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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 02:37
la lune est pleine

 

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Voici une petite chanson que j'ai composée pour m'amuser.
Je pense que l'on pourrait y mettre une musique un peu amusante, genre folk, progressive folk ou autre.

Merci à Philomène pour son message et je lui répondrai que je n'ai pas trop envie de parler de moi. Je préfère laisser textes et dessins que je compose afin que chacun s'en amuse si cela lui agrée...

                                                                     Patrice Houzeau
                                                                     Hondeghem, le 3 mai 2005

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 02:23

JUSTIFICATION DU SOMMAIRE DU 25 AVRIL 2005

Pour tous ceux qui prendraient connaissance de ce blog littéraire
Je me permets de préciser quel en est le sommaire ah c'est qu'des
Trucs et des textes et des dessins et des brefs et des chansons y
En a sur le blog littéraire à me demander même comment alors j'ai
Fait pour scribouiller tout ça là pour le coup ce que je justifie
C'est un texte du 25 avril 2005 où je faisais le point de tout ce
Que depuis sa création le 13 avril 2005 j'avais fait il faut dire
Qu'à l'époque j'apprenais à l'utiliser mon blog de canalblog donc
Je comprenais pas comment les gens pouvaient s'y retrouver ce qui
M'a incité alors à faire un petit sommaire des débuts du blog qui
Maintenant que je le revisite est pour moi plein de surprises qui
M'épatent toutes ces fantaisies il me semble que je n'aurais plus
Le talent pour les écrire ni la patience pour les commentaires de
Textes que je faisais alors c'est que ça fait des pages des pages
Des pages que ces collections de signes alignés donc à la date du
24 avril 2005 y avait eu une petite calligraphie c'est pas que je
Soye bon dans le maniement du pinceau mais j'aime bien tracer des
Traits sur du papier quand je regarde la télé des séries comme Le
Prisonnier génial ou Chapeau Melon et Bottes de Cuir où l'on peut
Admirer l'admirable Emma Peel qui est si belle Hercule Poirot sûr
Que je reste fidèle à l'atmosphère désuète et improbable à Agatha
Christie que c'est par elle que j'ai commencé quand j'étais gamin
A m'intéresser au roman de genre après y a eu Jean Ray et Simenon
Bien sûr Le 22 avril 2005
un petit rappel sur l'assonance rapport
A c'que c'est bien utile pour les élèves de première de savoir ce
Que c'est l'assonance vu qu'ils passent quand même une épreuve de
Français à la fin de l'année les élèves et que pour expliquer des
Textes c'est bien de savoir quoi qu'c'est l'assonance par exemple
Dans ce vers de Racine tiré de Phèdre Tout m'afflige, et me nuit,
Et conspire à me nuire" (Acte I, scène 3) avec ce i-là qui épouse
La plainte j'avais mis aussi dans ce truc sur l'assonance quelque
Commentaire personnel d'un passage de Ma Bohème de
Rimbaud où moi
Houzeau je poussai le bouchon jusqu'au hibou de la rime à la même
Date du 22 Foudre lente petite étude basée sur quelques vers pris
Dans Jean Tardieu sur les rapports entre temps musique et silence 
J'y évoque aussi Georges Guillain et Pink Floyd qui est un groupe
Fascinant dans l'expérimentation épatant dans le tonnerre poprock
21/04 rappel sur la périphrase à l'intention des élèves et autres
"apprenants" selon la terminologie en vogue des crétinologues qui
Emargent à l'éducation nationale il semble que ces cuistreries on
S'en passe maintenant et j'ai vu que le mot programme est employé
De nouveau au lieu du bizarre référentiel on y lira quelques mots
Sur le jeu des périphrases dans L'Albatros de Baudelaire et on en
Tirera profit 20/04 Gaspard fantaisie fictionnelle car c'est pour
Rire 20/04 aussi La Toilette d'Hélène j'ai pensé alors qu'avec ce
Genre de titre j'allais attirer les regards de quelques-uns c'est
Sur un dessin d'Aubrey Beardsley que je fis cette fantaisie 18/04
Ontologie du Cinoche ou réflexions sur une citation récoltée chez
L'excellent
Pascal Bonitzer celui-là qui fit Rien sur Robert très
Bon film sur la vanité des littérateurs et l'importance de la vie
Sexuelle chez les grands preneurs de tête le 17/04 ce fut H4Blues 
(un bon bouquin !) article critique très positif sur un roman qui
M'amusa beaucoup par ses descriptions de films expérimentaux très
Nostalgique aussi ce roman de Jean-Bernard Pouy le 15/04
"pierres
Niellées"
où l'on évoque le fabuleux Jean Ray et son Malpertuis y
Figurent aussi les moeurs vampiriques et même Dario Argento celui 
Qui fit ce chef d'oeuvre Suspiria et un Fantôme de l'Opéra certes
Quelque peu sanglant et magnifique(
cliquez sur le calendrier à la
Date du 15 !
)ajoutai-je je voulais être précis
A l'aube entre les
Vivants
belle expression de Giraudoux ici utilisée pour l'évoquer 
Isabelle et les fantômes qui passent entre les vivants ombres que
L'on ne remarque même pas (
cliquez sur le calendrier à la date du  
14 !)répétai-je je voulais être précis le 11ème article qui était
En fait le premier est daté du 13 avril 2005 le jour où j'ai créé
Le Blog Littéraire sur canalblog en commençant par des réflexions
Rapides sur un passage de l'Illusion Comique de Corneille surtout
Le personnage de Lyse (cliquez sur le calendrier à la date du 13!
) précisai-je pour la troisième fois je finis ce sommaire par ces
Mots
Merci à Bella Antonia pour son message d'encouragement ! qui
Me rappellent que je ne sais où est passé ce commentaire e
t comme 
Je le disais déjà alors selon la formule consacrée je ne peux que
Vous en souhaiter bonne réception et bonne lecture je trouve très
Ridicule l'habitude blogosphérique des pseudonymes je signe comme
Je signai le 25 avril 2005 ce billet Patrice Houzeau à Hondeghem.

 

                                                                                                                                                 

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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 08:18

NOTES SUR ANDROMAQUE DE RACINE (ACTE II, SCENE 2)

Dans la scène 1 de l'acte II, Hermione et sa confidente, Cléone, ont une conversation sur l'avenir d'Hermione : va-t-elle quitter Pyrrhus et suivre Oreste ? Va-t-elle rester pour faire face à sa possible rivale, Andromaque, que Pyrrhus poursuit de ses assiduités. On se souvient qu'à l'Acte I, Pyrrhus avait accordé à Oreste la permission de s'entretenir avec Hermione (cf vers 245 : "Vous pouvez cependant voir la fille d'Hélène"). La scène 2 est consacrée à cette rencontre entre Hermione et Oreste :

HERMIONE
Le croirai-je, Seigneur, qu'un reste de tendresse
Vous fasse ici chercher une triste princesse ?
Ou ne dois-je imputer qu'à votre seul devoir
L'heureux empressement qui vous pousse à me voir ?

Est-ce l'amoureux ou est-ce le diplomate qui a demandé à rencontrer celle qui s'attribue le titre de "triste princesse" ?
Le ton de la première interrogative est presque plaintif ; la rime féminine ("tendresse" / "princesse") et l'emploi de l'allitération "s" (7 occurrences) ralentissent le rythme des vers.
Ceci dit, il ne faut pas, je pense, exagérer la plainte ; Hermione est assez noble pour dire les choses sans affectation, en les suggérant simplement.
Deux adjectifs épithètes nuancent le discours : "triste" qui, non sans humilité, présente Hermione comme un être malheureux et "heureux" que l'on peut voir ici comme une marque de politesse  en même temps qu'un hommage timide à "l'empressement" d'Oreste.
Hommage timide que le très penaud Oreste ne semble pas relever :

ORESTE
Tel est de mon amour l'aveuglement funeste.

Cette première réplique est glaçante et l'on aurait pu s'attendre à un discours plus joyeux de la part de celui qui retrouve enfin celle qu'il aime tant.
Une "triste princesse" et un ambassadeur aveugle ! Quel couple ! : tragique, en effet !

Vous le savez, Madame ; et le destin d'Oreste
Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu'il n'y viendra jamais.

Pour Oreste, la figure du destin a pour nom Hermione.
Peut-être par désir de plaire, Oreste avoue à Hermione que sa passion est plus forte que sa volonté. Cet aveu signale au spectateur que Oreste ne peut s'empêcher d'aller vers ce qui lui cause du tourment ; en cela, il montre une certaine faiblesse et c'est dans cette inéluctable passion que se tient le personnage tragique.

Je sais que vos regards vont rouvrir mes blessures,
Que tous mes pas vers vous sont autant de parjures :
Je le sais, j'en rougis. Mais j'atteste les Dieux,
Témoins de la fureur de mes derniers adieux,
Que j'ai couru partout où ma perte certaine
Dégageait mes serments et finissait ma peine.

Les regards d'Hermione sont ainsi comparés à des poignards et approcher Hermione, c'est "se parjurer". Oreste est assez lucide pour juger de sa faiblesse amoureuse ; il en a même honte (cf : "j'en rougis") mais il prend les Dieux à témoin de son impuissance à fuir son destin.
Et, s'étant interdit d'approcher Hermione, puisqu'elle était alors à Pyrrhus, il a cherché la mort dans de lointaines aventures ; (en fait, Oreste ayant tué sa mère, - Clytemnestre -, fut pris ensuite de folie et, sur ordre d'Apollon, se rendit en Tauride, en plein territoire des redoutables Scythes qui s'adonnaient, pour passer le temps petit qu'il leur restait à vivre, aux sacrifices humains et autres jeux de société qui prouvent une fois de plus, mon cher Rousseau, que nous ne savons si l'homme est né bon, mais qu'en société, c'est clair, l'homme n'est qu'un vil corrompu, un massacreur, un affreux, et croyez-vous qu'il y mourut, que nenni non point, puisque sa soeur, Iphigénie, une autre grande tragique celle-là aussi, parvint à le sauver vu qu'elle avait le bras long puisqu'elle était prétresse d'Artémis, Mon Dieu Seigneur, quelle famille !) :

J'ai mendié la mort chez des peuples cruels
Qui n'apaisaient leurs dieux que du sang des mortels :
Ils m'ont fermé leur temple ; et ces peuples barbares
De mon sang prodigué sont devenus avares.

Il s'est donc offert en sacrifice à des "dieux" étrangers.
Cela ne pouvait qu'être un échec ; Oreste appartient aux Dieux grecs, aux Dieux de la tragédie qui n'abandonnent pas aussi facilement leurs proies humaines. Les deux vers qui suivent sont d'ailleurs très clairs et puisqu'il se trouve dans l'impossibilité d'aller mourir ailleurs, il ne lui reste plus qu'une solution :

Enfin je viens à vous, et je me vois réduit
A chercher dans vos yeux une mort qui me fuit.

Qu'il est donc funeste, cet amour d'Oreste pour Hermione, promesse de mort et qu'il est peu galant le compliment : Hermione pourrait porter malheur à celui qui l'aime...
On pourra noter qu'une fois encore, le substantif "yeux" est lié à l'idée de souffrance et de mort (cf vers 485 : "je sais que vos regards vont rouvrir mes blessures").

Mon désespoir n'attend que leur indifférence :
Ils n'ont qu'à m'interdire un reste d'espérance,
Ils n'ont, pour avancer cette mort où je cours,
Qu'à me dire une fois ce qu'ils m'ont dit toujours.
Voilà, depuis un an, le seul soin qui m'anime.
Madame, c'est à vous de prendre une victime
Que les Scythes auraient dérobée à vos coups,
Si j'en avais trouvé d'aussi cruels que vous.

Oreste se livre donc à Hermione comme on se livre à un Dieu de colère. Ainsi, après un an, Oreste n'a rien d'autre à dire que : "je viens à vous pour y chercher la mort". Le discours d'Oreste est ainsi uniquement centré sur lui-même et l'abondance des pronoms personnels et des adjectifs possessifs de la première personne renseigne assez sur l'auto-complaisance d'Oreste qui ne semble pas avoir relevé cet adjectif "triste" qu'Hermione a employé dès les premiers mots de leurs retrouvailles.
De plus comparer Hermione à un Scythe, c'est singuliérement manquer de bon sens et on peut se demander si Oreste a une bonne vue. D'ailleurs, à la fin de la pièce, ses hallucinations prouvent sans conteste qu'il a un sérieux problème oculaire, l'ambassadeur.

Hermione, qui doit commencer à sentir la moutarde lui taquiner les narines, tente alors de ramener ce prince pleurnichard à la réalité :

Quittez, Seigneur, quittez ce funeste langage.
A des soins plus pressants la Grèce vous engage.
Que parlez-vous du Scythe et de mes cruautés ?
Songez à tous ces rois que vous représentez.
Faut-il que d'un transport leur vengeance dépende ?
Est-ce le sang d'Oreste enfin qu'on vous demande ?
Dégagez-vous des soins dont vous êtes chargé.

Oreste effectivement est bien sot de vouloir expier des fautes qu'il n'a point commises, alors que ce qui est en jeu est d'abord le sang d'Astyanax, le fils d'Hector, puis le sang des combattants grecs, l'avenir d'Epire, le royaume de Pyrrhus, l'avenir d'Andromaque, l'avenir d'Hermione.
Alors euh hin bon, camembert, camarade !
Pourtant, Oreste est alors en position de force face à Hermione mais il n'en profite pas. Il parle en vaincu et s'apprête à quitter définitivement et, la mort dans l'âme, Hermione :

ORESTE
Les refus de Pyrrhus m'ont assez dégagé,
Madame : il me renvoie ; et quelque autre puissance
Lui fait du fils d'Hector embrasser la défense.

Ainsi voilà Hermione renseignée qui marque sa colère d'une exclamation :

L'infidèle !

Cette exclamation donne à penser qu'Hermione n'est pas indifférente à la trahison de Pyrrhus. C'est donc par dépit peut-être qu'elle envisage de suivre Oreste en quittant Epire.

Oreste se trouve pour l'instant dans une situation de double échec : il a échoué dans sa mission puisque Pyrrhus ne lui a pas cédé Astyanax et il a échoué sentimentalement, du moins en semble-t-il persuadé, et le voilà devant Hermione comme un accusé devant son juge :

ORESTE
                      Ainsi donc, tout prêt à le quitter,
Sur mon propre destin je viens vous consulter.
Déjà même je crois entendre la réponse
Qu'en secret contre moi votre haine prononce.

Hermione alors semble vouloir assurer ses arrières et rassurer cet amoureux transi sur l'affection qu'elle lui porte :

HERMIONE
Hé quoi ? toujours injuste en vos tristes discours,
De mon inimitié vous plaindrez-vous toujours ?

L'assonance [u] et la répétition de l'adverbe "toujours" donne au discours d'Hermione une tonalité presque moqueuse. Sans doute est-elle agacée mais s'efforce de ne pas le montrer :

Quelle est cette rigueur tant de fois alléguée ?
J'ai passé dans l'Epire, où j'étais reléguée :
Mon père l'ordonnait. Mais qui sait si depuis
Je n'ai point en secret partagé vos ennuis ?
Pensez-vous avoir seul éprouvé des alarmes ?
Que l'Epire jamais n'ait vu couler mes larmes ?
Enfin qui vous a dit que malgré mon devoir
Je n'ai pas quelquefois souhaité de vous voir ?

Hermione a ici fortement recours à l'interrogative, (à cinq reprises sans compter les tournures "qui sait " et "qui vous a dit"). Elle ne fait donc pas d'aveu direct à Oreste mais lui suggère que ses sentiments sont partagés. Elle modère son discours (cf l'emploi de l'adverbe "quelquefois") et semble excuser sa présence auprès de Pyrrhus en rappelant que c'est par obéissance à son père qu'elle se trouve "reléguée" "dans l'Epire". En outre, plus soucieuse qu'Oreste de l'état d'esprit de son interlocuteur, elle utilise à plusieurs reprises le pronom personnel de la deuxième personne du pluriel, le pronom "vous" qui oblige ainsi Oreste à répondre. Cela, en tout cas, suffit pour lui redonner de l'espoir à l'Oreste :

ORESTE
Souhaité de me voir ! Ah ! divine Princesse...

Pour Oreste, Hermione est une déesse qui a tout pouvoir sur lui.

Mais, de grâce, est-ce à moi que ce discours s'adresse ?
Ouvrez vos yeux : songez qu'Oreste est devant vous,
Oreste, si longtemps l'objet de leur courroux.

Les yeux, bien sûr, ces poignards de l'âme, qu'Oreste semble craindre plus que tout, comme un enfant fautif craint le regard de sa mère.
Oreste semble craindre l'égarement d'Hermione. Lui demander "d'ouvrir les yeux", c'est lui demander de confirmer que sa présence à lui n'est pas inopportune.
Le poisson mord à l'hameçon. Hermione l'enferre :

Oui, c'est vous dont l'amour, naissant avec leurs charmes,
Leur apprit le premier le pouvoir de leurs armes ;
Vous que mille vertus me forçaient d'estimer ;
Vous que j'ai plaint ; enfin que je voudrais aimer.

Elle est déchaînée, maintenant, la "triste princesse" mais le conditionnel "voudrais" modère la monture.
C'est d'ailleurs ainsi qu'Oreste l'interprète :

ORESTE
Je vous entends. Tel est mon partage funeste :
Le coeur est pour Pyrrhus, et les voeux pour Oreste.

C'est qu'il est prompt à mélancoliser, l'amoureux, et se contenter d'amours platoniques et lointaines tandis que Pyrrhus se pavane avec ses deux royales, Hermione et Andromaque, c'est effectivement difficile à accepter.
Hermione la comprend aussi, cette jalousie d'homme et réagit vivement :

HERMIONE
Ah ! ne souhaitez pas le destin de Pyrrhus :
Je vous haïrais trop.

Moi, je sais pas pour vous, mais pour ma pomme, si j'étais Oreste, je me méfierais ; c'est qu'elle comprend vite, Hermione et réagit vite itou ; d'ici à ce qu'Oreste devienne l'ombre de son ombre, l'ombre de sa main - qu'il ne manquera d'ailleurs pas de prendre sur la figure si jamais il s'intéresse trop aux petites suivantes grecques -, l'ombre de son chien, il y a peut-être pas si loin. (Je sens bien que ce n'est pas avec ce genre de style que je vais me faire référencer par les sites académico-universitaires mais rien qu'à la tronche des correcteurs des copies du bac à la lecture de ce type de commentaires, je ne puis m'empêcher d'avoir la banane ! qui aurait cru que Racine fût si poilant ? On nous avait caché ça !).

ORESTE
                                        Vous m'en aimeriez plus.

Oreste prend aussitôt le contre-pied d'Hermione et se met à rêver à voix haute :

Ah ! que vous me verriez d'un regard bien contraire !
Vous me voulez aimer, et je ne puis vous plaire ;
Et l'amour seul alors se faisant obéir,
Vous m'aimeriez, Madame, en me voulant haïr.
Ô Dieux ! tant de respects, une amitié si tendre...
Que de raisons pour moi, si vous pouviez m'entendre !

Le mot "regard" (cf vers 541) est ici intéressant.
Comme nous l'avons vu, les yeux d'Hermione, ces "miroirs de l'âme" des poètes précieux, sont ressentis par Oreste comme autant de signes néfastes (cf v. 485 :"Je sais que vos regards vont rouvrir mes blessures" ; v. 495-496 :"... et je me vois réduit / A chercher dans vos yeux une mort qui me fuit") et lui-même comprend sa passion comme un "aveuglement funeste" (cf v. 481). Ce qu'il craint, c'est l'indifférence du regard qu'Hermione pourrait porter sur lui (cf v. 497 :"Mon désespoir n'attend que leur indifférence") et donc, l'aveu d'Hermione (cf v.527-528 :"Enfin qui vous a dit que malgré mon devoir / Je n'ai pas souhaité quelquefois de vous voir ?") jette Oreste dans un tel transport d'allégresse (cf v. 529 :" Souhaité de me voir ! Ah ! divine Princesse...") qu'il n'ose croire en sa bonne fortune et fait cette requête à Hermione :"Ouvrez vos yeux : songez qu'Oreste est devant vous, / Oreste, si longtemps l'objet de leur courroux" (v. 530-531).
Hermione, dès lors, utilise le motif du regard comme un outil argumentatif. Elle en a parfaitement compris l'importance et l'influence sur la psychologie d'Oreste qui apparaît ainsi comme un personnage hanté par le regard des autres. Hermione suggère donc à Oreste que, grâce à lui, elle a compris que dans ses yeux se cachait un grand pouvoir :"Oui, c'est vous dont l'amour, naissant avec leurs charmes, / Leur apprit le premier le pouvoir de leurs armes" (v. 532-533). La rime est intéressante qui révèle l'ambivalence du regard de la femme aimée : à la fois source de "charmes" et "armes" puissantes.
De quoi fasciner.
Ce dont rêve Oreste, c'est d'un regard aimant, le regard d'Hermione métamorphosé, un regard soumis à la loi amoureuse : "Ah ! que vous me verriez d'un regard bien contraire ! / (...) / Et l'amour seul alors se faisant obéir, / Vous m'aimeriez, Madame, en me voulant haïr." (v. 541, 543-544).
Il désire donc que la fascination qui le lie, malgré lui, à Hermione soit réciproque.
Fascination et non amour raisonné.

Mais il ne peut y avoir fascination sans exclusivité.
Oreste s'attaque donc à Pyrrhus :

Vous seule pour Pyrrhus disputez aujourd'hui,
Peut-être malgré vous, sans doute malgré lui,
Car enfin il vous hait ; son âme ailleurs éprise
N'a plus...

Il faut comprendre la forme "disputez" comme synonyme de "plaidez" (cf Andromaque, Presses Pocket, "Lire et Voir les classiques", note de Annie Collognat-Barès, p.53).
Oreste se montre ici assez lucide pour placer sur le même plan l'amour contraint d'Hermione (jalousie envers Andromaque, frustration d'être délaissée, sentiment d'un devoir d'épouse royale à accomplir) et l'indifférence de Pyrrhus. Le parallélisme est habile, et le vers moderne, "peut-être malgré vous, sans doute malgré lui" qui évoque certes le poids des conventions mais aussi ces actes auxquels on se voue, en contradiction avec nos désirs, et que dicte le principe de réalité.
Ce sur quoi, fort habilement, Oreste met l'accent, c'est sur la "haine" supposée de Pyrrhus pour Hermione cependant qu'il ne prononce pas le nom d'Andromaque, le remplaçant par le très vague "ailleurs".
Fort habile en effet : la haine peut précipiter Hermione dans ses bras alors que la présence d'Andromaque inciterait Hermione à rester en Epire pour y affronter sa rivale.
Hermione ne s'y trompe pas qui interrompt le discours trop explicite d'Oreste :

HERMIONE
                      Qui vous l'a dit, Seigneur, qu'il me méprise ?
Ses regards, ses discours vous l'ont-ils donc appris ?
Jugez-vous que ma vue inspire des mépris,
Qu'elle allume en un coeur des feux si peu durables ?
Peut-être d'autres yeux me sont plus favorables.

Promptement qu'elle rétorque, Hermione à cette évocation du "mépris" possible de Pyrrhus. Elle se montre même agressive, insistante, enchaînant les interrogatives et l'assonance [i] soulignée par les allitérations [k], [d], [p+r], [t] rend compte de cette vivacité de la réplique d'Hermione :
"Qui vous l'a dit, Seigneur, qu'il me méprise ?
Ses regards, ses discours vous l'ont-ils donc appris ?
Jugez-vous que ma vue inspire des mépris"

De fait, on a l'impression qu'elle demande des comptes à Oreste, reprenant la thématique du regard et renvoyant Oreste à  sa fascination.
Mais pour l'instant, ce qu'il entend, Oreste, c'est le ton agressif d'Hermione qui semble même lui reprocher l'amour qu'il a pour elle (cf "Peut-être d'autres yeux me sont plus favorables") :

ORESTE
Poursuivez : il est beau de m'insulter ainsi.
Cruelle, c'est donc moi qui vous méprise ici ?
Vos yeux n'ont pas assez éprouvé ma constance ?
Je suis donc un témoin de leur peu de puissance ?
Je les ai méprisés ? Ah ! qu'ils voudraient bien voir
Mon rival, comme moi, mépriser leur pouvoir !

Oreste utilise l'ironie grinçante pour répondre à Hermione et désigne clairement Pyrrhus comme étant son "rival" cependant que la jalousie perce dans ses propos.
Deux thèmes ici constituent la réplique : celui du regard (cf "vos yeux", "leur peu de puissance", 'je les ai méprisés ?", "qu'ils voudraient bien voir", "leur pouvoir") lié au thème du mépris supposé d'Hermione (cf "il est beau de m'insulter ainsi", "qui vous méprise ici ?", "je les ai méprisés", "mépriser leur pouvoir").
Oreste le fasciné craint plus que tout le mépris d'Hermione et l'apparaître de ce mépris, le regard de la fille d'Hélène.

Celle-ci comprend la jalousie d'Oreste et s'empresse de le détromper en partie :

HERMIONE
Que m'importe, Seigneur, sa haine ou sa tendresse ?
Allez contre un rebelle armer toute la Grèce ;
Rapportez-lui le prix de sa rébellion ;
Qu'on fasse de l'Epire un second Ilion.
Allez. Après cela direz-vous que je l'aime ?

Ainsi pourrait se répéter l'histoire de Troie : Pyrrhus ne voulant, par amour pour Andromaque, consentir à la perte d'Astyanax risque de voir se liguer toute la Grèce contre lui de la même manière que le refus de rendre Hélène à Ménélas avait provoqué la coalition de tous les princes grecs contre Troie ("Ilion").
Ce qui est notable, c'est que, malgré sa position d'épouse délaissée, Hermione semble donner des ordres à l'ambassadeur de toute la Grèce (cf l'utilisation des impératifs).
L'enjeu des répliques, l'enjeu des batailles serait donc une femme : Hermione ou Andromaque ? Qui des deux plongera à nouveau le monde antique dans le sang et la fureur ?

Oreste alors lui propose une alliance :

ORESTE
Madame, faites plus, et venez-y vous-même.
Voulez-vous demeurer pour otage en ces lieux ?
Venez dans tous les coeurs faire parler vos yeux.
Faisons de notre haine une commune attaque.

Le regard d'Hermione encore comme preuve de son pouvoir sur les destinées humaines.

Mais Hermione ne peut se résoudre à laisser sa place à  Andromaque :

HERMIONE
Mais, Seigneur, cependant s'il épouse Andromaque ?

Décidément, elle ne sait pas ce qu'elle veut !

ORESTE
Hé ! Madame !

Et Oreste ne sait plus quoi dire !

HERMIONE
                           Songez quelle honte pour nous
Si d'une phrygienne il devenait l'époux !

"Tout est perdu fors l'honneur" dirait un capitaine du XVIIIème siècle et Hermione prouve ainsi qu'elle ne peut quitter Pyrrhus.
Du coup, c'est Oreste maintenant qui semble lui demander des comptes :

ORESTE
Et vous le haïssez ? Avouez-le, Madame,
l'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme :

Jolie sapience où le présent de vérité générale épouse les douze syllabes de l'alexandrin.

Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.

Mais c'est qu'il file la métaphore, en attendant de filer le parfait amour, l'ambassadeur !
Donc Oreste demande à Hermione d'avouer que sa passion pour Pyrrhus est plus grande que son dépit de femme délaissée.
Hermione va alors tenter le tout pour le tout :

HERMIONE
Seigneur, je le vois bien, votre âme prévenue
Répand sur mes discours le venin qui la tue,
Toujours dans mes raisons cherche quelque détour,
Et croit qu'en moi la haine est un effort d'amour.

Autrement dit, "mon petit Oreste, vous commencez à être un peu lourd, là, avec vos soupçons perpétuels !"

Il faut donc m'expliquer : vous agirez ensuite.
Vous savez qu'en ces lieux mon devoir m'a conduite ;
Mon devoir m'y retient, et je n'en puis partir
Que mon père ou Pyrrhus ne m'en fasse sortir.

Hermione ne pouvant décider seule, - c'est une femme ! -, elle est bien obligée d'attendre la suite des événements et attend qu'Oreste, qui parle beaucoup, - vous me direz, c'est son métier ! -, prenne un peu le taureau par les cornes !
Voici ce qu'elle propose car, en fin de compte, c'est tout de même elle qui décide, - c'est une femme ! - :

De la part de mon père allez lui faire entendre
Que l'ennemi des Grecs ne peut-être son gendre :
Du Troyen ou de moi faites-le décider ;

Il faut que Pyrrhus cède Astyanax aux Grecs s'il veut conserver Hermione.

Qu'il songe qui des deux il veut rendre ou garder ;
Enfin qu'il me renvoie, ou bien qu'il vous le livre.
Adieu. S'il y consent, je suis prête à vous suivre.

Notons qu'Hermione ne manque pas de rappeler l'origine troyenne d'Astyanax, le désignant ainsi comme l'ennemi héréditaire de tous les Grecs.
Le marché est clair et à vue de nez semble être en faveur d'Oreste.

Pyrrhus consentira-t-il à se rendre aux injonctions de Ménélas, le père d'Hermione, et se détournera-t-il d'Andromaque ?
Oreste, une fois de plus sera-t-il obligé d'aller porter ailleurs son coeur, sa tête, ses jambes et tout ce qui fait qu'un homme est un homme, ou, aux côtés de la fascinante Hermione, ira-t-il chercher lui-même Pyrrhus au coeur de son palais pour lui couper les c... euh pour lui arracher le coeur, et le donner tout palpitant aux chiens dévorants (mais qu'est-ce que je raconte, moi ?).
Pour le savoir, ne manquez pas les antiques aventures d'Andromaque, sur des dialogues de Jean Racine...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 février 2006

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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 00:38

PAR LA FENÊTRE, ON REGARDE LA PLUIE

Par la fenêtre, on regarde la pluie. Elle gicle et gigote, la gueuse, noyant la campagne dans une griserie sans nom, flaquant les herbes, révélant la boue, cette vocation de la terre. Quelle dégoûtation, cette ennuyeuse qui court le ciel.
Et puis, parfois, c'est les appels, les appels de l'autre côté de la pluie, les appels de l'autre côté de cette il pleut des hallebardes comme qui dirait les appels de la forêt mais elle est si loin, la profonde aux cadavres, elle est si loin avec ses sangliers et le fantôme de ses loups que l'on a peine à croire qu'ils viennent de la forêt, ces mugissements en rase campagne.
Par la fenêtre, on regarde la pluie. Elle frappe tant et plus sur les carreaux, les canards, les crapauds, bouillassant la verte dans un impressionnisme à affoler l'artiste, flouant les lointains, foutant tout en gris, le ciel, l'horizon et la terre, tout ça dans sa grande blouse grise.
Et puis, c'est les appels, les appels de l'autre côté de la pluie, les appels de derrière le rideau qui couvre tout le paysage, qui a l'air de s'effacer, de s'estomper, de se gommer à la façon d'un dessin au crayon de bois qui s'efface et persiste pourtant rendant impossible le retour à la blancheur du papier, qui a l'air, le paysage, de se démêler dans de l'autre chose, une autre face du temps d'où l'on s'attend à voir surgir des ombres grises, des cavaliers fantomatiques, des guerriers d'un autre temps, d'un autre temps vous dis-je, de ces spectres pour film fantastique ou bande dessinée.
Par la fenêtre, on regarde la pluie. Elle s'intensifie parfois et vous savez que ce n'est pas bon signe, que ce ciel qui s'obscurcit est plein de mauvais anges, de cavaleries de nuées noires qui se rassemblent et se préparent à fondre sur le pays dans un grand élan gris d'armures souples et froides, et des yeux voués à l'acharnement, au grand acharnement de ce monde.
Ce sont les appels des grands serpentaires, vous savez, des faucons, des aigles, des buses et des éperviers qui viennent vous chercher, vous savez, profitant de la pluie pour venir vous prendre dans leurs serres, vous emmener de l'autre côté de la pluie, dans cet espace gris et froid qui n'a d'autre géométrie que celle de la pluie qui tombe et que le vent, de sa longue lance fait tournoyer dans le ciel, de plus en plus vite, de plus en plus intensément, de plus en plus violemment jusqu'à ce que dans cet immense tourbillon gris et noir qu'est maintenant devenu le ciel, vous disparaissiez, entraîné par les ailes des géants qui crient et s'appellent et n'en finissent plus de crier et s'appeler, de crier et s'appeler jusqu'à ce que vous y reconnaissiez votre nom.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 mai 2006

Commentaires

pb ?

je ne comprends pas sur quoi pointe arristiqueweb...

Posté par marie, 13 mai 2006 à 19:25
En effet

En effet, Marie, en effet... Il est vrai que je n'ai pas consulté artistiqueweb depuis belle lurette : le site semble maintenant passé dans une autre dimension à laquelle apparemment je n'ai pas accés !

Amicalement
Patrice Houzeau

Posté par patrice houzeau, 14 mai 2006 à 02:19
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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 00:31

Tu procèdes de l'âme, orgueil du labyrinthe
        (
Paul Valéry, La jeune Parque)

Tu procèdes de l'âme, orgueil du labyrinthe,
Et du compliqué coeur quand ta face de sphinx
Nous hante et nous fascine avec son oeil de lynx
Et prend l'air las de la tête de veau défunte.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 mai 2006

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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 00:25

GREEN PARODIE

Fantaisie parodique sur le poème Green de Paul Verlaine dont les vers figurent ci-dessous en italiques.

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,

Des oiseaux gueulards et des singes dans ces branches,
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous
Son drôle de tambour agaçant, savez-vous !
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches,
Le compas de vos yeux, les ciseaux de vos hanches,
Et qu'à vos humbles yeux l'humble présent soit doux,
Sinon, tant pis ! j'm'en vas au bistro boire un coup !

J'arrive tout couvert encore de rosée,

- Quand on passe la nuit dehors, voilà c'que c'est ! -
D'ailleurs, ce n'est pas la rosée mais de la pluie
Qui de mes cheveux à la diable dégouline
Et sur les carreaux gris grimace et tambourine
De sa main de noyé, rien que d'la pluie, d'la pluie
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
- J'amène ainsi pour l'apéro quelques glaçons ! -.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Comme un brave toutou à vos pieds affalé,
Rêve des chers instants qui la délasseront
Ou de l'os que vous eûtes de quelque mouton.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
- Je vous assure que ma chevelure est nette ! -
Toute sonore encor de vos derniers baisers ;
Ma tête où gigotent grelots et osselets,
Laissez la s'apaiser de la bonne tempête,
- Des heures à marcher dans la gloire champêtre ! -
Et que je dorme un peu puisque vous reposez ;
- Je vous promets avant de me laver les pieds !

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 mai 2006

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 16:04

Notes sur Obsession de Charles Baudelaire (pièce LXXIX des Fleurs du Mal).

1. Nuit peuplée.
Le narrateur baudelairien a soif de l'absolu des ténèbres :

"Car je cherche le vide, le noir et le nu" (Obsession, vers 11)

Mais la réalité du vif est le peuplement, - croissance et multiplication. C'est ainsi que les humains produisent de l'imaginaire qu'ils appellent signes et qu'ils les transmettent, les signes, de génération en génération.
Du coup, alors, car, et de fait :

"Mais les ténèbres sont-elles même des toiles
  Où vivent, jaillissant de mon oeil par milliers,
  Des êtres disparus aux regards familiers."
  (Obsession, vers 12-14)

L'hallucination, la vision baudelairienne est ici symboliste à la façon des peintres. Elle semble même prédire les nocturnes inquiétudes des surréalistes.
Le mot "toile" relève en effet du champ lexical de la peinture, de la synchronie où demeurent des "êtres" cependant "disparus". Ce qui est aussi le propre de la photographie et du cinéma où l'on peut voir, comme s'ils étaient vivants, des gens interpréter leur rôle.
Dans ce sonnet, c'est "l'oeil" qui produit ces "regards familiers", et qui donne à la nuit ses mille yeux.
Il est curieux de noter que le mot "toile" désigne aussi ce monde virtuel où, afin qu'elles soient lues, je publie ces lignes. Je produis ce que vos yeux lisent et je lis ce que vous produisez : échange de regards donc, comme dans la nuit baudelairienne...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 24 février 2009

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 15:58

Bouts-rimés : AVATAR

A l'instar des papous dans la tête
Qui firent souvent,
Joli casse-tête
Et joyeux passe-temps,
Des mots de l'encyclopédie aux pages illustrées
Des bouts-rimés.

Ce mot avec ses trois a
Nous vient du sanskrit avatara,
- Lequel en a quatre de a,
Regarde dans le Larousse si tu m'crois pas ! -,
Et désigne l'arrivée
Parmi les petits lapins et la rosée,
Parmi les gendarmes et les voleurs,
Les beaux-frères et les belles-soeurs,
Les hommes de peine et les peines de coeur,
Les ratichons baigneurs ou pas et les bonne-soeurs,
Les harengs saurs et la Joconde,
Et tout ce qui dans le monde
Semble exister et, tout à fait imparfait,
Passer, casser, lasser, - c'est un fait -,
L'arrivée dans ce monde dis-je,
D'un être divin et prodige,
- Tandis que nous, mortels roturiers, nous n'sommes que des tiges ;
Je sais pas si tu piges ! -.

C'est aussi, puisque c'est encyclopédique,
Le nom générique
Des divines incarnations.
Je me pose donc la question
De celui qui avec Gainsbarre,
Avec les saints et tous les ânes,
Fait des nuages avec ses gitanes ;
Soyons clair, du Bon Dieu Jésus-Christ fut-il l'avatar ?
Il est vrai cependant que le mot s'applique surtout
A la très hindoue Vishnou,
Laquelle a quatre bras
Et chevauche l'oiseau Garuda.

Dans le français qu'on cause,
Le mot désigne la métamorphose
Par laquelle passe quelque chose.
Pourrait-on dire alors
Que de la boue l'or
Ou de la charogne la rose
Sont tous deux des avatars ?
Et, si je vous dit tout,
De tout, tout est-il l'avatar ?
Le sage n'est-il donc qu'une sorte de fou ?
Mais cette question n'est pas de celles qu'on pose ;
Passons donc à autre chose.

Les projets souvent
Passent avant leur aboutissement
Par de nombreux avatars,
Nous donnant
En passant
Beaucoup de tracas et bien du cafard.
Du coup,
Le mot désigne itou
Les malheurs et les fâcheux
Accidents qui nous attristent les yeux,
Et d'aucuns,
Avant d'aller rejoindre le sapin,
Au cours de leur existence
Connaissent bien des déboires et des errances,
Et moult coups de Trafalgar,
En un mot, bien des avatars.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 mai 2006


Commentaires

Sourire!

Chaque fois que je lis le nom de cette divinité hindoue, je pense à la blague: "Vishnou la paix!" ;))

Posté par Chris, 10 mai 2006 à 07:38
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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 15:38

NOTES SUR ANDROMAQUE DE RACINE (Acte II, Scène 1)

L'Acte I se termine par une menace faite par Pyrrhus et qui concerne Astyanax, le fils d' Hector.
L'Acte II s'ouvre par une scène qui nous présente la femme dont Oreste est amoureux, la fille d'Hélène, Hermione ici en conversation avec sa confidente, Cléone.

HERMIONE
Je fais ce que tu veux. Je consens qu'il me voie :
Je lui veux bien encore accorder cette joie.
Pylade va bientôt conduire ici ses pas ;
Mais si je m'en croyais, je ne le verrais pas.

Le début de l'Acte est marqué par une hésitation : "Je fais ce que tu veux. Je consens qu'il me voie" "mais si je m'en croyais, je ne le verrais pas" constituent les deux termes de l'alternative et nous présentent une Hermione influençable.
Notons le rôle des confidents, Cléone et Pylade, qui préparent l'entrevue d' Hermione et d' Oreste.

CLEONE
Et qu'est-ce que sa vue a pour vous de funeste ?
Madame, n'est-ce pas toujours le même Oreste
Dont vous avez cent fois souhaité le retour,
Et dont vous regrettiez la constance et l'amour ?

Evidemment, la "constance et l'amour" d'Oreste semblent plus sûrs que les sentiments de l'impulsif Pyrrhus.
Mais Hermione est fière :

HERMIONE
C'est cet amour payé de trop d'ingratitude
Qui me rend en ces lieux sa présence si rude.

Hermione craint de devoir affronter le regard d'un homme qu'elle a repoussé, humilié : n'oublions pas qu'il s'agit de princes et de guerriers ; ils sont susceptibles du côté du coeur.

Quelle honte pour moi, quel triomphe pour lui
De voir mon infortune égaler son ennui !

D'autant plus qu'elle-même se voit dédaignée par son époux, Pyrrhus, et le parrallélisme de la construction ("quelle honte pour moi, quel triomphe pour lui") met sur le même plan "l'infortune" conjugale d'Hermione et, au sens fort, "l'ennui", l'amoureux tourment, d'Oreste.
Cette égalité des sentiments, par ailleurs, pourrait être propice à un rapprochement mais, pour l'heure, ce qui préoccupe Hermione, c'est le jugement d'Oreste.
Ce qui prouve que le jeune homme ne lui est pas indifférent.
Et puis, il est toujours agréable d'être courtisé par un prince.
Surtout quand le mari s'apprête à vous faire porter des cornes.
Fussent-elles princières, les cornes des cocus restent les cornes des cocus !

Est-ce là, dira-t-il, cette fière Hermione ?

En tout cas, elle est lucide.

Elle me dédaignait ; un autre l'abandonne.
L'ingrate qui mettait son coeur à si haut prix,
Apprend donc à son tour à souffrir des mépris ?

Le rythme ternaire, les occlusives [p], [d], [t] ("apprend donc", "à son tour" "des mépris"), la plainte du [i] préparent l'interjection :

Ah ! Dieux !

Interjection quelque peu ridicule : Hermione ne peut que s'en prendre à elle-même si son attitude a part trop refroidi le constant Oreste.

CLEONE
                       Ah ! dissipez ces indignes alarmes :
Il a trop bien senti le pouvoir de vos charmes.

La confidente rassure Hermione : le "pouvoir de ses charmes" est bien trop grand pour qu'Oreste puisse résister. Ce n'est jamais qu'un homme !
Cléone d'ailleurs est ici pleine de bons sens : Oreste est amoureux d'Hermione ; il est ce que dans le théâtre classique, on appelait un "amant" (celui qui aime et qui peut espérer d'être aimé) au contraire de "l'amoureux" qui peut toujours aller se brosser ! Pourquoi un amant viendrait-il insulter la femme qu'il aime ? A moins que cela ne tourne à la scène de "dépit amoureux" (telle la scène 4 de l'Acte I entre Pyrrhus et Andromaque) mais justement, Oreste n'est pas Pyrrhus...

Vous croyez qu'un amant vienne vous insulter ?
Il vous rapporte un coeur qu'il n'a pu vous ôter.

Le vers est précieux et ne vaut que pour la rime.

Mais vous ne dites point ce que vous mande un père.

Illustration de la "double énonciation" théâtrale : Cléone s'adresse à Hermione et renseigne le spectateur sur la possible progression de l'action.

HERMIONE
Dans ses retardements si Pyrrhus persévère,
A la mort du Troyen s'il ne veut consentir,
Mon père avec les Grecs m'ordonne de partir.

Hermione, le style ici inversant groupes sujets et groupes compléments, donne l'impression de prononcer ces mots en un état second. De ce fait, le très clair "Mon père avec les Grecs m'ordonne de partir" signifie concrétement que Hermione partirait alors avec Oreste et cela avec l'assentiment de son père, le roi Ménélas.

CLEONE
Hé bien, Madame, hé bien ! écoutez donc Oreste.
Pyrrhus a commencé, faites au moins le reste.
Pour bien faire, il faudrait que vous le prévinssiez.
Ne m'avez-vous pas dit que vous le haïssiez ?

La confidente pousse Hermione à l'action : elle ne doit pas retarder l'entrevue demandée par Oreste et autorisée par Pyrrhus. Il faut donc profiter de l'occasion pour s'entendre avec le prince grec et devancer ("prévenir") ainsi les décisions de Pyrrhus.
Notons que les intérêts d'Hermione servent les intérêts d'Andromaque : si Hermione abandonne Pyrrhus et prend le parti des princes Grecs contre son époux, celui-ci, par fierté bafouée et passion amoureuse, va prendre fait et cause pour Andromaque et le fils d'Hector.
Andromaque et Hermione seraient ainsi liées par les nécessités politiques.

HERMIONE
Si je le hais, Cléone ! Il y va de ma gloire,
Après tant de bontés dont il perd la mémoire.
Lui qui me fut si cher, et qui m'a pu trahir,
Ah ! je l'ai trop aimé pour ne le point haïr.


La rupture de construction, - on appelle cela une "anacoluthe" - des vers 3 et 4 de ce quatrain traduit le ressentiment d'Hermione pour Pyrrhus : elle le déteste et ne lui pardonne pas d'être délaissée, elle, la fille d'Hélène, la petite fille donc de Zeus et de Léda, pour la veuve d'un guerrier vaincu et maman d'un enfant en bas âge de surcroît.
L'emploi des monosyllabes, des exclamations, le recours à la rupture de construction concourent à faire de ce distique une réussite poétique, à la fois simple et intense dans l'expression de la colère.

Du coup, pourquoi attendre ?

CLEONE
Fuyez-le donc, Madame ; et puisqu'on vous adore...

HERMIONE
Ah ! laisse à ma fureur le temps de croître encore ;
Contre mon ennemi laisse moi m'assurer :
Cléone, avec horreur je m'en veux séparer.
Il n'y travaillera que trop bien, l'infidèle !

Hermione se montre complaisante et prétend voir jusqu'où ira Pyrrhus.
Une telle attitude peut surprendre : Pourquoi ne part-elle pas tout de suite ?
Et si Hermione n'était pas sûre de ses sentiments ?
Ainsi ses exclamations, son ressentiment affiché, proclamé, sa "fureur croissante" pourraient aussi s'interpréter comme une tentative d'oublier ce qu'Oreste appelle "des feux mal éteints" (cf Acte I, scène 1, vers 86-88 : "De mes feux mal éteints je reconnus la trace ; / Je sentis que ma haine allait finir son cours, / Ou plutôt je sentis que je l'aimais toujours.").

Cette complaisance fait vivement réagir Cléone, visiblement choquée par la complaisance d'Hermione :

CLEONE
Quoi ? vous en attendez quelque injure nouvelle ?
Aimer une captive, et l'aimer à vos yeux,
Tout cela n'a donc pas pu vous le rendre odieux ?
Après ce qu'il a fait, que saurait-il donc faire ?
Il vous aurait déplu, s'il pouvait vous déplaire.

Pour Cléone, il est clair que Pyrrhus ne s'intéresse plus qu'à Andromaque et qu'en conséquence, cette passion est une "injure" faite à la fille d'Hélène.
Cléone ne comprend pas l'attachement d'Hermione pour Pyrrhus qui ne cherche même pas à "déplaire" à son épouse. Elle lui est devenue tout simplement indifférente.
Et c'est cette indifférence qui met Hermione en fureur.

HERMIONE
Pourquoi veux-tu, cruelle, irriter mes ennuis ?

Cléone a touché juste ; elle fait donc les frais du début de cette tirade.
La séquence [k , t, k, r, r, t] ("pourquoi", "tu", "cruelle", "irriter") traduit la colère d'Hermione.

Je crains de me connaître en l'état où je suis.

C'est donc par les débordements de la passion que l'on sait jusqu'où l'on peut aller, que l'on sait de quoi on est capable, que l'on sait qui on est vraiment.

De tout ce que tu vois tâche de ne rien croire ;
Crois que je n'aime plus, vante-moi ma victoire ;
Crois que dans son dépit mon coeur est endurci ;
Hélas ! et, s'il se peut, fais-le moi croire aussi.

Ces quatre vers sont évidemment un aveu : Hermione aime Pyrrhus ; elle l'aime encore et tente de se persuader qu'elle ne l'aime plus. Le mot "dépit" est révélateur : c'est bien de la  jalousie qu'éprouve Hermione et la répétition en tête de vers de l'impératif "crois" traduit l'effort d'Hermione pour refuser cette évidence.

Tu veux que je le fuie. Hé bien ! rien ne m'arrête :
Allons. N'envions plus son indigne conquête ;
Que sur lui sa captive étende son pouvoir.

Hermione tente de se motiver. Les tirades, et plus encore les monologues, sont souvent des exercices d'auto-suggestion : il s'agit de se persuader soi-même, avec le son de sa propre voix.
Notons les termes dépréciatifs pour désigner Andromaque : "indigne conquête" (aussi insultant pour Andromaque que pour Pyrrhus, d'ailleurs) , "sa captive".

Une première tentative :

Fuyons... Mais si l'ingrat rentrait dans son devoir !
Si la foi dans son coeur retrouvait quelque place !
S'il venait à mes pieds me demander sa grâce !
Si sous mes lois, Amour, tu pouvais l'engager !
S'il voulait... Mais l'ingrat ne veut que m'outrager.

Mais aussitôt les hésitations d'Hermione reprennent le dessus sur sa volonté : elle rêve debout, à voix haute et l'anaphore (cinq propositions introduites par "si") ainsi que la gradation qui va du respect du devoir conjugal à la "demande de grâce" et à l'allégeance aux "lois de l'Amour", révélent l'indécision d'Hermione et un goût du fantasme très proche des rêves bleus des adolescentes.
La colère cependant ne la quitte pas. Ni la lucidité (cf "Mais l'ingrat ne veut que m'outrager."). Cette proposition, par sa briéveté, rompt avec l'évocation ad libidum des rêves d'Hermione.

Comment rester, après cela, quand on serait obligée de partir ?
Une autre stratégie, un autre prétexte :

Demeurons toutefois pour troubler leur fortune ;
Prenons quelque plaisir à leur être importune
;
Ou le forçant de rompre un noeud si solennel,
Aux yeux de tous les Grecs rendons-le criminel.

Forcer Pyrrhus à rompre les noeuds du mariage contracté avec Hermione.
Forcer Pyrrhus à répudier la fille d'Hélène.
Ce sera une gifle donnée à toute la Grèce.
Dès lors, c'est l'esprit de vengeance qui semble guider les décisions d'Hermione.
Des fantasmes adolescents on passe au projet criminel : faire assassiner la mère et le fils, Andromaque et Astyanax, par les princes Grecs :

J'ai déjà sur le fils attiré leur colère ;
Je veux qu'on vienne encore lui demander la mère.
Rendons-lui les tourments qu'elle me fait souffrir :
Qu'elle le perde, ou bien qu'il la fasse périr.

Dans ces deux derniers vers, c'est la jalousie de l'épouse délaissée qui s'exprime et qui envisage ainsi la mort de Pyrrhus dans une guerre contre les princes grecs et la mort d'Andromaque livrée en fin de compte aux Grecs devenus ainsi les instruments d'une vengeance.

CLEONE
Vous pensez que des yeux toujours ouverts aux larmes

Image curieuse que celle de ces "yeux toujours ouverts" et humides de larmes.

Se plaisent à troubler le pouvoir de vos charmes,

D'ailleurs, selon Cléone elle-même, ces yeux peuvent "troubler".

Et qu'un coeur accablé de tant de déplaisirs
De son persécuteur ait brigué les soupirs ?

Autrement dit, Hermione croit-elle réellement que la fière Andromaque cherche à séduire Pyrrhus ?

Voyez si sa douleur en paraît soulagée.

C'est une recommandation teintée d'ironie : Andromaque est aussi malheureuse que Hermione est délaissée.

Pourquoi donc les chagrins où son âme est plongée ?
Contre un amant qui plaît pourquoi tant de fierté ?

Andromaque ne veut pas céder à Pyrrhus et Oreste offre ses services à Hermione. Celle-ci devrait donc s'estimer heureuse.
Et c'est pourtant par une plainte que répond Hermione :

HERMIONE
Hélas ! pour mon malheur, je l'ai trop écouté.
Je n'ai point du silence affecté le mystère :

Il est vrai : on prête à celui qui sait se taire une profondeur qu'il n'a pas toujours. Le silence est souvent l'apparaître du mystère tandis que le bavardage n'en est que le ridicule.

Je croyais sans péril pouvoir être sincère ;
Et sans armer mes yeux d'un moment de rigueur,
Je n'ai pour lui parler consulté que mon coeur.

Hermione semble se reprocher d'avoir laissé parler ses sentiments et donc de ne pas s'être montré assez forte devant un époux si terrible.
Mais il est remarquable que dans la fin de cette première scène de l'Acte II, les pronoms personnels employés par Hermione et Cléone n'ont pas des référents si faciles à identifier.

Et si c'est d'Oreste qu'elle cause ainsi, il s'en poserait des questions s'il l'entendait.
Mais il est peut-être déjà tout près et Cléone l'avait aperçu aussi peut-être qui encourageait Hermione à ne pas refuser un homme si providentiel soudain face à la trahison de Pyrrhus.

Et qui ne se serait comme moi déclarée
Sur la foi d'une amour si saintement jurée ?

Mon édition m'apprend par une note en bas de page que le mot "amour" était "indifféremment des deux genres [masculin et féminin] au XVIIème siècle, sauf pour l'amour divin toujours au masculin." (Andromaque, Lire et voir les classiques, Presses Pocket, p.50).

Me voyait-il de l'oeil qu'il me voit aujourd'hui ?
Tu t'en souviens encor, tout conspirait pour lui :
Ma famille vengée, et les Grecs dans la joie,
Nos vaisseaux tout chargés des dépouilles de Troie,

Le rythme ternaire souligne l'assise de cette bonne fortune.

Les exploits de son père effacés par les siens,

Pyrrhus est le fils d'Achille l'invincible.

Ses feux que je croyais plus ardents que les miens,
Mon coeur, toi-même enfin de sa gloire éblouie,
Avant qu'il me trahît, vous m'avez tous trahie.

Hermione semble ne pas pouvoir se défaire du regret de Pyrrhus ; il est vrai que la chute de Troie et la gloire de son époux sont si proches encore qu'elle ne peut se résoudre à admettre sa défection.
Dans une fort belle apostrophe, elle évoque les éléments de son bonheur passé et considère que la réalité en elle-même est une trahison.
Ce qui est tragique n'est pas qu'un époux délaisse sa femme ; ce qui est tragique, c'est que tout dès lors est connoté par le sentiment de trahison. Les passions construisent leur propre perception de la réalité.
Le dernier vers de ce passage, par l'emploi de la répétition du verbe "trahir", par l'écho plaintif qu'il suggère, est tout à fait remarquable.

Mais c'en est trop, Cléone, et quel que soit Pyrrhus,
Hermione est sensible , Oreste a des vertus.

Voici donc Pyrrhus ravalé au rang d'un simple outil de la langue ("quel que soit") et, voulant restaurer l'empire qu'elle se doit d'avoir sur elle-même, Hermione objective la situation.
D'ailleurs, Oreste n'est-il pas un brave garçon :

Il sait aimer du moins, et même sans qu'on l'aime ;
Et peut-être il saura se faire aimer lui-même.
Allons : qu'il vienne enfin.

CLEONE
                                                 Madame, le voici.

HERMIONE
Ah ! je ne croyais pas qu'il fût si près d'ici.

Qu'est-ce que je vous disais !
Quant à l'exclamation d'Hermione, elle semble indiquer le regret de devoir prendre une décision.

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 18 janvier 2006

Commentaires

Ah!! les femmes

*clin d'oeil* C'est toujours un régal de vous lire Patrice. J'ignorais la nuance entre "l'amant" et "l'amoureux"...interessant.

Amitiés

Posté par Chris, 19 janvier 2006 à 14:05
urgent

slt alors je voudrais savoir ce kon apprend dans la scéne 1 de l'acte 2!!! aider moi s'il vs plait mercii

Posté par mary, 06 janvier 2008 à 13:38
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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 15:26

"DIMANCHE INSOLITE"

Un détail suffit à nous intéresser à une phrase, à nous arrêter l'oeil un bref instant. Ainsi, ici qui commence par la coordination "car", ce "dimanche insolite" qui sonne sa petite originalité, sa surconnotation du Jour du Seigneur différent soudain des autres :

"Car, ce qui arriva pendant que nous, les quatre-vingt-trois d'ici piétinions à sept heures du matin dans un dimanche insolite, ce fut le fameux procureur royal." (Jean Giono, Un roi sans divertissement, folio, p.124)

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 14 septembre 2008

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