MARIONNETTE ENIGMATIQUE
« Au sort qui me traînait il fallut consentir :
Une secrète voix m’ordonna de partir »
(Racine, Iphigénie, vers 515-516, II,1)
Eriphile s’exprime ainsi et rappelle que, humains, nous sommes des bêtes consentant à la raison, des marionnettes énigmatiques, qui agissons en fonction de « secrètes voix » qui tissent les raisons de nos discours, qui tendent des pièges à futur, auxquels, fatalement, nous nous prenons nous-mêmes :
« Une secrète voix m’ordonna de partir,
Me dit qu’offrant ici ma présence importune,
Peut-être j’y pourrais porter mon infortune ;
Que peut-être approchant ces amants trop heureux,
Quelqu’un de mes malheurs se répandrait sur eux. »
(Iphigénie, vers 516-520)
Bien sûr, ce « quelqu’un » est un pronom du malheur. L’oreille moderne cependant y devine une présence inconsciente, cette ombre en nous qui parle.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er janvier 2010