Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 09:52

UN SIMPLE PRESENT

1.
" - et n'y ai rien trouvé qui ne me rappelât la mort" (Cioran, Précis de décomposition, Gallimard, coll. TEL, 1977, p.108)
L'oeil lucide, tout peut y passer pour signe morbide : la plus vive des jeunes filles n'est jamais qu'un squelette qu'excite la chair.

2.
On vient de retrouver un haut fonctionnaire français nu et mort dans une chambre d'hôtel à New-York. Une mort trouble peut-être. En fait, un simple présent de vérité générale.

3.
Cioran cite en exergue de La Sainteté et les Grimaces de l'Absolu cette phrase drolatique de Thérèse d'Avila : "Oui, en vérité, il me semble que les démons jouent à la balle avec mon âme..."
Je l'imagine, Thérèse, jouet des démons, mais aussi forcée de courir de diable en diable dans l'espoir de la récupérer, cette âme volante.
Ainsi, un mystique qui, par quelque féerie, deviendrait immortel, passerait l'éternité à courir d'un démon l'autre, cependant que son âme ferait le tour des enfers.

4.
"... vers les douceurs de l'imbécillité..."
(Précis de décomposition, p.192)
Déclin des civilisations : de génération en génération, les jeunes gens s'habituent à ne plus jurer que par les douceurs de l'imbécillité. Puis la crise survient, et les gobe comme de vulgaires bâtonnets de chair.
Note : Suivant l'usage traditionnel, je mets deux "l" à "imbécillité", ce qui rappelle que les plus parfaits des imbéciles, s'ils pouvaient voler, seraient chefs d'escadrille. C'est crétin comme blague, mais ça m'amuse.

5.
Je m'épate toujours que de parfaits imbéciles osent aller contempler de près les merveilles du monde. Je m'épate de penser que j'y serais plus à ma place qu'eux. D'ailleurs, je n'y vais pas.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 avril 2012

Partager cet article
Repost0
3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 07:17

LA LOGIQUE A MILLE CHEMINS

1.
Un professeur de Lettres classiques me renseignerait sur ce point : les Romains ont-il tenté de tourner le christianisme en dérision ? Il y a-t-il eu des satiristes, des pamphlétaires, d'ironiques orateurs pour se moquer du Christ ? Pour ma part, je ne sais pas. C'est qu'en le crucifiant, les Romains ont servi l'orgueil chrétien. S'ils lui avaient tapé sur l'épaule, au Jésus, en lui disant "mon petit père, tu ne vas quand même mourir pour nous, pour ce sac à vin d'adjudant, pour le centurion et ses maîtresses ? Franchement, ça vaut pas le coup, tu crois pas ?" S'ils l'avaient embastillé quelques mois avant de le renvoyer à la maison, la suite des événements en aurait peut-être été différente.

2.
J'admire la musique. Qu'un art qui mesure si précisément le temps, qui en fait le support même de sa littérature, qu'un art si diachronique, si réglé, puisse donner à songer un temps flottant, un temps autre, plus léger et plus profond que le temps de la contingence, un temps qui semble pouvoir nous emmener ailleurs, est sans doute l'un des grands triomphes de notre civilisation.

3.
L'événement a-t-il sa logique intrinsèque ? N'est-il pas plutôt situé quelque part dans l'infini des possibles ? La logique a mille chemins. En soi, la logique n'a rien de surprenant. C'est l'humain qui se laisse surprendre par ce qui n'était qu'une infime probabilité, et qui pourtant s'est produit.

4.
Le temps est un langage. Il produit donc de l'être (Je suis en retard, en avance, à l'heure...) . L'être du temps, c'est le souci humain d'être à l'heure, de correspondre à un emploi du temps acceptable. Perdre son temps est un privilège, la nonchalance aussi. C'est plutôt mal vu. C'est que les possibles n'attendent pas.

5.
Je me demande si la possibilité que notre civilisation fût ouverte, c'est-à-dire capable de survivre à sa catastrophe, ne va pas être étouffée par le politiquement correct et la judiciarisation de tout.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 avril 2012

 

 

Partager cet article
Repost0
2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 22:42

ET PUIS ON N'EST PLUS LA

1.
"...nous parcourons le monde comme des forteresses ambulantes..."
(Cioran, Précis de décomposition, Gallimard, coll. TEL, 1977, p.88)
La phrase déclenche chez moi la rêverie. Le jour où je ne saurai plus légender mes songes, je ne pourrai plus écrire. Je serai alors véritablement enfermé dans cette "forteresse" de l'être qui balade sa carcasse dans un univers d'images mentales, de visages étrangers, de bataille de regards, de joute à mille yeux, dans des rues où des arbres à pendus sortent des murs, où à demi-jaillis, cheval et cavalier poussent un cri suspendu, où les perspectives escamotent les gens que j'aurais aimés.
Après - foutre ! ce sera la tourbe, le tombeau, la chair bouffée.

2.
"... cette illusion produit l'histoire."
(Précis de décomposition, p. 159)
L'humain, c'est entendu, c'est de l'illusion lyrique. Dit et redit. C'est tout de même, comme le remarque Cioran, cette illusion qui produit l'histoire. En ce sens, la pratique de l'Histoire se confond avec le recensement des illusions qui tissent l'humain jusqu'à ce que, pris dans son propre filet, il ne puisse plus bouger.

3.
Je crois maîtriser assez bien l'art de la déception. A quoi les gens s'attendent-ils ? N'ont-ils point vu que j'étais foutrement poutre, et fasciné, et plein de lenteurs ? J'aimerais demeurer dans une de ces mélodies de Ravel que le piano de Samson François continue de jouer pour moi.

4.
La mort est une distraction de l'être : tout à coup, il oublie d'être-là.

5.
Ce qu'ils m'agacent avec leur "les gens vraiment grands sont généralement modestes". Foutaise ! Modeste, Malraux ? Modeste, Hugo ? Modeste, Bach qu'on dit qu'il était teigneux, envieux, querelleur ? Modeste, Racine ? Allons donc, pas plus de gens modestes dans la littérature que partout ailleurs, sauf, évidemment, dans l'éducation nationale, où on se fait si souvent gloire de pas grand chose.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 avril 2012

 

 

Partager cet article
Repost0
2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:11

ECRIRE, C'EST N'ÊTRE PLUS, POSITIVEMENT.

1.
"La poésie exprime l'essence de ce qu'on ne saurait posséder..." (Cioran, précis de décomposition, Gallimard, coll.TEL, 1977, p.141)
D'où l'abondance de la poésie amoureuse malheureuse, transie, impuissante, et pour tout dire grotesque.

2.
Ecrire, c'est s'habituer à ne pas être. C'est l'être de l'écriture, ce vampire, qui l'emporte. On se laisse fasciner par les figures que semblent vouloir révéler les syllabes. Le réel alors devient si fastidieux. C'est ainsi qu'il m'arrive de songer que, lorsqu'elle n'est pas un moyen de gagner sa vie, l'écriture est au mieux un passe-temps, une thérapie parfois, mais aussi un indice d'immaturité. C'est qu'il y a tant à faire au quotidien : tant à faire dans la maison, tant de gens à qui l'on doit une invitation, une réponse, tant d'amitiés à entretenir, et puis tant de "vrai" travail, celui qui paie. Pour ma part, c'est par esquive des complications que je me mets la plupart du temps à fabuler. Je n'aime guère que le réel me dérange.

3.
La littérature est un angle déçu.

4.
"La profondeur est indépendante du savoir."
(Cioran, Précis de décomposition, p. 76)
La profondeur est indépendante du savoir et même du savoir-vivre.

5.
L'écriture, bien entendu, n'échappe pas à la volonté de puissance. L'ego s'y gonfle. Il suffit d'un peu de flatterie, d'un peu de complaisance et voilà l'auteur plein de lui-même comme un tonneau de vin. Cependant, c'est aussi une tentation, celle de l'être pour le non-être, celle de l'ici pour l'ailleurs, celle du maintenant pour l'autrefois, celle du réel pour la féerie, fût-elle truquée comme un tour de magie. La noblesse de l'auteur se promène à cheval dans une forêt profonde qui n'existe plus depuis longtemps.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 avril 2012

 

 

Partager cet article
Repost0
1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 06:35

QUE D'LA CABOCHE A CINOCHE

1.
"nous ne sommes que des images infidèles"
(Pascal Quignard, Les Ombres errantes, folio n°4078 , p.21)
En ce sens que nous ne correspondons jamais à l'image que les autres se font de nous et à laquelle ils se fient trop souvent, nos êtres virtuels qui flottent dans les consciences sont les fantômes infidèles de nos carcasses hantées. D'ailleurs, elle se floue, notre image, se ride, se vide, d'icône on devient légende, puis écho de plus en plus faible d'un coup d'épée dans l'eau.

2.
"La fascination précède l'identité."
(Les Ombres errantes, p.132)
Une autre manière de dire que l'être précède l'essence. C'est que nous sommes d'abord médusés par l'étant, c'est que sommes d'abord synchroniques ; puis, nous réagissons. La diachronie de nos réactions constitue notre identité et la diversité du monde.

3.
J'ai du mal à garder mon quant-à-soi. Il bronche, remue, s'agite, déborde, s'agrippe au réel - ses doigts glissent -, court, court après, court, tente d'attraper, retenir, - les ombres filent - jure, maudit, crache. Je conçois votre agacement.

4.
"C'est le rêve qui sait que personne ne le rêve"
(Les Ombres errantes, p.77)
Infini système d'écoute des échos, la littérature ; un lac où l'on cherche le monstre, la bête de l'être.

5.
L'éclair lent qui s'insinue et vous rappelle que jamais plus vous ne pourrez être amoureux, voilà de quoi vous tuer lentement, vous réduire un peu plus chaque jour à ce vieillissant qui devrait s'estimer heureux que l'on consente encore à le laisser agacer.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er avril 2010

 

Partager cet article
Repost0
31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 11:28

DE LA MACHINE ONTOLOGIQUE

1.
"l'ombre l'angle"
Pascal Quignard, Les Ombres errantes,folio n° 4078, p.165)
Corne de rhinocéros, qui n'est pas dans la pièce, et qui, soudain jaillit de la trame de l'ombre pour embrocher le crédule.

2.
Le cerveau est une machine aléatoire en ce sens qu'il ne réagit jamais tout à fait de la même façon, et qu'il n'emprunte jamais tout à fait les mêmes circuits neuronaux pour se saisir du réel. Certes, les différences d'une réaction à une autre peuvent être infinitésimales ; elles n'en sont pas moins le signe de notre humanité. Une machine emprunte toujours les mêmes circuits ; sinon, elle tombe en panne. Un être humain ne cesse d'explorer l'éventail de ses possibilités. L'erreur est bel et bien humaine et preuve de l'humain.

3.
"La fascination précède l'identité."
(Les Ombres errantes, p.132)
"La beauté médusante est la seule beauté."
(Les Ombres errantes, p.144)
La fascination est, face à l'énigme, l'emprunt réitéré du même circuit neuronal. Elle peut tourner au trouble compulsif obsessionnel. Elle peut caractériser aussi l'attachement amoureux. En cela l'amoureux est d'abord celui qui se fascine. Il a suffi qu'elle tourne la tête pour que je me dise que j'avais pour cette personne plus d'affection que je ne le pensais jusque là. Aussitôt que la fascination amoureuse vous flanque son coup d'aile froide dans la poitrine, la machine ontologique du langage forge l'être de cette fascination. Il permet de nommer ce qui vous méduse. Sinon, faute d'explicite, vous devenez fou.

4.
La conscience est une machine virtuelle qui permet à la machine aléatoire du cerveau de se connecter au réel et de le comprendre grâce à la machine ontologique du langage.

5.
En général, quand quelqu'un, s'adressant à moi, commence une phrase par "Dis donc, Patrice...", je m'attends à des reproches. C'est ainsi que, sans même réellement penser à la valeur de la conjonction "donc", on relie le dire à la nécessité diachronique. On demande des explications, car il s'agit de répondre aux énigmes ; c'est qu'il faut continuer à pouvoir circuler librement en ville.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 mars 2012

 

Partager cet article
Repost0
31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 08:14

L'ÊTRE EST DANS LA RELATIVE

1.
"L'univers est un tissu d'images qui sont illusoires."
(Pascal Quignard, Les Ombres errantes, folio n°4078, p.73)
Ce qui renvoie à l'étoffe des songes. De quand date cette défiance du réel ? Peut-être du moment où le langage s'est mis, comme l'araignée de la toile, à filer de la conscience réflexive ? Dès qu'il n'y a plus eu seulement oeil, mais regard. Tissons-nous ? Sommes-nous tissés ? Est-ce nous qui nous défions du réel, ou est-ce le réel qui de nous se défie ? Le complément du nom est ambigu. Sottises peut-être tout ça, sottises d'un dieu induit par une relative.

2.
"... dans l'abri de l'ombre, dans le secret..."
(Les Ombres errantes, p.103)
Empêcher les neurasthéniques de s'enfoncer dans "l'abri de l'ombre et le secret de soi-même" est une des fonctions assignées au travail. En cela, le service public remplit plutôt bien son rôle en protégeant des agents qui dans le secteur privé seraient sacrifiés à la réalité économique. Cependant que l'on voit poindre, çà et là, les museaux pointus de fins renards tout prêts, si cela peut servir leur carrière, à faire chuter le soudain décalé.

3.
J'admire qu'avec si peu de choses on fasse des romans. J'admire qu'il y ait autant de lecteurs pour ce si peu de choses.

4.
"l'ombre l'angle"
(Les Ombres errantes, p.165)
Deux mots peuvent suffire. Deux mots dans le bruit blanc qui trame le silence. "Je t'aime" a aussi cette fonction de détacher l'être de la lourdeur des heures, de le retenir, d'empêcher qu'il se laisser emporter par le flux.

5.
J'attends que le réel se débarrasse de moi comme le balai du mouton.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 mars 2012

 

Partager cet article
Repost0
22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 06:20

APRES, PLUS DE RETOUR

1.
Publication récente (septembre 2011) : les Aphorismes de Franz Kafka en édition bilingue. Ce qui est, le bilingue, toujours intéressant - et dans le cas des grands auteurs, c'est même essentiel - de pouvoir les lire dans la langue même qu'ils ont rêvée, avec laquelle ils se sont dépêtrés avec l'être, les fantômes et leurs ombres. (Franz Kafka, Aphorismes, éditions Joseph K., traduction française par Guy Fillion, préface de Alain Coelho, France, 2011).

2.
Bon, à titre d'exemple, je vous en livre un (le commentaire qui suit est de ma pomme, vous aurez reconnu, vu qu'ça tourne vite paradoxe et fantaisie).
"Von einem gewissen Punkt an gibt es keine Rückkehr mehr. Dieser Punkt ist zu erreichen." (Frank Kafka, Aphorismes, 5).
Vrai que nous sommes ce point à atteindre ("dieser Punkt zu erreichen"). Après, plus de retour ("keine Rückkehr mehr"). Ce qui importe réellement dans notre existence, ce sont ces points à atteindre, ces instants où l'on devient ou on ne devient pas, où l'on choisit ou on ne choisit pas, où l'on décide ou on ne décide pas. Puis le plus de retour nous incline à penser que nous n'avions guère le choix. C'est en se laissant fasciner par son passé que l'on abdique sa liberté. C'est ainsi que le passé tue l'histoire.

3.
Les écrivains dont la phrase n'incite pas à rêver, ne vous en flanque soudain pas des ombres courant sous la pluie et des étés qui n'en finissent pas, les écrivains qui ne vous peuplent pas d'images mentales et d'éclats de l'ailleurs, ne sont pas des écrivains mais des journalistes. Dans le cas de Franz Kafka, toute sa prose est un gigantesque ailleurs, sec et osseux, une trouble et longiligne étrangère, regard noir perçant (d'ailleurs, elle plisse les yeux).

4.
Où ai-je entendu dire que Kafka riait en lisant ses propres textes ? L'ai-je rêvé ? En tout cas, je l'imagine assez, le mélancolique, se moquant du respect ridicule pour l'autorité qui empêche le petit homme de franchir la porte et qui le condamne ainsi à attendre, jusqu'à la fin de sa vie, la bonne volonté d'un gardien qui n'est légitime que par le respect ridicule qu'inspire son statut de fonctionnaire. C'est là le but ultime de toute administration, ne l'oubliez pas, libres lecteurs, filtrer toutes les entrées et toutes les sorties pour finir par n'accorder le droit de passage qu'aux seuls usagers qu'elle aura elle-même, la toute puissante administration, distingués.

5.
Un aphorisme encore :
"Die Tatsache, dass es nichts anderes gibt als eine geistige Welt, nimmt uns die Hoffnung und gibt uns die Gewissheit." (Franz Kafka, Aphorismes, 62).
Douter de tout revient à promulguer le règne de l'esprit ("eine geistige Welt"). C'est ainsi que le "Que rien n'existe" nous ôte l'espoir ("nimmt uns die Hoffnung") d'un monde libre pour nous refiler "la certitude" ("gibt uns die Gewissheit") que le monde n'est que spéculation, calcul, gestion.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 mars 2012

Partager cet article
Repost0
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 16:50

TARTE A LA CREME

172.
J'aurais certainement plus pensé "Je ne vous aime pas" que dit "Je t'aime".

173.
Je ne puis guère écrire "je t'aime" sans penser "tarte à la crème" et conséquemment sourire.
Ma compagne est la seule à qui j'ai dit "Je t'aime" sans sourire bêtement. Du coup, le dimanche, elle fait des tartes à la crème.

174.
Jadis, le professeur était un mécanicien qui, par la répétition des exercices, induisait des réponses de plus en plus pertinentes. Le pédagogisme triomphant l'a transformé en simple manipulateur déployant une batterie d'effets qui distraient l'esprit plus qu'ils ne le concentrent.

175.
Ressources humaines : Gérer les jalousies, organiser les rivalités puisque c'est ainsi que les hommes vivent. Sinon, ils s'entretuent. Ou s'autodétruisent.

176.
Je me souviens de cet enfant cancéreux qui torturait les animaux. Sans doute voulait-il voir à quoi ressemblait sa douleur.

177.
Cet enfant qui n'était que douleurs, en torturant chiots, chatons, oiseaux, que cherchait-il ? Le visage de la foudre peut-être, ou la colère du dieu.

178.
On n'est jamais démasqué que par son propre masque.

179.
Soyons francs, nos amis relèvent plus du hasard que de la nécessité. Et nos amours aussi sans doute.

180.
Ce n'est pas la vérité qui est ailleurs, c'est nous qui sommes à l'ouest.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

Partager cet article
Repost0
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 16:21

ÊTRE AVEC LES AUTRES

166.
La nostalgie, ce n'est jamais que du soi-même qui revient vous tirer par la manche.

167.
Exister, c'est d'une pointe à l'autre, parcourir un losange.

168.
Je ne devrais pas me fâcher et encore moins vitupérer. On est si vite dévoré par le sphinx qu'il vaut mieux consacrer son temps aux énigmes plutôt qu'aux évidences des imbéciles.

169.
Je déteste tant la manipulation que je tends à considérer les mauvais tours de la caméra cachée comme des attentats à la dignité humaine.

170.
Être avec les autres, c'est subtilement se consacrer à l'art difficile de la manipulation. Je m'étonne toujours que l'on trouve cela normal. J'ai tort de m'étonner puisque, intervenir, c'est manipuler, et que l'on ne fait pas - n'est-ce pas ? - d'omelettes sans casser d'oeufs, ni de Bon Dieu sans casser d'âmes.

171.
Non-dit des amours adolescentes : Un temps, Jojo soupçonna Lulu de s'inventer des petits copains pour l'écarter, puis de regretter cette invention et de s'en vouloir alors de l'éloigner, le gentil Jojo, lequel frisa le vertige quand il se rendit compte que l'invention pouvait tout aussi bien s'adresser à d'autres garçons dont Lulu regrettait avec la même sincérité sans doute l'éloignement soudain. Il s'est alors demandé si celui qui aurait l'honneur de la baiser (car les adolescents ne pensent qu'à ça) ne serait pas le restant proche malgré tout. Mais comment aimer sans risques une telle manipulatrice ? C'est-y pas beau et n'en voilà-t-il pas un bon argument (ne dit-on pas pitch aussi ?) pour une série télé avec plein de jolis acteurs dedans ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

Partager cet article
Repost0

Recherche