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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 22:46

PLUME DANS L'ALLEE DU JARDIN

1.
Merci mon Dieu
Pour mes yeux
Qui voient clair
Dans le noir de c'te nuit qu'en finit pas d'tomber.

2.
"Au vent dans l'allée du jardin"
(Lucien Suel, "Canal Mémoire")

3.
Au vent dans l'allée du jardin
On voit des fils et du lin-
ge qui claque et danse
Claque et danse
Bonhomme le Vent
Claquez vos dents
Et les mains sur vot' panse.

4.
"Au vent dans l'allée du jardin"
Une jeunesse sans fin
Tourne ses valses un peu folles
Bien loin des usines des écoles.

5.
"Au vent dans l'allée du jardin"
S'en sont retournés tous mes chiens
Courants; c'est un pantin
Qui me court le coeur et c'est rien.

6.
"Au vent dans l'allée du jardin"
Passent des chansons énigmatiques
Elles passent Rue des Jours Etranges
Du temps où on y jouait de l'ange électrique.

7.
Il serait temps que se lève le vent, que se lève le vent pour emporter tous ces gens ah tiens serais-je méchant ?

8.
Mon chat où es-tu, où es-tu fier Maquis, es-tu au paradis des greffiers à labourer les archives à Saint-Pierre ?

9.
Bonhomme le Vent secouez votre panse
Il en tombera des dames qui dansent
Dames qui tournent dames et toupies
Dames muettes et sourdes toupies.

10.
Bonhomme le Vent secouez votre panse
Il en tombera loups et lions blancs, chevaux et lances
Et lances et les lances de tous nos hivers.

11.
"Nous sommes sortis. Nous sommes loin."
(Lucien Suel, "Canal Mémoire")

12.
"Nous sommes sortis. Nous sommes loin"
Et pas d'épaules
Et pas d'tête
Et pas d'yeux pour regarder filer hier.

13.
Comme le temps passe
Rumine Bonhomme Espace
Comme le temps passe
Et moi alpha bêta oméga qui
Et moi alpha bêta oméga qui
Et moi alpha bêta oméga qui
Court après à l'infini.

14.
Les douze mois font
Douze flaques Moi avec mes grandes jambes les
Mois j'les saute
De Noël à Pâques et
Leur douze chiens ne me font pas peur ni leur
Visage planté d'aiguilles.

15.
J'ai la tête plein d'labyrinthe
J'y pousse des plaintes
Des plaintes et des grondements
De taureau et de héros mourant.

16.
Y a du best c'est sûr y a du best
Et maintenant envoyons leur la peste
Dit la mort envoyons leur la peste
Qu'on y voit un peu mieux.

17.
Je te tire les cheveux
Tu me tords le nez
C'est ainsi qu'il faut jouer
Quand on est amoureux
Amoureux amoureux
N'êtes-vous pas bien heureux ?

18.
Cheval bleu a de beaux yeux tristes
Et des cieux tombent de beaux yeux tristes
Il pleut.

19.
"Je voudrais, pour raconter dignement cet épisode, dérober, pour ainsi dire, une plume à l'aile d'un ange".
(Baudelaire, "Les Paradis artificiels")

20.
Une plume à l'aile d'un ange
A chuté dans la flaque d'eau
J'y passe et mon manteau
Noir y jette mon ombre.

21.
Une plume à l'aile d'un ange
Dans une flaque d'eau
S'y émiette le domino
Des vitres et des étranges
Etrange étrange
Pourquoi as-tu dit étrange
Alors que c'est juste bizarre.

22.
Une plume à l'aile d'un ange
Dedans sa flaque d'eau
Rêve qu'une fille belle comme un ange
La prenne et la pique à son chapeau.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 décembre 2014.

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6 décembre 2014 6 06 /12 /décembre /2014 19:34

AUTRE CHOSE QUE LE TEMPS

1.
On croit bannir de sa mémoire ce que l'on a soigneusement placé dans le labyrinthe.

2.
Le passé, ce puzzle, notre présent.

3.
Exister, avoir un entretien avec le réel, plus ou moins long, plus ou moins vain, plus ou moins nourri d'un argumentaire illusoire.

4.
Comme on pense à son chien on songe à la mort.

5.
Vois comme il pleut; ne vois-tu pas dans tout ce gris un peu de sang ?

6.
Et des chevaux plus légers que neige qui tombe
Et plus foudroyants qu'un soudain des éclairs.

7.
Nous avons vomi Dieu et ravalé le moi.

8.
Elle avait face feuillue
Les pies lui volaient son latin.

9.
Elle avait face feuillue
On lui voyait battre fontaine.

10.
Borges, des rois parlent aux poètes et tous deviennent fous comme si un seul mot.

11.
Borges, des cycles épiques lâchent dans l'encre des plaines leurs bataillons sans visage.

12.
Borges, quelqu'un lit un roman qui n'existe pas dans une une ville au nom effacé.

13.
Borges, le monde serait-il autant au Congrès des Etats-Unis d'Amérique qu'à quelque collège invisible du Buenos Aires de jadis ?

14.
Borges, sommes-nous si déterminés par la fable et prédestinés par le conte que, quel que soit le chemin que nous prenons, nous en revenons toujours à la même citation ?

15.
Borges, la "rue oblique" que l'on voit par la fenêtre, et qui ne donne que sur des livres.

16.
Borges, les "inextricables masses de trois mille vers" d'où, comme fontaine délivrée, rejaillit tout un monde.

17.
Je me souviens du cheval foudre et de ses yeux de rouge colère.

18.
Je me souviens de la fée qui serpente le samedi et qui fait siffler l'herbe.

19.
Dans la cité de syllabes d'un texte de Borges, qui est ce suicidaire qui dit que "de temps à autres, il faut brûler la bibliothèque d'Alexandrie" ?

20.
Peut-être que des fois, un seul mot, lâché comme un chien fou à la gorge du réel.

21.
L'expression "de temps à autres" me fait parfois penser qu'il y a peut-être autre chose que le temps.

22.
Je me souviens que dans la nouvelle "There are more things", Borges évoque "quelque chose de pesant, de lent et de multiple", l'indéterminé en marche d'un agrégat de volontés féroces.

23.
Je me demande si le capitalisme peut se représenter sous la forme d'un consortium de volontés féroces ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 décembre 2014.

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 16:11

EN ME PASSANT PAR LA TÊTE

1.
Dans la nuit du Louvre, La Joconde pousse de longs soupirs. Personne ne l'entend. Tout dort, sauf Belphégor.

2.
Y a des fois on a du mal à l'avaler, sa couleuvre du jour. Faut bien pourtant; c'est la couleuvre qui fait le bifteck.

3.
Et puis il vit son univers basculer, cheval et cavalier agrippés par des mains invisibles.

4.
Je l'ai cousu dans mon chat. Depuis, il ne me parle plus. Il s'empoussière dans le longtemps.

5.
Il se mettait à rire comme on se met à table, avec appétit et bonne volonté.

6.
Des fois, on part en trombe, mais on revient quand même à pattes.

7.
On croit souvent qu'on sait à quoi s'en tenir, mais ça s'échappe, ça file, ça vous laisse que rien.

8.
Ce n'est pas avec des mirages que l'on prépare ses bottes.

9.
Je vis passer une lueur dans son regard; elle était ailée et pleine d'écailles.

10.
Se rappelle-t-on s'il y avait déjà quelque chose ? On le pressent et on le sait. Oui, il y avait déjà quelque chose. Quelque chose, mais quoi ?

11.
Parfois, rattrapé par ses moulins à vent, on sombre dans la manche des songes.

12.
"il crut entendre les syllabes de son nom courant sous les frondaisons du parc."
(Exbrayat, "Amour et sparadrap")

13.
Est-ce avec du pain de chimère que nous nourrissons nos illusions ?

14.
L'ironie, c'est que c'est l'illusion qui nous chasse du réel.

15.
Il posa un marteau à côté d'une assiette et attendit. Rien ne se passa. Marteau ne bougea et assiette ne se brisa. Il décida qu'il pouvait manger tranquille.

16.
Qui lâche melon et parapluie finit mouillé et puis pour dessert, ce sera fromage.

17.
"où les filles se trouvèrent entraînées ainsi que les meubles d'ailleurs."
(Exbrayat, "amour et sparadrap")

18.
"Souvent, pour s'amuser," ils ne s'amusaient pas, les contrariants.

19.
Des fois, quand vient son tour, il est désagréable, le réel, comme quelqu'un qui vous reproche d'être là.

20.
Sans doute que pour le réel, nous sommes des occupants, des envahisseurs, d'où sa résistance opiniâtre à ne pas se laisser commander.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 novembre 2014.

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 20:38

DANS LES PLUIES QUI RUMINENT

1.
Salade, suite d'oreilles fatiguées.

2.
Ciel, rideau bleu derrière lequel les dieux spéculatifs discutent de l'existence des humains.

3.
Frite, être délicieusement peuple qui hante la pièce de bœuf.

4.
Ciel, rideau bleu derrière lequel les dieux ne cessent d'arranger de compliquées affaires de famille.

5.
Gant, porte-mains, porte-gifles, porte-épée, porte si l'on veut dans quelque ésotérisme derrière lequel s'agitent des mains blanches, des mains noires.

6.
Nuit, vignoble de paupières closes, avec leurs manèges de jours étranges et de landes foudroyées.

7.
Je me demande si la chanson "Strange Days", des Doors, a été inspirée par "La Couleur tombée du ciel" de Lovecraft.

8.
Et puis peut-être que les Riders on the storm savent quelque chose de la lande foudroyée.

9.
On ne ressort pas toujours blanc comme neige de la lessiveuse du temps.

10.
Masque, être fixement expressif derrière lequel on croit parfois qu'il y a quelqu'un.

11.
Ouragan, géant qui prouve son existence en brassant du vent.

12.
Toit, accent circonflexe à lucarne des fois.

13.
Porte, être qui se passe de commentaires quand il s'agit de la claquer parce que hein ça suffit comme ça.

14.
La pluie rumine; la pluie est une vache qui dégringole en petits traits de grisaille sur le plancher des bipèdes.

15.
Monsieur Droit on dirait une statue
Il est très extravagant
Et rêve d'attraper des ouragans
Pour en faire des toupies qui tuent.

16.
Elle a dit-on du diable la beauté
Et l'on voit sans cesse renaître
Dans ses yeux la petite éternité
De quelques flammes - l'enfer peut-être ?

17.
Or donc puisqu'elle hurlait
Ses mains filèrent le long de la majestueuse
Robe et tentèrent de dénicher la tueuse
Minuscule qui s'agitait entre le feston et l'ourlet.

18.
C'était un être qui appréciait comme toi
Les roses et les belles
Qu'il malaxait longtemps longtemps entre ses doigts
Du reste il lui en fallait toujours de nouvelles.

19.
"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage"
(Baudelaire, "L'Albatros")

20.
Des fois pour se nourrir les hommes d'équipage
Attrapent des moutons qui paissent l'herbe bleue
De ces bestiaux laineux il font viande et potage
Dans le bouillon voyez comme passent leurs yeux.

21.
Alors Dieu créa les jambes et tous se mirent à circuler; puis, L'Eternel créa les bras, et tous se mirent à s'agiter; puis, l'Imprononçable créa les langues, et tous se mirent à jacasser; puis, l'Insondable créa les couteaux, et tous se mirent à s'entr'égorger.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 novembre 2014.

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 18:46

JE JOUE AVEC LA LUNE ET AUTRES MIETTES

1.
Comme le trottoir se soulevait
Il eut l'idée de regarder dessous
Il crut devenir fou
En voyant la ville de l'autre côté.

2.
Mademoiselle Toxeen Champignon a mauvaise réputation; on dit qu'elle a une langue de vipère.

3.
On ne fait pas d'omelette sans en faire un plat.

4.
Quand on prend un oeuf pour son oeil, on passe son temps à courir au cul des poules.

5.
Le capitaine est rentré précipitamment au port. Son navire est envahi d'oeufs à la coque. S'ils éclatent, les serpents, c'est sûr, monteront à bord.

6.
La vie que je mène
Où donc qu'elle m'emmène
Disait le boulet à sa chaîne.

7.
Le gus La Mouche est un rien schizo. Et dès qu'il devient Spider, il se prend dans sa toile.

8.
Comme il ne restait plus que des chevaux en kit, nous nous résolûmes à les monter. Ce ne fut pas sans mal.

9.
On commença à comprendre la nature profonde de Saxophone Joe le soir où l'on vit sortir de l'embouchure de son instrument escarpins, bas et jambes de femme. Ou alors, c'est qu'il est très distrait.

10.
Johnny Bigoudi rêva longtemps d'une guitare de rock star; aussi mit-il longtemps à accepter sa condition d'auxiliaire capillaire pour pousseuse de bêlements et rengaines.

11.
L'avaleur de fantômes
est bien utile aux hommes
il les dépoussière
de tous leurs spectres
mais attention à bien le débrancher avant
qu'il vous avale vous-même tout entier
des ongles des pieds
aux nerfs des dents.

12.
Le pécheur de reflets, son problème, c'est que parfois, fasciné par ce qu'il croit voir de féerie, il finit noyé quelque part derrière la peau tendue des choses.

13.
Lui, ce qui le fascine, c'est la Lune Monstra
C'est du reste la même lune que celle qui illune les pas
De tout le monde
Mais lui, il y voit passer des choses rondes
Epiques et ambiguës, des choses molles
Qui piquent et qui ruent, des choses folles.

14.
Caramel Mou est un démon colle-aux-dents
Tellement tellement
Que tu en finis asphyxié
Dans un réseau serré de fils sucrés.

15.
Sieur Carnaveau fréquente le carnaval
Il s'immisce se glisse dans les éclats de vos rires
Et gonfle gonfle gonfle votre gorge
Que vous en éclatez en mille et sanglants confettis.

16.
Le speaker de France Culture qui fit remarquer que le Jack Nicholson de "Shining" a un couteau fort propre à découper la dinde a-t-il pensé aussi aux lardons ?

16.
JE JOUE AVEC LA LUNE

Je joue joue joue - des âmes
Joue avec la avec la - des âmes
Avec la lune plein mes doigts - des âmes
La lune plein ma tête la - des âmes
Lune plein plein plein

Je joue avec cette lune - des âmes montent
Joue avec que ça en fait des do - des âmes montent
Avec des ré avec des mi - des âmes montent
La lune avec laquelle la - des âmes montent
Lune je joue

Je joue joue oh je - des âmes montent dans les voix
Joue avec la lune je la bats - des âmes montent dans les voix
Avec mes doigts d'baguette - des âmes montent dans les voix
La lune vibre vibre vibre la - des âmes montent dans les voix
Lune et splashe et pom et pom et pom pom girl

Je joue oui je - des âmes montent dans les voix et jonchent
Joue avec la lune je la bats je la fouette - des âmes montent dans les voix et jonchent
Avec mon fouet à battre les lunes en neige - des âmes montent dans les voix et jonchent
La lune je la bats en neige la - des âmes montent dans les voix et jonchent
Lune et tous les chevaux noirs de son manège

Je joue avec la lune je - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme
Joue joue joue joue tellement - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme
Avec qu'il en coule de - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme
La lune toute rouge cailloux hiboux choux genoux la - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme
Lune est pleine de règles -

Je prends mon banjo et - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme de mains mortes
Joue des chansons lunaires - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme de mains mortes
Avec d'la floue d'la roule d'la moule et pis - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme de mains mortes
La lune passe entre mes crayons la - des âmes montent dans les voix et jonchent mon âme de mains mortes
Lune poignardée par le premier rayon - ah !

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 novembre 2014.

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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 21:57

AUTRES PETITES GOTHIQUES FANTAISIES

1.
Comme il avait plus d'une voix dans la gorge, il fonda une chorale, et acheta beaucoup de masques.

2.
Mille témoins ne sauraient venir à bout du portrait-robot de l'assassin aux mille visages.

3.
Orgueil se place souvent si mal qu'on se donne un mal de chien à le dénicher des petits mois où il pavoise.

4.
Il a un destin humide, le gars Fardeau; il est d'abord plein d'eau, puis s'évapore lentement au soleil, jusqu'à ne plus faire qu'une flaque, une flaque à casquette et baguette de pain.

5.
Mister Remember, c'est une vraie boîte à souvenirs, mais ne l'ouvrez pas, ne l'ouvrez jamais; ses horizons vous feraient chavirer.

6.
Phil est si finement unidimensionnel que sous la pluie il a cette faculté de pouvoir resserrer son anatomie et passe entre les gouttes. C'est pratique, surtout quand il pleut des hallebardes.

7.
Quoiqu'il ait tout perdu, il ne va pas dans l'invisible; il est encore tout plein des ombres de ce qu'il fut.

8.
Quand il a besoin d'animaux
il prend une paire de ciseaux
et découpe tout un zoo
dans le noir de la nuit
ça fait des grands trous blancs
que le réel aussitôt
comble d'âmes et de gens.

9.
Elle trouva dans le ciel un sourire, un sourire avec toutes ses dents. L'audacieuse s'en farda, et en eut la face orageuse.

10.
Johnny Tapedur
trouva une armure
que pour faire le johnny
Johnny revêtit
illico cracha
le dragon le voilà
le Johnny tout feu tout flamme
tout consumé jusqu'à l'âme
ainsi l'armure
fit de la cendre du Tapedur.

11.
Pour attraper des chats volants, ils accrochèrent des poissons au donjon.

12.
La salade colonel est très exigeante : on ne peut l'assaisonner que de doigts coupés et d'huile d'adversaire à sa taille.

13.
Ils faisaient flèche des os de leurs ennemis. Ainsi, leurs victimes étaient-elles tuées par leurs propres frères.

14.
Parfois, le vent tire ses lignes et va à la pêche au demeurant.

15.
A force de lire ses exploits dans la presse, le passe-muraille a chopé le melon et ne passe plus les portes.

16.
Le chien briquet fait des trous dans vos poches et ronge vos ongles ? Préférez-lui la fée allumette !

17.
Ce qu'il possédait, c'était surtout des châteaux gonflables dans une Espagne baudruche.

18.
Il a en lui ce vide mouvant
c'est une dent
qui lui manque ou alors c'est un bras
ou le cœur ou l'estomac
il n'est jamais tout entier
vous verrez qu'il finira par perdre pied.

19.
On a fini par mettre fin aux exploits du huissier anthropophage; c'est vrai que tous ces débiteurs sans bras ni jambes...

20.
Pour des raisons qui me semblent évidentes, les dentistes n'ont rien à craindre des vampires. A moins que, nichés dans les ténèbres, ne brillent çà et là quelques cabinets de vampirique dentisterie.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 novembre 2014.

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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 16:57

PETITES GOTHIQUES FEERIES

1.
Face-de-brouillard
On le confondait avec un cauchemar
Voulait-on le dissiper
Il persistait
Coups de balai
On lui flanquait.

2.
Miss s'ennuie; elle n'a plus de fruits empoisonnés à distribuer aux petits vieux du quartier. Et puis, à vrai dire, des petits vieux, il n'en reste plus beaucoup.

3.
Jeune-Neige aime le sang
C'est intéressant
Toutes ces gouttes
Qui tombent sur la route
Où je suis tombée
Et puis ça fait de jolis reflets
Au clair de sabre.

4.
Fille fenêtre
Reste à haïr les passants
Elle voudrait de tout son être
Tomber et en se brisant
Décapiter tous ces gens
Qui passent et repassent
Librement
Dans l'espace
De sa vue.

5.
Je fais de petites choses car je n'en sais point faire de grandes, dit-il au géant méprisant.

6.
La rue hurlante
Pour la calmer
Il faut lui jouer lente
Valse du chat crevé.

7.
Dans le manoir d'à-côté
Ils ont fini dit-on par embaucher
Un avaleur de fantômes
Il est toujours rond comme une pomme
Et sans cesse Ouh-ouh
Qu'il hoquète Ouh-hou.

8.
Miss Aragne est très soigneuse et tisse de jolis voiles dont elle couvre méticuleusement les têtes tranchées de ses amants.

9.
L'assassin sans bouche, toujours il fourre dans les poches de ses victimes une poignée de langues. De quoi faire causer.

10.
La jeune fille à la carte
On la sert avec la tarte
Sauf que des fois elle sort un poignard
Et vous le plante dans le lard.

11.
Quant à la battante
Ne vous en approchez pas
Elle vous flanquerait une de ces trempes
A n'en pas rattraper ses pas.

12.
Lumière-Noire a le cafard
Même plus un quignon de chandelle
Et plus un liard
Pour s'acheter sa soupe aux étincelles.

13.
Il est si petit Monsieur Coeurdeboeuf
Et aussi chauve qu'un œuf
Que quand il met une moumoute
On dirait un mammouth.

14.
Doigt-de-blues
Attire tant de guitares
Que c'en est un cauchemar
Elles se déchirent
Elles se jalousent
C'est tellement d'pire en pire
Et il en est si harcelé
Qu'il s'est résigné
A laisser la sèche
Pour se mettre aux claquettes.

15.
A force de boxer des spectres, on finit par avoir du monde au grenier.

16.
Les tarots mettent nos mains dans leurs poches, et tout le reste de nous.

17.
Comme il avait des yeux partout
Il voyait tous les coups
Venir et tous les coups
Parait Il fallut tout
Un escadron de perceur de trous
Pour en venir à bout.

18.
La fille chouette
Reste sur sa branche
Elle a des couettes
Noires et cendres
Une jupe noire et cendre
Et des mains noires et cendres
Qui s'allongent
Se prolongent
Dans les plis de ses plumes.

19.
L'épi de la lune
Tourne tourne dans les yeux ronds
De la fille chouette
Qui pousse ses ouh-ouh
Tout au fond de la nuit.

20.
Le fantôme La Rue est invisible et diurne. Il en profite pour se confondre avec la Rue de la Réalité, où, régulièrement, il engloutit un bus ou deux; ça fait comme un éclair dans une bouche. Nous n'en parlons jamais.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 novembre 2014.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 10:31

POUR ME FAIRE DES AMIS

1.
Il est que vacille le taureau
Pleurent le loup le renard et la belette
Et s'ensanglante la blanche hermine.

2.
C'est la plurivocité de l'être qui fait son univocité; l'infini ne peut être qu'une somme infinie d'infinis.

3.
Dans la désormais célèbre anaphore hollandienne ("Moi, président, je...) on n'a pas prêté assez attention, je pense, au sens réel de ce "Moi, je".

4.
J'aime bien l'expression "la mort dans l'âme": petit cimetière de nos pommes, fluide et mélancolique comme un air de violon.

5.
Le manque d'argent est chez moi récurrent, aussi récurrent que honte et orgueil mal placé.

6.
Tant de pauvres et tant d'argent; il y a décidément bien des haches et bien des mains tranchées.

7.
Que l'infini soit une somme infinie d'infinis renvoie l'humain dans sa finitude, à moins que...

8.
La conscience, un complément circonstanciel de manière d'être, un attribut quoi.

9.
La conjugaison du verbe "être" a sans doute fait beaucoup pour l'ontologie, de la même manière que celle des verbes "faire" et "avoir" ont fait beaucoup pour le libéralisme et le capitalisme.

10.
Je me dis, que Moi, pas président, je n'aime vraiment pas les riches.

11.
L'éducation nationale devrait exiger des droits d'inscription; cela donnerait au moins une valeur marchande à certains diplômes.

12.
N'étant pas "fils de", je n'éprouve absolument pas le désir de me reproduire. Rien avant moi, rien après moi, une ombre peut-être.

13.
Quand je regarde comment sont traités certains animaux, il m'arrive de sentir gonfler en moi comme une haine législatrice du genre humain.

14.
Je n'ai guère de respect pour le pervers narcissique qui va, aidé de quelques autres clowns à paillettes, massacrer un taureau. Qu'il aille donc se faire encorner si ça lui chante.

15.
La corrida ? Je m'en fous, mais rien que pour le plaisir de titiller la bête humaine, je serais plutôt contre. Ou pour.

16.
Y en a des fois qui nous jactent assez de cette langue de bois dont on fait les chevaux de Troie.

17.
Des fois, je me demande si pour certains paysans, le bétail, ce serait pas autre chose que de l'argent sur pattes.

18.
Entendu à la radio ce 14 novembre 2014 : "Poutine, c'est la guerre en Europe." De fait.

19.
La modernité tend à générer de l'altérité administrative et son fâcheux penchant à calculer tout de vous.

20.
Comme ils ne pouvaient pas taxer les grands, ils taxèrent les petits.

21.
Petite cruauté : j'ai brûlé tous mes vaisseaux; dommage que tu soies resté dedans.

22.
Passant une bonne partie de mon temps à penser, j'ai souvent l'air d'un ahuri.

23.
Quand je me vois en photo, ma laideur me sautant au visage, je m'en retourne loin, bien loin, dans la bohème de mes pensées.

24.
Si je devais compter le nombre de gens que j'aimerais voir crever avant de moi-même y passer, je vivrais, ma foi, en Mathusalem.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 novembre 2014.

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 19:08

TROIS CHANSONS DECHIREES DONT UNE A LA CHOUETTE

1.
Quand nos dents se planteront dans l'invisible, rien invisiblement rien ne pourra nous en détacher

2.
Quand nos dents seront jouées aux dés par des trafiquants cruels et belliqueux

3.
Quand nos dents claqueront leur dernier blues, leur dernier rag-time, leur dernière saccade, leur ultime cadence

4.
Quand nos dents claqueront leur grand solo de batterie au fond d'un cimetière dans une gravure gothique

5.
Quand nos dents siffleront entre elles l'air des Yeux ou la ritournelle de "La Ruelle Des Morts"

6.
Quand nos dents seront retournées à la mère poussière et à son grouillement de mâchoires microscopiques

7.
Quand nos dents auront ravalé tout not' passé, qu'on saura plus ni qui ni quoi ni qu'est-ce

8.
Sinon la Désireuse, la muette, loin déjà de la morgue des terres

9.
Elle a dents de loup et j'en nourris ma faim

10.
Ce dont ma faim se nourrit, c'est de la neige des ventres et du présage des rousseurs

11.
Le présage des rousseurs abat d'ailleurs ses cartes marquées de pluie sur ma table aux mains tranchées

12.
Mains tranchées attrapent tout de même des mouches; c'est une vérité aussi vraie qu'entre de la viande dans ta bouche

13.
Ce qui sort de ta bouche, c'est ta langue que je tire tire tire dans l'espoir d'une langue nouvelle; ton visage se tord.

14.
"J'observe, je suis bon prophète;
Je vois tout de mon petit mur,
Même tituber la chouette."
(René Char, "Complainte du lézard amoureux")

15.
Je suis l'oeil du petit roi lézard
Et je regarde tituber la chouette

16.
Je regarde tituber la chouette
Et dans ses ailes le tournoi affolé des éperviers

17.
Je regarde tituber la chouette
Et filer les trains sans gare ni voie

18.
Je regarde tituber la chouette
J'attends chaque déchirure de son cri

19.
Je regarde tituber la chouette
Les arbres balancent entre les serres de la foudre leurs vieilles sagesses.

20.
Je regarde tituber la chouette
Et dans ses yeux ronds tournoyer des empires.

21.
Je regarde tituber la chouette
Et s'ouvrir de très anciens yeux dans une nuit aux fenêtres ouvertes sur la mer.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 novembre 2014.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 00:44

LAISSEZ PASSER LA GIRAFE ENFLAMMEE

1.
Laissez passer la girafe la grande girafe
A tête d'effe à couronne de flammes

2.
Laissez passer la girafe enflammée
Le long des saxophones bleus la ville

3.
Laissez passer la girafe enflammée
Sur la cavalerie des ponts
Volée cette cavalerie là volée
A ce dont je me souviens d'Apollinaire

4.
Laissez passer la girafe enflammée
Dans le cercle des regards perdus

5.
Laissez passer la girafe enflammée
A travers les gares à travers les murs

6.
Laissez passer la girafe enflammée
Elle brûle notre hier
Sans doute mettra-t-elle cet hiver
Au monde une flopée de phénix

7.
Laissez passer la girafe enflammée
Et ses yeux en batterie

8.
Laissez passer la girafe enflammée
Elle court comme le jazz dans les rues sans fin

9.
Laissez passer la girafe enflammée
Voilà mon festin d'ailleurs qui prend
Feu et cause de partout les flammes
De partout les visages effacés

10.
Laissez passer la girafe enflammée
A la robe de trois dames les ramassant

11.
Laissez passer la girafe enflammée
Et tant pis si l'on n'y voit que du feu

12.
Laissez passer la girafe enflammée
La fée
Mélusine la chevauche
La tête enflammée de serpents
Où nichent les archipels du regard

13
Laissez passer la girafe enflammée
Elle coule comme un alcool
Dans la gorge des rues
Et fait chanter plus d'un fantôme

14.
Laissez passer la girafe enflammée
Elle vous léprerait de ses flammes
Sa couronne vous dévorerait
Et vous finiriez cendres dans vos villes.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 novembre 2014.

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