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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 09:39

BENEFICE DU DOUTE

« Je ne fais rien »
Cioran : « Je ne fais rien, c’est entendu. Mais je vois les heures passer – ce qui vaut mieux que d’essayer de les remplir. » (De l’inconvénient d’être né, folio essais, p.10). L’un des grands plaisirs du désoeuvré volontaire : voir le temps passer. Cioran l’a mise en italiques, cette forme vois, soulignant que dans le désoeuvrement et la procrastination, dans ce retour au silence, nous gardons les yeux ouverts sur les objets, ce spectacle du proche, cet empire familier où nous tentons, si vain que ce fût, de rester à demeure. Nous sommes alors comme des rois qui n’osent plus user de leurs pouvoirs, mis à part le privilège exorbitant de ne rien faire et de contempler le mouvement des aiguilles.

 

Indifférence.
C’est que parfois, on me la reproche, mon indifférence. Bah ! Ce monde ne m’intéresse qu’autant qu’il me permet de me réfléchir dans le miroir des signes, cette méduse qui raconte des histoires.

 

Convivialité.
L’autre, en voilà du quelqu’un qui cherche toujours à gentiment vous encombrer.
Si vous tentez de l’écarter, il finit par essayer de vous tuer.
Nous sommes condamnés aux autres, à la guillotine du regard, et nous appelons cela convivialité.

 

Salaire.
Afin d’éviter que chacun en vienne en tuer chacun, le génie humain a inventé le salaire qui permet à tous (ou presque) de nous fréquenter quasi uniquement pour des raisons professionnelles. De là la tendance de notre civilisation marchande à la contractualisation de tout et donc à la judiciarisation de presque tout : nous nous bouffons le nez, mais dans les formes.

 

Bénéfice.
La pensée est un bénéfice du doute.

 

Défauts.
Me jugeant plein de défauts, je m’applique à moi-même le principe du bénéfice du doute : le scepticisme est une hygiène de l’esprit. Celui qui croit ce qu’on lui dit est un suicidaire qui s’ignore.

 

Léonard Cohen.
Ecrivant ces lignes, j’écoute le beau Songs Of Love And Hate de Léonard Cohen et me dit qu’il y a, en dehors des héros ordinaires que sont les gens qui sauvent des vies, assez de génie dans ce monde pour ne pas désespérer.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 mai 2009

 

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