DU VER DES MORTS
Dans les premiers vers de L'Irréparable (Les Fleurs du Mal, pièce LIV), il est question d'un "long Remords" présenté sous la forme d'un parasite "Qui vit, s'agite et se tortille", l'assonance "i" semblant mimer le tortillement du ver, lequel "se nourrit (...) comme le ver des morts" des restes de nous autres :
"Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords,
Qui vit, s'agite et se tortille,
Et se nourrit de nous comme le ver des morts,
Comme du chêne la chenille?
Pouvons-nous étouffer l'implacable Remords?"
(Baudelaire, L'Irréparable, vers 1- 5)
Dans le poème C ("La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse...") ce "ver des morts" est à l'oeuvre encore parmi les :
"Vieux squelettes gelés travaillés par le ver".
Dans ce même texte ("La servante au grand coeur...") : décembre en sa nuit.
Le bleu et le froid.
Une vignette à la ligne claire que ce vers :
"Si, par une nuit bleue et froide de décembre"
et ce présent de vérité générale qui voudrait souffler un vent d'outre-tombe en cette élégie :
"Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs".
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 janvier 2008