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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 05:06

PEUT-ÊTRE PAR DEPIT DE L’ABSENTE BEAUTE

Désirs.
Les désirs deviennent ce que nous sommes ; ils épousent notre peau, « comme on ne fait qu’un avec l’instrument de ses sortilèges » (Mallarmé, Le Nénuphar blanc in Igitur Divagations Un coup de dés, Poésie/Gallimard, p.93).
Epatant, ce mot « instrument », qui évoque la musique et les « sortilèges » que la musique délie. Les désirs deviennent ce que nous en faisons. Le désir pur n’existe pas.

 

Musique.
C’est par goût, par plaisir du frisson que nous aimons la musique et l’arbre de ses énigmes. Mallarmé : « leur croissance visible s’accompagne malgré l’air immobile, d’une plainte de violon qui, à l’extrémité frissonne en feuilles » (Autrefois, en marge d’un Baudelaire, Poésie/Gallimard, p.109) : c’est sans doute ce frissonnement de l’être que nous épions, énigme dans la musique.

 

Immobile.
Malgré l’air immobile, les cercles tournent et jouent Le Sacre du printemps.

 

Technique des énigmes.
On ne peut réduire l’art à une machine à produire des émotions. L’essence de l’art n’est qu’accidentellement émotionnelle et relève avant tout de la technique des énigmes, qui est une manière de manifestation de l’être.

 

Danse.
Nous passons notre temps dans des espaces imaginaires. Le spectacle occupe ainsi plusieurs niveaux :
-          l’espace réel des médias,
-          l’espace imaginaire du ressenti, de l’affect, de l’œuvre au noir de l’inconscient,
-          l’espace idéologique,
-          l’espace téléologique, cette métaphysique des mœurs qui bénit notre pain quotidien.
Le lieu même de la critique de cette boîte à spectres est la musique qui montre sans démontrer, prouve sans prouver, dénonce sans mots, révèle, dévoile.
Mallarmé a écrit ceci qui m’impressionne :
    « La danse seule, du fait de ses évolutions, avec le mime me paraît nécessiter un espace réel, ou la scène. » (Divagations, Poésie/Gallimard, p.208).

 

Loin.
Mon Dieu, comme je me sens de plus en plus loin de vous.
L’arbre à ombres qui s’agite ainsi, pour qui secoue-t-il ainsi le tambourin de ses syllabes ?

 

Dépit.
La beauté, quel charabia pour qui ne peut la comprendre. Quelle charade pour qui l’entrevoit et ne peut, éloigné qu’il est, espérer en saisir guère plus que des miettes, une volée de signes.
Ecrire, c’est éprouver son dépit.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mai 2009

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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 15:57

MODERNE MAUVAISE FOI

Voie ferrée.
Arbres. Nous filons entre.
Les trains nous portent où le monde est à faire.

 

Un mauvais coup.
L’expérimentation du contrôle continu dans certains lycées serait un mauvais coup à la valeur des diplômes. Quel proviseur accepterait de faibles taux de réussite au baccalauréat, puisque justement le contrôle continu lui donnera la possibilité d’améliorer ces résultats jusqu’aux limites de l’improbable ?

 

« vieux, vieille »
A la modernité qui s’appuie toujours sur un rythme, ce rythme qui dans les films, les chansons, les affiches, la signale au spectateur, répond l’adjectif « vieux, vieille » que les jeunes gens actuels emploient pour désigner ce qu’ils ressentent comme un empêchement à la modernité à laquelle, leurs serinent les idéologues de tout bord, ils auraient naturellement droit. Ainsi, une « vieille note » en argot scolaire, c’est une mauvaise note, un « vieux film, c’est un –fût-il récent – mauvais film.
Ce qui est vieux, c’est ce qui ne semble plus correspondre à ce rythme en vigueur qui soutient l’air du temps. De là sans doute l’importance de la musique monorythmique dans nos modernes quotidiens.

 

Modernité.
Le mot modernité suggère que l’aujourd’hui est une réinvention du monde, l’heure du vierge, du vivace et du bel aujourd’hui pour reprendre Mallarmé, ce qui ne date pas d’hier. Mais qu’est-ce qu’aujourd’hui sinon la préhistoire des futurs improbables.

 

Improbables.
L’Histoire est une suite d’improbables. La grande naïveté, c’est de vouloir la réduire à une globalisation, à un ensemble de lois. Les événements qui suivent les thèses prophétiques les démentent d’ailleurs presque toutes, ces si savantes et profondes et sérieuses thèses.

 

Mauvaise foi.
La mauvaise foi est notre manière habituelle d’être. Elle a ce mérite cependant d’être porteuse d’un regard assez critique qui lui confère ses lettres de noblesse.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 mai 2009

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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 03:50

LIBERAL, ORGUEILLEUX ET PAS GENTIL EN PLUS !

Orgueil.
Insupportables, ces gens qui considèrent comme tout à fait normal, « naturel », qu’on leur rende service.
Difficile à supporter longtemps aussi, l’insondable naïf qui croit vous obliger en vous rendant service.
Le capitalisme consiste à mettre assez d’argent de côté pour tenir à distance éternels assistés et bonnes âmes.
L’orgueil est l’âme même du capitalisme.

 

USA
Les Etats-Unis de ce début de XXIème siècle me semblent arrivés à ce point où l’histoire réelle des Amériques tend à disparaître derrière la perfection de la mise en scène. J’en arrive à me demander si ce n’est pas là le prélude à un déclin inéluctable : on fait le beau pour la galerie tandis que le cancer nous grignote.
Le Roi-Soleil fut l’apogée de la représentation de l’idéal monarchique français. Ensuite, tout fila très vite vers la guillotine et les empires de l’ogre.

 

« naturellement ».
L’adverbe « naturellement » est une des clés du « droit naturel » des gens à  se bouffer le nez.

 

Culture.
L’humain ne renvoie jamais qu’à lui-même. Il appelle cela culture.
L’acte dit inhumain est donc aussi humain que tout le reste. Mais de même qu’il est utile de se référer à une « morale provisoire », à une « décence ordinaire », à une « pitié naturelle », il est éminemment utile à la communauté des vivants de considérer qu’il y a dans certains meurtres une « inhumanité de fait ». La reconnaissance de cette inhumanité au cœur des hommes permettrait de rétablir la peine de mort et ainsi de nous débarrasser d’une poignée d’humains assez inhumains.
Que l’on ne vienne pas m’objecter de l’impossibilité morale qu’il y a à tuer son semblable, vu que cette impossibilité-là me semble largement noyée dans cette impossibilité morale généralisée dans laquelle nous pataugeons et qui fait chaque jour l’essentiel des actualités.

 

Animal.
L’humain est un animal empêché.
Pourrais-je écrire « refoulé » ?
Peut-être. Je n’en sais rien. Du reste, qu’importe.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 mai 2009

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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 23:45

DE L’ETERNELLE ADOLESCENCE A L’IRREEL

 

Eternelle adolescence.
Ce qui se prolonge à l’âge adulte : le regret d’un temps passé, l’âge du lycée, c’est-à-dire un privilège des Trente Glorieuses, l’école n’ayant pas encore pris ce tour tragique qu’elle a aujourd’hui, cette nécessité de diplômer coûte que coûte, vaille que vaille.

 

Lucidité.
Charles Kenneth Williams traduit par Claire Malroux intitule un de ses poèmes « Conscience » (Chair et sang, Orphée, La Différence, pp 34-35) dans lequel il exprime cette prise de conscience, en effet, de cette comédie que nous nous jouons à nous-mêmes : « Dans combien de misérables petits drames de la vie qu’en pensée je me joue suis-je méprisable, / impardonnable, faisant de tout : amour, famille, amitié, un négoce, un commerce, une marchandise » (« In how many of the miserable little life dramas I play out in my mind am I unforgivable, / despicable, with everything, love, kin, companionship, negotiable, marketable, for sale »). Il nous semble souvent que cette comédie, nous sommes seuls à la jouer, et nous admirons la franchise et l’honnêteté des autres. D’ailleurs, que l’on avoue cette comédie et nous voilà regardés de travers, soupçonnables. Mais franchement, vous autres qui me lisez, êtes-vous si sûrs d’être moins indifférent que moi ?

 

Reflux.
Je descendais ces escaliers du Lycée lorsque me revint cette impression, ce relent, ce reflux d’une odeur, celle liée à la lecture des romans d’Agatha Christie, il y a longtemps, dans mon adolescence. Baudelaire a raison : les parfums, les odeurs, lorsqu’ils ne sont pas happés par l’omnipotent présent, enivrent, nous replongent quelques instants, à peine quelques instants, dans ce goût que nous gardons de l’ailleurs, fût-il définitivement englouti par le passé.

 

Atome primitif.
« l’univers vidé d’esprit comme moi de mes entrailles » (« the universe shucked clean of mind as I was of my innards. ») : ainsi s’exprime Charles Kenneth Williams dans “The Dream” (« Le Rêve », traduit par Claire Malroux, Chair et sang, Orphée, La Différence, pp. 80-81). Une fois que cette anomalie, la conscience réflexive des humains, aura disparu, alors l’univers n’aura plus aucun sens, plus aucune mesure, plus aucune loi : peut-être alors finira-t-il de se répandre, peut-être son expansion cessera-t-elle et il retournera à son état primitif d’atome, cet infinitésimal quelque chose dans un néant dont il est la preuve ?

 

Pluie.

Ecoutant Erik Satie le magnifique, ou les pièces pour piano de Claude Debussy, je pense à la pluie qui tombe, tombe, n’en finit plus de tisser la toile de fond du passé. C’est que Satie et Debussy renvoient au blanc et gris des images du Paris du début du XXème siècle. Le piano, quelle percussion pluvieuse tout de même…

 

Irréel.

Vu en passant : sur l’écran de la télé, quelques images très grises de la première guerre mondiale, - la mise en marche d’une cavalerie prussienne, ou autrichienne, ou hongroise peut-être -, illustrées par quelques discordances de Pink Floyd que je reconnus si aigues tirées de « A Saucerful Of Secrets » : impression d’irréel panique. Légère trace de malaise.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 14 mai 2009

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13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 06:27

DU TEMPS A LA QUESTION

Du temps haché. – Go. – « personne où aller » - L’autre lieu d’être – Hypothèse sur les tueurs en série.

Haché.
Du temps haché, collection d’affiches lacérées, lanières. On pense au rythme qui structure les élancements, les éclats soudains, les orages après les longs gémissements des bêtes, au troupeau des notes : « Je sens les quais gémir sous le hachoir du temps » (Léo Ferré, Tristesse de Paris, Poète… vos papiers ! folio, p.88).

 

Go.
Le texte, une partie de go. Des bataillons de signes qui s’éparpillent sur la page et qui tissent les figures d’une stratégie que soulignent les surprises de la tactique. Commenter revient à établir la généalogie des figures.
Je ne sais plus quel poète compare l’écriture des poèmes aux variations que constitue une suite de parties d’échecs.

 

« personne où aller »
Entendu dans une chanson d’un certain « Saule » : « Je n’ai personne où aller ». Jolie trouvaille qui fait de l’autre un lieu d’être.

 

L’autre.
L’autre, cet inaccessible lieu d’être. On peut, comme Dom Juan, assiéger et prendre cette forteresse ; on ne peut y demeurer.
Cela ne peut se concevoir que dans les cas de possession maléfique, cette mise en demeure de l’être, ce squat de l’autre, ce parasitage de la conscience, cette aliénation qui ne repose jamais que sur la règle imposée par le plus fort.

 

Question.
Certains tueurs en série tenteraient-ils, à toute force, de faire de l’autre ce lieu d’être dont ils seraient les maîtres absolus ? La mort de leurs victimes programme-t-elle la suite de leurs crimes, car comment demeurer dans un lieu mort ?

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 mai 2009

 

 

 

 

 

 

  

 

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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 09:35

DE L’IMMENSITE A LA ROYAUTE

Immensité.
L’immensité n’est pas plus noire que rien. Qui peut me la dire, la couleur de l’infini ? Guillevic : « Dans cette immensité / Qui nous enveloppe de noir » (Quotidiennes, Gallimard, p.13). Nous attribuons des couleurs aux choses et des habits aux moines car les choses sont sans couleur et les moines sans corps. D’ailleurs, il n’y a ni choses, ni moines ; il n’y a qu’un continuum que le couteau de la langue découpe en tranches, rôti du dimanche.

 

Continuum.
Le continuum, nous l’appelons infini, ce qui ne se mesure pas, ce qui est à démesure de l’humain. L’existence est une perte à l’infini.

 

A quoi bon.
Les animaux sont des « à quoi bons » : fatalité du lion et de la gazelle. Nous nous sauvons, nous, bipèdes réflexifs, en donnant à l’humain cette éthique que les animaux n’ont pas. Que l’on tente de rapprocher l’humain de je ne sais quel naturel animal et l’éthique bientôt s’écroule. En ce siècle de technologies au galop, on ne cesse de trouver de nouveaux instincts à l’humain : « instinct de Dieu », du « Bien », du « Mal », « gène du crime », « gène de la boisson », « intentions du cerveau », etc… Nous voilà livrés aux experts, aux réducteurs phénomènes ; bientôt, on en viendra à des espèces d’individus et l’on retombera dans les épouvantes de la nazification du monde : « A quoi bon », qu’on dira, « sauver les peuples ; ils sont si différents de nous, et nous sommes si nombreux déjà… »

 

Ultralibéralisme.
L’ultralibéralisme est l’adaptation économique du concept de « Lebensraum » (« espace vital ») : le plus fort et le plus nombreux fait de l’autre son objet économique, sa main d’œuvre bon marché, son corvéable à merci.

 

Royauté de la rose.
Guillevic, à propos de la rose : « Alors, pourquoi moi / Je continuerais // A partager sa vie, / Sa royauté, son inquiétude ? » (Quotidiennes, Gallimard, p.15) : « partager sa vie », « la vie en partage » : voilà qui sent son catéchisme républicain à plein nez. C’est vrai qu’ils se le partagent, le Jésus, les croyants, tous les dimanches, le corps du Christ débité en rondelles. Quelle bande cannibale tout de même ! Pour moi, que l’on ne partage que ce qui n’est pas à moi, vu que j’ai l’esprit petit-bourgeois et les poches percées.

 

Royauté de la rose bis
Dire la rose en sa royauté, c’est signifier sa superbe indifférence, sa beauté souveraine. Cependant, si le mot « royauté » n’existait que sous la forme « chtarberque » et le mot « rose » sous la forme « croupou », « la chtarberke de la croupou » ferait moins poétique, pour sûr : la poésie, c’est la haute couture de la langue, les poèmes, ce sont des défilés de modes.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 mai 2009

 

 

 

 

 

 

  

 

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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 12:51

Excuses.
Un de mes élèves de Bac Pro : "Les excuses, ça permet d'accepter les choses."
La grande excuse des humains, c'est leur humanité.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 mai 2009 

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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 07:02

LIBERAL

 

Causalité.
2 + 2 = 4. Le 2 n’induit pas le 4. C’est l’addition qui constitue ici la causalité.
Ainsi, 2 et 4 sont des événements soumis à des lois.
On a déduit de ce fait que les événements historiques étaient eux aussi le résultat de l’application de lois transhistoriques, telles que la lutte des classes par exemple, et on a même pensé qu’il pourrait y avoir une « fin de l’Histoire » résultant de la victoire absolue de l’intérêt général sur l’intérêt particulier.
On a donc cherché à mettre en évidence les lois permettant de comprendre comment l’histoire économique du monde aboutirait mécaniquement à la défaite du Capital et donc à l’avènement de ce qu’on appelle maintenant « l’ordre juste », « la bonne gouvernance », « le commerce équitable » etc….
En mettant ces lois en évidence, on a fait des humains des objets historiques, quasiment des documents, on a créé de toutes pièces une essence laborieuse de l’humain et l’on a ainsi minoré l’individualité du sujet agissant, singulier, doté du pouvoir d’interaction des causes.
Du coup, on a perdu de vue que l’Histoire est justement ce qui passe outre la cohérence des lois.

 

Mensonge.
Le libéralisme est la meilleure manière de rentabiliser le mensonge.
Le communisme a échoué car il a nationalisé le mensonge au lieu de le laisser prospérer.
Jouer en bourse, c’est parier sur le degré de crédibilité du mensonge.

 

Guerres.
Pour le libéral que je suis, toute guerre est une crise qui empêche le commerce et la libre circulation. Mais la guerre est aussi une preuve supplémentaire de l’adaptabilité du libéralisme aux situations de crise. C’est ainsi que les Etats-Unis sont devenus, après 1945, la première puissance économique mondiale.
Cependant, s’adapter aux crises ne veut pas dire les provoquer. Et voilà comment ils se sont enlisés en Irak, ces grands pragmatiques.

 

La gauche pensante.
L’horreur est humaine : l’obligation de solidarité prépare les guillotines.
J’ai souvent l’impression que la gauche pensante et très humaniste veut obliger l’autre, c’est-à-dire nous tous, à être solidaire et ainsi asservir l’idée de liberté à l’idée de solidarité.
La liberté n’est pas solidaire. Je suis solidaire si je le veux. La solidarité n’est donc pas une affaire de liberté mais relève de la seule volonté.

 

Rentabilité.
Le gouvernement qui jette de l’argent par les fenêtres de l’éducation nationale et qui, dans le même temps, prétend rentabiliser le secteur de la santé publique au détriment du nombre d’infirmières, de médecins, de lits disponibles, de structures, de prises en charge et de remboursements, n’est pas loin, à mes yeux tout au moins, de passer pour criminel.

 

Part maudite.
La grande différence entre les socialistes et les libéraux est que les premiers refusent toujours d’admettre que la part maudite de l’économie est structurante. La gauche continue de croire, ou feint de croire, en une économie hautement morale, une égalité totale des chances, une intégration de tous au modèle républicain. Ils refusent ainsi l’évidence : le monde est violent, les humains sont féroces, l’individu résiste à cette obligation de solidarité qu’on veut à tout prix lui inculquer. Il n’y a pourtant ni essence bonne, ni essence mauvaise de l’humain. Non, il n’y a que les faits, qui sont têtus.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 mai 2009

 

  

 

 

 

 

  

 

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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 04:31

DE LA SINGERIE

 

Singerie.
Je me demande si ce n’est pas pour se moquer de nous que le singe nous imite.

 

Incantation.
Le discours philosophique est une incantation. On y évoque d’anciens esprits aux noms imprononçables et aux vérités foudroyantes. Parfois viennent s’y mêler de ces esprits secondaires qu’en deux ou trois phrases l’on renvoie faire la toupie dans les limbes de l’humanité.
Une fois la cérémonie terminée, l’officiant (le philosophe professionnel de la profession des philosophes) est censé apporter une réponse philosophique à une question que lui posa jadis un interlocuteur initié. Il livre sa réponse, bien entendu, vu qu’on n’est pas là pour rigoler.

 

Barbarie.
Que ceux qui pensent que la culture est le meilleur moyen d’échapper à la barbarie relisent l’histoire de l’Allemagne nazie : ils seront édifiés.
Un mélomane n’est jamais qu’un amateur éclairé de musique. Par ailleurs, il peut faire un bourreau tout à fait consciencieux.

 

Férocité.
La férocité dissimulée sous une apparente nonchalance est d’autant plus impérieuse qu’elle est insoupçonnée.

 

Parodie.
L’art ne mime pas le réel ; il le parodie. L’être humain est un tragique humoriste qui applaudit à sa propre parodie, spécule sur sa légitimité, l’étudie et la transmet. Mais là où il est le plus sot, c’est quand il prétend comprendre le réel à partir de cette parodie.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 mai 2009

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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 18:47

DEUX NOTES CRITIQUES

 

Pompe rhétorique.
Roland Barthes évoque dans Le plaisir du texte (Paris Seuil, 1973, pp. 86-87) ces artistes qui passent « à un autre signifiant » : untel est écrivain ; il devient « cinéaste », - le cinéma étant un monstre à mille têtes : cameraman, monteur, réalisateur, dialoguiste, costumier, compositeur, etc… -, il peut tout aussi bien se faire « peintre », « ou au contraire, s’il est peintre, cinéaste, développer d’interminables discours critiques sur le cinéma, la peinture, réduire volontairement l’art à sa critique. »
J’ai pesté moi aussi contre ces longs fleuves érudits de l’interminable critique, contre ces étudiants apprenant le dogme par cœur et parfois ne prenant même pas la peine de lire les œuvres au programme, se contentant du ce-qu’on-en-dit. C’est que l’école apprend à faire long, pompeux, rhétorique, gonflant. Où sont donc les maîtres de la note, du bref, du fragment, du en passant, de l’impromptu, de la savante sottise, de l’haïku comique, de l’évocation sans lourdeur ?

 

Cinéaste.
Il en est du cinéma comme de la littérature : le monde est plein de faiseurs de films comme il est de faiseurs de bouquins.
Jean-Luc Godard a moqué quelque jour cette tendance : « Est-ce que je me mêle de faire de la peinture, moi qui ne connais rien aux techniques des peintres ? » qu’il a dit en substance, le professionnel de la profession.
Nous vivons une époque de créateurs fantômes : ce ne sont plus les gens qui réalisent les œuvres qui les signent ; leur signature valant de l’or, on flatte des gens connus et voilà comment l’histoire du cinéma s’enrichit de nouveaux chefs d’œuvre dont on cause à la télévision.
Encore ai-je entendu un jour un cinéaste « révéler » que bien des films n’étaient en fait que des lessiveuses d’argent mal blanchi.
Il est aussi qu’en dotant l’art de valeurs humanistes, en l’engageant dans les sentiers du politique, du socio-affectif, du psychologisme citoyen, on ne peut que permettre à tout un chacun de s’exprimer artistiquement. Certains enseignants et autres bonnes âmes égalitaristes continuent d’ailleurs à affirmer sans rire que le but de l’enseignement artistique consiste à développer le potentiel créateur présent dans chaque enfant. Cet essentialisme qui suppose une sorte d’inné créatif me semble une vaste blague. On peut apprendre à l’enfant à répéter, à imiter, à adapter, à transposer, à exprimer un mal-être ou une joie, à faire joli, à faire kitsch, à faire moderne, à faire plaisir à son professeur qui pourra montrer tout ça à son Inspecteur qui en conclura que le niveau monte, et cetera et des bien colorées, mais, sans rire, créer, mes agneaux pédagogiques, créer, c’est tout autre chose…  

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 mai 2009

 

 

  

 

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