que l'on n'en croit plus ses yeux
Presque un complice le ciel du coeur content en été
Nocturne pourtant comme le visage d'une déesse
A-t-il fini de nous saouler de son infini ?
Des promesses de vie éternelle faciles aux princes
Lueurs d'espoir dans les yeux des gueux et autant
D'aiguilles perdues dans la botte de foin.

SOLO

Comme une longue plainte de girafe enflammée
Un solo lancinant dans un jazz allumé du
Saxophone imitant l'appel du cheval fou
Ecorché échappé de l'abattoir ou du bombardement.

NIGHT AND DAY


Night bien sûr est le nom que je te donnerai
And day Nuit et jour si je ne te quitte Night and
Day c'est ainsi que j'eusse aimé être pianiste


dans une autre vie perhaps.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er juin 2006
par une nuit de mal de dents et de rhum blanc.

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 14:51

ET JE MARCHE

Et je marche je fuis ô Lilith ulule
        (Guillaume Apollinaire)

Et le soleil poursuit la chaîne de ses jours
Je suis parmi les vifs comme un chien sans collier
Marche mon coeur marche et que mes voeux t'accompagnent
Je sais bien qu'il y a trop de gens sur la terre
Fuis donc mon coeur fuis ces armées qui se préparent
Ô le monde actuel est un terrain glissant
Nuit du monde où se meurent arbres mers et bêtes
Lilith hante la nuit des mortels et ulule
Ulule sous une lune pleine de sang.

Note. Lilith : "Il s'agit, selon la tradition hébraïque, de la première femme d'Adam. S'étant enfuie, elle fut poursuivie par des anges, et ses enfants furent mis à mort. Depuis, elle hante la nuit des mortels par ses ululements." (Henri Scepi, note sur le poème L'Ermite de Guillaume Apollinaire, Alcools, La bibliothèque Gallimard, p.152)

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 26 mai 2006

Commentaires

Houlà! Lilith la libre! Mutine mâtine dont le sexe se trouvait sur le front et dont une centaine d'enfants mourait tout les jours! Lilith, c'est Lulu, Widekind et Pabst, c'est !Conchita de Louÿs et lolita itou! Allumée maniaque perverse et dépressive Lilith allégorise en emblématisant les blèmes apanages d'une féminité brute! De Lilith à Médée jusqu'à Folcoche itou, la femme en creux d'elle-même s'invagine à mort! Dur destin, dure contrainte de liberté amère: elle est notre présence la délurée Lilith, féminité virile, virilité femelle, incongrue mais consciente, à demi ou à plein dans ce troisième oeil là, un sexe sur le front,relé à la fêlure d'un cerveau plus que fou! Qui fait l'ange abêtit l'homme qui s'humilie dans la moiteur brûlante de Lilith, l'effrontée... Lilith n'est pas espiègle, ni même lilith-pute, litlih est la géante et la mouche du coche, elle donne aux femme une vraie trouille d'elles-même et ne se prête pas au moindre compromis!
Cr: Con promis, con dû!

Ainsi parle Lilith!

Posté par orlando de rudde, 26 mai 2006 à 10:34
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 14:45

JE SUIS

Je vais d'la bière catholique plein l'stomaque
Suis bourré comme un philologue sans public
Le temps me fuit montre molle et les rues se gondolent
Très amer et véner de verre en verre
Vif encore comme un cadavre qui marche
Chien que me veux-tu et ôte donc ce chapeau
Et passe ton chemin j'chuis pas du matin
Pisse moi cette bière que j'me sente plus léger
Aux poètes passés je porte plusieurs toasts
Pas d'avance ! Il me faut rentrer à ma maison
Des tonnes de bouquins attendent que je les ouvre ; je longe les
Portes de la rue double avant que j'm'endorme chez moi.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 26 mai 2006

Commentaires

Voici un emploi du temps qui me semble fort juste! JE pense qu'on devrait le recopier sur son agenda (littéralement: "ce qui doit être fait, même forme que legenda: "ce qui doit ête lu"!

Poésie, kwâ!

Posté par orlando de rudde, 26 mai 2006 à 10:39
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