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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 11:34

UNE NOTE SUR JOY DIVISION

Pessoa : "et le soleil est toujours ponctuel chaque matin." Outre qu'il serait étrange qu'il fût ponctuel à l'heure de minuit, il est notable en effet que les drames, l'infini de la souffrance à l'oeuvre dans le monde à chaque instant n'influence jamais la course du soleil car indifférent qu'il est le soleil, comme un dieu à jamais indifférent à nos sorts, nous qui sommes si peu que déjà nous n'y sommes plus. Mon Dieu, c'est vraiment pas marrant ce que je dis là, mais à vrai dire, j'ai du mal à y trouver à se gondoler à ce monde... Je viens sur Arte de voir un film sur Ian Curtis, le chanteur de Joy Division ; m'avait l'air plutôt d'un type bien, déchiré entre deux sentiments amoureux, puis tanné par l'épilepsie & dépassé par son succés grandissant; faut dire, il n'avait que 23 piges au moment où i s'a pendu, Ian, un môme quoi, qui, tout à coup, s'est retrouvé avec beaucoup à gérer que ses griffes & ses dents pas encore assez longues ni dures ; i faut du temps, faut dire, pour savoir comment être malgré ses défauts, pis faire en sorte que les qualités que l'on a quand même servent mais, bien sûr, c'est pas facile et c'est qu'en plus les autres ne l'ont pas facile non plus la vie, et eux non plus, ils savent pas toujours comment faire & être quelqu'un de bien. Maladroits i sont parfois, et puis hypocrites, car on peut pas faire autrement, sinon i faut être franc, la plupart des gens on n'a pas envie de leur parler ; moi je sais bien ça, j'l'ai pas aisée la sympathie ; je souris et je serre les mains en pensant j'peux pas vous le dire ce que je pense vous auriez un choc, du ressentiment même, non moi, à part les jolies filles et encore, la communauté des autres m'intéresse à peine et même de moins en moins. Ses paroles, à Ian Curtis, les paroles de ses chansons, elles ont le charme de la poésie pop, naïves et précises ; de sa vie qu'elles causent ; on comprend assez aisément en même temps ; un peu décousues, détachées, pas ancrées, ses paroles frôlent le pas temporel, ses paroles frisent l'ailleurs du temps, ses paroles, l'étrangeté du temps et que, pourtant, on est dedans amarré, à avancer oh la drôle de danse sur la scène qu'il avait l'air de mimer un gosse qui, alternativement, jette ses bras, les poings fermés, l'air décidé d'un bonhomme en marche en marche & encore en marche toujours en marche car faut bien qu'il marche & marche le bonhomme en chemin pis courageux & volontaire... Oh ce rock mimimaliste qu'ils jouaient, les Joy Division, un rock sans effet, pas virtuose, plutôt répétitives même, les figures, plutôt tribal, pas d'envolées lancinantes & gesticulatoires ; plutôt du fascinant par le répétitif rythme des riffs & des battements d'la batterie ; j'aime plutôt bien ; c'est que c'était toute fin des années 70 après que tout un tas de punks avaient fait un max de bruit sur trois accords ; terminée la pompe planante, on retournait au vif, au bref, aux trois minutes. Encore un truc qui m'a frappé dans ce film là que je sais pas s'il dit vrai, c'est qu'ils avaient pas l'air très aisés financièrement, petites maisons dans des rues de banlieue, une vie plutôt grise malgré la célébrité naissante, pas du tout la grosse baraque & pas le cirque qu'on nous montre souvent : Drugs sex & rock n' roll... Non, la vie quotidienne pas si facile, fatigante plutôt avec les tournées, et puis la routine, le quotidien trivial, et les affects, les inévitables affects, les humains, si humains, trop humains.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 août 2012

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