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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 05:12
NOUS DES COMME JE PEUX
1.
Un comme je peux, c'est ça qu'je suis.
2.
Dieu, quand il a fini de lire son livre, eh bien, il le recommence... Il a beau être dieu, il ne se souvient pas de tout... Dieu apprend son monde.
3.
Des fois, on a tant besoin de sommeil que nos yeux ferment nos corps.
4.
Quand même, je suis bien content de préférer les syllabes des poèmes aux bruits qu'ils font les autres avec leurs bouches à viande.
5.
Pour être vraiment haineux, il faut l'être en bloc. Dans le détail, des fois, on pourrait se fasciner.
6.
A force de chercher l'éclair dans un verre, on finit par s'y griller.
7.
Poing, foudre et faucon... Seigneur, quel blason !
8.
Et pourquoi donc que le devin n'aurait pas d'humour ? Que Cassandre ne rirait pas du fond de ses syllabes... Que le sorcier ne serait pas moqueur... Après tout, la foudre, c'est surtout de l'ironie.
9.
C'est en pensant aux autres que l'on fait des fautes; quand on se concentre sur soi, on est généralement plus prudent.
10.
Une maison : de l'ordre avec des bouches dedans... des bouches, des trous, d'l'entraille.
11.
Parfois, le Sphinx sort de son ombre pour aller participer à l'éphémère, à l'être persistant et élégamment vulgaire des autres.
12.
Le fou rire de Cassandre devant les murailles d'orgueil; le fou rire de Cassandre dans la grande mer des syllabes grecques.
13.
Et quand sa mâchoire se refermera, nous serons engouffrés.
14.
Antonin Artaud... malade de sa foudre peut-être... Artaud, radicalement autre, radicalement là.
15.
Le bec est par par les ailes comme la gueule est par la carcasse.
16.
Cheval ne vaut que par bataille et nous valons comme nous pouvons.
17.
Remuement des murmures... rouages des syllabes... mécanique des ombres... Le Sphinx, quel machin !
18.
Un sphinx à la porte. "Qui est-ce ?" demanda Cassandre (elle était encore bien petite).
19.
Des coups d'épée dans l'eau certes... mais qui troublent n'est-ce pas vos beaux reflets...
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 juin 2014
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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 11:53
DU CHIEN DU TEMPS
1.
Les bobos qui le dimanche matin arrivent en bermuda et sandalettes à la boulangerie, peuvent pas s'habiller comme tout le monde, non ? En cape et pourpoint.
2.
L'Histoire, cette tentative secrète d'animer on ne sait quel golem du passé.
3.
"J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire."
(Racine, "Phèdre", II,5, v.582 [Phèdre])
4.
J'oublie, en le voyant, l'autre, avec sa patience d'autre, sa bienveillance d'autre, son humanité d'autre, j'oublie de me demander ce que j'fous là.
5.
Ce que je viens lui dire, c'est simple, c'est zut !
D'ailleurs, je n'y vais même pas, je l'écris : zut !
6.
"De tout ce que j'entends étonnée et confuse,
Je crains presque, je crains qu'un songe ne m'abuse."
(Racine, "Phèdre", II,2, v.509-10 [Aricie])
7.
De tout ce que j'entends, je ne retiens que dalle.
De tout ci, de tout ça, que voulez-vous que ça,
Que voulez-vous que ça me fasse ?
8.
Elle traversa le fantôme, étonnée et confuse de ne pas le reconnaître.
9.
"Je crains presque", mais pas tout à fait tout de même,
"Je crains", ah si, quand même si...
10.
Qu'un songe m'abuse, qu'un rêve me défasse, je traîne dans l'espace, et de moi-même je m'use et m'amuse.
11.
"Quelle plaintive voix crie au fond de mon coeur"
(Racine, "Phèdre", V,4, v.1456 [Thésée])
V'là qu'il a d'la "plaintive voix" plein son palpitant, le Thésée... qu'ça "crie au fond"... qu'ça remue, qu'ça geint, qu'ça ouine monsieur...
12.
Celui dont les ennemis se confondent avec leurs ombres, s'éclipsent dans l'aussitôt, changent de visage comme de nom, et de masque comme de chemise, celui-là, que voulez-vous qu'il foute avec son épée ?
13.
L'épée sert à tailler en pièces, en petites pièces de monnaie de chair. Les guerres sont des ventes à perte humaine.
14.
L'oeuf, ça se pond, ça se mange, ça se craque et, aile après aile, griffe après griffe, oeil après oeil, on en sort et on dévore le monde.
15.
Le miroir ne bronche pas. C'est pourtant de son eau que sort la main invisible qui vous angoisse, vous broie la gorge, vous étrangle.
16.
Le chien du temps, quand il n'aboie plus, c'est qu'il vous égorge.
17.
La porte des fois quand elle s'ouvre c'est tout noir dedans... tout noir dedans... tout noir dedans... avec des yeux qui s'allument au loin là-bas au loin l'indéfinissable loin...
18.
"Ils doivent vivement ramener leur âme."
(Henri Michaux, "La paresse")
L'âme, des fois, elle vous glisse du corps, elle longe le quai, vive, décidée, plonge dans l'eau sombre. Il faut alors aller la chercher, la ramener, la sauver. C'est ainsi qu'on se mouille.
19.
Les bibliothèques ne fument pas. C'est dangereux. A cause du papier, bien sûr, et de tout l'être bruissant murmurant réflexif qu'elles contiennent.
20.
Une bibliothèque, quand elle veut se suicider, se met à fumer. Ou alors, elle prend un bain.
21.
Le film "La Charge Fantastique" ("They Died With Their Boots On", 1941) de Raoul Walsh, est la preuve qu'un chef d'oeuvre se moque bien de la vérité.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 juin 2014
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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 08:35
EN LAVANT MON COUTEAU
1.
Les autres, ça pullule, ça grouille en ville, les autres, avec leurs têtes d'autres et leurs autres noms d'anonymes.
2.
Qu'un sorcier ou une sorcière s'avère quelque part, bien vite se manifestent des vers pour la solliciter, sa pomme.
3.
Me souviens... chu plein d'autrefois... contacté d'passé... d'espacés, d'anciens dits... feux fuis et chuchotements.
4.
Passé, volcan d'ombres.
5.
Feu mort, on passe plus, on trépasse.
6.
Certains êtres... un je ne sais quoi d'attachant... un rien d'original, un brin d'folie fictive... on se pame la mirette...
7.
Qu'un sorcier ou une sorcière s'avère quelque part, bien vite qu'on la prie d'intervenir, d'agiter secrètement les esprits, les tables, les vieilles formules lunaires.
8.
Le temps est plein de forges et le ciel plein de foudre.
9.
Je ne crois pas aux montagnes que l'aile ne pourrait abattre.
10.
Et si un jour la clé secrète d'un proverbe animait quelque golem éloigné ?
11.
Faire du café... eau qui bout... chaleur... poudre brune... gaz flamme passer le café le temps noir soleil.
12.
Passer le balai, faire apocalypse d'un tas de microscopiques qui s'agitent en tout sens dans le vertige de la poussière.
13.
Passer un coup d'éponge - paroles à la radio sur la musique brésilienne et les "grandes stars de la samba, qui sont toutes mortes pauvres, hein, on peut le dire."
14.
L'humain passe son temps à mettre de l'ordre; c'est pour ça qu'il a inventé le chaos, le désordre, l'indiscipline, le bordel, pour se donner un but, le sens de l'ordre.
15.
Essuyer trois fourchettes, une pour l'oeil gauche, une pour l'oeil droit, la troisième pour le troisième.
16.
Jazz à la radio, un batteur "légendaire" qu'il dit le speaker; il y a des gens, on dit comme ça qu'ils sont légendaires... Les ferait rire jaune peut-être... peut-être ça les fait... ont peut-être une drôle de misère ignorée... légendaire... légendaire... l'oiseau dodo aussi il est légendaire tellement légendaire qu'il y en a plus, des dodos.
17.
Il y a toujours tant de choses à faire que je me demande comment font les autres pour se débrouiller de ce tant de choses qui vous mangent le temps la tête le corps et tout le tremblement de l'être.
18.
Je ne sais si le silence ne se sent pas floué par ces flots de syllabes qui scient le silence comme branche de l'être.
19.
Laver un couteau, tailler secrètement quelque en pièces.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 juin 2014
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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 22:19
UNE GUITARE DANS UN LABYRINTHE
1.
"Mais la poursuite prend elle même des atours énigmatiques."
(Gilles Esposito, "Mad Movies" n°275, p.49)
2.
Les "atours énigmatiques" de la "poursuite"; c'est que parfois on poursuit des gens qu'on connaît plus ou moins, et l'on finit par glisser dans le fantomatique.
3.
"ni tout à fait un simple d'esprit, ni tout à fait autre chose"
(Gilles Esposito, "Mad Movies" n°275, p.49)
Evoquant ainsi un personnage du film "The Rover", dans cet "autre chose", j'y pressens de l'alien, d'l'étrange radical. Ceci dit, j'ai pas vu le film.
4.
"Les portes des bicoques en ruine ouvrent (...) sur un espace plongé dans le noir et qui semble s'étendre à l'infini"
(Gilles Esposito, "Mad Movies" n°275, p.42)
5.
L'infini, ce qui se tient derrière la porte et qui hop! vous avale dès que franchissez le pas.
6.
L'enfer, c'est peut-être l'extension du temps à l'infini, la mort infiniment longue à ne pas venir.
7.
Le Sphinx ne s'impatiente pas. Il laisse passer l'être qui finit toujours par lui revenir.
8.
Fantômas, je l'imagine capable d'une délicatesse d'égorgeur de papillons.
9.
Lorsque Henri Michaux demande: "Qu'est-ce que le cerveau ne tue pas ?", je pense que l'on peut remplacer le "cerveau" par "l'autre".
10.
Dans le texte "L'Ether", Henri Michaux évoque les "grandes ondulations de l'être", de l'ondoyant donc, du translucide, du palmé.
11.
Henri Michaux note que "l'Homme ne supporte pas le Temps".
Or, le temps n'existe pas.
Donc, ce qui n'existe pas est insupportable à l'Homme.
Et c'est ainsi que l'Homme se déteste.
12.
On songe avec nostagie, on s'ronge, on mange, tandis que l'ogre de l'horloge nous grignote.
13.
Le narrateur de "La Nuit remue", de Henri Michaux, évoque une "étendue immense de cendre", un monde mort quoi, rfroidi, déserté du phénix.
14.
L'assassin "doit se déguiser pour ne pas être reconnu et chasser ses proies dans le vrai monde."
(cf "Mad Movies" n°275, p.44)
15.
Avec vos grandes oreilles, vous avez forcément entendu des choses, des choses qui vous ont fait couler un miel noir, et voilà que votre oreille saigne saigne saigne.
16.
J'imagine une guitare dans un labyrinthe, et les doigts de la momie.
17.
Celui qui parle du Sphinx évoque une terre de gémissements; du reste, parler du Sphinx, c'est parler de la question.
18.
Celui dont la tête se dilue dans le rêve, il se peut qu'elles complotent, les ombres, contre sa station debout.
19.
Celui qui songe que ses jours loin de lui nagent, encore de faire un pas, cela peut lui coûter.
20.
Celui dont les sirènes mangent les yeux ne reconnaît le dragon qu'à son souffle; il est alors trop tard, il va à la grillade.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 juin 2014
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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 06:18
DE LA LIMACE DANS LE KAWA
1.
J'me sens tellement lent qu'c'est pas possible autrement, c'matin, il devait y avoir de la limace dans mon kawa.
2.
Faudra que je songe un jour à écrire les aventures de Achille Lebouillant.
3.
Tant que j'y pense : "faudra que je songe un jour", drôle d'expression tout de même.
4.
"Laisse-moi des périls"
(Racine, "Andromaque", III,1, v.784 [Oreste])
5.
Laisse-moi des périls, c'est pas pour m'y mettre, c'est pour offrir.
6.
Je me demande de quoi pourrait bien parler un traité qui commencerait par : "La connaissance n'est pas possible."
7.
Horace Silver est parti jouer du piano pour l'infini. Un mois après mon père. Lui jouera-t-il "Song For My Father" ?
8.
"Je recherche la compagnie des esprits" aurait déclaré Lana Del Rey. Quand donc nous rencontrons-nous, ma chère Lana ?
9.
Des fois je me clair-obscure le nocturne; remarquez, je peux le faire aussi avec le diurne; mais ça fait tout de suite moins lunairement singulier.
10.
Non, je ne reprendrai pas l'enquête en outsider alcoolique ! On sait comment ça finit ces trucs là : Une balle dans le dos qu'on s'écroule dans le dur de la nuit et le cru de la pluie, les yeux mouillés de la journaliste, et la chanson triste du générique.
11.
Dans le temps, y en a qui pogotaient; i se secouaient les burnes histoire de se remuer les morbacs.
12.
Quand je me recèle les pires vilenies, je creuse un trou dans mon être avec la pelle de mon âme, et j'les y flanque, les agitées d'la langue.
13.
"Merde alors. Depuis le temps que le réel m'emmerde..."
(Alexandre Gamelin, "Les Inrockuptibles" n°967, p.10)
14.
Entendu, réinterprété par Philippe Katerine, un tube d'il y a qui dit à un moment :
"Comme une clope dans un paquet d'clopes
Comme une frite dans un cornet d'frites"
Et puis quoi ?... Comme un coeur dans une crise cardiaque ?
15.
Des fois, je me remarque et je me dis : "Ah, tiens..."
16.
Des fois, je note que la langue s'affole, comme si un vent soudain se levait dans l'herbe des syllabes.
17.
Des fois, j'ai l'impression de pulluler au soleil; je souffle alors, et de mes naseaux jaillissent des flammes à faire le vide.
18.
Je ne crois pas que cela soit une bonne idée d'imaginer une version du Petit Chaperon Rouge où Mère-Grand boufferait le loup.
19.
Des fois, j'aimerais avoir une baguette à faire le vide; y aurait tout de suite moins d'cons autour.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 juin 2014.
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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 02:44
J'AI DETESTE ETRE BUVARD
1.
Y a du bizarre plein les fleurs, des clous rouillés dans la forêt; ce fut du christ tout ça jadis.
2.
On s'arlequine de tout, de rien, syllabes et visages, sur la terre qui est ronde; nous y poursuivons notre ombre.
3.
Y a des faits l'un pour l'autre, y a des défaits l'un pour l'autre, l'un pour l'autre, pis du criage dans le vent, et du fondant dans l'être, qu'on tombe pâte à matière.
4.
Déjà le vent d'automne, ma complainte, ma complainte, ma compagne; déjà le vent d'automne, je bats la campagne.
5.
"Le ciel pleut sans but"
(Jules Laforgue)
6.
Le ciel pleut sans but sur des êtres sans but qui se croisent sur des ponts.
7.
"Par quel ennuis kilométriques
Mener ma silhouette encor"
(Jules Laforgue, "Petits mystères")
Par les chemins
Quels chevaliers évanouis ? - Les
Ennuis à la file vont
Kilométriques moi, j'vais
Mener mon chien d'moi-même,
Ma mâchoire, ma vague gronderie, ma
Silhouette qui s'estompe;
Encor fait-il jour car c'est l'été.
8.
Je peutestre l'espérine qu'ça guernouille autre, mais toujours ça crapalde.
9.
Des fois, philosophe à sabots, quand j'chvale spéculatif, je m'emballe... aussi, souvent, je m'âne et m'ânonne.
10.
Parfois, je me microscope; on ne me voit pas, comme si je n'étais déjà pas là.
11.
Il est rare que je m'impérative le catégorique; je préfère me relativiser le tempérament, m'élastifier le temps.
12.
Les peuples gras doivent leur abondance à la manière dont ils squelettisent les peuples maigres.
13.
Je m'antique des fois la pensée, mais comme je ne jacte ni grec, ni égyptien, difficile de tailler le bout d'lune avec le Sphinx.
14.
Des fois, les fièvres tiennent concile; je tends ma longue oreille et les écoute délirer; c'est distrayant, un peu.
15.
L'individu est voué au définitif et pas à l'infini. A moins qu'éternellement, il ne revienne jouer son unique et propre rôle.
16.
Quand je me mille-cloche, je me sonne; si j'ai le diable au clocher, je forge illico pour mes fontes des voix humaines qui crient Ah qui crient Ah qui crient Ah.
17.
L'âme est une pièce de monnaie à valeur variable. Pile, le souvenir; face, l'oubli, - Némésis et Léthé.
18.
Dès que je me sors de ma mémoire, je m'oublie, et j'agis comme si je n'avais pas été.
19.
Le truc, c'est qu'il y en a, i se sont comme intrépidisés... Jeanne d'Arc... Bonaparte... De Gaulle... Apparemment zont jamais trouillé eux.
20.
J'ai détesté être buvard, ce rose aux doigts morveux des écoliers. A l'époque, j'buvais d'l'encre, pis je dégueulais mon orthographe.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 juin 2014
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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:48
CAR MOI JE NE SUIS PAS
1.
"Je me souviens qu'un jour, elle avait monté un conte fantastique concernant les Indes."
(Agatha Christie, "La Fête du potiron")
2.
"Je me souviens" que je me souviens, mais de qui ?
3.
Même "qu'un jour, elle avait monté" ses grands chevaux, lesquels avaient fait déborder la goutte d'eau du pot-aux-roses! Elle avait exagéré.
4.
"un conte fantastique": pas moi, en tout cas.
5.
Un jour j'écrirai mes mémoires. Cela s'intitulera: "Je ne suis pas une légende", et personne ne les lira.
6.
"concernant les Indes", à vrai dire, je n'ai rien à dire. C'est fort peuplé, non ?
7.
J'écoute les grands remuements d'ombres de "How Many More Times" de Led Zeppelin.
8.
"Ruisseaux, neume des morts anfractueux,
Vous qui suivez le ciel aride"
(René Char, "Le visage nuptial")
9.
"Ruisseaux, neume", c'est que ça chante, ces bêtes-là, d'eau sans os, de poissons et d'chair à noyé; c'est trop triste "chair à noyé"? Disons alors... chair à reflets.
10.
"des morts anfractueux": du squelette dans d'la pierre, du chevalier d'os dans la roche, de l'incrusté conquérant.
11.
"Vous qui suivez" - eh bien, adieu ! car moi je ne suis pas.
12.
Et dire que "le ciel aride", on peut pas l'arroser, qu'ça retombe aussitôt, qu'ça repleut, que des dieux, ça fait des lustres qu'on n'en a pas vu pousser, nom de Zeus !
13.
"Mais ça le faisait pas rigoler mon genre facétieux"
(Céline, "Le Pont de Londres")
14.
"Mais ça le faisait", car, en fait, c'est fou c'que ça en fait, ça.
15.
"pas rigoler"... la vie, c'est du sérieux... toujours à la limite d'on ne sait quoi qui pourrait tourner catastrophique... tellement stupide dans le tragique qu'on en mourrait de rire s'il ne fallait pas pleurer.
16.
"mon genre facétieux", très caché, tout d'même. Ou alors rigolo dans un genre fumiste.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 juin 2014
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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 19:44
SANS AUCUNE PREUVE CERTAINE
1.
On ne se voit que tel qu'on se pense. Berlue identitaire.
2.
"histoire de causer pour ne pas me taire"
(San-Antonio/Frédéric Dard, "Baise-ball à La Baule")
Oui qu'nous causons pour ne pas nous taire; pour nous consoler du silence et du froid qui guettent l'être, nous faisons bruisser nos syllabes comme si c'étaient les ailes du Phénix.
3.
"tellement qu'ils sont encore plus moches et haïssables, tous, sous leurs pébroques et leurs impers."
(San-Antonio/Frédéric Dard, "Baise-ball à La Baule")
4.
La misanthropie se nourrit plus des aléas du climat qu'elle se soucie de la misère du monde.
5.
"Et Lui et moi sommes parfaitement seuls."
(Henri Michaux, "Bonheur")
6.
Le dieu unique est un bon moyen, pour chacun d'entre nous, de rester seul dans la multitude.
7.
Y eut-il un âge de l'humain où les dieux étaient plus nombreux que les bipèdes ?
8.
Plus nous sommes, plus se précise la figure d'un dieu unique, terrible et ratiboiseur, le dieu des homicides, des massacres et des banquiers.
9.
Le réel n'existe pour nous que "sans aucune preuve certaine". Sinon, quelle panique !
10.
Nos mémoires tiennent plus du cimetière que du vivarium.
11.
L'Europe, quelle merveille ! Des tribuns enthousiastes nous offrent l'illusion d'un bonheur possible des peuples, cependant que nous entretenons soigneusement les conflits lointains qui nous font vivre.
12.
A mon avis, le monde se nourrit plus de la haine et du commerce des armes que du tourisme et du sourire de Mona Lisa.
13.
Technologie et administration, voilà les merveilles qui nous dispensent de dieu et soumettent l'autre à nos processus, nos protocoles, notre humanisme.
14.
L'alibi de la culture est parfois un moyen formidable de copieusement ennuyer les autres tout en s'en mettant plein les fouilles.
15.
"sans aucune preuve certaine"
(Gaston Leroux, "Le Mystère de la chambre jaune")
"c'est-à-dire sans qu'on pense pour cela qu'il y ait en soi"
(Descartes)
16.
"On a beau lire les bons livres, et voir le grand monde..." (Le Père Bouhours)
17.
"On a beau lire les bons livres, et voir le grand monde", on n'est qu'os, et à cause qu'on écosse, que fantôme, bouh.
18.
"The circles of the stormy moon"
(T.S. Eliot)
C'est juste pour finir sur une note bizarre genre cercles de nuées hula-hoopant lentement autour de la lune cependant que le chevalier Orage remet son grimpant.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 14 juin 2014
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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 23:35
ENTRE LES COUPS DE
1.
"Entre les coups de
tonnerre on entend
la litanie ardente
le murmure obstiné
des prières en bas"
(Lucien Suel, "Canal Mémoire", Editions du Marais du Livre, Hazebrouck, 2004, p.66).
2.
Des fois ça donne des coups qu'on dit coups de tonnerre et qu'on entend qu'on entend itou la "litanie ardente", cette basse obstinée des syllabes d'en bas.
3.
Il pensa "bref" et il eut la tête tranchée.
4.
"L'esprit rumine l'herbe de l'oubli."
(Lucien Suel, "Canal Mémoire")
5.
L'esprit, ce qui tourne en boucles aléatoires dans la boîte à cheveux.
6.
"A chaque chute de neige, je me sens contraint par autre chose que ma paresse à rester ici."
(Françoise Sagan, "Château en Suède" [Sébastien])
7.
Chatoiement sans reflet, silence qui tombe en flocons, retour du "chaque chute de neige", du fascinant dans la fenêtre.
8.
"Le voici: vers mon coeur tout mon sang se retire."
(Racine, "Phèdre", II,5, v.581 [Phèdre])
9.
Cette pompe dans la poitrine, ce coeur qui se nourrit d'affects autant que de sang se nourrit l'autre pas beau, là, Machin des Carpathes.
10.
L'être humain est le seul être vivant à avoir pitié des animaux qu'il dévore.
11.
Des fois, le Sphinx, au fond du palais, se planque, cependant que son ombre parcourt couloirs et pièces, et que moi, je me flanque à la fenêtre et contemple les orages.
12.
ball à La Baule").
13.
V'là qu'ça gratouillait tout partout tellement qu'on se serait cru dans un genre de parfonde froissante, à t'en ficher dl'a panique interne, à t'en dédoubler et te fixer avec éberluance.
14.
"jamais plus qu'une très faible et très éphémère participation à l'être."
(Clément Rosset, "Le réel et son double")
15.
il et il répond par du Clément Rosset :"Jamais plus qu'une très faible et très éphémère participation à l'être."
16.
"Mes yeux alors, mes yeux n'avaient pas vu"
(Racine, "Phèdre",II,1, v.436 [Aricie])
Les yeux seraient-ils une conséquence du regard ?
17.
"Je ne me verrai point"
(Racine, "Phèdre", III,1, v.750 [Phèdre])
18.
même.
19.
Des fois, le Sphinx, i fait comme tout le monde, i participe à l'être, i rentre dans le grouillement.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 juin 2014
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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 23:27
DONT L'ÂME MURMURE
1.
Des fois, le Sphinx pense que l'ami de la vipère a du souci à se faire; et l'ami du Sphinx aussi.
2.
"Oui, je vois ces défauts, dont votre âme murmure,
Comme vices unis à l'humaine nature"
(Molière, "Le Misanthrope", I,1, v.173-74 [Philinte])
3.
Alceste est celui dont "l'âme murmure", de telle sorte que, passant dans les salons, dans les rues, sur les places, ce murmure permanent, persistant et contraire, doit bien couvrir le silence des anges qui passent.
4.
"Oui, mais ma conscience est blessée en effet"
(Molière, "Le Misanthrope", III,5, v.1107 [Arsinoé])
5.
La conscience est ce qui se froisse, se blesse, se navre, de telle sorte que certains doivent trimballer ça, ce genre de cri muet d'oiseau d'la panique.
6.
"L'unique comble l'attente en se réalisant"
(Clément Rosset, "Le réel et son double")
7.
"combler l'attente en se réalisant": c'est ainsi que l'oeuf se pond.
8.
"combler l'attente en se réalisant": et pis, une fois qu'on a bien attendu, qu'on s'est bien réalisé, zou, dans la fosse aux autres.
9.
"Mais nous, nous n'entrerons pas."
(Henri Michaux, "Nous autres")
10.
Des fois, le Sphinx, il est plusieurs... il dit "nous" et jacte, jacte son impossibilité, ou sa volonté, de nous pouvoir s'y flanquer là, dans cet ensemble de points qu'on appelle "lieu".
11.
"Les quatre chevaux ailés viennent de naître."
(Henri Michaux, "Nous autres")
12.
Que quatre canassons flanqués d'ailes soient mis au monde y suppose de drôles de juments, ou le goût des légendes, ou de leur fatalité.
13.
"J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse"
(Racine, "Phèdre", IV,2, v.1110 [Hippolyte])
14.
Le je, des fois, i pousse sa vertu, comme une plante austère dans un lourd secret.
15.
Le Sphinx, des fois, lui aussi pousse sa vertu, jusqu'à cuirasse propice à l'affrontement des gueules de mur qui viennent le solliciter.
16.
"Une coïncidence pour le moins ironique... Ces fruits reviendraient-ils donc toujours dans l'histoire ?"
(Agatha Christie, "La Fête du potiron")
17.
La coïncidence est essentiellement ironique; c'est le hasard qui nous fait du clin d'oeil, nous tire la langue, nous tape sur l'épaule, nous rentre dans le lard.
18.
Les choses, elles reviennent des fois d'autrefois, pour se promener dans nos jambes, nos mains, nos têtes, comme si nous étions leurs propriétés.
19.
"La voix était claire, mais le ton poli cachait son indifférence totale."
(Agatha Christie, "La Fête du potiron")
20.
C'est pas parce qu'on parle clair et poliment qu'on s'en fout pas totalement.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 juin 2014.
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