NOTES SUR ANDROMAQUE DE RACINE, ACTE II, SCENE 5
Dans la scène 4, un coup de théâtre : le revirement de Pyrrhus qui annonce à Oreste qu'il consent à livrer Astyanax, le fils d'Hector et d'Andromaque, à la coalition des princes grecs et que, du coup, il s'apprête à épouser Hermione.
Oreste avait suggéré que cette décision soudaine et surprenante n'était peut-être pas du fait seul du fier Pyrrhus (cf vers 615-616 : "Seigneur, par ce conseil prudent et rigoureux, / C'est acheter la paix du sang d'un malheureux"), le mot "conseil" étant ambigu puisqu'il peut désigner la "décision" mais aussi l'instigateur de cette décision, le "conseiller" Phoenix, "gouverneur" (1) de Pyrrhus comme il le fut aussi du père de Pyrrhus, le "bouillant Achille".
Les deux premiers vers de cette scène 5 semblent corroborer l'hypothèse d'Oreste puisque s'adressant à Phoenix, Pyrrhus demande :
PYRRHUS
Hé bien, Phoenix, l'amour est-il le maître ?
Tes yeux refusent-ils encor de me connaître ?
Pyrrhus, en ne cédant pas à sa passion pour Andromaque, choisit la raison d'Etat et ainsi suit sans doute les recommandations du conseiller Phoenix.
PHOENIX
Ah ! je vous reconnais ; et ce juste courroux
Ainsi qu'à tous les Grecs, Seigneur, vous rend à vous.
Aux yeux de Phoenix, Pyrrhus est avant tout un roi grec et son "courroux" qui va jusqu'à renoncer à l'amour d'une femme et l'acceptation du sacrifice de l'enfant de cette femme est la preuve qu'il n'a pas renoncé à son identité d'ennemi de Troie.
D'ailleurs, cet amour pour Andromaque n'est jamais qu'une "flamme servile" :
Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile :
C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille,
Que la gloire à la fin ramène sous ses lois,
Qui triomphe de Troie une seconde fois.
Discours laudatif de Phoenix qui rappelle ainsi, de façon allusive, quel fut le rôle de Pyrrhus durant le siège de Troie.
Pyrrhus est le fils d'Achille : il naît alors que son père est déjà parti foudroyer du Troyen. La légende raconte qu'après la mort d'Achille (d'une flèche au talon), le devin troyen Hélénos apprend aux Grecs que Troie ne pourra être prise que par le fils du héros mort. Ainsi Phoenix qualifie-t-il Pyrrhus de "fils et de rival d'Achille" (ce qui, entre parenthèses, annonce quelque peu quand même la théorie psychanalytique du "meurtre du père" , le mot "rival" étant, à cet égard, assez clair). De fait, Pyrrhus à Troie "se couvre de gloire et venge la mémoire de son père en prenant la ville, massacrant les habitants, dont le petit Astyanax [enfin, selon Racine, l'enfant qu'il croit être Astyanax], et emportant Andromaque dans son butin [on ne sait jamais, ça peut toujours servir]." (sauf ce qui est entre crochets, cf l'Index Nominum in Andromaque, Presses Pocket, "Lire et Voir les Classiques", p.181).
Jean Racine est né en 1639.
En 1641, il perd sa mère (Jeanne Sconin).
En 1643, il perd son père (Jean Racine) dont le métier était "greffier du grenier à sel" c'est-à-dire qu'il était un employé de l'administration fiscale.
Jean, fils de Jean et de Jeanne.
Néoptolème est le fils d'Achille.
Achille est le fils de Thétis qui le déguise en fille pour qu'il échappe à l'expédition grecque contre Troie.
Achille est alors surnommé "Pyrrha" ("la Rousse").
Néoptolème est donc appelé Pyrrhos.
Pyrrhus, fils d'Achille-Pyrrha. (cf Index Nominum, op. cit. p.181).
PYRRHUS
Dis plutôt qu'aujourd'hui commence ma victoire.
D'aujourd'hui seulement je jouis de ma gloire ;
Et mon coeur, aussi fier que tu l'as vu soumis,
Croit avoir en l'amour vaincu mille ennemis.
Pour Pyrrhus, ce qui importe avant tout, n'est pas "la gloire" du vainqueur de Troie, ni ce second "triomphe" évoqué par Phoenix, ce qui importe c'est "sa victoire" sur sa passion et la "gloire" qu'il tire de l'exercice de sa volonté. La réponse de Pyrrhus dans les deux premiers vers fait écho au discours de Phoenix en en reprenant les termes : cf le chiasme : "gloire" (v. 631), "triomphe" (v. 632) , "victoire" (v. 633), "gloire" (v.634).
Ce qui importe donc ici et maintenant (cf la répétition de l'adverbe "aujourd'hui"), c'est que Pyrrhus soit "maître de lui comme de l'univers" et maître aussi de sa parole (cf le rythme ternaire du vers 634 : "D'aujourd'hui / seulement / je jouis / de ma gloire / ") car :
Considère, Phoenix, les troubles que j'évite,
Quelle foule de maux l'amour traîne à sa suite,
Que d'amis, de devoirs j'allais sacrifier,
Quels périls...
L'accumulation des substantifs traduit la panique rétrospectice de Pyrrhus qui semble ainsi prendre conscience du drame que sa fascination possible pour Andromaque risquait d'entraîner. Cependant, ce n'est pas "l'amour" ici qui est vaincu mais les "périls" qui découlaient de cette passion coupable puisque contraire aux intérêts des Grecs qui auraient craint l'influence d'Andromaque puis celle de son fils grandissant sur la politique de Pyrrhus.
Un regard m'eût tout fait oublier.
Tous les Grecs conjurés fondaient sur un rebelle.
Je trouvais du plaisir à me perdre pour elle.
L'élégante simplicité du vers racinien rappelle l'importance du regard dans les couples possibles de la pièce. Ce sont les yeux d'Hermione qui sauvent ou condamnent Oreste ; c'est le regard d'Andromaque qui pourrait proquer une guerre.
Pyrrhus, très lucide, désigne même sa complaisance à se laisser fasciner : "Je trouvais du plaisir à me perdre pour elle" (vers 642). Son amour pour Andromaque est d'abord pour Pyrrhus un problème personnel : Andromaque est donc à la fois un enjeu et un piège.
Après ce vers 642, Pyrrhus sans doute est muet un instant, mesurant sans doute l'importance de son changement d'état d'esprit, appréciant son stoïcisme. Phoenix en profite donc pour manifester son contentement :
PHOENIX
Oui, je bénis, Seigneur, l'heureuse cruauté
Qui vous rend...
Il en a de ces expressions, Phoenix : "l'heureuse cruauté", l'oxymore est effrayant. J'en profite pour rappeler ce qu'est un oxymore. Il s'agit d'une figure de style qui consiste à associer à un nom un adjectif épithète qui est contraire à ce mot par le sens.
Exemple : Corneille : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Nerval : Le soleil noir de la mélancolie
Molière : Les Femmes savantes (euh... non, je plaisante.)
L'effet produit est un raccourci que l'on dit "saisissant", quand on n'a pas peur des clichés, de l'expression d'une idée ou d'un sentiment.
Mais aussitôt a-t-il commencé à faire dans la figure de style, le Phoenix, que Pyrrhus l'interrompt :
PYRRHUS
Tu l'as vu, comme elle m'a traité.
Le tutoiement traduit le naturel, la familiarité avec laquelle Pyrrhus s'entretient avec Phoenix. La phrase résonne de façon étonnamment moderne à nos oreilles. Dans le français familier de ce début de XXIème siècle, "traiter" quelqu'un signifie l'insulter.
Pyrrhus se sent insulté par l'attitude d'Andromaque. En effet :
Je pensais, en voyant sa tendresse alarmée,
Que son fils me la dût renvoyer désarmée.
Le rythme ternaire traduit la colère qui monte dans le ton de Pyrrhus au fur et à mesure de l'évocation de la vision d'Andromaque auprès de son fils :
J'allais voir le succès de ses embrassements :
Je n'ai trouvé que pleurs mêlés d'emportements.
Sa misère l'aigrit ; et toujours plus farouche,
Cent fois le nom d'Hector est sorti de sa bouche.
Le regard d'Andromaque exerce sa fascination sur Pyrrhus mais non ses paroles ; la "bouche" d'Andromaque révèle que l'esprit d'Hector, l'esprit de Troie est toujours vivace et donc potentiellement dangereux.
Mais ce que redoute le plus Pyrrhus, c'est la rivalité du mort :
Vainement à son fils j'assurais mon secours :
"C'est Hector, disait-elle en l'embrassant toujours ;
Voilà ses yeux, sa bouche, et déjà son audace ;
C'est lui-même, c'est toi, cher époux, que j'embrasse."
Astyanax est l'image d'Hector, son héritier. En nommant son fils du nom de son époux mort, Andromaque souligne que la transmission du nom peut être la transmission du même, la transmission d'une identité d'autant plus forte ici qu'elle est fondée sur la haine du meurtrier d'Hector, Achille, le père de Pyrrhus.
C'est une provocation évidente et la colère de Pyrrhus ressemble beaucoup à un dépit amoureux. D'ailleurs, il n'évoque pas tout de suite cette haine d'Andromaque, ou plutôt il l'évoque par une litote :
Et quelle est sa pensée ? Attend-elle en ce jour
Que je lui laisse un fils pour nourrir son amour ?
"pour nourrir son amour" c'est-à-dire "nourrir son amour" pour l'héritier d'Hector et donc sa haine pour les Grecs et pour le fils de l'assassin, Pyrrhus.
Phoenix alors lui conseille le désintérêt :
PHOENIX
Sans doute. C'est le prix que vous gardait l'ingrate.
Mais laissez-la, Seigneur.
Pyrrhus pourtant, au lieu de changer de sujet, revient sur Andromaque et continue de prendre ses rêves pour la réalité:
PYRRHUS
Je vois ce qui la flatte.
Sa beauté la rassure ; et magré mon courroux,
L'orgueilleuse m'attend encore à ses genoux.
Je la verrais aux miens, Phoenix, d'un oeil tranquille.
Elle est veuve d'Hector, et je suis fils d'Achille :
Trop de haine sépare Andromaque et Pyrrhus.
Pyrrhus est un homme fier ; il n'imagine pas qu'il puisse laisser Andromaque indifférent et la tient donc pour une "orgueilleuse" qu'il désire maintenant faire plier, asservir à sa volonté.
Pyrrhus est un homme fier mais qui ne manque pas de lucidité : il sait que la haine à son égard est réelle ; les paroles d'Andromaque à son fils l'ont convaincu.
Phoenix tente alors de rappeler le roi d'Epire à ses obligations :
PHOENIX
Commencez donc, Seigneur, à ne m'en parler plus.
Allez voir Hermione ; et content de lui plaire,
Oubliez à ses pieds jusqu'à votre colère.
Vous-même à cet hymen venez la disposer.
Est-ce sur un rival qu'il s'en faut reposer ?
Il ne l'aime que trop.
D'autant plus que Oreste est toujours dans la place...
Mais le roi amoureux n'écoute pas et toujours Andromaque revient dans ses propos :
PYRRHUS
Crois-tu, si je l'épouse,
qu'Andromaque en son coeur n'en sera pas jalouse ?
Il sait qu'Andromaque ne peut que le haïr et pourtant il continue à se bercer d'illusions.
Ce qui mécontente la voix de la raison d'Etat :
PHOENIX
Quoi ? toujours Andromaque occupe votre esprit ?
Que vous importe, ô Dieux ! sa joie ou son dépit ?
Quel charme, malgré vous, vers elle vous attire ?
Au XVIIème siècle, le mot "charme "avait le sens fort de son origine latine (carmen, carminis désignait en latin certes une composition en vers, mais aussi la réponse d'un oracle autant qu'un enchantement, une formulation magique). Ce que Phoenix appelle "charme", c'est la fascination qui, malgré lui, porte Pyrrhus à aimer Andromaque.
D'ailleurs, Pyrrhus n'écoute pas les conseils de son gouverneur et plutôt que d'ignorer Andromaque, il envisage une nouvelle entrevue :
PYRRHUS
Non, je n'ai pas bien dit tout ce qu'il faut lui dire :
Virtuosité racinienne : cet alexandrin est composé de douze monosyllabes avec deux accents forts sur la répétition de l'emploi du verbe "dire" à l'hémistiche et à la rime.
Ma colère à ses yeux n'a paru qu'à demi ;
Elle ignore à quel point je suis son ennemi.
Il semble que Pyrrhus veuille à son tour fasciner Andromaque. Puisqu'il n'a pas réussi à la fasciner par son audace, il va tenter de la fasciner par sa "colère".
Retournons-y. Je veux la braver à sa vue,
Et donner à ma haine une libre étendue.
Mieux encore ; cette fascination désirée semble avoir valeur d'exorcisme : la "colère" devient "haine" et cette "haine" est source de délivrance pour le fasciné Pyrrhus (cf l'emploi de l'adjectif "libre").
Et pour mieux se convaincre lui-même de ses intentions, il invite l'incrédule Phoenix à l'accompagner :
Viens voir tous ses attraits, Phoenix, humiliés.
Allons.
Le terme "humiliés" est ici ambigu. En effet, il s'agit de l'humiliation d'Andromaque qui, refusant l'aide de Pyrrhus, doit maintenant subir la colère d'un roi qui se sent insulté, mais il s'agit aussi sans doute dans l'esprit de Pyrrhus de l'humiliation de la femme "orgueilleuse" que jusqu'ici sa beauté défendait (cf vers 659 :"sa beauté la rassure") et qui serait à son tour défaite par l'affirmation de la volonté de Pyrrhus de renoncer à son "charme", à ses "attraits".
Phoenix reste incrédule et semble décliner l'invitation :
PHOENIX
Allez, Seigneur, vous jeter à ses pieds.
Allez, en lui jurant que votre âme l'adore,
A de nouveaux mépris l'encourager encore.
PYRRHUS
Je le vois bien, tu crois que prêt à l'excuser
Mon coeur court après elle, et cherche à s'apaiser.
PHOENIX
Vous aimez : c'est assez.
L'échange est assez vif entre le prince et son conseiller. Phoenix désavoue Pyrrhus et lui prédit le mépris d'Andromaque.
PYRRHUS
Moi l'aimer ? une ingrate
Qui me hait d'autant plus que mon amour la flatte ?
Sans parents, sans amis, sans espoir que sur moi,
Je puis perdre son fils ; peut-être je le doi.
Pyrrhus se défend de l'accusation de faiblesse cependant qu'il s'interroge sur son devoir : il est en mesure de causer la perte d'Astyanax, "peut-être" est-ce là son devoir.
Etrangère... que dis-je ? esclave dans l'Epire,
je lui donne son fils, mon âme, mon empire :
Ce qui fait la valeur de ces deux vers, c'est l'emploi du mot "étrangère" pour désigner certes la troyenne captive mais aussi l'exilée, l'isolée par son orgueil à laquelle le roi pourrait tout céder. La formulation "je lui donne son fils" est particulièrement expressive qui suggère la toute puissance de Pyrrhus.
Et je ne puis gagner dans son perfide coeur
D'autre rang que celui de son persécuteur ?
Non, non, je l'ai juré, ma vengeance est certaine :
Il faut bien une fois justifier sa haine.
La haine des grands se doit donc d'être connue et comme toutes les passions, elle doit être servie avec zèle.
J'abandonne son fils. Que de pleurs vont couler !
De quel nom sa douleur me va-t-elle appeler !
Quel spectacle pour elle aujourd'hui se dispose !
Elle en mourra, Phoenix, et j'en serai la cause.
C'est lui mettre moi-même un poignard dans le sein.
Nous sommes à la fin de l'Acte II et Pyrrhus semble précipiter la tragédie nécessaire : il faut que quelqu'un meure. Ce sera Andromaque et son assassin sera Pyrrhus. Et, semblant vouloir "brûler ce qu'il a adoré", il le revendique, ce coup de poignard dans le coeur d'Andromaque. La limpidité du style de Racine est ici très grande et le discours de Pyrrhus dans ces derniers vers est sans ambiguïtés.
Cependant, cette passion dans la haine déconcerte Phoenix qui souhaiterait sans doute plus de sobriété :
PHOENIX
Et pourquoi donc en faire éclater le dessein ?
Que ne consultiez-vous tantôt votre faiblesse ?
Ce dernier vers est un peu énigmatique. Phoenix suggère peut-être que, sous le coup de la passion, Pyrrhus devrait éviter de rencontrer à nouveau l'orgueilleuse et très belle Andromaque.
Pyrrhus d'ailleurs, après s'être représenté les manifestations du désespoir d'Andromaque, semble s'apaiser et, conscient de ses responsabilités, reconnaît la valeur des conseils de Phoenix :
PYRRHUS
Je t'entends. Mais excuse un reste de tendresse.
Crains-tu pour ma colère un si faible combat ?
D'un amour qui s'éteint c'est le dernier éclat.
Il rassure ainsi Phoenix et renseigne les spectateurs sur son état d'esprit : la crise personnelle du roi d'Epire touche à sa fin. Il écoute maintenant, l'esprit (presque) apaisé, la voix de la raison d'Etat :
Allons. A tes conseils, Phoenix, je m'abandonne.
Faut-il livrer son fils ? faut-il voir Hermione ?
Notons que le nom d'Andromaque disparaît ici au profit de celui d'Hermione, la fiancée officielle.
PHOENIX
Oui, voyez-la, Seigneur, et par des voeux soumis
Protestez-lui...
Phoenix rappelle que le roi d'Epire doit se soumettre à ses obligations ; épouser Hermione en est une puisque ce mariage est souhaité par le roi Ménélas et donc a priori par la coalition des princes grecs.
PYRRHUS
Faisons tout ce que j'ai promis.
Pyrrhus utlise ici un pluriel de majesté ("faisons") qui associe Phoenix à ses décisions.
Le deuxième acte de la tragédie finit donc par l'affirmation d'une volonté, celle du roi d'Epire qui choisit la raison d'Etat contre la passion amoureuse.
Je concluerai ce commentaire de l'acte II en faisant remarquer que ce qui fait l'intérêt du théâtre, c'est que l'on y voit le discours à l'oeuvre de l'être (2). En effet, Pyrrhus dans cette dernière scène, évolue, passant du dépit amoureux à la haine puis à l'apaisement d'une lucidité politique retrouvée, et ce qui le fait évoluer, c'est la langue qu'il emploie, l'affirmation de son propre discours qui nourrit l'être-Pyrrhus dans le même temps que Pyrrhus produit ce discours. Ainsi, les conseils de Phoenix rendent la scène vraisemblable mais restent au second plan face à la puissance de persuasion sur soi-même que révèle le discours et son apparaître, la langue de Jean Racine.
Notes : (1) en français classique, le mot "gouverneur" désignait un "gentilhomme chargé de l'éducation d'un prince", cf Dubois, Lagane, Lerond, Dictionnaire du français classique, Larousse, 1971.
(2) En ce sens, le discours ne cesse de "nommer l'être" et l'être même du discours réside en cet acte de nomination - et donc du choix des dénominations - qui appartient en propre à l'humanité, qui ne cesse de faire l'humanité telle qu'elle est, en devenir. C'est l'homme qui nomme les Dieux et non l'inverse. C'est l'homme qui représente les Dieux et non l'inverse. L'homme qui en tue un autre pour la représentation d'un prophète se nomme lui-même "assassin au nom de Dieu et de son prophète" et plonge ainsi l'humanité toute entière dans une illusion meurtrière, celle qu'il pourrait y avoir blasphème ; il n'y a pas de blasphème, il n'y a que des offenses aux croyances et elles ne méritent donc que le mépris des croyants et non la vengeance.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 février 2006