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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 23:20

IMPERSONNEL

"Dans tout homme gît un besoin d'abandonner son idéal, d'être ce qu'il n'est pas." (Cioran, Exercices négatifs en marge du Précis de décomposition, Gallimard, p.86).

"Etre ce qu'il n'est pas".
Comment "être ce qu'il n'est pas" ?
Comment ne pas voir que cette formule : "ce qu'il n'est pas", est aussi une forme impersonnelle ?

"Papa, pourquoi il pleut ?"
"Parce qu'il tombe de l'eau." (C'est là le modèle de toutes les réponses de la philosophie)" note encore Cioran (page 165 du même volume).
Le modèle de ce qui prétend démontrer et ne fait que montrer, les réponses renvoyant à l'impersonnalité de l'étant.
Pourquoi l'étant plutôt que rien revient à demander pourquoi cela est qui pourrait tout aussi bien ne pas être.
Qui devient aussitôt :
Pourquoi cela est-il et pourquoi cela n'est-il pas rien ?

Où l'on voit que le "nom de l'être" est ce pronom qui commande la forme impersonnelle et renvoie à un état et non à une action.

"- Pourquoi il pleut ?"
"- Parce qu'il tombe de l'eau."
L'impersonnel "il tombe de l'eau" exprime moins l'action de tomber que l'état humide du monde. (1)
Ainsi, sur une terre très aride, la forme "il tombe de l'eau" relève sans doute d'un état virtuel, d'un événementiel hypothétique, voire du miracle, - du religieux donc -, ou même du légendaire.

Il n'en reste pas moins qu'il y a un "il".

(1) Pour des extra-terrestres qui ne connaîtraient pas la soif, nous devons être quelque chose comme des batraciens pensifs, des grenouilles cogitives, des crapauds spéculatifs.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 février 2009



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