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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:11

ECRIRE, C'EST N'ÊTRE PLUS, POSITIVEMENT.

1.
"La poésie exprime l'essence de ce qu'on ne saurait posséder..." (Cioran, précis de décomposition, Gallimard, coll.TEL, 1977, p.141)
D'où l'abondance de la poésie amoureuse malheureuse, transie, impuissante, et pour tout dire grotesque.

2.
Ecrire, c'est s'habituer à ne pas être. C'est l'être de l'écriture, ce vampire, qui l'emporte. On se laisse fasciner par les figures que semblent vouloir révéler les syllabes. Le réel alors devient si fastidieux. C'est ainsi qu'il m'arrive de songer que, lorsqu'elle n'est pas un moyen de gagner sa vie, l'écriture est au mieux un passe-temps, une thérapie parfois, mais aussi un indice d'immaturité. C'est qu'il y a tant à faire au quotidien : tant à faire dans la maison, tant de gens à qui l'on doit une invitation, une réponse, tant d'amitiés à entretenir, et puis tant de "vrai" travail, celui qui paie. Pour ma part, c'est par esquive des complications que je me mets la plupart du temps à fabuler. Je n'aime guère que le réel me dérange.

3.
La littérature est un angle déçu.

4.
"La profondeur est indépendante du savoir."
(Cioran, Précis de décomposition, p. 76)
La profondeur est indépendante du savoir et même du savoir-vivre.

5.
L'écriture, bien entendu, n'échappe pas à la volonté de puissance. L'ego s'y gonfle. Il suffit d'un peu de flatterie, d'un peu de complaisance et voilà l'auteur plein de lui-même comme un tonneau de vin. Cependant, c'est aussi une tentation, celle de l'être pour le non-être, celle de l'ici pour l'ailleurs, celle du maintenant pour l'autrefois, celle du réel pour la féerie, fût-elle truquée comme un tour de magie. La noblesse de l'auteur se promène à cheval dans une forêt profonde qui n'existe plus depuis longtemps.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 avril 2012

 

 

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