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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 18:03

NOTES DOUTEUSES SUR "A LA MEMOIRE DE ZULMA" DE TRISTAN CORBIERE

          « A LA MEMOIRE DE ZULMA

         VIERGE-FOLLE HORS BARRIERE

                    ET D'UN LOUIS

                                                                    Bougival, 8 mai

Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,

Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fonds perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps…

La lune a fait un trou dedans,

Ronde comme un écu de cinq francs,

Par où passa notre fortune :

Vingt ans ! vingt francs !… et puis la lune !

- En monnaie – hélas – les vingt francs !

En monnaie aussi les vingt ans !

Toujours de trous en trous de lune,

Et de bourse en bourse commune…

- C'est à peu près la même fortune !

…………………………………………………………

- Je la trouvai – bien des printemps,

Bien des vingt ans, bien des vingt francs,

Bien des trous et bien de la lune

Après – Toujours vierge et vingt ans,

Et… colonelle à la Commune !

………………………………………………………….

- Puis après : la chasse aux passants,

Aux vingt sols, et plus de vingt francs…

Puis après : la fosse commune,

Nuit gratuite sans trou de lune.

Saint-Cloud. - Novembre »

(Tristan Corbière, « Les Amours jaunes »)

1.

« Elle était riche de vingt ans,

Moi j'étais jeune de vingt francs »

(Tristan Corbière)

I dit d'abord qu'elle « était riche de vingt ans » que c'est pas vieux sauf que si elle est en terminale c'est vieux quand même.

Lui i done pas son age qil a peut-être honte (c't'un vieux!) que lui il a vingt francs et c'est pas beaucoup surtout maintenant avec l'euro

2.

« Et nous fîmes bourse commune,

Placée, à fonds perdu, dans une

Infidèle nuit de printemps… »

(Tristan Corbière)

I dit qu'ils ont fait « bourse commune » c'est-à-dire qu'il a claqué tous ses vingt francs avec la donzelle qu'il est un peu bête non

I dit qu'ça s'est passé par une « infidèle nuit de printemps » que j'savais pas qu'les nuits de printemps fézé porter des cornes

A bien réfléchir on finit par se voir qu'on comprend que le printemps c'est une saison amoureuse et donc de bêtes à cornes.

3.

« La lune a fait un trou dedans,

Ronde comme un écu de cinq francs,

Par où passa notre fortune»

(Tristan Corbière)

I dit « la lune a fait un trou dedans » que moi ça m'étone pas qu'ma copine Zut m'a dit dans la tête a son oncle la lune ossi fait des trous

C'est pour ça que des fois on trouve des pièces trouées que ça veut dire que la lune a fait des trous dedans avec son vilebretrou.

En fait, pour les pièces trouées je suis pas sûre que quand même il me semble en avoir vu dans une vieille boîte avec tout du passé dedans.

Un trou le poète nous rapele qon dit ça peut être « rond comme un écu de cinq francs » que l'écu c'est une vielle monée à vieux trous donc.

C'est pour ça qand le poète a tro bu qu'i retrouve plus sa muse on dit qu'il a un trou dans sa finance rond qu'il est comme un pièce d'écu.

Même que quand on en a marre de l'entendre délirimer qu'il est trop saoul pour compter ses pieds on lui dit daller écuver ailleurs.

Je sais que pour le mot « délirimer » vous allez me mettre un point supplémentère que c'est moi que je l'ai inventé tout seule

Dotant que c'est onteux de nous fère étudier des textes pareils quon est quan première année de letres modernes nous et pas en hippogagne !

Je dis ça rapport à ce que j'ai compris de la suite du texte que c'est onteux que cheval dire à ma tante si vous me metez pas tous lé points

Je compran que cé par le trou d'la lune sa fortune du poète ele a paçé que cé à poil vulgair non (raport à la fille de la nuit « infidèle »)

D'ayeur c'est bien conu qu'il y a des androits mal fréquantés (avec des femmes vulgaires) où les sous filent par tous les trous.

4.

« Vingt ans ! Vingt francs !… et puis la lune ! »

(Tristan Corbière)

Après le poète i sexclame (c'est bizarre ce mot non) « Vingt ans ! Vingt francs !… et puis la lune ! » que moi je dis la lune pour vingt francs c'est pas cher encore !

Quà ce momant là j'ai compris le titre « A la Mémoire de Zulma vierge-folle hors-barrière » que c'est bien une affaire de et c'est pas bien.

Du coup euh j'ai peur de comprandre le poème que le narateur a Tristan Corbière i serait pas à voile et à vapeur des fois non

5.

« Toujours de trous en trous de lune,

Et de bourse en bourse commune… »

(Tristan Corbière)

Toujours est-il qu'il déplor la perte de ses sous que « toujours de trous en trous de lune » i s'évaporent comme si le Phisc les bouffait.

Le Phisc cé un fabuleu come le Sphinx sauf qu'il met son nez partou où y a des sous (l'est pas dégoûté!) alor que le nez du sphinx est cassé

Du coup euh je compran aussi que le mot « bourse » qu'il y a dans le poème i s'rait à double sens que ça n'étonnerait pas ma tante.

6.

« - Je la trouvai – bien des printemps,

Bien des vingt ans, bien des vingt francs,

Bien des trous et bien de la lune »

(Tristan Corbière)

Mais moi mélancolique come je vous coné je suis sûre que qand vous lizez « bien des trous et bien de la lune » vous pensé au cimetière non ?

Pis ça sone mélancolique ossi ce son « an » qui s'en va comme en écho qu'on dirait une voix lointaine dans le quelque part.

Rythmiquement c'est impeccable (4/4 // 4/4 // 3/5) :

« - Je la trouvai / bien des printemps /

Bien des vingt ans / bien des vingt francs /

Bien des trous / et bien de la lune »

(Tristan Corbière)

7.

« Bien des trous et bien de la lune

Après – Toujours vierge et vingt ans,

Et… colonelle à la Commune ! »

(Tristan Corbière)

Mais c'est bizar qand meme quand le poète écrit que Zulma elle fut « colonelle à la Commune » que donc Zulma c'était une pétroleuse !

Et vu qu'elle fut « toujours vierge et vingt ans », la colonelle elle fut pas autant vierge-folle que vierge-dure non ?

Donc en fait de « bien de trous et bien de la lune » que sûr qu'la Commune a fini que j'plagie Bernanos en « grand cimetière sous la lune ».

Du coup je songe à

« Et je laisse Bernanos au chien des enfers »

qu'c'est un vers que quelqu'un aurait pu écrire que c'est moi qui l'ai.

La Commune ça été un soulèvement de tout un tas de gens qu'ils en avaient mare d'être tyranisés puis pauvres aussi souvant.

8.

« - Puis après : la chasse aux passants,

Aux vingt sols, et plus de vingt francs… »

(Tristan Corbière)

Je comprands qaprès l'fatal la Zulma a (c't'un fatal ossi) fi le trotoir pour peu (« vingt sols ») que cé bien triste ce poème tout d'même.

Suis langue de p'têtre que la Zulma c'est pas le trotoir qele fi mais la manche qu'si ça s'trouve a jouot pour vingt sols un air de flûtiau.

9.

« Puis après : la fosse commune,

Nuit gratuite sans trou de lune. »

(Tristan Corbière)

Qanfin la Zulma défunta qu'on l'a mis dans une « fosse commune », c'est à dire dans un trou sous la lune que Zulma la verra jamais plus.

Conclusion que vu la tenure à ce poème si j'ai pas une bonne note ma tante va venir vous voir la figure pour y mettre ses poings sur vos i.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 25 septembre 2016.

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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 22:21

TOMBÉS DE L'HORLOGE

« SOMMEIL ! - Caméléon tout pailleté d'étoiles !

Vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles !

Femme du rendez-vous, s'enveloppant d'un voile !

SOMMEIL ! - Triste Araignée, étends sur moi ta toile ! »

(Tristan Corbière, «  Litanies du sommeil »)

1.

Tristan Corbière, il l'a mis en capitales, le mot « SOMMEIL », c'est qu'c'est pas rien, cette plongée dans les songes, cette rongée dans les combles, dans le labyrinthe, lents habits, peintes aux visages blancs, théâtre aux répliques bizarres, dés roulant tombés de l'horloge, même rime sur tout le quatrain (« étoiles ! » / « voiles ! » / « voile ! » / « toile ! ») et quatre points d'exclamation comme quatre coups de gong muet parce que c'est muet normalement quand on s'endort, qu'on a dans les mirettes du « Caméléon tout pailleté d'étoiles », des fois que le cosmos s'infiltre sous les paupières, nous jetant sa poussière d'images, dont on se figure du « Vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles », qu'il nous emporterait, ce Hollandais-Volant là, sur la grande bête noire tapie dans le paysage, ou encore la « Femme du rendez-vous, s'enveloppant d'un voile », pour la discrétion, ou alors messagère de quelque mystère – parlant une langue inconnue que l'on se reproche de ne pas comprendre et qui vous sourit mélancoliquement, ironiquement, énigmatiquement –, ou encore quelque sœur inconnue, revenante d'une illumination à la Rimbaud, que c'est pas tellement joyeux (bien que parfois, le rire devant l'absurde nous y prend qu'on dort, que l'on s'hallucine d'une jument splendide montée par un bouffon balbutiant et barbu, ou que les clochers jouent les doigts de Dieu, des doigts d'honneur dans un paysage hanté de cloches et de mauvaises têtes, ou qu'on se moque du fantôme qui se croit encore vivant et qui nous demande), que l'on pourrait comme Corbière le comparer, le « SOMMEIL », à une « triste Araignée », même qu'elle aussi, elle porte la majuscule, comme si elle sortait de l'antique pour étendre sur nos bouches bées le vertige de sa toile.

2.

Rues éclairées

ainsi les ombres se délient et

circulent plus librement

3.

En rêve les clochers

les doigts de Dieu

doigts d'honneur

en rêve parfois je ris

4.

« Moi je vois profond dans la nuit, sans voir ! »

(Tristan Corbière, « Le Naufrageur »)

Ver devin (noir)

5.

Les clochers

rappellent au ciel

que nous sommes en bas

6.

Des fois je laisse filer le temps

ou alors c'est le temps qui me

en tout cas j'en fiche pas une

7.

Il y a dans Corbière

un « tic-tac nerveux »

le spectre de l'horloge boit trop de café

8.

« Ah la mer et l'amour ! - On sait – c'est variable... »

(Tristan Corbière, « Le novice en partance et sentimental »)

Et puis quand même on prend des bateaux…

9.

Lenteur lancinante de l'électrique

guitare longeant un paysage

que je n'écoute pas.

10.

Tristan Corbière, il l'a mis en capitales, le mot « SOMMEIL », c'est qu'c'est pas rien, cette plongée dans les songes.

11.

Cette plongée dans les songes

Cette rongée dans les combles

Cette abandonnée cette Jeanne aux autres

12.

Dans le labyrinthe des âmes en habits longues tuniques visages blancs masques aux répliques bizarres dés roulant tombés de l'horloge.

13.

Dés roulant tombés de l'horloge ; non seulement, il boit trop de café, mais en plus il joue, le fantôme de nos heures.

14.

même rime sur tout le quatrain

(« étoiles ! » / « voiles ! » / « voile ! » / « toile ! »)

4 points d'exclamation

comme

4 coups d'un gong

muet

15.

Muet quand on s'endort, avec dans les mirettes des lambeaux de Tristan Corbière, du « Caméléon tout pailleté d'étoiles », d'la brume cosmos.

16.

Des fois que le cosmos s'infiltre sous les paupières, nous jetant sa poussière d'images, nous renvoyant à nos énigmes.

17.

Le Songe, un sphinx. Nous nous adonnons au rite nocturne de ses énigmes, jusqu'à ce que nous n'ayons plus de rêves, de vie, de corps.

18.

« Vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles !»

il nous emporterait, le Hollandais-Volant

sur la grande bête noire tapie dans la nuit.

19.

« Femme du rendez-vous, s'enveloppant d'un voile ! »

messagère de quelque mystère

incognita la banshee.

20.

« Vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles !»

La mer.

« Femme du rendez-vous, s'enveloppant d'un voile ! »

L'amour.

Spectres et voiles.

21.

La nuit elle est noire

le jour elle est grise

la bête tapie au fond du paysage

22.

La langue de l'inconnu n'est pas destinée à être comprise. Nous imaginons pourtant en avoir déchiffré quelques fragments.

23.

Mélancoliquement

ironiquement

énigmatiquement

inexplicablement,

la revenante

et son piano.

24.

Le rire des fois devant l'absurde nous y prend qu'on dort, qu'on saisit le drolatique sens de répliques lancées dans un théâtre sans raison.

25.

Des fois le fantôme il se croit encore vivant et vient me demander de lui payer une bière. Ah est-il drôle !

26.

Paysage hanté de cloches et de mauvaises têtes roulant sur le gazon anglais tandis qu'Alice nous fixe avec des yeux d'autrefois.

27.

L'araignée du sommeil, énigme comme l'antique, tisse toile de songe, nous nous échappons.

28.

Ce ne sont pas les énigmes que nous aimons, ce sont ses représentations. Nous craignons le Sphinx ; nous le légendons.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 24 octobre 2015.

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 21:38

CRAPAHUT D'LA FANFARE

« Au soleil des loups… - Les crapauds,

Petits chantres mélancoliques

Empoisonnent de leurs coliques,

Les champignons, leurs escabeaux. »

(Tristan Corbière, « Paysages mauvais », 2ème tercet)

1.

J'aime bien ce sonnet, « Paysage mauvais », de Tristan Corbière, et c'est pas la première fois qu'je vous en cause cause « les crapauds », qui respectent rien, et qui grimpent sur les champignons pour les « empoisonner de leurs coliques » que, du coup, le v'là tout toxique, très foireux, le paysage qu'un romantique de passage s'en s'rait fait un sonnet d'automne bien moral, avec des humains qui passent et des marais qui restent tandis que, voyez, y a pas d'humain dans l'paysage, y a qu'des fantômes, qu'il a sortis d'sa cervelle, le Tristan, comme pour prendre l'air, des fantômes et des crapauds quand même un peu humanisés, promus « petits chantres mélancoliques », tout à leur concert que moi, la coasserie des crapauds, ça m'évoque illico les étrangetés de la musique électroacoustique, que moi, j'les verrais bien, mes grinçants, mes brefs, électroacoustiqués, tout spectrés sonores, programmés dans des « cycles acousmatiques », comme on disait y a lurette, du temps du festival de Royan, dont on causait sur France Musique, et du reste, il s'y entendait, Corbière, à les faire sonner, ses syllabes, écoutez-moi ça :

« Les crapauds /

Petits chan-/-tres mélancoliques /

Empoison-/-nent de leurs coliques /

Les champignons / leurs escabeaux. »

(3/3/5/3/5/4/4)

et visuel comme une gravure drolatique, un grinçant crobard, et « des « escabeaux » pour la chute.

2.

Le vent agite le sable

Le sable remue ses os

Et nous on croit qu'c'est des spectres.

3.

Ce que le lyrisme masque, c'est l'côté foireux de tout. Certes, dans le paysage, il y a toujours un mélancolique qui passe, mais des fois, il a la colique, cézigue, ou des soucis fiscaux.

4.

J'vous en cause cause les crapauds, ça respecte rien, et c'est ça qu'j'aime bien chez les batraciens.

5.

On entend de lointains tambours

Une batterie de batraciens

Et la trompette des morts

- La fanfare crapahute.

6.

Y a pas d'humain dans le paysage

Y a qu'des fantômes

qu'on sort comme guignols de la boîte

crânienne.

7.

J'vous en cause cause les animaux, ça respecte rien, et c'est ça qu'j'aime pas chez les humains.

8.

Y a des humains qui passent

des marais qui restent

et dedans deux ou trois disparus.

9.

Il est conseillé de régulièrement faire prendre l'air à ses fantômes pour éviter qu'ça vous fermente dans le cerveau, tous ces si vifs morts

10.

Coasserie des crapauds

m'évoque illico

une musique pleine d'échos

bizarres.

11.

J'les verrais bien, mes brefs, jouer les spectres acousmatiques, grincer dans d'autres portes.

12.

Je me souviens, comme disait l'autre, des émissions de France Musique consacrées au festival de musique contemporaine de Royan.

Je me souviens d'y avoir entendu des musiques étonnantes, « acousmatiques » comme on disait alors.

13.

Des fois, la nuit dans la campagne, c'est spectré sonore. Et c'est pas l'ivrogne qui rentre, c'est l'innommé qui passe.

14.

Citadin, on n'croit guère aux sorciers. Dès qu'on réfléchit à c'que c'est qu'la noirceur sur les morts et rien d'autre, on s'invente.

15.

Une gravure, ce sonnet de Corbière, une fantaisie à la « Gaspard de la nuit », oh ces crapauds qui défèquent sur des champignons-escabeaux.

16.

Les « chantres des bois », c'est les zoziaux. Marrant que, pour Corbière, les «petits chantres mélancoliques », ce sont les crapauds.

17.

Ils sont tout à leur concert, les crapauds. Moi, j'les entends pas, j'écoute « Morrison Hotel ».

18.

La fanfare invisible dans le paysage remue ses spectres et ses cuivres. Jim Morrison en fera bien une chanson.

19.

La fanfare invisible, je ne peux la payer qu'en monnaie de songe. Ça doit être pour ça qu'ça coasse tant.

20.

Tout toxique, très foireux, le paysage. Du coup, la Zut que j'balade partout avec ma tête, pas tant jouasse enfin, qu'ironique.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 22 octobre 2015.

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 10:38

CES PALAIS SOMBRES DE NOS NEURONES

« - La Lavandière blanche étale

Des trépassés le linge sale,

Au soleil des loups… - Les crapauds, »

(Tristan Corbière, « Paysage mauvais », 1er tercet)

1.

Dans la mythologie celtique, la banshee, c'est la messagère de la mort, celle qui, Dame blanche, cygne chantant, vient prévenir les mortels du tranchant des épées à venir, aussi qu'on la dit lavandière, la banshee, lavant dans les rivières le linge des guerriers que la mort attend, que, mézigue, du coup, je me demande, lisant le premier tercet du « Paysage mauvais » à Tristan Corbière, que si sa « Lavandière » porte la majuscule et qu'elle est nommée « blanche », c'est qu'à mon avis qu'elle serait plus qu'elle même, la fille, dans l'ici et le là-bas, quelque part dans le légendaire dont se nourrit le langage pour les agiter, nos imaginaires dans les palais sombres de nos neurones ; ah oui, ça ne m'étonnerait pas qu'elle revienne la oh Banshee, te voilà donc dans ce « paysage mauvais », à laver le linge sanglant des batailles, à les tremper, les chemises, dans cette Rivière de cassis qui sépare les vivants et les morts (c'est qu'il y a les marais, les palais, et les guerres) - oh Banshee, te voilà donc, quelle âpre complainte de ta voix de Nina Hagen vas-tu nous chanter, et est-ce qu'elle s'appelle, ta chanson, « Au soleil des loups » - ce qui épate, non ? dans le genre périphrase de la lune, rapport à ce qu'en Bretagne, lit-on dans Collin de Plancy, on parlait jadis de « chanteuses de nuit », chantantes au clair de lune, femmes blanches lavant leur linge où s'écartent les fontaines -, qu'ça en expliquerait les italiques, à ce soleil-là, et puis après ça, allez-vous étonner (cheval bronche, chien grogne, on entend de lointains tambours), mais revenons à nos « crapauds ».

2.

Parfois, les paysages i sont mauvais comme tout, montrent les crocs, vous bouillonnent de ces fièvres à vous faire halluciner des banshees.

3.

Irlande

joli nom de pays Irlande

aussi on la dit jolie

la magicienne banshee.

4.

Dame blanche

cygne chantant

venant prévenir le mortel du tranchant

de l'épée dans le chemin.

5.

On ne va pas à la rivière la nuit

une blême y lave le linge des morts.

6.

La Lavandière de Corbière porte la majuscule

La Lavandière de Corbière est « blanche »

et plus qu'elle-même, dans l'ici et le là-bas.

7.

L'obsession de la technique tend à nous chasser du lieu des légendes dont, pour nous agiter les imaginaires, se nourrit le langage.

8.

Ces palais sombres de nos neurones

des reines mortes y passent

avec de drôles d'animaux chantants.

9.

Le « paysage mauvais » de Corbière est donc hanté, fréquenté par la Lavandière des morts oh Banshee te voilà donc revenue.

10.

Le poème, cette tentative de synchronie, qui chante tout en lavant le linge de nos morts.

11.

Chaque jour toutes ces bouches qui déversent ce fleuve de syllabes, cet utilitaire du code, qu'un simple sonnet a le pouvoir d'estomper.

12.

On doit à Rimbaud la « Rivière de cassis ». D'où l'a-t-il tirée, l'Arthur lecteur de tout, cette frontière entre les vivants et les nus ?

13.

On n'emporte pas avec soi le chant de sa Banshee, et c'est aux vivants qu'il appartient, le chant de la mort.

14.

Pourquoi qu'à l'écoute de toutes ces voix folles du « Nunsexmonkrock » de Nina Hagen, écoutant, écrivant, je pense au chant de la Banshee ?

15.

La nuit

Elle lave le linge sanglant des batailles

le jour

le train passe, comme tous les jours,

- parfois avec un peu de retard.

16.

Oh Marie

il y a les palais

il y a les marais

il y a les guerres

Oh Marie Oh Banshee.

17.

Quelle âpre complainte

ta voix de Nina Hagen

et sous quel « soleil des loups » ?

18.

La Dame blanche de nos carrefours, un recyclage automobiliste de la banshee annonciatrice ? - Du sang, tout ça, du sang.

19.

Le « soleil des loups », c'est une périphrase pour la lune, de quoi chanter du Malicorne et électriser le Corbière, non ?

20.

Bretagne jadis

raconte Collin de Plancy

des chantantes au clair de lune

femmes blanches lavant du linge

où s'écartent les fontaines.

21.

C'est-y pas qu'au bord de la Rivière de cassis, la banshee chanterait des fois du Tristan Corbière ?

22.

Cheval bronche

Chien grogne

On entend de lointains tambours

C'est Zut qui rentre

A l'a vraiment pas l'air contente.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 22 octobre 2015.

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 18:56

SUINTE ET FERMENTE MIJOTE FOMENTE

«- Calme de peste, où la fièvre

Cuit… Le follet damné languit.

- Herbe puante où le lièvre

Est un sorcier poltron qui fuit... »

(Tristan Corbière, « Paysage mauvais », 2ème quatrain)

1.

Dans ce « paysage mauvais », qu'il s'est choisi, Corbière, façon pied-de-nez au romantisme et ses dentelles dans les ruines, dans ce « paysage » pas charmant, pas joli, pas à en affubler sa cousine, dans ce « paysage mauvais », où ça « râle » et « avale » et bruisse la nuit, le « calme » guette, mijote sa « peste », et fait cuire dans les chaudrons de l'air de quoi terrasser le bipède, et distille les vengeances fiévreuses des « damnés » - oh ils peuvent bien jouer les feux follets, on le sait bien qu'ils sont damnés bannis, qu'ils n'ont plus lieu à hanter du côté des humains, qu'aucune table ne les appelle, aucun esprit, aucune voix, qu'on ne veut pas d'eux comme énigmes, ni même comme figurants dans quelque film d'épouvante, on le sait bien qu'ils sont juste bons à amuser les enfants des campagnes (et encore, pas tous) et comme il « languit », le « follet », oh comme il languit du vivant sans hantise, dans son palais palud « d'herbe puante », où tout est pipé, où « le lièvre » est un « sorcier poltron qui fuit » - peuh ! même pas un homme, même pas un désarroi – juste un qui fuit fuit fuit dans le chemin d'ses points de suspension Ah qu'il fuie et coure, si mon chien l'attrape, je ne le mangerai pas, et cependant que j'écris cela, j'écoute le drôle de avec un aboiement de chien dans l'intro il y a toujours un chien qui aboie quelque part toujours un avertissement à donner « Col de la Croix-Morand », de Jean-Louis Murat Ah quel mauvais coup a-t-il fait celui-là, le sorcier, dans ce « paysage mauvais », quelle fée envoûtée, quelle âme empoisonnée, quelle enfance trahie ? C'est que le paysage suinte et fermente, mijote, fomente peste, fièvre, fuites vivaces.

2.

Des fois, on se choisit une figure mauvaise

contrepoison à la romantique niaise

« Les Amours jaunes » de Corbière.

3.

Y a d'ces si méchants paysages, voyez, vous pourriez pas en faire cadeau à vot' cousine ; elle vous cracherait des crapauds à la gueule.

4.

« Paysage mauvais »

ça râle – de quoi qu'on s'mêle d'en écrire ?

ça avale – en vous regardant d'un drôle d'air bien féroce.

5.

Bruisse la nuit

le calme guette

Il a un grand chapeau rond et noir

Comme pour pas qu'on

6.

Des fois, Zut, elle mijote sa peste, elle a l'air de touiller dans les chaudrons de l'air toute la déconfiture à nous autres.

7.

Il est de ces politiques qui s'étonnent qu'on refuse de les saluer. C'est que le roi n'est jamais aussi nu que lorsque les gens comprennent qu'en dehors de sa fonction, il n'est pas grand-chose, ni même quelqu'un.

8.

Cet intellectuel pérorant, c'est un imbécile, c'est entendu, cependant, quel talent.

9.

De quoi terrasser le bipède, se nourrir de revanches, entretenir des fièvres, comme autant de vieilles maîtresses.

10.

On joue les feux follets, qu'on en est pourtant banni, même qu'on se demande qui on va bien pouvoir hanter.

11.

Aucune table ne l'appelle plus

aucune tête ne se tourne

l'esprit reste dans sa lampe.

12.

Aucun esprit, aucune voix ne lui demande une énigme, et le Sphinx au chômage traîne son ombre dans une vieille version de grec.

13.

N'allez surtout pas croire, mademoiselle, puisque visiblement, ce texte, vous avez du mal à le traduire, que le Sphinx va en jaillir pour vous dévorer.

14.

Ni comme figurant du Grand Guignol,

ni comme ombre aux Enfers,

juste un nom puisque nous avons un nom, nous autres.

15.

L'épouvantail n'amuse plus les enfants depuis longtemps. D'ailleurs, il n'y a plus d'épouvantails. Il y a des enfants et des dettes.

16.

Spectre, il se languit du vivant sans hantise

il voudrait être attablé devant un steak-frites

au lieu de hanter ce pâle palud, ce palais des pourritures.

17.

N'est-ce pas que si vous répugnez à manger du lapin de garenne, c'est que vous y pressentez le sorcier qui y dort comme oiseau dans un pâté.

18.

Même pas un homme

même pas un désarroi

juste le « sorcier poltron » d'un poème

Même pas une ronde

même pas une chanson

juste une vieille magie pleine de poussière.

19.

Tant qu'on vit, on n'est pas obligé de répondre et l'on peut laisser courir les points de suspension.

20.

Celui-là, si mon chien l'attrape, je ne le mangerai pas. J'en ferai du poison pour mes rats.

21.

Les paysages, si jolis soient-ils, sont pleins de coups fourrés, d'agonies imperceptibles, de fantômes qui, par définition, n'existent pas.

22.

Toujours un chien aboie quelque part

Toujours une ombre passe

Toujours se poursuit le chemin du curé.

23.

Au raide mot « prêtre », je préfère le plus simple « curé », celui des romans de Bernanos et des chemins hantés.

24.

Et dans cette pluie, quelle fée envoûtée, quelle âme empoisonnée, quelle enfance trahie, quelle fille pleurant à la fenêtre ?

25.

Suinte et fermente

Mijote, fomente

Peste, fièvre, fuites vivaces

C'est la Zut qui passe

A l'a pas l'air contente !

26.

Parfois, je me demande s'il va me répondre, si je vais pouvoir la composer, mon énigme, s'il ne va pas, le Sphinx, me renvoyer à ma viande.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 21 octobre 2015.

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 20:09

AUTOUR DU PALUD PALE A TRISTAN CORBIERE

« Sables de vieux os – Le flot râle
Des glas : crevant bruit sur bruit…
- Palud pâle, où la lune avale
De gros vers, pour passer la nuit. »
(Tristan Corbière, « Paysage mauvais », 1er quatrain)

1.
Le désert, qu'il avance (à mon avis, ça doit faire bisquer « râler le flot »), sans blague, ça fait drôle qu'il y ait de plus en plus de monde sur c'te planète et quand même qu'il pousse sa pointe, le sable, sa masse, son ost de dunes, sa légion spectre, son armée d'désert dans la presse des 7 milliards d'âmes et consorts, consœurs, consires et conséquences, plus quelques troupeaux encore qui la peuplent, not' boule - ah oui le désert qu'il avance, ça nous prépare pas de vieux os et c'est comme ça qu'on va finir étouffé par la forêt primitive, par son spectre de sable, vu qu'le le sable, c'est d'jà du « vieux os » comme il écrit, Corbière dans « Paysages mauvais », qu'il lui flanque même du pluriel, c'est pas le, mais les sables, « Sables de vieux os – le flot râle » (comme je vous disais tantôt) et pis « Des glas », les gars, qu'ça râle, le flot, d'la froidure sonore, d'la noirceur aussi, vu qu'la « lune », comme une sauvage des temps sans conjugaison, al' « avale / De gros vers », la goulue, qu'elle chope dans c'te bouillon-là, c'te « crevant bruit sur bruit », c't'à-dire le « palud pâle » (i doit faire comme une tache jaunâtre dans la noye, ce marais là, cause que palud signifie marais j't'apprendrais, palud donc qui fait d'l'écho dis, qui fait son malin, son rythmique, son ahuhal) « Palud pâle, où la lune avale » (ah l'est pas dégoûtée, m'enfin c'est la lune, jamais qu'un caillou, aussi chauve qu'un chauve de chez nous, et même pas magique, quoique magnétique, la marraine, et chaipasquoi qui fait qu'à la pleine lune, le réel en prend un coup dans la logique qu'on dit) – enfin, tout ça pour dire que dans ce premier quatrain de son « Paysage mauvais », à Tristan Corbière, ça « râle » et bouillonne et s'engouffre des vers comme toi tu manges des frites, et tout ça pour quoi, Monseigneur ? « pour passer la nuit », tiens, pomme, car, quant à octosyllaber dans le mélancolique à s'graver des noirs, autant qu'ce soit par une nuit d'insomnie, ça fait plus poétique, tu trouves pas ?

2.
Le désert, qu'il avance, et que nous, on est de plus en plus à se bousculer, c'est d'la cruelle ironie d'la nature, non ?

3.
Le sable, sa masse, son ost de dunes, sa légion spectre, son armée d'désert à l'assaut d'nous autres, le sable.

4.
Nous étoufferait de son anonymat, le sable, s'infiltrerait dans nos os, sous nos peaux, dans nos bouches, tous nos trous, nous ruinerait.

5.
V'là-t-y pas qu'on est ici-bas 7 milliards d'âmes et consorts, consœurs consires et conséquences; j'le vois moi, l'étouffement par le nombre.

6.
« Croissez et multipliez » et c'est ainsi que vous mourrez, dans la mort nombreuse et infiniment variée dans ses horreurs.

7.
Le sable, une armée mue par le vent, des colonnes de dunes, du vent, du vent, du temps qui n'a plus besoin de nous.

8.
Supprimez l'humain, vous supprimez ses fantômes. Nul spectre ne se promène dans le désert.

9.
L'humain, c'est l'autre du fantôme, c'est sa raison d'être, à défaut d'exister.

10.
Je n'aime rien tant qu'écrire. Ne me demandez pas pourquoi. Du diable si j'en sais quelque chose. J'aime écrire, et voilà tout.

11.
Tout de même, écrire, ça m'invente, me trouve d'l'imaginaire à foison, me peuple le cerveau d'une foule d'indicibles, du à-dire, du tout d'même.

12.
Il avance, nous prépare pas d'vieux os, ce déjà « vieux os », sable, d'la vieille branche, d'l'originel décomposé, du pourri sur place.

13.
J'ai plus faim. A m'a coupé l’appétit, la lune, à la voir comme dans un « paysage mauvais » de Corbière, avaler, la goulue, « de gros vers ».

14.
Y a eu un temps sans conjugaison, un temps sans passé, sans présent, sans futur, avec des vivants dedans qui mouraient sans calcul.

15.
J'aime bien le « palud pâle » à Tristan Corbière, ça agite comme un grand linceul de fantôme des marais, ça agite, ça s'dresse droit debout.

16.
Corbière écrit que « la lune avale de gros vers ». Elle grignote aussi des cervelles. Savez quoi ? La lune, c'est rien qu'une chauve féroce.

17.
Râle le flot
il râle contre nos os
nos sables nos livres.

18.
Magnétique, marraine baronne
du chaipasquoi qu'à la pleine lune on murmure
que le réel en prend un coup dans la logique.

19.
Ça râle, bouillonne, grouille de vers... Toi, peinard, tu manges ton steak- frites et tu l'sais pas encore qu'les morts remuent dans ta tête.

20.
Le poème, avec le réel, il fait son malin, son rythmique, il fait style, il fait d'l'écho, i s'écoute ; le réel, lui, comme un vulgaire vivant, i s'échappe.

21.
Le commentaire porte bien son nom : le comment y-a-t-il plutôt que son pourquoi.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 octobre 2015.

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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 06:42

SONGE A CECI POLITIQUE

 

1.
Tiré de Tristan Corbière: "Tour du cadran"; "à tout déshérité"; "Coup de rapière dans l'eau du fleuve Léthé !" (cf "Litanie du sommeil").

 

2.
Porteurs du message, ils firent le tour du cadran, afin d'être assurés que chaque aiguille de chaque heure soit informée.

 

3.
Passant dans la rue, devant les vitrines qui agitaient leurs mannequins, nous nous demandions si nous n'étions plus.

 

4.
Avec la crise, le sentiment d'être "à tout déshérité" croît et se fortifie, semant d'obscures vengeances.

 

5
"Coup de rapière dans l'eau du fleuve Léthé!" écrit Corbière; ce qui fait qu'on ne s'en souvient plus, et qu'on recommence, sempiternel frappeur d'eau.

 

6.
Tiré de Tristan Corbière: "des grands hallucinés !"; "Aile des déplumés !"; "Arche où le hère et le boa changent de peaux !"
(cf "Litanie du sommeil").

 

7.
Lors, l'aveugle me dit: "Avec de si grand yeux, êtes-vous de la compagnie des grands hallucinés ?"

 

8.
Déplumé, il ne lui resta guère plus qu'une plume avec laquelle il se plaignit de n'être plus que déplumé.

 

9.
Déplumé, il rêva que cette plume qui lui restait devenait un couteau. De l'être qu'il aiguisait comme on aiguise une lame, au tranchant.

 

10.
Il se pourrait bien que cette crise donne des ailes à quelques déplumés. Songe à ceci, politique: ils ont encore bec et griffes.

 

11.
Nous eûmes beau changer de peaux, passer du "hère au boa", de l'être au paraître, elle nous reconnut tout de même.

 

12.
Tiré de Tristan Corbière: "Arc-en-ciel miroitant !"; "Faux du vrai ! Vrai du faux !"; "Tityre sous l'ombrage essayant des pipeaux" (cf "Litanie du sommeil").

 

13.
Alors, les guerrières de la pluie, tentant de séduire le soleil,  aveuglant les fenêtres, se mirent à miroiter comme arc-en-ciel.

 

14.
Emettre des opinions, ce n'est sans doute pas autre chose qu'être dans le "faux du vrai", à moins que cela ne soit dans le "vrai du faux".

 

15.
Grinçant Tityre, il me faut d'abord essayer quelques pipeaux, afin d'en trouver un d'assez faux pour.

 

16.
La crise envoie l'honnête homme et l'humaniste aux orties; belle âme, tu n'es qu'un fantoche.

 

17.
Dépit français; ça sert à rien d'être si intelligent! Nos beaux "Rafale", on les vend pas, et même  nos voyous préfèrent la Kalach au Famas.

 

18.
Les gens de gauche qui ont des actions EADS - si, si, j'en connais -, pleurent-ils des larmes en forme de faucille et de marteau ?

 

19.
Depuis la crise des subprimes, je ne regarde plus mon banquier de la même façon: maintenant je sais qu'il n'en sait pas plus que moi.

 

20.
Heureusement, j'suis anar. Y a que quand j'suis bourré que je suis de droite, ou de gauche... Oh la la ! j'sais plus.

 

21.
Ce qui explique la montée de l'extrême-droite, c'est cet état de crise où l'être social des autres devient une menace, une insulte, une humiliation.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 janvier 2014

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 20:23

NON ELECTRIQUE RAGOUT N'EST PAS UN TITRE DU GROUPE GONG

 

1.
Parfois, en lisant des vers de mirliton,
Je m'interroge... Pourrais-je en faire au thon ?.

 

2.
Le rock n' roll, ces minutes d'un jour sans fin, explosé, éclaté, puzzlé de partout.

 

3.
Môme, je fus fasciné par Corto Maltese. Je ne comprenais rien, mais je trouvais ça magnétique. De même, certains visages ont cette grâce de rester énigmatiquement beaux.

 

4.
"Couveur de magistrats et Couveur de lézards !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Un travail de politique, ça, couver des magistrats et aussi des lézards.

 

5.
Tiré de Tristan Corbière: "marmite d'Arlequin"; "changer de patte au cormoran pensif"; "Pavillon de la Folle" (cf "Litanie du sommeil").

 

6.
Je fais de la littérature arlequine, avec de l'émietté d'auteur, des bouts d'prose et des vers tombés d'l'os, je me fais mon ragoût.

 

7.
Dans ma "marmite d'Arlequin", vous y retrouvez-vous, guignols et polichinelles ?

 

8.
Je relève dans Corbière l'expression "changer de patte au cormoran pensif". Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais ça m'amuse.

 

9.
Doit être un petit métier disparu, ça : "changeur de pattes des cormorans pensifs"...

 

10.
A la réflexion, je me demande si "changer de patter au cormoran pensif" ça ne voudrait pas dire "changer de disque".

 

11.
Marrant, c'est marrant; mais rigolant, c'est rigolo.

 

12.
Que me reste-t-il ?... Mon talent... Peu de chose donc.

 

13.
- Et Machin ?
- Tu savais pas... il est mort... un accident domestique avec soi-même.

 

14.
"Grosse nudité du chanoine en jupon court !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Ceci n'est pas un vers de Victor Hugo.

 

15.
Quand Corbière évoque "le pavillon de la Folle", il reformule l'expression "folle du logis", l'imagination, avec qui nous vivons et à qui nous devons tant.

 

16.
L'expression "folle du logis" rappelle qu'en théorie nous ne serions jamais être absolument seul. Ceci dit, quand on n'a plus rien à imaginer....

 

17.
La folle du logis, son plat préféré, c'est la salade d'hyperboles, avec ses doutes en lardons. Se déguste en se faisant un film.

 

18.
"SOMMEIL ! - Dédale vague où vient le revenant !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Je dois être possédé; dès qu'ça évoque du spectre et du revenant, faut qu'je touitte !

 

19.
Des fois, je me demande si les disques de Jimi Hendrix ne seraient pas des cercles parallèles, dans lesquels il ne cesserait pas, à chaque fois qu'on le joue, l'électrique phénix, de revenir, et de nous demander, avec une voix d'outre-son "-Are you experienced?".

 

20.
"SOMMEIL ! - Long corridor où plangore le vent !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Evidemment, pour l'écho, et les sons "on", "en", qu'on se prend, comme s'il était, ce corridor, traversé par une guitare fantôme qu'aurait l'air, aux mains d'un guitariste d'autrefois, de jouer "The Wind Cries Mary".

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 janvier 2014.

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 04:08

ACOUSMATIQUE DE LA FORÊT

 

1.
L'enseignement  délivré derrière un rideau, afin que ses disciples puissent se concentrer uniquement sur le sens de ses phrases, Pythagore, dit-on, l'appelait "acousmatique".

 

2.
"Crépuscule flottant de l'Être ou n'Être pas !...

Sombre lucidité ! Clair obscur ! Souvenir"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil").

 

3.
Fantômas, c'est l'être flottant comme un crépuscule, et qui allonge son ombre sur tout un paysage.

 

4.
Se sentir sans cesse entre l'Être et le n'Être pas, franchement, c'est pas une existence, mais une vocation au fantômat.

 

5.
Remarquez que nous sommes tous plus ou moins partagés par le n'être que et l'être qu'on voudrait être.

 

6.
Les gens dans la rue, ces clairs obscurs qui passent, plein d'ombres et de lucidités, de cercles et de perspectives.

 

7.
Un médium qui regarde dans un visionnaire, risque-t-il une oculocution ?

 

8.
Tiré de Tristan Corbière: "Souvenir de l'inouï"; "Lampiste d'Aladin qui sais nous éblouir !"; "l'épicier du Sort"; "Corne de Diane". (cf "Litanie du sommeil").

 

9.
Les musiciens acousmatiques (acousmatique, quel beau mot) ne sont-ce point des explorateurs du son qui se souviendraient de l'inouï ?

 

10.
Les explorateurs acousmatiques progressent dans une forêt folle de sons.

 

11.
Les explorateurs acousmatiques cherchent-ils le latin perdu des oiseaux ?

 

12.
Le coupable, c'est toujours le lampiste; on ne songe jamais à interroger le génie de la lampe.

 

13.
Je ne peux lire ce vers -"Lampiste d'Aladin qui sais nous ébouir"[Corbière] - sans entendre dans mon oreille sourde un cri électroacoustiquement sombre dans une grande lumière aigue.

 

14.
"Eunuque noir ! muet blanc ! Derviche ! Djinn ! Fakir !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

Silences lourds de secrets ! Tours et vertiges ! Nuées étranges ! Clous ! "Secret des poignards volants" !

 

15.
L'embuscade...
D'abord m'suis r'trouvé assoupi par du vin gris,
Puis me suis fait assommer par du cassoulet.

 

16.
Dans la forêt-vierge acousmatique, nos explorateurs dénichèrent de sifflants zigouigouis et des portes à grincements.

 

17.
Qui qu'a bouffé l'Ogre ? Je l'ai dit mille et une fois, ça, qu'il ne faut pas laisser traîner les Contes de Fée !

 

18.
"Où Femme Barbe-Bleue oyait l'heure mourir !...
Belle au Bois dormant dormait dans un soupir !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

19.
J'aime assister aux agonies des horloges, ouïr leurs heures mourir; c'est ma - bien que vaine, si vaine - revanche sur le temps.

 

20.
Dans la profonde forêt des sons, nos explorateurs acousmatiques cherchaient-ils le soupir où dormait la Belle au Bois dormant ?

 

21.
Quand on a affaire à "l'épicier du Sort", des fois, on a la moutarde qui vous monte au nez.

 

22.
Et la nuit, la chaste Diane chassant, un croissant de lune illuminant sa chevelure, passe, au loin, dans la forêt perdue.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er janvier 2014.

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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 08:13

DE L'IMPLACABLE DANS LA LANTERNE

 

1.
Twitter, on dirait une pièce de Ionesco, avec des répliques dans tous les sens de partout.

 

2.
Tiré de Tristan Corbière: "Grand Dieu"; "Clair de lune / Des yeux crevés"; "Balayeur de rancune". (cf "Litanie du sommeil")

 

3.
"Grand Dieu", c'est vite dit ! Si ça se trouve, il est infiniment microscopique.

 

4.
"avoir clair de lune et yeux crevés" : Ne pas voir ce qui pourtant crève les yeux.

 

5.
J'ai beau faire, je n'arrive pas à la balayer, ma rancune; elle s'accumule plutôt, en moutons noirs.

 

6.
Nous sommes relativement à un absolu dont nous nous méfions comme d'un maître trop puissant.

 

7.
L'humain, sans doute, a inventé le Diable pour contrer le monopole divin sur l'absolu.

 

8.
Un seul absolu ? Je ne crois pas, tout un tas d'absolus plutôt, en infinis, et résolus à en découdre, absolument.

 

9.
Twitter, une pièce de Ionesco qui n'en finirait pas, décousue de partout, avec des répliques dans toutes les langues, et du flou dans les liens logiques. C'est intéressant.

 

10.
Twitter, si ça avait été un exercice donné dans un cours, les élèves auraient dit : "- N'importe quoi !"

 

11.
Tiré de Tristan Corbière: "la Planète lourde"; "hanter l'oreille sourde"; "mis à la porte"; "puits de vérité". (cf "Litanie du sommeil")

 

12.
J'ai la Planète lourde, qu'il dit Dieu, ça tape cogne, pis ça grouille, comme si j'avais des humains dedans.

 

13.
Si un jour, je deviens sourd, la nuit, des musiques spectrales et des chansons fantômes viendront-elles me hanter la feuille ?

 

14.
Le réel est plein de portes que l'on passe, ou que l'on ne passe pas, et parfois même, on les prend.

 

15.
Vous savez, dans le puits, y a que d'l'eau, et puis la lune...

 

16.
"Soupirail d'en haut ! Rais de poussière impalpable
Qui viens rayer du jour la lanterne implacable !"
(Tristan Corbière, "Litanie du sommeil")

 

17.
Tout le temps, les scribes ailés, avec le zèle des serviteurs de Dieu, en rayant du jour des noms, des noms, des noms, actualisent sans cesse la liste des vivants.

 

18.
J'ai la lanterne implacable, qu'il devait se dire en grec et dans sa barbe, Diogène, lorsqu'il se promenait dans les rues en plein jour, lanterne allumée et prétendant chercher "un homme" (comprenez la prétendue nature humaine).

 

19.
C'est qu'nous y lanternons aussi, dans l'implacable, en l'attendant, Godot.

 

20.
Et puis, en lanternant ainsi, à force, c'est qu'on en avale, de l'impalpalble, de la poussière d'indicible, qu'elle finit par nous étouffer.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 décembre 2013.

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