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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 02:08

Chiffonné

"On ne m'invite plus dans le monde (1). Après une heure ou deux (où je témoigne d'une tenue au moins égale à la moyenne), voilà que je me chiffonne (2)." (Henri Michaux, Un chiffon in La nuit remue, La bibliothèque Gallimard, p.146).

Notes
:

(1)
Pour ma part, peu m'importe. Je crains tant les cérémonies que je gifle tous ceux qui m'annoncent leurs épousailles. Je me brouille avec les moribonds. J'éclate d'un rire gras à la vue d'un ventre rond. Je jette de l'argent au prêtre qui s'avance et le tiens ainsi éloigné ; il me crie alors des choses incompréhensibles en faisant force facéties sacerdotales. Parfois, néanmoins, je condescends à m'inviter. Et je jure à chaque fois que c'est la dernière.

(2)
"se chiffonner". Je suis en général assez chiffonné pour que l'on ne me remarque guère, ou sinon avec un peu d'étonnement, en faisant la moue, ou l'oeil rond. Je ressens d'ailleurs immédiatement le vague dégoût qui occupe quelques instants l'esprit de ceux entre lesquels je passe, indifférent.
Quelquefois, je suis encombré de toutes ces bouches qui s'agitent, de toutes ces têtes sur lesquelles planent des claques invisibles. Je me mets alors à aboyer. Ces avertissements sonores déclenchent illico des menaces illustrées, à l'occasion, de quelques tentatives de coups de pied. Je m'en retourne alors, grondant, maugréant, dans mon coin où je ris dans mes poils de la face tragique - et somme toute assez grotesque - du chat.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 17 octobre 2007

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