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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 03:24

DU MARTYR
Note sur Le bouge de l'historien (cf René Char, "Seuls demeurent" in Fureur et Mystère, Poésie/Gallimard p.47).

Comme René Char, nous pouvons faire ce constat :

La pyramide des martyrs obsède la terre.

La terre, ce que nous sommes puisque nous sommes faits de cette matière "première", est un lieu de martyr.
Le mot "martyr" vient du latin ecclésiastique martyrium et du grec martus,marturos qui signifie "témoin". Les martyrs, ce sont d'abord des regards, des consciences aspirées par l'horreur qui les annihile. L'intensité de ces regards nous "obsède", des êtres réduits à l'état de squelettes devant des fours crématoires.

Dès lors, que pouvons-nous ?
Nous martyriser nous-même en nous suicidant ?
Nous martyriser nous-même en "d'atroces performances psychiques", Artaud dans l'ombre qui palpite, dangereuse, des chimies, des herbes et des encres.
Alors nous devenons "démons de la forêt" tels ces sangliers géants morts et furieux, rendus fous de haine par l'industrie des hommes, machines à tuer et à être tué, comme nous le montre l'extraordinaire film d'animation Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki (Japon, 1997).
Alors nous devenons ces "assassins" dont Rimbaud avait prévenu l'avénement.

Le désir de vivre cependant est le plus fort :

    Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune. (René Char)

On notera que ce qui est aimable dans le poème de René Char reste indéterminé, "ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer", comme un rêve, une vision fugace, un agile insaisissable, ce que nous cherchons et qui est heureux et qui, des rivages de l'ancienne Grèce jusqu'à nous, se tient dans la patience de l'olivier. 

                     Patrice Houzeau
                     Hondeghem, le 18 septembre 2005

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