PLAN COMPTABLE
Libéral comme je suis, moi, le Bac Pro 3 ans, j’étais pour, furieusement pour. Car quoi, me disais-je, au nom de quelle transcendance, les élèves seraient-ils tenus de venir quatre longues années d’affilée s’asseoir sur des chaises pour écouter des gens leur enseigner ce dont leurs aînés n’ont absolument pas eu besoin pour vivre ?
Aussi, lorsqu’il fut question de se débarrasser du bien trop généraliste pour être efficace BEP au profit d’un Bac Pro en 3 ans, j’y vis la volonté de rétablir l’équilibre entre les matières en faveur de l’enseignement professionnel et me réjouissais déjà de la déconvenue programmée des grand humanistes de la culture pour tous, rentiers du savoir et autres médaillés que l’on amène débiter des bien-pensances sur France Inter pour faire beau dans le paysage social et qui, année après année, ont transformé certains Lycées Professionnels en simulacres de Lycées Classiques.
« Fatalitas ! » comme disait Darcos après les manifestations des Lycéens de décembre, mes illusions commencèrent à s’effriter, à dégringoler, à suivre la courbe descendante des indices boursiers lorsque je compris que l’enseignement professionnel n’était pas plus épargné que l’enseignement général et que les postes sautaient les uns après les autres.
Bin oui que vous me direz, c’est normal : si on enlève une année, on perd des postes… Ah certes, mais ce n’est pas seulement ça qui coince, figurez-vous, c’est que dans certaines filières, on supprimerait aussi des heures de cours d’enseignement professionnel. Ainsi, ces 9 heures données à des groupes d’élèves du Tertiaire Administratif, eh bien, voyez-vous, l’année prochaine, ça n’en fera plus que 7,5, des heures. Du coup, sur un service de 18 heures, ça vous fait quand même trois heures en moins. Du coup, moins d’heures plus moins d’heures ça fait plus de mobilité pour les professeurs (selon la règle du dernier arrivé est prié de partir en premier), des désillusions, et un sérieux doute sur la gestion du Bac Pro 3 ans qui m’a bien l’air d’une nouvelle machine à vider les Lycées sans que ça coûte trop de sous à l’Etat lequel est déjà endetté, comme on ne cesse de nous le répéter, jusqu’au cou de Bernard Madoff.
C’est que ça rumine dans les LP, ça rumine et ressasse des rumeurs, ça grogne et gronde et, au vu des dotations horaires à venir, il semblerait bien que l’on ne puisse plus les dédoubler que difficilement, les classes, et que c’est par paquets de 30 qu’ils devront se les coltiner, les heureux bénéficiaires de la réforme Darcos.
Patrice Houzeau
le 16 février 2009