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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 14:43

N’EST QUE PEUT-ÊTRE

 

« Ô convoi solennel des soleils magnifiques,
   Nouez et dénouez vos vastes masses d’or,
   Doucement, tristement, sur de graves musiques,
   Menez le deuil très-lent de votre sœur qui dort. »

(Jules Laforgue,  Marche funèbre pour la mort de la terre, p.206)

 

L’art sans doute n’est que peut-être
Une manière d’enjoliver cette marche
Funèbre des vivants queue leu leu et
Une main devant et une main derrière
Qui suivent les yeux levés le convoi
Solennel des soleils magnifiques qui
Nouent et dénouent jours et nuits Eh
C’est que le temps passe et que tout
Corps plongé dans le vivant est voué
A disparaître à se dissoudre dans le
Grand four à matière aussi vouons au
Gothique celui des Mystères bizarres
Bidules Ombres errantes je l’aime ce
Titre de Pascal Quignard dessins des
Effarances à la Professeur Bell Lire
Les aventures du Professeur Bell une
Belle façon de s’étrangéiser le jour
Tout gris quotidien social vouons au
Gothique un culte désabusé mais réel
L’art sans doute n’est que peut-être
Une manière d’œuvrer au peut-être De
L’être révélé qui n’existe que mis à
L’épreuve de l’art cette description
Minutieuse de la vie de nos spectres


Notes :
1) Je m’arrête là, ne voulant faire trop long. Hier – au lecteur du futur cet hier paraîtra étrange – dans une bibliothèque publique, ouvrant le recueil d’une de nos gloires, je reculai effaré devant l’océan de signes qui, immobile, étalait l’ironie de sa vanité. Que d’mots ! que d’mots ! Comme si tous ces mots voulaient dire quelque chose…

 

2) « Marche funèbre » : cette expression figée comme la statue des poilus à l’assaut me fait plus penser à la Black and tan fantasy de Duke Ellington qu’aux enterrements des grands hommes. Je m’en réjouis.

 

3) Remarquez le rythme ternaire de ce quatrain de Laforgue qui mêle au rythme ternaire (vers 1 et 3) les séquences de deux et de quatre syllabes :
« O convoi / solennel / des soleils / magnifiques 
   Nouez / et dénouez / vos vas / tes masses d’or,
   Doucement, / tristement, / sur de gra / ves musiques,
   Menez / le deuil / très-lent / de votre sœur / qui dort. »

 

4) Le Professeur Bell : c’est de la bande dessinée. On doit cela à l’inventivité de Johan Sfar. Je vous recommande tout particulièrement L’Irlande à bicyclette de Sfar et Tanquerelle. C’est étrange, plein d’humour à non-sens, gothique dans un sens surréaliste du mot.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 novembre 2010

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