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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 02:21

CARTOON INTIME

« Tout en moi prend son poste de combat » (Henri Michaux, La nuit remue, La Bibliothèque Gallimard, p.158)

C’est ce qu’écrit Henri Michaux dans son poème intitulé « Colère ». La colère comme préparation au combat. Mais cette colère est aussi en elle-même une lutte :

« Tout en moi prend son poste de combat, et mes muscles qui veulent intervenir me font mal. » poursuit Michaux.

« Barabo en réponse se baissa, rompit les orteils de Poumapi et après avoir d’abord feint de vouloir jongler avec, les fit disparaître prestement derrière son dos. » (Henri Michaux, L’âge héroïque, op. cit., p.97).

D’ailleurs, ce combat peut être de pure fantaisie, comme les duels des dessins animés américains où le coyote est mille fois haché menu, frité en long et en large, dispersé « façon puzzle », - j’adore cette expression de Michel Audiard -, déchiqueté, essaimé confetti, évaporé, aplati, explosé, rétréci à l’infini de toutes les morts dessinées possibles.

De fait, il en est ainsi des ennemis de l’invisible, de ces faces que l’on aimerait tant patafioler, parce qu’elles se permettent, - oh les audacieuses ! -, de nous juger, de vaguement nous mépriser, de nous promettre leur amitié, pire encore : de vouloir nous aider.
Qu’elles baissent la garde, qu’elles arrêtent un instant de nous attendre au tournant et voilà ce qui, - c’est fatal comme la colère -, finit par arriver :

« Il y a des gens qui s’assoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger.
   
En voici un.
 
Je te l’agrippe, toc.
 
Je te le ragrippe, toc.
 
Je le pends au porte-manteau.
 
Je le décroche.
 
Je le repends.
 
Je le redécroche.
 
Je le mets sur la table, je le tasse et l’étouffe.
 
Je le salis, je l’inonde.
 
Il revit. » (Henri Michaux, Mes occupations, op. cit., p.147)

En vérité, je vous le dis, voici la Bonne Nouvelle : tous revivront, nos amis comme nos ennemis, et nous pourrons ainsi, pour les Siècles des Siècles, nous annihiler dans la paix de celui qui prit un nom à coucher dehors - ou dans une étable - un nom sans nul doute à se faire crucifier.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 novembre 2007

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