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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 09:58

OÙ QU'ON RÊVAIT PAS QU'ON ÉTAIT

1.
« Fier toujours d'avoir eu, dans le temps, sa légende... »

(Tristan Corbière, « Le poète contumace »)

Fier non chu pas fier c'est bien pour ça qu'on m'appelle crapaud quoique… quoique… quoique...

Toujours est-il que quoi ? Qu'il est l'heure ? Et alors ? Ah oui... faut vivre, se régler sur le temps, l'horloge, les autres, les fantômes.

D'avoir raison tu parles comme ça m'intéresse... pas

Eu la finesse d'avoir les diplômes pour... M'en fiche, voyez.

Dans le vent je me promène ? - Non j'reste chez moi

Le truc, c'est d'être pas assez bavard pour qu'on l'apprenne, chez les autres.

Temps temps temps bin oui il est temps donc je l'dis quoi que l'temps quand on y pense y nous course burlesque le temps cinéma muet.

Sa robe je m'en souviens ou pas d'ailleurs couleur de

Légende sa robe c'est pour ça qu'elle mettait des pantalons.

2.
Des fois qu'on dort pis qu'on s'réveille où qu'on rêvait pas qu'on était.

Des fois chais pas c'qui m'prend des

Fois j'ai un bouffon dans la tête un excentrique pis solitaire un déraisonneur

Qu'on dort dis qu'on dort si bien qu'on

Dort qu'la mémoire nous cinoche la fantaisie

Pis il pleut pis il pleut des piques pis il pleut des trilles pis des syncopes, des syncopes, des syncopes

Qu'on dort dis qu'on dort si bien que quand on

S'réveille le réel la vache il a même pas l'air vrai

Où qu'on va dis où qu'on va chais pas où

Qu'on va chais pas mais on y oh et puis zut on verra bien

Croyait-elle croyait-elle

Pas qu'ça allait durer

Qu'on s'rait cor si amis même qu'on

Etait si photogéniques la raison raisonnable et ma pomme.

3.
« Il y a dans son âme

Un mystère couvé par la mélancolie »

(Shakespeare traduit par Yves Bonnefoy, « Hamlet », III,1 [Le Roi])

Il y a chais pas quoi dans mon âme il y a

Y a dans mon cœur chais pas quoi il y a y

A bah tu veux mon avis c'est jamais qu'un âne

Dans ou pas dans ça dépend de

Son truc là qu'il écrit après vu qu'si c'est dans la tombe, c'est mort.

Âme, comme si on en avait une, tiens, qu'on est vide, en fait, qu'os et viande à conscience (même qu'c'est ça qui nous tourmente)

- L'âme, ce truc qu'est nulle part pis qu'on sent quand même -

Un mystère un beau mystère à faire tout un cinéma un

Mystère à tête de haut d'l'affiche un mystère d'anthologie qu'on connaît pas l'auteur

Couvé, le mystère

Par la cour étrange par

La brume qui murmure par la

Mélancolie qu'il pond le Roi un œuf dont on fait les hamlet.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 20 mars 2016.

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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 21:20

LUI LÀ MOI

1.
« 
Dès que je rentrais, il fallait que je la visse et que je la maniasse. »
(Maupassant, « La Chevelure »)

Dès que, j'suis plein de dès
Que de départs
avortés de dès que
Je sans faute
et puis nada de dès que je
Rentrais chez moi
oui Alors
Il fallait mon âme l'invisible en moi
Fallait que je l'examinasse de conscience
Que j'en détaillasse les mensonges que
Je l
ui questionnasse la péripétie que je dans tous les sens
La retournasse et c'te vivace feignasse grognasse lui
Visse toutes les promesses non tenues
Et il fallait mon âme que je la démêlasse que je la dépêtrasse
Que je la réprimandasse et que
Je lui secouasse sa pâle carcasse puis
La vidasse comme on vide un pot de chambre et lui
Maniasse l'apparaître du lendemain.

2.
Lui là moi, que j'suis plein de dès que, de départs annulés, de dès que je sans faute et puis nada... mes syllabes, un désert.

3.
« 
J'entrai au théâtre, quelques instants, dans quel théâtre ? Je ne sais plus. »
(Maupassant, « La Nuit »)

C'est qu'on finit par les confondre, tous les spectacles du monde. Je note que, le monde, je ne le mets ici que par goût de l'écho.

4.
« 
D'un coup de pioche, ils firent sauter le couvercle et nous aperçûmes un squelette démesurément long, couché sur le dos qui, de son œil creux, semblait encore nous regarder et nous défier ; j'éprouvai un malaise, je ne sais pourquoi j'eus presque peur. »
(Maupassant, « La Main d'écorché »)

« D'un coup de pioche ils firent sauter
- je mangerais bien des pommes de terre
sautées moi
le couvercle cornichons)
d'la boîte oùsqu'on les range nos osses
nous aperçûmes c'est que nous en avions
encore des yeux
un squelette et nous le
blazâmes aussitôt Hector comme il était
démesurément long Hector Lelong fut son
total blaz
e couché sur le dos d'son œil
creux semblait encore nous regarder
pis
nous défier comme s'il la possédait lui
la vérité
j'éprouvai un malaise je sais
pas trop pourquoi sans doute j'en avais
mangé un peu trop de patates sautées et

j'eus quasi peur de vomir dans la tombe

5.
Le temps série de casseroles ! Et puis des échos au loin qui s'confondent, qu'on n'en voit plus la queue du chat.

6.
« et j'entendais au bout de l'allée la bêche des fossoyeurs qui creusaient la tomb
e. »
(Maupassant, « La Main d'écorché »)

Et pis d'la musique joyeuse yop-la-la boum-boum
J'entendais de la fanfare
Au loin
j'entendais un
Bout de quelquedrôle de zique genre jouée par
De drôles de zigues et dans
L'allée où j'avais emmené mes oreilles à
La musique se mêlait le son d'la
Bêche
le son répété d'la bêche
Des coups tranchants et le souffle des
Fossoyeurs moi j'entendais la musique
Qui filait l'trapèze là-bas la voltige les hommes
Creusaient (han ! han ! han!)
La terre est pleine de ces trous où l'on
Tombe fatalement un jour que c'est le dernier.

7.
Parfois Zut, ses ombres, elle les dénombre. Elle en connaît d'ailleurs quelques-unes par leur prénom.

8.
« Les astres là-haut, les astres inconnus jetés au hasard dans l'immensité où ils dessinent ces figures bizarres, qui font tant rêver, qui
font tant songer. »
(Maupassant, « La Nuit »)

« Les astres là-haut c'est drôle
cette précision comssi qu'en bas
ils pouvaient être les astres là
haut qu'ils sont évidemment même
que nous nous sommes ici-bas les
astres ces inconnus qui font des
rondes au-dessus de nos têtes et
aussi étrangers qu'nous l'sommes
à nous-mêmes jetés comme
les dés
jetés par une main invisible sur
un tapis noir aux nombres et aux
lois inconnues jetés aux rythmes
emportant le réel & son autre et
la poussière d'nous autres jetés
jetés jetés jetés jetés jetés je

les astres au hasard (Balthazar)
dans l'immensité (c'est grand et
un peu terrifique non si j'écris
terrific «i-c» n'serait-ce point
plus terrifique que si j'l'écris
terrifique terrifique
« q-u-e »)
où ils tracent sur l'papier noir
ces figures bizarres (les astres
c'est tout du Picasso ou
bien de
l'abstrait
les astres galerie de
peintres abstraits
puis galaxies
de barbouilleurs de l'infini les
astres peinturlureurs jeteurs de
couleurs pour y piéger quoi dieu
réel irréel diable temps ombres)

et font tant tant tant tant tant
tant tant tant tant tant tant et
pourquoi tant j'écris tant c'est
pour passer le temps
évidemment.

10.
Les astres, ces inconnus qui font des rondes au-dessus de nos têtes, comme s'ils veillaient sur nos cosmologies, les astres.

11.
« Je me retourne brusquement parce que j'ai peur de ce qui est derrière moi, bien qu'il n'y ait rien et que je le sache. »
(Maupassant, « Lui ? »)

« Je me tourne et me retourne
dans mon lit cause que j'dors
mal
puis debout je m'retourne
brusquement
comme si j'allais
le
s surprendre Lupin Fantômas
en pas d'chair & pas d'os non
plus cause que juste héros
de
papier ils sont je m'retourne
parce que j'ai peur de ce qui
est derrière moi
si c'est mon
ombre ou l'ombre
de qui c'est
mon dieu je me retourne je me
retourne je me retourne je me

fais un effet quel effet j'me
fais un effet façon cinéma la
même brève séquence du qui se
retourne trois fois avant que
la matraque l'assomme
que les
yeux du spectateur découvrent
le visage du héros que le mec
de dos s'aperçoive que Marion
vous êtes là enfin m'retourne

si brusquement qu'des fois ça
s'pourrait qu'elle s'effrayât

mon ombre qu'elle prît la clé
des murs & pourtant qu'il n'y

ait rien pourtant je l'sais y
a rien
y a rien ni personne y
a rien aussi bien que je sais
qu
'j'vous écris une langue oh
langue de folle en chemin pis
de chemins qui bifurquent pis
qui vont où le hasard bricole
tous ses et cetera & à suivre

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 février 2016

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 00:04

J'ENTENDS QUOI DONC QU'J'ENTENDS

1.
« L'amour avidement croit tout ce qui le flatte. »
(Racine, « Mithridate », III,4 v.1027 [Mithridate])

L'amour dans quel sujet j'm'embarque
Avidement qu'c'est l'amour
qu'on
Croit qu'c'est arrivé (
des fois i paraît qu'si)
Tout-ci tout-ça l'autre qu'on zieute bouche bée
Ce qu'on en est sot alors c'est à
Qui qu'est l'plus sot puis
Le temps passe qui en général ne nous
Flatte guère.

2.
« 
Devant lui une espèce de grand type en imperméable longe la grille. »
(Robe-Grillet, « Les Gommes »)

Devant lui la longue rue pleine de vent
Lui (le personnage) il avance dans le roman et dans
Une rue qu'il ne connaît pas d'une ville qu'il ignore
Espèce je me demande pourquoi il a mis « espèce
de » l'auteur «
un grand type » aurait suffi un
Grand type on le visionne le vague l'anonyme-là le
Type péquin dans l'décor le gusse

En (peut-être il va pleuvoir)
Imperméable et puis qui
Longe longe longe j'aime bien le son de
La forme longe qu'on trouve aussi dans songe et allonge le long de la Grille pleine d'ombre maintenant que le soir tombe.

3.
« Et puis ma vie dans l'ombre d'Essarès… Et puis… et puis… l'or surtout... »
(Maurice Leblanc, « Le Triangle d'or »
[Siméon])

Et puis et
Puis que voulez-vous des fois que
Ma vie voyez-vous qu'il y aurait eu jadis dedans ma
Vie trop d'rhinocéros que moi je reste
Dans une maison oubliée Il y a là
L'ombre qu
e j'ai encore et puis l'ombre
D'E… là il y a un nom mais je le connais pas moi c't'homme
Et puis et
Puis que voulez-vous il y a l'rhinocéros
Et tout un tas d'choses féroces qui traînent en ville et
Puis il y a
L'or je le sais j'en rêve l'or... l'or...
Surtout celui-
là d'or qui dort dans ma mémoire.

4.
« Ni le Transatlantique autant
Qu'une chanteuse d'opérette »
(Tristan Corbière)

Ni la neige – il ne neige guère cette année ni
Le je ne sais quoi vu que
Transatlantique est le mot suivant
Autant galère train bus
berline cafetière volante
Qu'une redingote ou l'air ancien d'une
Chanteuse tralala-itou
D'opérette larirette.

5.
« J'entends comme un bruit de crécelle...
C'est la male heure qui m'appelle. »
(Tristan Corbière, « Heures »)

J'entends quoi donc qu'j'entends
Comme un son qui perce le vent
Un son lancinant rythmique et agaçant un
Bruit un d'ces bruits du passé venant
De temps en temps la
Crécelle me visite
C'est elle la miss qui crispe
La mistigrie aigre la
Male fée la male
Heure la longue griffe
Qui à travers le vent de dedans l'os
M'appelle, comme si je devais revenir.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le
2 février 2016.

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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 20:04

ENTRE TANT DE TENDANT VERS

1.

« Je choisissais un mot puis le reliais à un autre par la préposition à. »

(Raymond Roussel cité par André Breton in « L'amour fou », folio n°723, p.116)

Je, ce choix entre tant de tendant vers,

choisissais puisqu'à chaque instant n'est-ce pas nous

un chemin qui devient le seul le

mot qui fait ma phrase

puis la phrase qui tresse ma parole puis

le corpus de tout ce qu'on attend qu'on dise je

reliais ainsi chaque jour

à cet axe invisible qui fait

un autre parmi les autres un

autre parmi tant de tendant vers

par quoi donc est-ce que j'existe ? par

la grammaire le bavardage de la lune le miroir du comme ou la

préposition à

à laquelle j'appartiens.

2.

Je, ce choix entre tant de tendant vers,

Et puis zou, dans le trou avec les vers.

3.

Je choisis, lors je suis ce chemin qui devient le seul tandis que tous les autres s'évanouissent dans la nature.

4.

En français, on peut dire : « Je suis ce chemin », comme si nous pouvions l'incarner, cette route que nous prenons.

5.

« Je suis ce chemin » : parole christique. S'il était resté sur la terre, il aurait donc pris possession de toute route, de tout chemin. Il était donc qu'il devait partir et laisser le Diable aux carrefours. L'on ne s'étonnera donc plus de le rencontrer, au détour d'une phrase, celui qui reste, ce péril en la demeure, cette inquiétante rencontre en chemin.

6.

Socialement, nous sommes ce corpus de toutes les paroles qu'on attend de nous, et on nous colle la bouche au rôle que l'on nous attribue.

7.

Ce que nous appelons poésie est une tentative pour échapper au corpus, à l'utilité contractuelle, à l'illusion du contrat social.

8.

Je puis bien être un défenseur du contrat social ; cela ne m'empêchera jamais de le planter quand il s'agit d'écrire.

9.

« Je est un autre » comme disait l'autre.

10.

Quoi qu'on ? Bah, qu'un autre, un autre de plus, parmi tant d'autres, tant de tendant vers.

11.

Tant de tendant vers, tant de tendant à, c'est à ce à que nous appartenons ; nous sommes ce but que nous n'atteignons jamais.

12.

L'humain, c'est d'la préposition ; il faut qu'il soit quelque part, et surtout à quelque chose.

13.

« Sous ton œil de diamant noir. »

(Tristan Corbière, « Insomnie »)

14.

Sous l'aile de la nuit, ah quel oiseau !

Ton œil me regarde ; il est tissé de mille yeux, ton

Œil noir lourd de bec et de griffes.

De cet œil noir quelle œuvre en tirer ? Quel

Diamant de gravure ? Quel

Noir dessin d'insomniaque halluciné ?

15.

Sous l'aile de la nuit, ah quel oiseau qui pond sous vos paupières.

16.

Et dans ton œil, un autre œil, très ancien, tissé des milliers d'yeux qui l'ont précédé.

17.

La nuit, la lune, un œil dans un œuf.

18.

La nuit la lune un œil dans un œuf

Après on peut se voir dans la tête

Que cet œil cette lune cet œuf

Un fou l'épie par son œil-de-bœuf.

19.

« - Lui, c'était simplement un long flâneur, sec, pâle ;

Un ermite-amateur, chassé par la rafale... »

(Tristan Corbière, « Le poète contumace »)

20.

Ça flâne long flâne sec flâne pâle

Ça s'bannit le dimanche

Ça s'laisse chasser

Ça par un peu d'vent un peu d'pluie.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 10 octobre 2015.

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 21:53

A VOUS HIBOUX J'AVOUE

1.

« mais c'était une tâche impossible, ses bras s'avérant trop courts. »

(Exbrayat, « Et qu'ça saute »)

Mais évidemment, Armand

C'était d'attraper le jambon ou la lune en papier ou la fille des airs

Une j't'en ficheraie

Tâche dans la mare à

Impossible qu'il pataugea lors

Ses – i pouvait pas le gars – ses

Bras trop courts ses bras

S'avérant de plus en plus

Trop de plus en plus trop de plus en plus trop trop trop trop trop trop trop trop trop trop trop

Courts.

2.

Des fois qu'on attraperait le jambon, la lune en papier, la fille des airs et pis qu'on attrape que sa gueule enfarinée, ou alors un rhume.

3.

Nos bras avec le temps se font de plus en plus courts qu'on les a des fois crus si longs pis le réel plus lointain de plus en plus passé.

4.

Mais l'impossible, c'était d'attraper le jambon ou la lune en papier ou la fille des airs, une j't'en ficheraie, autant rattraper l'heure.

5.

Autant rattraper son ombre, celle qui vous tire la langue sur un mur dans un vieux film muet.

6.

Tâche dans la mare à

Impossible qu'il pataugea lors

D'ailleurs je ne le reconnus pas.

7.

Ses – i pouvait pas le gars – ses bras trop courts, ses bras s'avérant de plus en plus petits à mesure que le sac d'or prenait de l'altitude.

8.

Trop de plus en plus trop de plus en plus trop trop trop trop trop trop trop trop trop trop trop (je loge près d'une boîte de nuit).

9.

« A l'automne, derechef, les Rolling Stones avaient rendez-vous avec l'Amérique. »

(Philippe Bas-Rabérin, « Les Rolling Stones », Albin Michel / Rock& Folk)

A la manière dont ça chutait

L'évidence éclata flamboyante

Automne pointait sa rousse frimousse

Derechef l'automne avec ça

Les musiciens anglais les

Rolling - chevelus zétaient

Stones - pis électriques zétaient

Avaient des morceaux terribles pis

Rendez-vous avec la célébrité espère

Avec là oùsqu'il naquit le blues

L'épatante qui tangue guitare là-bas loin en

Amérique aux mille et des cents.

10.

A la manière dont ça chutait, fallait se rendre à l'évidence de l'automne et de son museau humide de chien d'chasse.

11.

« à l'automne, derechef »

(Philippe Bas-Rabérin)

J'aime bien l'inusité, l'archaïsant « derechef » pour désigner l'automne, cette vieille planche de spleen.

12.

« Pierres qui roulent », Rolling chevelus zétaient Stones pis électriques zétaient bluesy même façon rythme et écorchures à leurs débuts.

13.

Oui, qu'on irait là oùsqu'il naquit le blues à l'épatante qui tangue guitare, ou dans l'là-bas du piano honky-tonk d'une chanson américaine.

14.

Des fois,

J'me sens seul comme un château d'eau dans son linceul.

Des fois,

Y a des mots, ils pondent des lèvres dans mes rêves.

15.

Le problème, c'est pas l'humain, c'est son dieu.

16.

« Ma solitude – Toi ! - Mes hiboux à l’œil d'or »

(Tristan Corbière, « Le poète contumace »)

17.

Ma toujours je la retrouve

Solitude ritournelle en ma chambre

Toi ! Eh oui ce n'est que et bien toi

18.

Mes pas ne suivent que mes pas Aux

Hiboux je pense et pourquoi pas ?

19.

Les hiboux en valent bien d'autres surtout s'ils sont Mes hiboux et qu'en conséquence, ils ne se donnent même pas la peine d'exister.

20.

À vous hiboux je voue j'avoue un culte étrange

L’œil que vous me faites dans la tête je l'aime cet œil

D'or qui s'ouvre quand je dors.

21.

Ma toujours je la retrouve solitude ritournelle en ma chambre, avec des lalala de chœurs sans voix, des froufrous de femmes sans chair.

22.

Toi, ce n'est que et bien toi me dis-je à moi-même ;

Lors, dins m'tiête, elle a dit, la Zut : « tarte à la crème ! »

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 10 octobre 2015.

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 00:12

UN PROJET DE PERFORMANCE ARTISTIQUE ET AUTRES BELLES ET SOTTES CHOSES

1.
Projet de performance artistique : dans une qu'elle était verte ma vallée, à vingt heures vingt précises, et cela vingt jours durant, rassembler vingt habitants d'une ville, ou d'un village, dont le nom commence par un « v » (ou n'importe quelle autre des vingt-cinq lettres restantes), et leur demander d'avaler chacun une portion de vache-qui-rit, (ce qui fera donc vingt portions de ladite vache). Pour donner une dimension politique à l’œuvre, les exécutants briseront l'emballage de leur portion (ce qui présuppose, et c'est important, que les susdits exécutants auront tous délivré leur portion de son emballage avant vingt heures vingt très précisément) puis jetteront ledit emballage par-dessus leur épaule gauche, ou n'importe laquelle de leurs épaules restantes (il est donc à noter que l'on aura préalablement délimité un périmètre de sécurité). Lesdits exécutants (qui, de fait, sont vingt) procéderont à cette opération, dite « opération de jetage », en s'exclamant à haute et intelligible voix : « Vive, oui vraiment ! Vive la tête de veau ! »

Note: Ceux qui ne saisiraient pas l'évidente portée politique de cette intervention sont, je vous le dis, perdus à tout jamais pour l'art conceptuel, mais que cela ne les empêche pas de manger de la vache-qui-rit, si le cœur leur en dit ; sinon, ils peuvent boire une bière.

2.
« Le téléphone se mit soudain à sonner. »
(Agatha Christie)

Comme s'il n'avait rien de mieux à faire...

3.
« C'est que dans ma jeunesse j'étais moi-même »
(Cioran)

Dans ma jeunesse, j'étais moi-même, c'est-à-dire que je ne savais pas trop qui que quoi dont où. Je n'ai d'ailleurs pas beaucoup changé.

4.
« Ny de mon cher Givés (qui m'ayme
Comme ses yeus) le confort mesme. »
(Attribué à Olivier de Magny, « Epitre à ses amis, des gracieusetez de D. L. L. »)

Lui qui disait souvent qu'il n'en croyait pas ses yeux, pour une fois, eux et lui s'accordèrent en tombant amoureux de la même demoiselle.

5.
L'un : - Je ne vous crois pas.
L'autre : - Je ne dis pourtant pas la vérité.

6.
Certes, il avait bien une idée derrière la tête, mais comme il avait oublié ses bras sur son bureau, pour l'attraper, la secrète, macache.

7.
Le pays était menacé. Le
Roi, en conséquence,
Convoqua son excellence
L'amiral Cou. Vous me direz
Cou, c'est un drôle de nom
Et vous aurez raison. Mais
Le truc, c'est que je m'en fous. Et le
Commandant Rage itou qu'il convoqua le Roi.
Rage aussi, c'est un drôle de blaze, mais c'est ainsi que le Roi procédait
quand il devait rassembler son courage ; d'ailleurs, il se fit des pâtes.

8.
Il attendait la visite de la jeune fille, celle qui auparavant avait été fillette, et puis qui finira vieille dame. Des fois, il était habité par le plat.

9.
Il allait lui tordre le cou, c'est sûr ! Pour l'heure, il
Attendait sa visite, à
La casse c dans l'caleçon. Sa
Visite, il l'attendait en s'entraînant sur des cous d'poulet.
De la préméditation du coup, ça ferait aucun doute, quand dans
Son salon, on découvrirait tous ces cous tordus et que, en outre, son
amie, dont il attendait la visite, raconterait l'histoire dans un autre de ses romans, dont il aimait d'ailleurs à dire qu'ils valaient le coup, le coup d’œil et même le coup de l'étrier, dit-il en s'en reversant un.

10.
Elle, à condition qu'elle vînt avec ses bras,
Avait (car elle est si distraite, savez !)
Quelque chose, c'est quelque
Chose en effet d'être si distrait ! Oublieuse
A en oublier son ombre, cette fille-là ! On
Lui donnerait un rôle dans un roman, ah oui ! À lui
Offrir donc qu'elle avait quelque chose, mais quoi ? J'en sais rien moi-même, zavez qu'à vous l'inventer, j'vous en prie, de rien, c'est cadeau.

11.
« - Vous écrivez des romans dans lesquels certains personnages se suicident parfois, ou s'entre-tuent. »
(Agatha Christie, « Une mémoire d'éléphant » [Celia])

12.
Vous écrivez la belle affaire !
Ecrivez écrivez déliez y votre langue
Des poèmes des chansons des
Romans mais que cela s'énigme et aimante !

13.
Dans l'assiette deux yeux dans
Lesquels on peut lire son avenir : repas prophétique...

14.
Certains se sont échappés... Des
Personnages dangereux. Le livre était pourtant bien refermé.

15.
Se noient-ils dans l'océan des mots ? se
Suicident-ils dans la nuit des bibliothèques, les personnages des romans oubliés.

16.
Parfois je mais pas toujours ; non, parfois je, c'est vrai,
Ou alors je... mais pas toujours non plus (il faut ce qu'il faut).

17.
S'entre-tuent-ils, les personnages des romans oubliés ? Est-ce pour se rappeler aux humains, que les dieux ont jeté les Grecs contre Troie ?

18.
En français, on referme un livre
mais on ferme sa gueule.
On clôture un compte
mais on clôt une discussion,
et puis on referme la porte
en entrant, mais aussi en sortant.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 août 2015.

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 23:19

COMME DU PASSÉ QUI NOUS CAUSE

1.
Belle expression d'Henri Guillemin à propos de « Une saison en enfer » : « une pierre tombée de l'inconnu ».

2.
« Neptune, par le fleuve aux dieux même terrible,
M'a donné sa parole, et va l'exécuter. »
(Racine, « Phèdre », IV, 3 [Thésée])

3.
Le Fleuve noir. Y passent tous les bateaux de l'horloge. Des ombres en sortent qui montent sur les rives, pour nous rattraper.

4.
Neptune par le grand tric-trac du temps
Par l'horloge par la bouche de la Gorgone
Le voilà vomi Neptune inondant Quelle drache mes aïeux !

5.
Fleuve - est-ce le Styx, Rhin, Meuse, Rivière de Cassis ?
Aux rives roule ses
Dieux sombres qui abolissent les vivants.

6.
Même ou même pas si
Terrible que ça quand même ça
M'a touché et peu importe le poids réel de la pierre.

7.
Donné sa parole qu'il a le temps
Sa prédiction il l'égrène méticuleusement sa
Parole le temps qui dit la mort et le couteau dans la plaie.

8.
Et lors, préparant la poêle profonde, Zut s'en
Va, décidée, affamée et la main ferme,
L'exécuter, la sentence de mort des petits poissons.

9.
Sur France Culture, ce 28 juillet 2015, sec dans le contre et la déboulonne : Onfray de nouveau contrecarre le philosophiquement correct.

10.
Oui, Michel Onfray dit c'qu'on n'dit pas dans l'décervelage subventionné et le contrarie, l'intello-circus du philosophico-bizness.

11.
Il la déflatte, Onfray, la soixante-huitarde fac de Vincennes, l'agonit, en dit l'agressif carriérisme, à bien d'ces têtes pensantes.

12.
Il cite, siffle et persiste, sabre disperse le fantôme gaucho-Vincennes,  tracts et confettis, carnaval à grosses têtes, pédagoclownerie.

13.
Si c'est vrai ce qu'il raconte, Onfray, c'est à la fois marrant - ah les pitres, dis donc! et consternant - en avaient-ils des drôles de mœurs et des drôles de façons de faire cours dans le Vincennes des années 70, certains mao-marxo-pédago-psychanalytico-palmés ?.

14.
Phrase drôle sur le gaucho-Vincennes, attribuée à Alice Saunier-Séïté en 1978 : « C'est vrai qu'à Vincennes, on a délivré des diplômes à un cheval. »

15.
J'aime bien Michel Onfray. Il écrit bien et il dit tout haut ce que nous ne pensons pas toujours tout bas. Il a l'air de travailler âpre pour la composer, sa « Contre-histoire de la philosophie ». Ceci dit, moi, ce que j'en dis…

16.
Les kids de 77 moquaient l'esprit de sérieux des rock stars. Le côté punk de Michel Onfray qui dégonfle baudruches et postures.

17.
Moi, ce qui me désole, c'est qu'avec la prétendue démocratisation de l'université, on voit des jeunes gens s'y perdre, dans leur sacrée transmission des savoirs aux grands pontes des sciences éducatives, s'y perdre, à n'en plus rien savoir faire de leurs dix doigts.

18.
« Quand j'aperçoy ton blond chef couronné
D'un laurier verd, feire un Lut si bien pleindre »
(Louise Labé, « Sonnets », X)

19.
D'un laurier, que ferais-je d'un
Laurier ? Dit Zut, je ne suis point si antique pour de ce
Verd ornement m'le couronner, mon blond chef !

20.
Feire se plaindre
Un de ces êtres que sur ton
Lut mélancoliquement tes doigts suscitent

21.
Si mélancoliquement sur ton luth que
Bien que je n'aime guère à me
Pleindre (euh…), ça m'fait un peu d'buée dans les mirettes.

22.
« Je suis celle, passant, qui sur sa face essuye
De ses pleurs desolez la desastreuse pluye. »
(Attribué à Louise Labé, « Elegie sur le tombeau de Hugues Salel »)

23.
J'aime cette évocation chez Louise Labé de la passante qui essuie de son visage la pluie de ses pleurs. Y a comme du passé qui nous cause.

24.
« Lut, compagnon de ma calamité »
(Louise Labé, « Sonnets », XII)

25.
Comme elle fait sonner ça, Louise Labé, « Lut, compagnon de ma calamité », dirait des doigts qui accélèrent sur les cordes d'un instrument.

26.
Lut, maintenant c'est d'la guitare qu'on dirait ça, ô Lut
Compagnon, chasse-spleen, Lut de mes luttes, dit Zut la lyrique,
De mes jours gris, mes nuits blanches (une insomniaque vous parle)
Ma mélancolie, je te l'accorde, c'est dans tes cordes, mais
Calamité ! Mon bon luth, je chante comme un pied.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 28 juillet 2015.

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 09:22

TOUT OU PEUT-ÊTRE RIEN SI PEU

1.

« Il y vient aussi nos ombres

Que la nuit dissipera »

(Apollinaire, « Clotilde »)

2.

Il y vient lui, ou elle, ou l'éléphant qui

Y ramène sa trompe Y

Vient ou en repart ? Où ça ? Dans la jungle,

Aussi bien qu'ç'est la ville, singes et visages.

3.

Nos osses on les secoue du coup nos

Ombres courent en tous sens.

4.

Que les anges de nos paupières caracolent, puisque nous rêvons chevaux et parade.

5.

La nuit, le mage du jour la shazame, la

Nuit, pis son swing masqué comme Lupin au bal, il en

Dissipera chapeau, lapin et jolie assistante.

6.

« Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne »

(Mallarmé, « Sonnet »)

7.

Fantôme - décidément j'aime ce mot ! - enfin, fantôme ou pas, spectre belle ou bien réelle garce,

Qu'à tomber amoureux de vous, Dieu me garde - tout de même, que

Ce fantôme a de jolis yeux !

8.

Lieu ou pas lieu d'être, de

Son ou de mon temps,

Pur chevalier des romans ou ignoble politique des journaux.

9.

Eclat ou silence auquel on

Assigne le vivant, et si c'était un dieu qui tourne sept foudres dans sa bouche avant de tonner ?

10.

D'où est-il ce proverbe qui dit que dans le mendiant un dieu peut se cacher ?

11.

Dies irae : sept épées et sept langues de feu dans sa bouche qui tournent avant de s'abattre.

12.

L'entend-on finalement, le sifflement dans l'air de l'épée qui le rompt, le fil entre notre ici et maintenant et le rien du tout nulle part ?

13.

Poésie des équations, mathématiques et physique ; des mondes s'y dessinent, c'est là la vraie voyance, l'alchimie des nombres.

14.

M'aperçois que le proverbe du mendiant-dieu caché trouve un écho dans ce vers de Nerval :

« Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ».

15.

« Tout gémit, tout se plaint, et mon mal est si fort »

(Agrippa d'Aubigné, « Le Printemps », III)

Tout – ou peut-être rien, si peu…

Gémit – ou rit ; nous aimons tant à rire de

Tout, d'un rien, nous autres, si peu.

16.

Se gondole comme une baleine des fois qu'on, pis qu'on se

Plaint, ou qu'on les joue au poker, nos osses.

17.

Et mon Dieu se promène entre

Mon dictionnaire et le

Mal de mer, de vivre, ou bien du pays.

18.

Est-il temps de ? Ce n'est peut-être rien, si peu,

Si plein de peut-être, ce soldat dans un

Fort qui attend tout un roman que l'ennemi arrive.

19.

Ou alors une place vide en plein soleil avec presque rien, une ombre, un chien.

20.

Des fois qu'le monde serait une oie cruelle, jacassière, très bête que l'on gave de dieux.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 28 juillet 2015.

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 22:12

QUE J'VOUS Y CAUSE C'EST DU FANTOMATIQUE

1.
« Il n'y a dans l'opération créatrice qu'un problème qui n'est ni de fond, ni de forme, ni de l'accord entre fond et forme, mais de langage. »
(Thierry Maulnier, « Introduction à la poésie française », idées/gallimard n°463, p.13)

2.
Petit à petit, la jeune fille commence à ouvrir son cœur, et je me demande quel lapin ensanglanté va en sortir.

3.
« Je vous entends ici mieux que vous ne pensez »
(Racine, « Mithridate », II, 4 [Mithridate])

- Tant qu'vous y êtes, prenez-moi pour une truffe !

4.
Je (qui est un autre comme je et tu sais)
Vous, je vous quoi ? invite à pas me les casser, tiens !

5.
Entends-tu ? Qu'ouïs-je ? Le son du rock au fond des villes ? La grimiaule (néologisme lu dans un San-Antonio) de matous borgnes ?

6.
La grimiaule de matous borgnes dis-je, et pourquoi borgnes ? Parce que, et pis rate pas la marche, si tu veux pas t'casser l'biniou à dire.

7.
Ici, qui est à là-bas ce que mon cœur est pour vous, du très lointain même si je vous vois tous les jours.

8.
Je vous entends
Vous entends vous dis-je je suis pas sourd je vous
Entends arrêtez de hurler dans ma tête !
Ici je suis ici et il n'y a personne
Mieux il n'y a jamais personne
Que j'vous y cause, c'est du fantomatique
Vous croyez m'entendre et moi je
Ne suis pas là plus là c'est ma langue
Pensez qui s'agite entre mes dents de vent.

9.
« Soupir d'harmonica qui pourrait délirer »
(Rimbaud, « Les chercheuses de poux »)

10.
Soupir souvent d'harmonica ou de morte flûte
D'harmonica sans bouche c'est le vent
Qui agace les portes

11.
Pourrait délirer dans l'spectral, ça ! dit Zut, si je ne disperse pas tout de suite cet encombrement d'os qui se prend pour un squelette.

12.
J'aimerais assez ça, composer du bref façon rimbaldien « soupir d'harmonica qui pourrait délirer ».

13.
Petit à petit puis
A petit puis à petit puis à
Petit puis à petit puis à petit puis
La belette fait plus qu'à blablater la
Jeune a jacte a jacte a jacte la
Fille les mots lui filent défilent s'enfilent a
Commence puis plus s'arrête
A dire médire maudire dédire redire pis à
Ouvrir sa boîte à violonades
Son étui à pleurnicheries son
Cœur que moi je me demande quel lapin chaud palpitant dépiauté elle va en sortir.

14.
Parfois, à force d'ouvrir son cœur, on finit, tant on se lyricollusionne, par fermer les yeux.

15.
« Au silence obscur, à l'éclair des hauts jours »
(Agrippa D'Aubigné, « Psaume huitante huit »)

16.
Au silence d'là-haut, entre deux étoiles, deux portes, deux énigmes, deux mots, et puis l'obscur de l'autre.

17.
Des fois, Zut ne le sent, son cœur, pas plus clair que le jour qui n'est pas plus pur, au fond.

18.
L'orage qui n'éclate pas, tournant sa langue orageuse tout au fond de sa bouche d'ombre.

19.
Parfois, Zut pense aux autres. Elle en vibraphone alors, des visages dans sa mémoire ; elle se soucie même... Mais parfois, elle fait le ménage qu'elle en balaie donc des autres, hop ! à l'oubli, avec les toiles d'araignée.

20.
« No, no, no, you don't love me »
(Titre d'une chanson de Dawn Penn)

No décidément no
No à jamais no
No définitivement no
You qu'elle chante en m'pointant du doigt you
Don't soubresaute la basse you don't
Love serpente le saxophone love
Me pis qu'elle s'en va sur un pizzicato.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 juillet 2015.

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17 juillet 2015 5 17 /07 /juillet /2015 15:58

EN REALITE QU'ON DIT

1.
« En réalité, traînent là des souliers de gnomes à bouts retroussés, des échelles qui conduisent à la lune, des mantes de lutins, des masques vivants, tout ce que l'on veut. »
(Félix Leclerc, « Théâtre »)

2.
S'il existe « des échelles qui conduisent à la lune », est-ce que pour elles aussi, passer dessous, ça porte malheur ? C'est vrai qu'un marteau qui tombe de la lune, ça doit vous enfoncer tout entier dans le sol, non ?

3.
Le problème des « masques vivants », c'est qu'ils font ce qu'ils veulent. Vous allez à un bal masqué ; vous rencontrez une mignonne ; vous la draguez gentiment, et pendant qu'vous mythonnez la bergère, votre masque, voilà qu'il se met à cligner salace d'l'œil  et à l'agiter, la langue, comme ça, la-la-la, que fatal, vous la prenez, la baffe.

4.
« … Il est tard, déjà… Il faut rentrer chez toi… ici, tu fais chier... »
(Sokal, « Noces de brume » [Emily])

5.
Il est tard il est trop tard pour Non, il
Est tôt non ? Peut-être... j'ai froid d'la nuit

6.
Tard qu'il est j'ai plus d'yeux
Déjà le temps m'a passé
Il faut rentrer son fantôme
Faut rentrer la faux j'suis mort

7.
Rentrer les chevaux j'ai plus d'moi
Chez moi elle est venue Qui est venue ?
Ici il fait toujours du tard pis toi en noir
Tu fais quoi avec mon corps

8.
                                                     Tu
Fais chier toute cette terre fais
Chier et pan ! jack in the box.

9.
« Mais je n'y entends pas la voix humaine,
Ni même un son terrestre. »
(Shakespeare, « La Tempête », traduit par Yves Bonnefoy, I, 2 [Ferdinand])

10.
Mais y a toujours un mais, un mais moi
Je toi tu eux ils je
N'y pense pas
Entends-tu ?
Pas du tout.

11.
La voix la voix me hante la
Voix me hante et même pas
Humaine c'te voix
Ni même animale ni
Même angélique
Un son déchiré un
Son d'entre

12.
                     les déchirures un son de
terrestre égorgé.

13.
« This is no mortal business, nor no sound
That the earth owes. »
(Shakespeare, « La Tempête » [Ferdinand])

Vice vice et encore vice
Ise a s'arrête jamais de vicier elle dit
No ! mais quoi qu'a fait la gueuse du
Mortal pêcha d'la blasphème toudis rien qu'une
Bise n'est-ce pas et puis là v'là qu'a perd sin
Nord et qu'on l'a r'trouve avec un gars dins s'lit
No ! No ! qu'a dit quel théâtre alors ! Tiens, en v'là du
Sound system que j'm'en vas te s'couer les couettes moi prends
Date m'fille que tu vas filer dret comme douzaine
D'zoeufs au marcha et pis qu'tu vas en ouiner
Eursse eursse eursse pis
Owes ! Owes ! Owes pis ouyouyouille !

14.
« Le haut étang fume continuellement. Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc ? »
(Rimbaud, « Phrases »)

15.
Le ciel - y picole un pochard bleu ; de
Haut, là, lui, i nous voit double

16.                                                    
                                                     Un
Etang, y vribouillent des bestioles ; ça
Fume dans la nuit, ce s'rait du satan qui enfourne

17.
                                                                               dans le
continuellement et le grand tournoiement, qui ? D'la carcasse.

18.
Quelle étrange nuit je suis, qu'une
Sorcière fagota je vous dis, elle
Va vous mettre dedans, va
Se dresser sur ses serpents

19.

                                                  elle va se
Dresser sur ses longues jambes d'enjambeuse pis
Sur vos pommes jeter des sorts

20.
                                                        pis
Le ciel va vous flanquer d'l'éternel
Couchant plein vos faces et pis dans le
Blanc de vos yeux le faire valser, l'infini.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 17 juillet 2015.

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