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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 04:55

DESIGN SONORE

 

1.
"Grand Dieu, Maître de tout !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Voilà sans doute LA raison pour laquelle je comprends qu'on puisse défier Dieu.

 

2.
Du Maître absolu, l'humain s'est-il fait un ennemi absolu ?

 

3.
Dieu, le frigidaire de nos morales, de nos conserves d'impératifs, de nos soupes de bons sentiments, de nos confits d'rituels.

 

4.
Une blague entendue sur France Culture : deux rabbins discutent toute la nuit et en arrivent à la conclusion que Dieu n'existe pas. Quelques jours plus tard, l'un rend visite à l'autre, et s'étonne.
- "Comment, s'exclame notre visiteur, toi et moi, nous avons passé toute une nuit à épuiser notre science pour en arriver à la conclusion que Dieu n'existe pas, et aujourd'hui, je te retrouve en train de prier ?
- Mais, répond le second rabbin, je te le demande, qu'est-ce qu'au juste Dieu vient faire là-dedans ?"

 

5.
Tiré de Tristan Corbière :"Fontaine de Jouvence"; "assouvir la faim inassouvie"; "délier la pauvre âme ravie". (cf "Litanie du sommeil").

 

6.
Si ça se trouve, tous l'avons dans le bocal, c'te Fontaine de Jouvence, et durant le temps que nous, nous l'épuisons.

 

7.
Aussi passons le temps à assouvir la faim qu'on a, la faim de tout qu'on a, la faim inassouvie.

 

8.
Quand elle viendra la grande maquerelle de l'autre monde, quand elle viendra du corps me délier l'âme, faites, mon dieu, qu'elle soit ravie, cette âme, qui tant me fut mélancolie.

 

9.
Tiré de Tristan Corbière : "noyer d'air pur"; "être au large de la vie"; "le rideau bas" (cf "Litanie du sommeil").

 

10.
Sans doute pêcherons-nous un jour quelque dieu, pour le "noyer d'air pur".

 

11.
Ce sentiment que nous éprouvons parfois de n'être pas là où, d'être au large de la vie, de dériver plus ou moins lentement.

 

12.
Nous courons, polichinelle troupe, derrière le rideau, tandis que le monde change à vue de décor, pour une autre représentation.

 

13.
Le monde, une infinité de variations autour d'une pièce tragiquement invariable.

 

14.
Entendu dans l'émission Electromania les expressions "musiques d'application" et "design sonore". L'art au service de l'ameublement ?

 

15.
Nos oreilles finiront-elles par s'enfoncer dans un tapis sonore, pour être dévorées par un ban de structures profondes ?

 

16.
Tiré de Tristan Corbière : "lâcher la ficelle du chat"; "l'amoureuse Paresse"; "l'honnêteté des voleurs" (cf "Litanie du sommeil").

 

17.
Alors, la mort, avec son chapeau orné de cerises et sa robe à pois, lui dit : "Eh oui, il faut savoir lâcher la ficelle du chat".

 

18.
Quand on tombe amoureux, avez-vous remarqué que l'on passe aisément d'un état de béat flottement, d'amoureuse paresse, à un état d'excitation entreprenante ? Bref, on n'est pas soi-même.

 

19.
Soyons francs, parfois l'on dort avec l'honnêteté des voleurs. C'est qu'on en joue des tours, nous autres, mine de rien.

 

20.
"Du chat, du commissaire et de Polichinelle,
Du violoncelliste et de son violoncelle"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Ah tiens, voilà une distribution intéressante pour quelque fantaisie à répliques. Sans doute y songerai-je.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 décembre 2013

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 14:41

POUR QUE VOUS ALLIEZ MOINS MAL

 

1.
Il prit le vin, le pain, et le rompit, mais comme il n'y en avait plus, il dut se contenter de bourre-saint.

 

2.
De l'étrange familiarité avec la vérité quand elle se fait reconnaître pour ce qu'elle est.

 

3.
J'aime bien la musique électroacoustique, celle de Pierre Henry, Bernard Parmegiani, François Bayle, d'autres encore, qui prouvent qu'il y a bien une école française de la musique expérimentale.

 

4.
"être solitaire avec ses sons" : je sors cette sifflante séquence de l'émission Electromania en hommage à Bernard Parmegiani disparu en novembre 2013.

 

5.
La nature, l'art ne la représente pas; le réel de l'art, c'est le trouble croissant de l'humain devant les difficultés à la penser, cette nature.

 

6.
Entendu dans une oeuvre de Bernard Parmegiani : la ligne de basse de l'intro d'un morceau des Doors se perdant dans des chutes automnales de violon.

 

7.
Twitter, souvent, ça vous a des airs d'Almanach Vermot, en plus savant.

 

8.
Sans la contemplation des oeuvres d'art, il est probable que je prendrais des risques inutiles; peut-être même que je me marierais.

 

9.
Je me demande jusqu'où ça va réellement, et surtout, à quel moment ça commence, le syndrome de Stendhal ?

 

10.
Comment faire pour que vous alliez moins mal ? - Observez des tableaux, écoutez des musiques, lisez, et surtout écrivez sur ce que vous voyez, entendez, lisez.

 

11.
Mais non, vous ne l'aimez pas à mourir ! Vous mourrez, c'est entendu, et vous l'aurez aimée, voilà tout.

 

12.
Se donner la mort par amour n'est pas autre chose que de se suicider pour les beaux yeux d'un fantasme.

 

13.
La déception amoureuse n'est pas autre chose qu'une indigestion du coeur.

 

14.
Quand je tombai amoureux, je me disais que j'étais fasciné, et que le temps finirait par la dissiper, la belle imaginaire.

 

15.
L'enseignement de la philosophie ou comment apprendre sérieusement à se défier de l'esprit de sérieux.

 

16.
Si un jour je deviens sourd, est-ce que je ressentirai les mêmes troubles devant la disparition de la musique que, lorsque j'étais amoureux et que la belle m'échappait ?

 

17.
L'art du bref me fascine comme jadis me fascinèrent le col d'une chemise blanche, une nuque et la tresse brune qui s'y trouvaient.

 

18.
Les autres, ces voleurs au grand coeur.

 

19.
Heureusement, en général, il ne s'écoule guère de temps avant les gens s'aperçoivent que je ne les aime pas, enfin, pas vraiment.

 

20.
Ah ! être comme cette figure du paysage culturel qui, dans votre dos, a fait capoter l'un de vos projets, et qui vient chaleureusement vous saluer.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 décembre 2013

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 10:02

ON DIRAIT

 

1.
Je me demande si la philosophie ne serait pas l'autofiction de l'humanité.

 

2.
Il est quand même désolant que le gourmand mot de "quenelle" serve aussi à désigner un geste stupide.

 

3.
Incipit possible pour une nouvelle policière :

 

Comme il était minuit moins quart, il décida d'attendre. L'assassinat demande de l'exactitude, et même de la ponctualité. L'heure du crime, c'est minuit; pas avant, pas après.

 

Ceci dit, si ça se trouve, ça fait longtemps que ça a déjà été écrit, et peut-être même l'ai-je lu, il y a des lunes, cause je ne m'en souviens plus.

 

4.
La "litanie du sommeil" de Tristan Corbière évoque un "Pays où le muet se réveille prophète !"; je suppose que Twitter est plein de ces "muets qui se réveillent prophètes", de ces gens pour lesquels, hélas, le mot "quenelle" évoque plus un geste débile qu'un plat.

 

5.
Si je vous dis que Dieudonné, franchement, moi, je m'en tamponne le coquillard avec une quenelle de poisson, vous serez choqué ?

 

6.
"SOMMEIL ! Caméléon tout pailleté d'étoiles !
Vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Si ça se trouve, ce n'est pas un singe qu'il avait sur l'épaule, le guitariste électrique, mais un "caméléon tout pailleté d'étoiles" échappé d'un poème de Tristan Corbière. Par contre, un "vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles", je ne crois pas, c'est bien trop encombrant !

 

7.
Je me demande si, la nuit, les supermarchés sont hantés par des fantômes de boîtes de sardines, des spectres de paquets d'chips.

 

8.
"Femme du rendez-vous, s'enveloppant d'un voile"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

J'aime ce vers, pour son rendez-vous énigmatique.

 

9.
Tiré de Tristan Corbière: "triste araignée"; "La pensée est la houle"; "SOMMEIL auréolé !" (cf "Litanie du sommeil").

 

10.
... Et l'araignée est triste au coin d'la toile là-bas...

 

11.
Si la pensée est une houle, pour sûr, j'ai la caboche pleine de vaisseaux-fantômes.

 

12.
Si ça se trouve, y en a qui sont tellements saints que, la nuit, lorsqu'ils dorment, au-dessus de leur lit flotte une auréole.

 

13.
Tiré de Tristan Corbière: "déclassé qui pose"; "Domino ! Diables-bleus !"; "Réveil des échos morts" (cf "Litanie du sommeil").

 

14.
Je suppose que le dandysme, comme le punk, avait aussi pour but, outre l'effet de mode, de montrer comment un déclassé peut, lui aussi, poser.

 

15.
Halluciné, il sortit de la valse des dominos pour se retrouver seul, dans la rue luisante, face aux diables-bleus et à leurs yeux rouges !

 

16.
Ne réveillez pas les échos ! Ils ont l'air morts comme ça, mais si vous les appelez, ils ne vont plus vous lâcher l'oreille !

 

17.
Dans l'émission Electromania du 24.12.2013, l'expression "force compositionnelle", qui fait déjà électroacoustique, en effet.

 

18.
Je suis convaincu que le génie est une course gagnée contre le temps, cependant que la médiocrité patauge dans l'horloge.

 

19.
Le médiocre retarde; l'être de talent sait être de son temps; le génie avance.

 

20.
Des fois, la musique, on dirait qu'elle veut réveiller, je pique à Corbière, "des échos morts et des choses profondes". On dirait.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 décembre 2013

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 23:39

QUOIDONCQUEJAVALALPINCE

 

1.
"Un grand serviteur de l'Etat" peut-être, mais un serviteur tout de même.

 

2.
Moi, je ne veux pas qu'on me documentarise, qu'on me statistifie, qu'on me science-socialise, nan !

 

3.
Le Diable et le Bon Dieu, deux infinis qui s'entrelacent, s'escriment, se séparent, se font assaut.

 

4.
Des fois, j'suis sûr, y en a qui s'disent, qu'en fin de compte, ils se seront bien débrouillés pour ne pas être aimés, ou une connerie comme ça...

 

5.
Des fois, j'suis sûr, y en a qui écrivent pour laisser trace d'un coeur battant, ou une connerie comme ça...

 

6.
Qu'il existât plusieurs infinis, voilà qui, quoidoncquejavalalpince, peut infiniment étonner.

 

7.
Parfois, quand je bricole dans la maison, je me dis : "Là, c'est sûr, elle va gueuler..."

 

8.
"Il faut vraiment que j'arrête d'être méchant" me dis-je en me mordant furieusement le bras.

 

9.
Voilà qui devait arriver, à force de rhétoriquer, il s'est chopé un palindrome de derrière les baobabs.

 

10.
A mon avis, le temps mis pour épeler le nom de dieu devrait correspondre à la durée de ce monde où nous sommes entre deux néants.

 

11.
Si je vous dis que Dieudonné, franchement, moi, je m'en bats l'oeil mort d'un autre, vous êtes choqué ?

 

12.
"Toi qui planes avec l'Albatros des Tempêtes"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Les Albatros, ces cigarettes qui font que l'on se rit des archers, lorsque l'on en fume, le grand chic alors, c'est d'utiliser un briquet tempête.

 

13.
"Litanie du sommeil", de Corbière. Dans l'expression "Obscène Confesseur", je lis "être obscène comme un confesseur", ce dont, mon dieu, je ne sais que faire.

 

14.
Avec son oeil de verre et son sourire "obscène comme un confesseur", certes, on ne lui aurait pas donné le bon dieu pour tout l'or du diable.

 

15.
"Grain d'ennui qui nous pleut de l'ennui des espaces !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

J'aime bien cette dimension cosmique de l'ennui d'la pluie.

 

16.
"Chose qui court encor, sans sillage et sans traces !
Pont-levis des fossés ! Passage des impasses !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

17.
Parfois, on se sent comme une "chose qui court encore", dans la nuit, et sous la pluie en plus, pendant qu'il commence à défiler, notre générique.

 

18.
Des fois, y a rien à faire, on a bien l'impression d'y passer et r'passer, "Passage des Impasses"...

 

19.
C'est sans doute "Passage des Impasses", que vous le trouverez, votre fantôme...

 

20.
Et dans le carré de l'hypoténuse, on peut ranger combien d'équations ?

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 décembre 2013

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 07:32

LA NUIT JE M'ENSONGE

 

1.
La nuit, je m'ensonge.

 

2.
Le truc, c'est pas de savoir boire, c'est de savoir ne pas boire.

 

3.
Je crois qu'enseigner est une drogue; on ne peut s'empêcher d'y revenir, et on ne peut s'empêcher de le regretter.

 

4.
J'aime la ligne de basse rockabilly de "Brand New Cadillac" interprété par les Clash.

 

5.
Je me demande si la tendance ne serait pas de dire une ligne de basse vintage plutôt que rockabilly.

 

6.
Entendu dans un troquet : Mais tous ces gens qui achètent  ces revues, ils n'ont pas internet ou quoi ? - Ni internet, ni nénette.

 

7.
C'est peut-être une grande escroquerie, le rock n' roll, mais drôlement bien ficelée alors.

 

8.
Les gens aiment bien les filles qui ont des griffes dans les yeux, mais de loin, en photo, au cinéma, dans la ménagerie d'leur caboche.

 

9.
Dix ans après, il est passé du rock à la politique, avec la même volonté d'en remontrer.

 

10.
Des fois, je me dis que j'aurais eu une vie plutôt rock n' roll, en fin de compte, façon répét' d'un garage band sans contrat ni concert.

 

11.
J'eusse aimé speaker angliche, pour le plaisir d'écrire des conneries dans la langue de Shakespeare.

 

12.
Des fois, je me sens trop triste pour être subtil.

 

13.
Tiré de l'Antigone, de Sophocle : "le secret de ce désespoir si bien contenu"; "Sur mes épaules un dieu pèse de tout son poids". (traduction par Robert Pignarre).

 

14.
Dans la rue, les gens, le secret de désespoirs si bien contenus.

 

15.
Des fois, les gens, s'ils savaient ce qu'on pense, sans déconner, ils nous frapperaient.

 

16.
Vivre en société, c'est savoir masquer les couteaux.

 

17.
"Sur mes épaules, un dieu pèse de tout son poids"; c'est qu'ça pèse lourd, ces machins-là, et qu'il y faut un grand sac.

 

18.
Là, à brûle-pourpoint, un inspecteur d'académie qui aurait été un grand écrivain, non, je ne vois pas...

 

19.
Je suis injuste, mais comme la justice l'est aussi, ça équilibre la balance.

 

20.
Des fois, je m'épate qu'on puisse être agrégé et être aussi ignorant.

 

21.
Le vivre ensemble - ah bah, je ne suis pas assez nombreux.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 décembre 2013

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 23:29

POURQUOI JE NE T'AIME PAS POLITIQUE

 

1.
Le politique utilise les mots pour embobiner ses électeurs, et le poète pour s'embobiner lui-même.

 

2.
Entendu à la radio cette phrase d'un journaliste de terrain, à propos de la certes criminelle non-intervention de l'Europe en Syrie : "Le problème, c'est qu'en Occident, plus aucun dirigeant n'a une conception héroïque de l'existence." Euh... Les conceptions héroïques des candidats au Panthéon, des fois, ça entraîne la mort d'un tas de braves gens qui auraient préféré qu'on leur fiche la paix. Ceci dit, ce qui est tout de même mystérieux, c'est que la France dépense beaucoup d'argent dans la recherche et le développement d'armes très très très sophistiquées qu'elle n'arrive pas à vendre (trop cher et - c'est logique - sans transfert de technologie), armes merveilleuses qu'elle emploie assez peu, préférant envoyer des fantassins risquer leur peau sur des théâtres d'opérations pourris de tous les côtés. Il doit y avoir une raison à cet état de choses; je ne la connais pas; je l'hypothèse seulement, et si je n'ai pas tort, c'est plutôt inquiétant.

 

3.
C'est Anatole France, je crois qui a écrit :

«On croit mourir pour la patrie : on meurt pour des industriels.»

 

4.
En France, le niveau monte, mais les élèves ne savent pas lire; le nombre de chômeurs augmente, mais "la baisse du chômage est amorcée", qu'ils disent.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 décembre 2013

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 20:26

AH ! SI CELA SUFFISAIT !

 

1.
Tiré de Tristan Corbière: "Ta patte d'acier fin qui trotte"; "-  Hurrah ! c'est à nous la poussière !"; "et le fossé, et la culbute" (cf "A ma jument Souris").

 

2.
Une "patte d'acier fin qui trotte": serait-ce la sorcière de Suspiria qui reviendrait avec une patte de fer ?

 

3.
"Être à nous la poussière" : le genre d'expression qu'on dirait traduite d'une formule cabalistique, d'une mômerie occulte.

 

4.
"Au bout du fossé la culbute" : Je ne connaissais pas cette expression qui m'évoque quelque aventureux qui, à force de longer les gouffres, finit par faire ce que nous faisons tous, en fin de compte.

 

5.
"- Hurrah ! c'est à nous la barrière !
Je suis emballé : tu me tiens -
Hurrah !... et le fossé derrière...
Et la culbute !... - Femme, tiens ! !"
(Tristan Corbière, "A ma jument Souris")

 

Une note en bas de page rappelle l'expression "Au bout du fossé la culbute", que le poète a donc recyclée dans les deux derniers vers de son texte.

 

6.
Entendu dans le "Merlin l'enchanteur" de Florence Delay et Jacques Roubaud: "S'il ne veut pas mourir, qu'il change d'amour!". Ah ! Si cela suffisait !

 

7.
Tiré de Tristan Corbière: "Quel art jaloux"; "Un bout de sonnet"; "Un coeur gravé dans ta manière noire" (cf "Fleur d'art").

 

8.
Parfois, les gens sans grand talent, ils ont l'art jaloux; ils condescendent alors, vous conseillent même, jouent les critiques.

 

9.
Des fois, je mâchonne longtemps un bout de sonnet, puis quand il n'a plus aucun goût, je le recrache, sans même l'écrire.

 

10.
Je n'aimerais pas tomber amoureux d'une gothique - même flamboyante -, j'aurais trop peur d'être obligé de me graver le coeur à la manière noire, sur un bout de peau arraché on ne sait où.

 

11.
Y a-t-il eu un graveur qui aurait déjà, en hommage à Tristan Corbière, intitulé une de ses oeuvres: "Un coeur gravé dans ta manière noire" ?

 

12.
J'aime de Corbière ce ternaire susurrant :
"RUMINANT ! savez-vous ce soupir : L'INSOMNIE ?"
(Corbière, "Litanie du sommeil").

 

13.
Evidemment, ce vers de Corbière du poème "Litanie du sommeil" :
"Seul, dans le pot-au-noir au couvercle sans oeil"
me rappelle cette pensée de Pierre Dac, que je cite ici de mémoire :
"Quand les carottes sont cuites, c'est que la fin des haricots n'est pas loin".

 

14.
Tiré de Tristan Corbière: "vous laissant sur le seuil"; "Vous êtes-vous laissé voyager en ballon ?"; "cligner des chandelles étranges" (cf "Litanie du sommeil").

 

15.
Il y a toujours un moment où l'on se sent laissé sur le seuil, des fois même, ça doit vous structurer des projets existentiels, c't'affaire.

 

16.
Etre mené en bateau, être voyagé en ballon, être laissé sur le seuil : morne vie...

 

17.
"- Vous voyez cligner des chandelles étranges"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

C'est dans mes goûts, ça, ces clins de "chandelles étranges", ces lueurs qui passent dans la nuit : Fantômas et Lady Beltham, dans leur château lointain, avec des bougies peut-être, à cause d'une panne de secteur.

 

18.
Ne serait-ce point dans "Le Chien des Baskerville", que quelqu'un, la nuit, fait étrangement cligner des chandelles ?

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 décembre 2013

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 13:25

SONNER DEUX N DISSONER UN SEUL COMME POUR L'ANE

 

1.
Sonner prend deux "n", dissoner, un seul. Je fais souvent l'erreur. Pourtant, "âne" ne prend qu'un "n".

 

2.
Tiré de Tristan Corbière: "N'as-tu d'amour que dans la tête ?"; être "pluvieuse comme un dimanche"; "intriguer des songes"
(cf "Insomnie").

 

3.
Il est remarquable que, bien que n'ayant jamais d'amour que dans la tête, bon nombre d'entre nous arrivent à mener une vie de couple sinon enviable, du moins estimable.

 

4.
Ses longs cheveux, son air morne, lui donnaient l'air d'une "pluvieuse comme un dimanche", et aussi d'une pharmacie fermée.

 

5.
Les songes, ces intrigues inexplicables, inextricables, ces noeuds coulants d'ombres glissant le long des murs.

 

6.
Je m'étonne souvent de mon goût pour la musique, cette suite de sons sans paroles sur lesquelles je pourrais écrire.

 

7.
Il me semble parfois que ma vie se déroule entre deux phrases, lesquelles me prennent tant de temps que c'en est risible.

 

8.
Tiré de Tristan Corbière: "Nous crevions devant l'horizon"; "ça m'amuse de jouer mes airs"; "Avec la troupe des Guignols" (cf "La pastorale de Conlie par un mobilisé du Morbihan").

 

9.
Même devenus aveugles et très vieux, nous finissons toujours par crever devant un horizon qui soudain s'abolit.

 

10.
A la question du pourquoi que j'écris, je répondrai volontiers comme le joueur de biniou du poème de Corbière: "ça m'amuse de jouer mes airs".

 

11.
Quoi qu'on fasse, il y a toujours un moment où l'on se dit: "Mais qu'est-ce que je fous là, au milieu de tous ces guignols ?"

 

12.
Tiré de Tristan Corbière: "Pas d'éperon, ni de cravache"; "Va : je ne suis pas cavalier"; "J'ai la tête dans ta crinière" (cf "A ma jument souris").

 

13.
Je n'ai ni éperon, ni cravache, mais un chapon et une vache; ce qui fatigue bien mon cheval.

 

14.
Je ne suis point cavalier, étant depuis longtemps tombé de mon cheval, qu'est bien loin maintenant, avec bien de mes illusions.

 

15.
Avoir la tête dans la crinière, c'est ce qui finit par arriver quand on tarde trop longtemps avant d'aller se faire couper la tignasse.

 

16.
"J'agace du bout de ma botte
Ta patte d'acier fin qui trotte."
(Tristan Corbière, "A ma jument Souris")

 

On dirait les paroles d'une chanson écrite par un gus tombant sur un nanorobot espion en forme d'araignée, ou par un extraterrestre genre megagone qui s'amuse avec un explorer bidule de chez nous. Vous me direz qu'un extraterrestre qui rimerait comme Corbière, c'est curieux. Oui, je trouve aussi.

 

17.
Avoir "patte d'acier fin": J'écoute la musique de Bernard Parmegiani, le genre d'électroacoustique qui m'évoque des créatures aux pattes d'acier fin circulant trottinant dans des architectures à géométrie variable.

 

18.
Tirés de "Fleur d'art" de Tristan Corbière :
"Si tu n'étais fausse, eh, serais-tu vraie ?"
Et aussi :
L'amour est un duel : - bien touché ! Merci !"

 

19.
Si nous n'étions si faux, je me demande si nous en serions plus vrais ?

 

20.
Si l'amour est aveugle, et s'il est aussi un duel, vous voyez pas l'massacre !

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 décembre 2013

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 03:53

LES CHOSES QUI PENSENT QUE NOUS SOMMES

 

1.
Je lis sur la toile que les Allemands ont décliné le célèbre "Humor ist, wenn man trotzdem lacht" en "Philosophie ist, wenn man trotzdem denkt" et "Religion ist, wenn man trozdem stirbt." Amusant. (cf Jürgen Becker: "Religion ist, wenn man trotzdem stirbt: Ein Handbuch für Humor im Himmel" (KiWi-Taschenbuch, 2008).

 

2.
Je nettoie un couteau, un exemple de cette infinité de petits dieux tranchants que nous avons en main.

 

3.
J'entends joliment dissoner un orgue, église dessinée naïvement.

 

4.
Des fois, on se sent du loup dans l'être. Faut arrêter le rhum.

 

5.
Tiré de Descartes :"sinon que j'étais une chose qui pense"; "de cela seulement que j'ai en moi"; " de ce que l'on feint dans Dieu des affections humaines" (cf Méditations, Préface de l'auteur au lecteur).

 

6.
Nous ne pouvons tomber amoureux que de choses qui pensent, lesquelles nous rappellent que nous sommes nous-mêmes des choses qui pensent.

 

7.
Il est étonnant comme "de cela seulement que j'ai en moi" [Descartes], j'arrive à tirer tant de sottises.

 

8.
"l'on feint dans Dieu" dit Descartes, ce qui fait du Dieu unique comme de la troupe de l'Olympe, un théâtre permanent, un théâtre de l'absurde.

 

9.
Peut-être ne tombons-nous amoureux que d'êtres qui, consciemment, pourraient nous tuer.

 

10.
Des fois, je les sens bien dans mon coeur, les raisons de ne plus être.

 

11.
Peut-être ne puis-je avoir l'idée des ténèbres parfaites que parce qu'autour de nos êtres mouvants, il n'est que ténèbres et parachèvement des ténèbres.

 

12.
Peut-être ne sommes-nous tant assoiffés de sons et de musiques que parce qu'ils nous confortent dans l'idée de mondes hors de ce monde ?

 

13.
La mode, cette tentative toujours renouvelée qui consiste à secouer la poussière, qui, fatalement, retombe sur les choses pensantes que nous sommes.

 

14.
Si j'écris "les choses qui pensent que nous sommes", je vois alors que la langue m'indique qu'il y a donc des choses qui pensent que je suis.

 

15.
Le cinéma a pour objet notre fascination par ces choses qui pensent dans des corps en mouvement.

 

16.
Descartes est si merveilleusement clair, que nos politiques n'eurent qu'à l'imiter pour bien mentir.

 

17.
Tiré de Descartes :"et pour l'erreur la plus ordinaire de nos songes"; "Dieu, qui est tout parfait et tout véritable" ("Discours de la méthode, quatrième partie").

 

18.
Nous aimons tant cette "erreur la plus ordinaire de nos songes", qu'amoureux de nos fantasmes, nous y revenons sans cesse.

 

19
"Dieu", écrit Descartes "est tout parfait et tout véritable" cependant que nous, sommes tout mal fichus et tout faux.

 

20.
Le monde, un paquet d'organes répartis dans un nombre croissant de choses qui pensent.

 

21.
On ne critique pas la foudre car nul homme n'est la foudre.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 décembre 2013

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 07:37

PENDANT QUE JE SONGE

 

1.
La Joconde, on devrait lui donner la Légion d'Honneur, pour son abnégation, depuis le temps qu'elle en voit défiler, des bouffons.

 

2.
La note 174 de François Misrachi sur le "Discours de la méthode": "Quelques intelligences : des anges."

 

3.
Dans la pièce "Le Père Noël est une ordure", cette expression dans la bouche d'Anémone : "Ecoutez, je le connais comme si je l'avais tricoté."

 

4.
Je range des tas de livres de poche, dont des "J'ai Lu BD", ce qui est bien pratique pour lire au lit.

 

5.
Je contemple parfois un beau visage, et me dit qu'il suffit de quelques secondes pour que ce beau visage soit vidé de toute vivacité, de toute intelligence, de toute étincelle, et soit rendu à l'état de pure matière, chair morte.

 

6.
Je remarque que, bien que j'aime surtout les comédies, on m'offre surtout des films d'auteur à réflexion aussi profonde que la roupillance dans laquelle, presque toujours, ils finissent par me plonger.

 

7.
Je ne sais qui, de Otto Julius Bierbaum ou de Kurt Tucholsky, a écrit "Humor ist, wenn man trotzdem lacht." ("L'humour, c'est quand on rit quand même").

 

8.
Je me dis que je suis de mauvaise foi, car mon film préféré est de loin "Le Septième Sceau", qui n'est pas franchement une comédie.

 

9.
On nous dit, Français tantôt désinvoltes, tantôt anxieux. C'est sans doute qu'avec Descartes, nous avons systématisé le doute. Et que nous en avons ri avec Molière.

 

10.
Si l'on supprime Corneille, Racine, et Molière des programmes des collèges, l'usage du français n'en sera certes pas modifié dans son évolution, mais ce sera un signe de l'abandon de la profondeur au profit de la bête et pure efficacité.

 

11.
Je me réveille, je me déplie dans le réel en pensant groumpf.

 

12.
Exister, c'est se remuer et remuer une infinité de trucs, de machins, de choses, de noms.

 

13.
Pendant que je songe, en Afrique, ailleurs, des soldats français travaillent, sous l'oeil invisible de l'Amérique.

 

14.
La poésie travaille le nom des choses; la philosophie, leur être; l'art, leur apparaître; la technique, leur emploi; le temps, leur fugacité, et la lumière, leur illusion.

 

15.
J'aimerais travailler mon ombre de manière à la rendre plus énigmatique.

 

16.
Dans la bande-annonce d'un film, cette réplique : "- Viens chez moi ce soir, j'ai un frigidaire." Elle devient vraiment dure, cette crise...

 

17.
Ceux qui à gauche disaient que la crise était une invention de la droite, en sont pour leurs frais; c'était couru d'avance.

 

18.
Je me fais du café; si l'on fait le compte, j'en aurais passé du temps, du temps, du temps, à me le préparer, ce liquide réveille-matin.

 

19.
La France est un pays de droite qui vote parfois à gauche. Cela s'explique par notre goût de la liberté individuelle autant que par notre attachement aux acquis sociaux.

 

20.
Je nourris le jeu de mâchoires de mes bêtes.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 26 décembre 2013

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