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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 15:29

DU REGARD DES BÊTES

161.
"Suis-je en toi cadavre ou volcan ?" (Cioran, Le Crépuscule des pensées)
En fin de compte, c'est tout un : de la matière agitée de particules aléatoires et aussi paradoxales qu'un chat mort et vivant dans une boîte mystérieuse.

162.
"la solitude résignée du regard des bêtes" (Le Crépuscule des pensées)
C'est Roland Barthes, je crois, qui disait qu'un chien était un "noeud d'affects". Oh le regard désolé de mon chien quand je hausse le ton, la crainte que je lis dans ses yeux d'un réel qui deviendrait soudain intranquille, insupportable. Alors je le caresse, je le rassure. Mon chien me rappelle la nécessité de la maîtrise.

163.
"Il a l'air plus posé, Patrice, plus sûr de lui-même..." Evidemment, cette remarque, il ne m'a guère fallu de temps pour la démentir. Rapidement, le toutou foufou qui court partout et aboie pour un rien puis s'enfuit quand on fronce les sourcils, est revenu me hanter dare-dare. Je devrais rédiger une grammaire cynique.

164.
"la solitude résignée du regard des bêtes".
Il y a le goret volant, il y a aussi la vache dans la paix brumeuse de la campagne anglaise, les années soixante-dix et l'album Atom Heart Mother de Pink Floyd.
Note : Je me souviens bien du léger mépris un peu amusé qui apparaissait sur le visage de mes professeurs lorsque, lycéen, je leur disais tout le bien que je pensais de la musique de Pink Floyd. Cette année, - nous sommes en 2012 - l'album dit "album aux vaches", le très bon Atom Heart Mother figure au programme des oeuvres musicales du baccalauréat.
Je m'en réjouis et suis bien content de préférer les expérimentations pinkfloydiennes à l'emphase des derniers disques de Léo Ferré.

165.
"son orgueil mélancolique" (Le Crépuscule des pensées)
La mélancolie serait-elle un orgueil ontologique, l'être persistant malgré sa faiblesse et la fuite de ses possibles ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 14:41

S'ILLUSIONNER AU POSSIBLE

151.
Nous nous arrêtons parfois à nos erreurs comme à des étapes dans une auberge hors de prix.

152.
"jusqu'où il peut se dispenser du monde" (Cioran, Le Crépuscule des pensées)
C'est que le monde nous est aussi indispensable que le philtre d'amour à Tristan.

153.
Lire Cioran, déchiffrer l'orage.

154.
Tomber amoureux, c'est s'illusionner au possible.

155.
"Que faire avec tant de moi ?" se demande quelque part le spéculatif Cioran. Que faire en effet avec cette intelligibilité de moi-même, qui m'obsède, me remplit de rêves qu'assez systématiquement dément le réel, jusqu'à les masquer, les autres, lesquels en font une aussi, de belles brochettes de moi.

156.
Vous ne voulez pas de mon amitié. Je n'aurai donc pas l'honneur de me disputer avec vous.

157.
Je suis doué dans le genre qui-c'est-y-qui-se-retrouve-tout-seul-?-C'est-bibi-toto. C'est que je ne me laisse guère guider mes amitiés par les circonstances. Je suis fidèle, à ma manière, à des personnes que je n'ai pas vues depuis dix ans, et je garde pour eux une affection sincère, cependant que des gens que je vois tous les jours quasi finissent par m'encombrer.

158.
Seigneur, toi qui, paraît-il, pardonne les offenses,
Pardonne-nous nos lâchetés,
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont lâchés.

159.
Chaque jour est une somme de petites lâchetés que nous appelons choix.

160.
Un type bien est quelqu'un qui fait face aux soucis, résoud au mieux ses problèmes, sans trop enquiquiner les autres, sans que ses défauts soient réelle nuisance et qui ne fait pas état, à tout bout de champ, de ses qualités et de ses réussites. Bigre, diagnostic sévère pour ma rustre pomme. J'espère bien être en-dessous de ce que j'écris, sinon, c'est que je ne suis vraiment pas grand chose.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 12:37

DU SAULE ET DU SEUL

146.
Le signifié est une illusion efficace.

147.
"à l'ombre d'un saule pleureur" (Cioran, Le Crépuscule des pensées)
La langue française permet la paronomase du saule et du seul. C'est pratique pour qui est enclin à se lamenter sur sa destinée, ses amours défaillantes, l'injustice du sort, le prix du beurre et l'écharde dans le doigt ; il peut ainsi se comparer au saule solitaire qui les pleure, ses rivières vertes sur le sol où il persiste à exister comme un prince en exil en proie à la nostalgie.
Note : J'avais, moi aussi, mon saule pleureur. Las, il était malade. On a dû l'abattre (snif).

148.
Le plus difficile est de faire bonne figure. On finit toujours par l'exagérer, sa bonne figure. On passe alors du savoir-vivre au masque à carnaval, du bon ton au mauvais goût. Non, décidément, mieux vaut savoir rester seul. Du reste, n'importe quelle enquête criminelle relatée à la télé me rappelle que les assassins sont parmi vous, et qu'en plus, très souvent, insoupçonnables.

149.
Le "J'aime bien Machin, mais..." est le prélude à un réglement de comptes qui peut s'avérer féroce. De toute façon, nous aimons toujours avec un grand Mais. Tout dépend de l'équilibre entre notre affection et le mais qui la contrebalance.

150.
"Le drame de devoir traduire dialectiquement les hommes" (Le Crépuscule des pensées)
Qu'est-ce qu'il n'inflige pas à son esprit, le bipède réflexif ! Bah, ça le distrait du gouffre...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 11:41

AVEC LE DOS DU HERISSON

141.
Il n'y a pas d'avance, quand on écrit, il faut y aller avec le dos du hérisson.

142.
"Comme si la mer était faite pour les hommes !" (Cioran, Le Crépuscule des pensées)
Rien n'existe pour nous. Nous ne sommes pas le but de la nature. C'est nous qui faisons le monde, à notre mesure. C'est qu'il s'agit de le plier, le réel, et de nous le mettre dans la poche. C'est ainsi que nous rêvons le monde et que nous le réalisons. Puis la catastrophe déclenche ses avalanches et nous balaie.

143.
L'aphoriste : un fileur d'Ariane, un semeur de pierres, un lanceur de couteaux, un projectionniste des éclairs.

144.
Nous collectionnons les éclats des murs contre lesquels nous nous cognons.

145.
La musique annote le temps. J'ai entendu, il y a quelque temps déjà, un journaliste expliquer qu'un physicien lui avait confié qu'à son avis, la musique modifiait le temps. Que la musique modifie notre perception du temps, cela relève de l'évidence. Mais que la musique transformât le temps, voilà qui est singulier. A moins que le temps fût un pur apparaître. Nous vivons dans un espace que nous modifions sans cesse. La vitesse de ces infinies micro-modulations est exprimée par la perception d'un être en dehors de nous, et qui pourtant dépend radicalement de nous, comme nous dépendons radicalement de lui. Le chat alors, c'est nous, et la boîte à poison n'est opaque que par son impossible définition.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

 
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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 09:14

CONJUGAISON DES VERTIGES

136.
Notre rapport au temps est indissociable des rapports que nous entretenons avec les autres. Le but de toute société est de synchroniser des êtres dont le rapport au temps peut considérablement différer. De là sans doute tous nos bonheurs, nos malheurs et nos lapins.

137.
La maîtrise de notre être dépend de notre maîtrise des verbes tant il est vrai que, parfois, nous nous conjuguons mal.

138.
"entre une géologie du ciel et une théorie de la terre" (Cioran, Le Crépuscule des pensées)
Voyez comme le couteau du langage retourne la peau du réel, et flanque le ciel par terre et fait de la terre une utopie aussi sidérante qu'une île volante actionnée par des êtres qui s'expriment par figures géométriques et motifs musicaux.

139.
Par sa brièveté et sa concision, sa rythmique et l'étonnement qu'il suscite, l'aphorisme est plus proche du poème que bien des longueurs éprouvantes et rimées.

140.
"chaque fois que le vertige me tente" (Le Crépuscule des pensées)
Chaque fois que le vertige me tente, je devrais penser que nous ne sommes jamais que des vers de terre pourvus d'un système nerveux fragile et persistant, ou, comme me le dit un jour un médecin, des poches de gaz. Oui, mais voilà, il y a la conscience, la redoutable conscience qui fait du noeud de vipères une charmante compagnie, de l'autre une source de vie, et d'un bête caillou dans l'espace un motif de rêverie.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 08:27

ET QUELQUE CHOSE ARRIVE

131.
Je ne puis voir quelqu'un souffrir par amour sans en éprouver envie de rire et vague mépris. Quand moi-même je suis pris, chipé, floué, il me semble souffrir d'un malaise existentiel si profond que je m'en sens aspiré façon tourbillon des sept boules de cristal. Ce n'est pourtant qu'un battement d'ailes froides dans la poitrine, le drôle d'oiseau de nous qui s'agite un peu.

132.
C'est par ennui que nous tombons amoureux. On a besoin que quelque chose arrive, et quelque chose arrive, fatalement. Les gens qui ont des problèmes, je veux dire de vrais problèmes (de santé, d'argent, de survie) ou qui ont charge d'âmes n'ont pas le temps de tomber amoureux. Si cela arrive, c'est par nécessité, non par ennui.

133.
Remettre la romance à plus tard est sans doute ce que, la plupart du temps, nous avons de mieux à faire. Et pourtant, on finit, un jour ou l'autre, par s'en mordre les doigts, par sentir passer l'aile froide là, quelque part, à l'intérieur, où ça fait mal-être soudain.

134.
L'aphoriste est un intuitif du cordeau.

135.
Nous conjuguons toute notre vie ; nous nous situons ainsi plus ou moins efficacement par rapport au temps.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2012

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 18:47

GAMBADANT SUR NOS CENDRES

116.
Certes, il se peut qu'un aphorisme ne soit parfois qu'une sottise, un pétard mouillé, un contresens. Son avantage est toujours sa brièveté cependant que bien de longs et lourds volumes ne sont que bêtises et collections de platitudes.

117.
"un climat d'épuisement" (Cioran, Précis de décomposition)
Agitation et omniprésence du masque politique : c'est qu'il s'agit de distraire du climat d'épuisement.

118.
"Que le vide s'étende entre mon coeur et le ciel !" (Précis de décomposition)
C'est ce qu'il s'est inventé, l'humain, le fil invisible de l'âme, pour relier le muscle cardiaque à l'immensité du ciel.

119.
"Dans ce monde rien n'est à sa place" (Précis de décomposition)
Nous sommes au monde pour régler les affaires du monde. Chacun son lot et surtout, que rien ne reste en place, que rien ne soit réellement à sa place, que tout bouge tout le temps, que ça s'vertiginise d'abondance et dans tous les sens, sinon, nous n'avons plus qu'à disparaître.

120.
"insensible aux pressentiments des chutes et de la vie" (Précis de décomposition)
Le manipulateur le plus subtil est celui qui sait lire dans les pressentiments de ses marionnettes.

121.
"Celui qui ne consent pas à son néant est un malade mental" (Précis de décomposition)
Ou un goret volant gonflable qui refuse de s'envoler.

122.
"gambadant sur nos cendres" (Précis de décomposition)
On gambade, on y gigue même, sur nos cendres, on foule le phénix. On prépare ainsi sa couche d'où jaillira cette nouvelle flamme, l'autre.

123.
"nous abritons des intolérances" (Précis de décomposition)
La belle affaire ! Abriter des intolérances, ce n'est jamais que fermer la maison, se protéger des climats orageux, des nuiseux, des fâcheux, des calamiteux.

124.
Il arrive que quelqu'un se soit échappé de lui-même en ayant laissé la clé à l'intérieur.

125.
Il s'est littéralement enfermé en dehors de lui.

126.
Il arrive que certains se désertent pour aller prêcher dans la folie.

127.
"la magie du suicide", la sorcellerie de la folie : ces fascinations sont très loin de moi. Pourtant, d'autres plus assurés que je ne le suis se sont laissés fasciner jusqu'à dégringoler d'eux-mêmes.

128.
- "Tu sais, je vais me ressaisir...
- Mais enfin, comment ? Tu n'as jamais été saisi !"

129.
Un aphorisme est une réplique que l'on se fait à soi-même, sur la scène du théâtre du seul.

130.
"La vie intérieure est l'apanage des délicats" (Précis de décomposition)
Je n'avais pas vu qu'il se fascinait pour cette jeune femme. A posteriori, c'était évident. On n'y pense pas toujours que ceux que l'on n'apprécie pas puissent tomber amoureux.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2012

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 17:36

EN PASSANT PAR LE DIABLE

106.
"je construis une forme d'univers" (Cioran, Précis de décomposition)
Dieu forma une infinité d'univers dont un seul lui parut divinement possible. Le Diable passant par là récupéra tous les autres et les sema dans l'imagination des humains.

107.
On ne souligne pas assez le rapport de cause à effet qui constitue ce vers de Mallarmé : "La chair est triste, hélas ; et j'ai lu tous les livres".
Il faut évidemment lire :
La chair est triste vu que j'ai lu tous les livres.

108.
J'aime faire dire aux auteurs ce qu'ils n'ont pas voulu dire ; et cela en vertu d'un adage que je ne connais pas, mais qui doit bien exister quelque part.

109.
L'humain est l'autodérision de Dieu.

110.
Nous vivons comme si nous étions ici et maintenant.

111.
Rien n'est sûr que notre propre certitude, laquelle ne se fonde que sur des illusions.

112.
Être amoureux, c'est s'imaginer savoir ce que l'autre pense savoir de vous.

113.
Ecrire est un malgré tout le reste, dont on se nourrit, et qui nous en impose, de ces obligations dont la morale tend à faire des impératifs.
De fait, écrire est une rustrerie. A moins d'être un professionnel de l'écriture, ce qui est une autre affaire.

114.
"Personne ne voit que vous vivez d'avance vos funérailles" (Précis de décomposition)
Surtout si vous êtes sur le point de vous marier.

115.
"La psychologie est le tombeau du héros." (Précis de décomposition)
Dieux antiques, dynasties tragiques, guerriers de l'Iliade, monstres de l'Odyssée, la psychologie les a fait passer du royaume des lettres au cabinet du psychologue. Plus question de style, mais de complexes ; plus question de légende, mais de diagnostic. D'ailleurs, toutes ces figures ne sont plus maintenant que figurines à illustrer les manuels scolaires et les boîtes de chocolat en poudre. Les dieux sont morts et qui lit encore Malpertuis ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2012

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 16:59

PAN !

101.
J'aimerais assez que mon dernier mot fût "Pan" ! Deux raisons à cela :
- Ce serait une allusion bien sûr, et énigmatique à souhait, à la célèbre formule selon laquelle "le Dieu Pan est mort".
- Et puis, cette onomatopée - Pan ! - m'a toujours amusé ! C'est ce que mon père avait coutume de dire lorqu'à table - "Pan ! Ah bin voilà ! - il se tachait. C'est ce que les gamins disaient aussi du temps où ils jouaient encore aux cow-boys et aux indiens : "Pan t'es mort !".

102.
"une stagnation de notre vitalité" (Cioran, Précis de décomposition)
L'être que nous jouons, nous le sommes, jusqu'à l'os. Après, c'est du stop and go, du yoyo, de la morale à élastique, du sincère remords et du tombeau des regrets.

103.
"la malédiction lumineuse de l'esprit" (Précis de décomposition)
Un sphinx se trimbale sur notre dos. C'est lui qui voit. Nous, aveugles qu'on est. C'est lui qui voit, c'est lui qui dit. Nous, nous répétons, en bafouillant, en bégayant, en nous gourant et on appelle ça lucidité ; on manque pas d'air !

104.
"pour en finir avec le tout" (Précis de décomposition)
Et avec son contraire, lequel est une partie du tout. Vous me direz que ça nous fait une belle jambe, mais vous le savez pourtant, ça, que je m'amuse d'un rien.

105.
Je pense effectivement qu'il y a un prix à payer. Plus j'écris, plus je me plais à écrire, moins je suis à l'aise dans le hors-texte du monde, moins je supporte les bavardages et plus je me moque des pseudo-nécessités. J'ai de plus en plus l'impression de m'être embarqué dans une chasse aux fantômes où le seul spectre, c'est ma pomme.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2012

 
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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 16:23

DRAGON TEMPS

91.
La vision récurrente des camps de concentration à leur libération a remplacé le memento mori des classiques par un bien plus terrible "souviens-toi du comment de leur mort".

92.
Le Temps, une série de coups de dés qui donnent toujours le même résultat jusqu'à ce que

93.
Et si l'univers était une expérience de laboratoire ? Un exercice de probabilités ? Un pensum pour les rejetons des dieux ?

94.
"Dieu ne joue pas aux dés" (Einstein) ; "Jamais un coup de dés n'abolira le hasard" (Mallarmé) : Je ne peux entendre l'une de ces citations sans penser à l'autre comme si de deux propositions contraires, l'une au moins n'était pas fausse.

95.
La civilisation, un chevalier face au dragon Temps.
J'ai écrit jadis ce vers : "Et le temps referma ses ailes de dragon."
Je le complète maintenant ainsi : Et son souffle brûla toute herbe du passé.
Ce rayonnement fossile n'est pas le passé mais la brûlure du passé.

96.
"pour ouvrir cette foire des temps" (Cioran)
Le caractère visionnaire de bien des instantanés du vertige m'épate : que le temps soit multidirectionnel, voilà ce qui semble ressortir de ce qu'il me semble avoir pigé de ce que j'ai lu çà et là sur la foire aux particules de l'infiniment quantique.

97.
Je me demande si, quelque jour, un observateur de l'infiniment quantique ne s'est pas écrié : "Ce n'est pas possible, c'est une farce !". C'est peut-être ça, cet humour que l'on croyait contraire à l'idée de Dieu. A côté de cette prodigieuse cour des miracles, de cette foire des temps, la Bible, c'est du sinistre esprit de sérieux.

98.
"Les grands systèmes ne sont au fond que de brillantes tautologies." (Cioran, Précis de décomposition)
Voilà pourquoi je me suis tant ennuyé à l'école.

99.
Si nos grands auteurs, et nos grands commentateurs, avaient employé la foudre des aphorismes plutôt que l'océan des idées, les études de lettres seraient beaucoup plus intenses et sembleraient plus courtes à "l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis" [Baudelaire].

100
L'univers, une patience. Qui réussit (ou pas). Un jeu du solitaire.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2012

 

 

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