SIMPLEMENT SOUFFRIR "Ici pas de conscience infinie du moi, de ce qu'est le désespoir, ni de la nature désespérée de l'état où l'on se trouve ; ici, désespérer, c'est simplement souffrir..." (Kiekegaard, Traité du désespoir, traduit par Knud Ferlov et...
L'OGRE DU RIEN 1. "Il m'est arrivé d'avancer que je ne pourrais admirer qu'un homme déshonoré et heureux." (Cioran, Ecartélement, Gallimard, 1979, p.93) Du crachat là-dedans. Du vous qui êtes si honorés, je ne vous admire pas. Dépit ? Jalousie ? Lucidité...
AU FOND DU JARDIN MES PENSEES "Les masques sont silencieux Et la musique est si lointaine" (Apollinaire, Marie) Les visages ne sont pas visages mais Masques et les masques les beaux masques Sont comme des chats tout Silencieux un orchestre d'ombres je...
D'UN AUTRE MONDE III 1. "Nous traversâmes la ville Et rencontrions souvent Des parents des amis qui se joignaient A la petite troupe des morts récents Tous étaient si gais Si charmants si bien portants Que bien malin qui aurait pu Distinguer les morts...
MIETTES 1. "Ce qui est en dehors de mon intelligence n'est absolument rien pour mon intelligence." (Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même traduit par Mario Meunier, Garnier Flammarion, collection de poche GF n°16, VII, 2) De même pour les sentiments. Ce...
CIRCONFLEXES 1. Têtes où circulent les orages et les songes, têtes ramifiées de nerfs, ce sont les calculs de la chair qui les tourmentent de visages foudroyés. 2. Parmi la mauvaise herbe, le lézard à chapeau sait les noeuds de la lenteur et les farces...
D'UN AUTRE MONDE IV (Notes sur La maison des morts de Guillaume Apollinaire) 1. "Une morte assise sur un banc Près d'un buisson d'épine-vinette Laissait un étudiant Agenouillé à ses pieds Lui parler de fiançailles." (Apollinaire, La maison des morts)...
D'UN AUTRE MONDE V (Notes sur La maison des morts d'Apollinaire) 1. "Les musiciens s'en étant allés Nous continuâmes la promenade Au bord d'un lac On s'amusa à faire des ricochets Avec des cailloux plats Sur l'eau qui dansait à peine" (Apollinaire, La...
FAUTE DE PAROLE, ON MEURT SANS CONFESSION 1. "La Fortuna mis tiempos ha mordido" (Francesco de Quevedo y Villegas) Que la Fortune puisse mordre les temps, les années, les mois les heures, les lieux, les visages comme s'ils étaient de simples biscuits,...
TOURNONS DANS LA MORSURE 1. L'un des soucis de l'aphoriste cynique, c'est que n'étant pas toujours dupe (et sans doute jamais assez sceptique) de la maligne bienveillance des autres, il tend à s'isoler cependant que la parole de l'autre lui est nécessaire,...
DE L'OPERA LA-DEDANS 1. "N'est-ce pas parce que nous cultivons la brume !" (Rimbaud, Qu'est-ce pour nous, mon coeur...) "cultiver la brume" : belle expression pour signifier - du moins, c'est comme ça que je la saisis, à contresens sans doute, et alors...
UN GRAND SEIGNEUR EN PUISSANCE (Notes sur les Pensées de Pascal, numérotation : Léon Brunschicg). 1. "L'Ecclésiaste montre que l'homme sans Dieu est dans l'ignorance de tout, et dans un malheur inévitable. Car c'est être malheureux que de vouloir et ne...
EN FEUILLETANT LES INROCKS' (en feuilletant le numéro 860 des Inrockuptibles, livraison du 23 au 29 mai 2012) 1. Page 91 des Inrockuptibles, un article signé Serge Kaganski sur un album d'Iggy Pop consacré en grande partie à la chanson française. Le sous-titre...
LES CIEUX S'EFFILOCHENT Les cieux s'effilochent la fenêtre est ouverte Dans les rayons gigotent de jeune fées jaunes La chanson trottine avec sa souris verte Déboucherai-je une bouteille de vin de Beaune ? Foin des corbeaux je les ai envoyés traverser...
OREILLE DANS LE VENT Je ne suis pas sérieux vu que je n'ai plus dix-sept ans Ce vin est trop bon je vais donc le boire C'est que j'ai perdu une oreille dans le vent Et que les ombres chuchotent mes déboires A quoi donc que ça sert de rimer ainsi Si vous...
A LA VOLEE (-vous danser avec moi mademoiselle ?) 1. "Je porte au flanc la mort, son trait et sa quadrelle" (Aubin de Morelles, Peu à peu s'affaiblit mon écorce mortelle) La quadrelle, c'est la flèche. Et puis, je pense au mot "quadrille". Le quadrille...
LE MASQUE DESIRE LE REGARD 1. "N'avons-nous pas le droit d'insuffler notre âme à ce cadavre?" (Nietzsche, Le Gai Savoir, traduit par Henri Albert et Marc Sautet, Le Livre de Poche, collection "Classiques de la philosophie", n°4620, fragm. 83) L'un des...
ASSIETTE CASSEE 1. Les royautés électriques exigent de leurs sujets matière à hurler dans le vent, contre et avec les loups. 2. Dans le palais, le monstre a longtemps vomi tout en s'adressant à ses visiteurs avec aisance, et même une certaine élégance,...
POUR CE JE VINS 1. La nature est pleine d'être. L'intelligibilité de l'être, c'est la conscience. L'ensemble des processus destinés à comprendre l'être constitue ce que l'on appelle culture. Tous les faits culturels ont l'être pour visée, et non pas la...
C'EST QU'IL S'AGIT DE S'OCCUPER LE FANTOCHE En feuilletant le Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand 1. "Je riais d'entendre un esprit que trempait l'averse" (Aloysius Bertrand, Le falot) Un esprit que trempait l'averse est-il un esprit mouillé ? Un esprit...
DIEU SERAIT-IL UN PEINTRE CUBISTE ANALYTIQUE ? Peut-être Dieu un cubiste analytique qu'il est, Dieu, qui donne à voir sa création sous une forme diachronique et décomposée en une infinité de mouvements. Il ne lui a pourtant fallu qu'un infiniment bref...
UNE POIGNEE DE SONS Je lis cette phrase de Rimbaud dans Une saison en enfer, cette phrase : Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce (Incipit). C'est ainsi qu'avec le réel on se fâche, qu'on a envie de tuer le réel, çui-là...
CE QUE PEUT FAIRE LE POEME (en lisant Maison doyenne de René Char) Ce que peut faire le poème évoquer le froissement, tressaillement ; la fenêtre alors pleine de feuilles agitées, avec derrière ce tressaillement, ce frisson - souffles dieux masques -...
LE CHAT DANS LA LANTERNE Notes sur le poème Le Falot (Pièce III du Livre II, "Le vieux Paris", du Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand) L'édition utilisée est celle du Livre de Poche n°16103, établie et annotée par Jean-Luc Steinmetz. 1. "Le masque...
CE N'EST PAS LA LUNE QUI TREMBLE En feuilletant Fureur et mystère. 1. "Être poète, c'est avoir de l'appétit pour un malaise..." (René Char, Seuls demeurent, Partage formel, XLII) C'est que l'ogre à syllabes ne se nourrit pas d'amour joli et d'eau fraîche...