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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 18:58
D'UN SENS A PEINE
1.
La langue... ça court ça, la langue, partout dans le corps social, comme sève en l'arbre, et autres comparaisons plus ou moins obscènes.
2.
"d'un sens à peine fait, à peine formulable, à peine..." (Claude Royet-Journoud cité par Emmanuel Hocquard dans "Un privé à Tanger").
3.
Je ne sais pas parler de c'est-à-dire comme tout le monde et je m'épate que le chat sauta.
4.
Tiré de Emmanuel Hocquard: "c'est-à-dire comme tout le monde"; "Je ne sais pas parler de"; "Le chat sauta".
5.
Tiré de Emmanuel Hocquard : "(en admettant que nous sachions ce qu'exister veut dire)"; "l'inquiétude qu'elles éveillent en nous".
6.
Peut-être si nous savions exactement ce qu'exister veut dire, nous y mettrions illico fin à la nôtre, c'te existence, à moins, bien sûr, que tout soit cyclique et "éternel retour", auquel cas, nous serions les éternels condamnés de nos éternels suicides.
7.
L'inquiétude qu'elles éveillent en nous, les choses, les objets, les machines manipulées par l'altérité.
8.
Le soleil donne sur ma table une lecture, et toute lecture les possibles de l'air qui vibre entre nos corps, dans nos bouches.
9.
Tiré de Emmanuel Hocquard: "Le soleil donne sur ma table"; "une lecture, et toute lecture"; "où l'air vibre continuellement".
10.
"Le personnage du livre, le seul personnage du livre, c'est la langue qui prend tous les noms" (Emmanuel Hocquard, "Un privé à Tanger")
11.
De telle sorte que, acharné et méthodique dans sa recherche du coupable, l'enquêteur finit toujours par démasquer une des innombrables identités de la langue.
12.
Nous sommes dans l'être comme un poisson dans l'air.
13.
Il y a dans le recueil "Un privé à Tanger", de Emmanuel Hocquard, un passage où le narrateur craint longtemps une ruelle avec un chien dedans. Puis, le chien disparaît sans que la peur du narrateur en fasse autant. C'est une autre peur qui le prend, celle du vide de cette ruelle et de ce que ce vide pourrait bien signifier.
14.
La ruelle... vide vide vide... aurait dû se calmer, c'te trouille, mais sans plus de nom ni d'objet, pire pire pire - radicalement - que j'm'affola en dedans.
15.
"Plus je vais et viens dans ce livre" (Emmanuel Hocquard, "Un privé à Tanger")
16.
"Plus je vais et viens dans ce livre": un espace donc, un livre, un lieu, un lieu-dit.
17.
La légitimité des objets, et celle des autres aussi, est avant tout spatio-temporelle.
18.
"Vivre, c'est perdre du terrain" écrit Cioran. Pas encore assez bref. Vivre, c'est perdre.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 7 juin 2014

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 16:10

DANS UNE LIBRAIRIE ON ACHETE DES MOTS

1.
"Des îles qui fuient dans le brouillard"
(Emmanuel Hocquard, "Un privé à Tanger")

2.
Comme les îles fuyaient dans le brouillard, nous nous mîmes en tête de les rattraper, tant nous pensions que l'archipel était sur le point de se disloquer.

3.
Ecoutant "The Drum Thunder Suite" de Art Blakey et des Jazz Messengers, je songe que "Un privé à Tanger" ferait un bon titre pour une pièce de jazz.

4.
"Car on passe une grande partie de son temps aveugle".
(Claude Royet-Journoud cité par Emmanuel Hocquard dans "Un privé à Tanger")

5.
Sans doute qu'on "passe une grande partie de son temps aveugle", ce qui nous console de notre lucidité.

6.
Il est rare le frétillement du papillon merveilleux qui vous lève les paupières et vous aiguise le regard.

7.
Découvrir des ossements, c'est soudain avoir sous les yeux l'évidence du passé et le ridicule de nos existences.

8.
Je suppose que Racine et Hugo, à force d'en forger par wagons, d'l'alexandrin, i devaient bien des fois, sans même y faire gaffe, causer en vers.

9.
Y a-t-il eu quelque poète décadent - ou tout simplement fantaisiste - pour intituler un de ses recueils "En vers et contre tout" ?

10.
"En vers et contre tout": du Laforgue peut-être, ou du Corbière.

11.
"Donc je" est le titre d'un texte de Emmanuel Hocquard. C'est aussi une conséquence logique de l'absurde engendrement des existants.

12.
Des fois, les gens, i zont l'air d'engendrer qu'en vrai, ils se dupliquent.

13.
Cyniquement, il se demanda si, des fois, être marié et avoir des enfants, ce serait pas une circonstance aggravante.

14.
"Le professeur de philosophie est trop subtil": cette tronque d'une phrase de Emmanuel Hocquard ferait bien un titre de chapitre dans quelque polar spéculatif, non ?

15.
"On ne dépose pas plainte contre un rossignol pour tapage nocturne" (aphorisme cueilli dans un "Un privé à Tanger" de Emmanuel Hocquard).

16.
On ne peut déposer plainte contre ce qui nous fascine; on ne peut que décider de s'en éloigner, le plus qu'on peut.

17.
Dans une librairie, on achète des mots. Des fois, j'aimerais y acheter des actes. Remarquez que certains livres... oui, mais ce ne sont pas mes actes.

18.
"Ce qui me fascine le plus dans l'écriture, c'est ce que j'appelle l'énigme". (Emmanuel Hocquard, "Un privé à Tanger").

19.
Si ça se trouve, "L'Humain Mystère"; "Le Secret des Bipèdes", "L'Enigme de l'Homme" sont des best-sellers au pays des Sphinx.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 7 juin 2014

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 23:12

TANT PLU TANT PIS

"Il pleut. La gare n'a pas de toit."
(Erich-Maria Remarque, A l'Ouest rien de nouveau)

Il pleut j'aime bien écrire qu'il
Pleut même s'il fait grand soleil tout bleu
La pluie des fois j'me dis qu'c'est ma familière aussi la
Gare avec ses voyageurs ses minois et ses inquiétants
N'a pas guère d'existence c'te gare
Pas de train sauf le Mystery Train
De la chanson et pas de
Toit non plus la gare oùsqu'il a plu tant plu tant plu tant plu.

1.
Il pleut j'aime bien écrire qu'il pleut même s'il fait grand soleil tout bleu.

2.
Il pleut j'aime bien écrire qu'il pleut même s'il ne pleut pas et que je me regarde faire des pas sous la pluie là-bas, là-bas, là-bas.

3.
Même s'il fait grand soleil tout bleu, je me promène avec un parapluie dans les yeux.

4.
Des fois, vaut mieux être méfiant, genre qu'on a un parapluie dans chacun d'ses yeux.

5.
Pluie pluie pluie   des fois j'me dis
Pluie pluie pluie   des fois j'me dis quoi
Quoi quoi   quoi que j'fais là   sous la pluie
Qu'c'est ma familière comme un lierre
Un lierre un lierre qui me pousse en d'dans.

6.
Des fois je suis dans cette gare la pluie bat ses flancs et parmi les voyageurs les minois et les inquiétants j'attends le train fantôme.

7.
Spectrale la gare Pluie pluie pluie
Des fois j'me dis Pluie pluie pluie
Elle bat ses flancs et flic et flac et floc
Elle va sur un pied la pluie la pluie la pluie.

8.
La pluie des fois j'me dis qu'elle est ma familière, comme la gare, la lune, la plante étrange et la belle étrangère.

9.
La pluie, ma familière, tout comme la gare, avec ses voyageurs, ses minois et ses inquiétants.

10.
Pas de train sauf le Mystery Train qui me rentre dans le tunnel des oreilles et va se graver là-bas dans un au coin d'la rue d'ma mémoire.

11.
N'a guère d'existence c'te gare, pas de train, sauf le Mystery Train d'Elvis, et pas de toit non plus, c'te gare oùsqu'il a tant plu tant plu tant plu.

12.
Tant plu, tant plu, tant plu, tant pis. Elle est pas là, pas là, pas là, pas la peine d'en faire un plat.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 mai 2014

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 12:35

.

POUR PROUVER LEUR VERITE

"il s'agira de grammaires formelles partant de bases logiques et qui, pour prouver leur vérité, reviennent à cette base".
(Julia Kristeva, Le langage, cet inconnu, Edition de poche, Points n°125, p.152).

1.
Il y a-t-il des théories qui ne seraient pas "strictement grammaticales" ?

2.
La dialectique, une grammaire du sens ?

3.
L'art de vivre consiste à s'accommoder des nombreuses substitutions et transformations qui jalonnent nos parcours.

4.
La langue comme un ensemble d'exceptions. La langue comme régulation des exceptions.

5.
Le réel est ce qui tend à prouver sa vérité; le travail de la conscience consiste à répéter que cela est.

6.
Que cela est, que cela n'est pas, que cela soit, que cela devrait être.

7.
Le jeu social repose sur"un système de marques", une perpétuelle formalisation du sens.

8.
Une grammaire peut-elle "montrer autre chose que son propre fonctionnement" [Chevalier] ?

9.
Nous suivons des règles que la grammaire formalise de telle sorte que quel est l'oeuf et où est la poule ?

10.
La poule est tombée dans l'oreille d'un sourd comme un pot.
Quant à l'oeuf, il s'est fait tête.

11.
La pratique est-elle l'illustration, le développement d'une théorie, ou la théorie ne fait-elle que formaliser cette apparence d'ordre que l'on appelle "réel" ?

12.
La politique comme art de rationaliser le mensonge.

13.
La linguistique comme un travail d'enquête; du coup, je pense à la série "Les Experts" ("Investigation").

14.
Une enquête a pour but de rendre explicite la chronologie d'un événement. D'où l'importance de la langue de l'enquêteur.

15.
Peut-on confier une enquête à quelqu'un qui ne comprendrait pas la langue des protagonistes ? De la nécessité de la polyglotie en matière criminelle.

16.
L'expression "famille de langues" accrédite l'idée que les locuteurs des différentes apparentées seraient plus ou moins cousins.

17.
La cohérence d'un système ne prouve pas sa légitimité. Fin du XXème siècle, début du XXI, le système éducatif français est marqué par une succession de réformes, dont beaucoup sont inspirées par des théories d'une belle et universitaire cohérence. Cependant, ces réformes ne font, pour beaucoup d'entre elles, qu'aggraver les choses. Elle font "pire que mieux".

18.
Opposition "universalisme"/"impérialisme".
"sortir de son propre système" : Julia Kristeva, dans Le langage, cet inconnu, cite Chevalier et que l'impérialisme se caractérise par une "impossibilité à sortir de son propre système". L'impérialisme comme hyperbole de l'universalisme. L'impérialisme comme abus de langage.

19.
De quelle manière une méthode influence-t-elle une théorie ?La lenteur des méthodes se traduit par la lenteur des mises en oeuvre. La méthode tend à être supplantée par le processus.
La méthode peut tout aussi bien être supplantée par une administration. Le gestionnaire normalise la mise en oeuvre d'une exception (la réforme) de manière à en faire une règle, un réglement, un ordre.

20.
C'est vers le vite que plus moins lentement nous allons.

21.
La langue est-elle ce corps invisible que nous avalons avec l'ostie ?

22.
Le coeur d'une langue se situe dans la bouche.
Le coeur d'une langue est dans sa bouche.

23.
Je suppose que tout prosélyte qui se respecte a à sa disposition un "matériel de conversion", un kit du pratiquant, un lexique spécifique, une langue à lui, une langue porte-dieu.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 mai 2014.

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 11:21

NOTES EN MARGE D'UN PARAGRAPHE DE JULIA KRISTEVA
(cf Julia Kristeva, "Le langage, cet inconnu", édition de poche, Points n°125, p.152).

"théories strictement grammaticales" : implicitement, il y aurait donc des théories qui ne seraient pas "strictement grammaticales".
Scholae grammaticae (Ramus, 1559).
Grammaire "formelle", recours à la logique, "Dialectique".
"substitution"; "transformation", ce qui suppose un "contexte" et un ensemble de "particularités des formes".
La langue comme un ensemble d'exceptions. La langue comme régulation des exceptions.
Normalisation. Formalisation.
"prouver leur vérité": le réel est ce qui tend à "prouver sa vérité"; le travail de la conscience consiste à répéter que cela est.
Que cela est, que cela n'est pas, que cela soit, que cela devrait être.
"un système de marques", formalisme.
Une grammaire peut-elle "montrer autre chose que son propre fonctionnement" [Chevalier] ?
Nous suivons des règles que la grammaire formalise de telle sorte que quel est l'oeuf et où est la poule ?
La poule est tombée dans l'oreille d'un sourd comme un pot.
Quant à l'oeuf, il s'est fait tête.
La pratique est-elle l'illustration, le développement, d'une théorie, ou la théorie ne fait-elle que formaliser cette apparence d'ordre que l'on appelle "réel" ?
La politique comme art de rationaliser le mensonge.
La linguistique comme un travail d'enquête; du coup, je pense à la série "Les Experts" ("Investigation").
Une enquête a pour but de rendre explicite la chronologie d'un événement. La langue de l'enquêteur est donc primordiale. Peut-on confier une enquête à quelqu'un qui ne comprendrait pas la langue des protagonistes ? De la nécessité de la polyglotie en matière criminelle.
L'expression "famille de langues" accrédite l'idée que les locuteurs des différentes apparentées seraient plus ou moins cousins.
"grammaire modèle" : La cohérence d'un système ne prouve pas sa légitimité. Fin du XXème siècle, début du XXI, le système éducatif français est marqué par une succession de réformes, dont beaucoup sont inspirées par des théories d'une belle et universitaire cohérence. Cependant, ces réformes ne font, pour beaucoup d'entre elles, qu'aggraver les choses. Elle font "pire que mieux".
Opposition "universalisme"/"impérialisme".
"sortir de son propre système" : Julia Kristeva cite Chevalier et que l'impérialisme se caractérise par une "impossibilité à sortir de son propre système".
L'impérialisme comme hyperbole de l'universalisme.
L'impérialisme comme abus de langage.
"nécessité de méthode" : de quelle manière une méthode influence-t-elle une théorie ?
La lenteur des méthodes se traduit par la lenteur des mises en oeuvre. La méthode tend à être supplantée par le processus. La méthode peut tout aussi bien être supplantée par une administration. Le gestionnaire normalise la mise en oeuvre d'une exception (la réforme) de manière à en faire une règle, un réglement, un ordre.
C'est vers le vite que plus moins lentement nous allons.
"l'intérieur d'une langue": ce tissu de nerfs, de veines, d'artères et d'organes, dont la grammaire précise les fonctions.
Le coeur d'une langue se situe dans la bouche.
"prépositions", "articles", "ellipses".
"matériel de conversion". "noms monoplata" ("Noms qui ne possèdent qu'un seul cas" [Note de bas de page].

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 mai 2014.

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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 15:06

PAYS DE LUNE

"Ce ne fut qu'au pays de Lune
et sur les ailes d'un griffon
qu'on lui apporta la raison."
(Max Jacob, "La Folie de Roland", Derniers poèmes, Poésie/Gallimard)

1.
Nos bibliothèques regorgent de passé, de l'épique des romans de chevalerie aux plaines grises des pages qu'on ne lit pas.

2.
Le passé s'exprime par sa littérature; il peut donc dire vrai; il peut aussi mentir.

3.
Le présent de narration tend au présent de vérité générale : ce roman ne peut conter que ce qu'il conte, la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a.

4.
Nous nourrissons l'ogre des signes avec les dépouilles de nos héros légendaires.

5.
J'apprécie l'allitération qui tisse le lien entre la forme"fut" et la "folie".

6.
Un roman est un présent évocateur d'un passé qu'éventuellement on prendra le temps de parcourir.

7.
L'expression "battre la campagne" réduit l'infini à une herbe entrecoupée de chemins sans fin.

8.
Un héros contrarié peut vite devenir un "Roland furieux". Ce qui le distingue de l'intempestif commun, c'est sa capacité à se sauver lui-même.

9.
J'aime, que je lis dans un poème de Max Jacob, l'expression "pays de Lune", pays qu'apparemment, on parcourt "sur les ailes d'un griffon".

10.
Je me souviens que dans les profondes forêts des romans médiévaux, on peut croiser le lion, le griffon, le chevalier errant et tant d'autres mi-folie mi-raison.

11.
Peut-on établir un lien entre le merveilleux et le retour à la raison ? La religion peut-elle être ce lien ?

12.
La poésie, cette fieffée menteuse, joue souvent ce tour de faire passer le narrateur pour un auteur.

13.
Problème d'ontologie poétique : qui est cet auteur qui n'avance jamais que masqué ?

14. La religion est fatalement exclamative, car comment s'adresser à quelqu'un qui n'est pas là et qui, si ça se trouve, ne vous écoute même pas ?

15.
L'Eucharistie relève-t-elle du troc ? Donne-moi le "Bon Sens" et je ferai de ce pain et de ce vin le corps du Christ (ou, à tout le moins, je ferai comme si).

16.
La nourriture de l'esprit, un ensemble d'imaginaires dont le réel - la conscience - peut se faire une raison.

17.
Sans doute il y a-t-il un imaginaire nutritif, puisqu'il y a un réel déstabilisateur.

18.
La foi est-elle une affaire d'imagination ? Ne serait-ce que croire en soi-même, des fois, franchement, ça paraît beaucoup.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 mai 2014

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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 14:05

NOTES EN MARGE DE LA FOLIE DE ROLAND, DE MAX JACOB.

"Ce ne fut qu'au pays de Lune
et sur les ailes d'un griffon
qu'on lui apporta la raison."
(Mac Jacob, "La Folie de Roland", Derniers poèmes, Poésie/Gallimard)

Passé littéraire, épique ("roman de chevalerie").
Conte ("raconte"): le passé s'exprime par sa littérature; il peut donc dire vrai; il peut aussi mentir.
Présent de narration, présent de vérité générale (ce roman ne peut conter que ce qu'il conte, la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a).
Héros légendaires (Roland, Charlemagne).
Allitération ("fut"; "folie").
Lien entre présent de narration et passé légendaire ("raconte"; "fut atteint").
Mouvement, spatialisation ("courait les campagnes").
Lien entre perte du sens et pluralité des espaces parcourus.
Expression sous-jacente : "battre la campagne".
Expression de la folie légendaire, hyperbole de la violence (déforestation prodigieuse, dépeçage herculéen, enjambées de géant, force extrordinaire) : syntagme figé sous-jacent : "Roland furieux".
13 vers libres au sens classique (mélange d'octosyllabes, d'alexandrins, d'hémistiches), rimes.
Rêverie, merveilleux ("pays de Lune"; "les ailes d'un griffon").
Rappel du merveilleux médiéval des bestiaires où se côtoient animaux réels ("lion") et bêtes fabuleuses ("griffon").
Lien entre le merveilleux et le retour à la raison.
Vers 10: Intervention du narrateur.
La poésie fait souvent passer le narrateur pour un auteur.
Problème d'ontologie poétique : qui est cet auteur qui n'avance jamais que masqué ?
Religiosité, vocatif.
Confession ("quand je perds l'esprit"; "alors je me confesse")
Lien entre la perte du sens et le mal ("démon") illustré par l'extrême violence du Roland furieux.
Valeur d'exemple des vers 1 à 9.
Lien entre confession et humilité, lesquelles permettent le retour du "Bon Sens".
Non essentialité, extériorité de la "raison" qu'on "apporta" à Roland ; extériorité du "Bon Sens" reçu par la grâce de l'Eucharistie (communion, transsubtantiation).
Echange : Donne-moi le "Bon Sens" et je ferai de ce pain et de ce vin le corps du Christ.
La nourriture de l'esprit, un ensemble d'imaginaires dont le réel, la conscience, peut se faire une raison.
Opposition entre l'imaginaire nutritif et le réel déstabilisateur ("cent mille affaires").
La foi est-elle une affaire d'imagination ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 mai 2014

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 01:05

FLOTTE-SONGE

"Eh quoi ! de votre erreur rien ne vous peut tirer ?"
(Racine, Phèdre, II, 2, v.1131 [Hippolyte])

Eh quel masque est-ce là ?
Quoi quigna quel quinquina ?
De votre berlue de votre
Erreur - eh non, ce n'est pas elle -
Rien de rien de rien
Ne peut donc vous défasciner détroubler désenvoûter
Vous voilà tant trempé tant flotte-songe qu'il
Peut vous tomber n'importe quelle chimère à vous
Tirer par l'oeil et le nez vers votre prochain gouffre.

1.
Eh quel masque est-ce là ? Ah ce n'est qu'moi qui m'mire...

2.
De votre berlue, de votre illusion, de votre erreur vous voilà tissé assotté fieffé fol détricoté.

3.
Paraît que certains amerloques rappeurs couillus d'or (dit-on) sont tellement analphabètes que leurs producteurs recrutent des étudiants en littérature pour les composer, les litanies rythmiques, dont ils sont les soi-disant auteurs et qu'ils débitent en faisant force grotesques mines, signes et grimaces.

4.
Une nation, au fond, c'est une sorte de club dont les membres ne sortent que par leur dernière porte.

5.
Erreur ! - Eh non, ce n'est pas elle, c'est l'étranger qui passe.

6.
Rien est une gifle que, pour lui apprendre à se taire, le Néant flanque à l'Etre.

7.
Les politiques souvent, c'est en disant n'importe quoi qu'ils finissent par se hisser au niveau du quelque chose. Ce qui vaut d'ailleurs pour toute sorte de hiérarchie : il ne manque jamais de gens assez carriéristes pour devenir zozo blabla à la place du zozo blabla.

8.
Eh bé, vous v'là tout emberlué ! Tout trempé flotte-songe qu'il peut vous chuter dans la caboche je ne sais quelle chimère qui vous ménera au gouffre
l'oeil et le nez.

9.
L'adolescence, l'apprentissage de la fascination et du désenvoûtement. Adultes, nous passons notre temps à esquiver nos fantômes, qui, en bons fatals, d'une manière ou d'une autre, nous rattrapent.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er mai 2014

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 21:52

GLUB !

 

"Glub ! j'n'sais Glub... pas... Aaaah... Glub !"
(Philippe Bertrand, Jean-Marie de Busscher, Olympia [un s'noyant])

 

Glub ! C'est c'qu'on glougloute en s'noyant
J'n'sais d'où ça vient que ça pourrait être Gloup tout aussi bien
Glub ! ça sonne comme si ça mimait la dernière bulle
Pas d'mystère quand on quitte le plancher des vaches pour ra-
Aaaahler dans l'eau c'est sur un
Glub que ça s'finit qu'on n'a plus assez d'air pour faire des 
      phrases.

 

1.
Glub ! c'est c'qu'on glougloute quand on s'noie, qu'on grenouille d'asphyxie dans la mort liquide.

 

2.
Glub ! Je n'sais d'où ça vient ça Glub que ça pourrait être Gloup Gloub Glob... Glub ! ça sonne comme si ça la mimait, la dernière bulle.

 

3.
Glub ! Je me demande de quel crapaud, de quelle grenouille, de quel coassant des marais, de quel glopeur gobeur ailé sort cette onomatopée.

 

4.
Pas d'mystère, quand on quitte la terre pour noyer ses jours, c'est sur Glub! et Glouglou! qu'on clôt son commentaire, rapport à c'qu'on n'a plus assez d'air pour faire des phrases.

 

5.
Et pourtant pourtant c'est bien vrai tout de même qu'il y a un pourtant un pourtant un soir un jour quelque part quelqu'un qui que quoi dont où.

 

6.
Un soir un train ou un mort avec une tête de vivant.

 

7.
Un soir un train ou un sac d'organes mu par des liens affectifs.

 

8.
Je lève la tête et je contemple un temps la figure de la lune, son nez invisible, ses lèvres sans bouche, ses oreilles tranchées.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 avril 2014

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 19:40

ATTRAPER SON OMBRE

 

1.
Je ne peux ne peux pas je ne peux décidément pas attraper mon ombre.

 

2.
On n'attrape pas une ombre comme on attrape un rhume. Ce n'est cependant pas toujours par hasard si...

 

3.
...ni être ce marin sur d'autres mers...

 

4.
Par définition, l'ailleurs est aussi inaccessible que je ne sais quelle xième dimension.

 

5.
Je suppose que, puisqu'il y a pluralité des mondes, il y a donc pluralité des infinis.

 

6.
Je suis venue dit la jeune fille pour assassiner un homme et venger une ombre.

 

7.
L'antidote de la conscience, c'est l'autre.

 

8.
Dieu, effrayé par sa propre puissance, eut la géniale idée de créer son antidote, qu'il a fourré dans un bipède bavard, perspicace, et sceptique.

 

9.
Il y a ce que l'on prévoit et il y a ce qui ne va pas ne va jamais comme il se doit de ne pas aller.

 

10.
"On ne fait que passer" chanta Léo Ferré. Certes, nous ne faisons que ça : produire du passé.

 

11.
L'humain appelle Histoire cette infinie production de passé dans lequel il finit par s'engluer.

 

12.
Le réel passe n'est que mouvement que dans le quelque part de partout cela s'arrête cela n'est plus que quelque chose qui perd son temps son nom.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 avril 2014

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