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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 13:08

J’ENDORS

J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres
   
(René Char, Effacement du peuplier) (1)

J’endors le beau matin des illusions car c’est
Moi le surpris au jeu des jours on s’y perd et
La vie n’est jamais comme on voudrait qu’elle soit
Foudre, tu découds le ciel puis l’orage passe
Aux lointains des cités dans le grand tournoi des
Yeux au milieu de tant d’autres dont les visages
Tendres et inhumains patientent dans la nuit.

1)
C
e vers de René Char est, à mon sens, un des plus beaux octosyllabes de la poésie française. Tiré de son contexte, il en est aussi un des plus énigmatiques.
Citer la strophe entière est pour moi un plaisir, tant elle est d’une élégance fabuleuse :

L’ouragan dégarnit les bois.
J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres.
Laissez le grand vent où je tremble
S’unir à la terre où je croîs.
   
(René Char, effacement du peuplier, vers 1-4, in Le Nu perdu)

Paul Veyne en a proposé l’éclaircissement suivant : « la foudre aux yeux tendres : la haute silhouette affilée des peupliers attire sur eux la foudre, et ce peuplier va être foudroyé, « tué » en poème, par le feu céleste. » (La Sorgue et autres poèmes, annoté par Marie-Claude Char et Paul Veyne, Classiques Hachette, p.105).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 août 2006

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