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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 10:33

D'UN OEIL MEFIANT
De quelques bribes de "La nuit remue", de Henri Michaux.

 

"Voici déjà un certain temps que je m'observe sans rien dire, d'un oeil méfiant."
(Henri Michaux, Le Honteux interne)

 

1.
"Roue, ne m'écrase pas."
- je vais me gêner, tiens !

 

2. "C'étaient des loups." : d'où ce goût de poil que j'ai encore dans la bouche.

 

3.
"Et ils prirent encore mes éclairs." : Je passe mon temps à refaire des éclairs que les hommes me piquent ; prométhée, j'vous jure, c'est pas un métier !

 

4.
"Carcasse, où est ta place ici" : L'écho de l'assonance console de la désespérance. Quand je dis désespérance, c'est parce que ça rime avec beurre rance. N'allez pas chercher minuit à ma porte.

5.
"une espèce d'évidence écumante" : sans doute, pseudo-phénoménologiquement parlant, s'agit-il ici de la mer, celle aux paupières salées et aux bestioles à nageoires qui s'entredévorent ; mais certains humains ont ce don aussi d'être des espèces d'évidences écumantes ; et pourtant, ils ne disent rien, vous regardent avec des yeux tranquilles, ont cet air calme des gens qui surmontent humblement, mais vous, avec vos yeux en dedans, vous le voyez bien, qu'ils sont habités.

 

6.
"J'ai déjà dit que dans la rue je me battais avec tout le monde" : C'est que, depuis que je suis vent, j'ai les parapluies en horreur ; je les combats tant que je peux ; je me mets debout et je les boxe, les gifle, les retourne, les déchire.

 

7.
"des pensées en écho déferlent en lui" : ça s'appelle une tempête d'échos, une eschoade. Je dis eschoade, parce que ça rime avec marmelade, évidemment.

 

8.
J'aime les philosophes. Ils disent ce que je voudrais dire, et que je ne comprends pas.

 

9.
Il faut être réaliste, on ne peut caresser la pluie dans le sens du poil - sauf celui de son chien mouillé - et encore moins à rebrousse-poil - on risque de se faire mordre.

 

10.
A force de regarder le réel "d'un oeil méfiant", il finit par prendre ombrage, par se renfrogner, par vous jeter des regards à la dérobée, des regards qui en disent long sur les sorts, et sur le hareng aussi avec lequel il compte vous hypnotiser, en le balançant au bout d'une corde longue longue longue fxée au mur nu nu nu par un clou sans fin sans fin sans fin.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 février 2013

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