La langue... ça court ça, la langue, partout dans le corps social, comme sève en l'arbre, et autres comparaisons plus ou moins obscènes.
"d'un sens à peine fait, à peine formulable, à peine..." (Claude Royet-Journoud cité par Emmanuel Hocquard dans "Un privé à Tanger").
Je ne sais pas parler de c'est-à-dire comme tout le monde et je m'épate que le chat sauta.
Tiré de Emmanuel Hocquard: "c'est-à-dire comme tout le monde"; "Je ne sais pas parler de"; "Le chat sauta".
Tiré de Emmanuel Hocquard : "(en admettant que nous sachions ce qu'exister veut dire)"; "l'inquiétude qu'elles éveillent en nous".
Peut-être si nous savions exactement ce qu'exister veut dire, nous y mettrions illico fin à la nôtre, c'te existence, à moins, bien sûr, que tout soit cyclique et "éternel retour", auquel cas, nous serions les éternels condamnés de nos éternels suicides.
L'inquiétude qu'elles éveillent en nous, les choses, les objets, les machines manipulées par l'altérité.
Le soleil donne sur ma table une lecture, et toute lecture les possibles de l'air qui vibre entre nos corps, dans nos bouches.
Tiré de Emmanuel Hocquard: "Le soleil donne sur ma table"; "une lecture, et toute lecture"; "où l'air vibre continuellement".
"Le personnage du livre, le seul personnage du livre, c'est la langue qui prend tous les noms" (Emmanuel Hocquard, "Un privé à Tanger")
De telle sorte que, acharné et méthodique dans sa recherche du coupable, l'enquêteur finit toujours par démasquer une des innombrables identités de la langue.
Nous sommes dans l'être comme un poisson dans l'air.
Il y a dans le recueil "Un privé à Tanger", de Emmanuel Hocquard, un passage où le narrateur craint longtemps une ruelle avec un chien dedans. Puis, le chien disparaît sans que la peur du narrateur en fasse autant. C'est une autre peur qui le prend, celle du vide de cette ruelle et de ce que ce vide pourrait bien signifier.
La ruelle... vide vide vide... aurait dû se calmer, c'te trouille, mais sans plus de nom ni d'objet, pire pire pire - radicalement - que j'm'affola en dedans.
"Plus je vais et viens dans ce livre" (Emmanuel Hocquard, "Un privé à Tanger")
"Plus je vais et viens dans ce livre": un espace donc, un livre, un lieu, un lieu-dit.
La légitimité des objets, et celle des autres aussi, est avant tout spatio-temporelle.
"Vivre, c'est perdre du terrain" écrit Cioran. Pas encore assez bref. Vivre, c'est perdre.
Hondeghem, le 7 juin 2014