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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 22:03

CHEVALIER DES JOURS A VENIR
Notes sur Pierre Seghers par l'auteur, collection "Poètes d'aujourd'hui", Editions Seghers, n°164.

L'humour et la fantaisie, c'est pas forcément ce à quoi on pense de prime abord à propos de Pierre Seghers. Tout de même, parfois :
"- Beau nez, nez de carnaval
Vous perdez votre cheval
"
("L'Echo", Poèmes choisis (1952))

C'est pas toujours marrant, c'est parfois fantaisiste, l'allitération :
"Je rame je rêve je ronge"
("Poète", Poèmes choisis)
Qu'c'est vrai qu'nous autres qu'on rame, qu'on rêve galion et qu'on n'a qu'rafiot, qu'on ronge son frein et l'os du fantôme (je sais pas ce que je veux dire en créant l'expression "ronger l'os du fantôme", faudrait demander à un psychanalyste).

Dans le même poème, la forme "rafiote" est-elle néologistique? (cf "Je rafiote en de vieilles eaux"). C'est suggestif comme image : un tout miteux bateau sur un vieil étang à chimères.

Oui qu'on rêve. Dans ses Dialogues (1966), il a, Pierre Seghers, cette jolie expression :
"Dans ma réalité, je vis en songe."

C'est ainsi qu'il prosopopise (?), qu'il prosopope (?), qu'il prosopopéise (?), qu'il prosopopope (?), qu'il fait jacter la pierre, Pierre Seghers, dans Les Pierres (1958) :
"La bouche de la pluie m'embrasse"
C'est assez old school, vintage, lyrique un peu trop, et qui donne à penser que la pierre, au contraire de nos fragilités, ne peut choper ni rhume, ni grippe. De la mousse peut-être (sauf quand elle roule, bien entendu).

Belle allusion à la puissance linguistique des choses dans le poème "Les Cloches du passé" (in Les Mots couverts, 1970) :
"Quand l'automne, sa musique et ses échos de passé simple
jette sur ses épaules son écharpe bleue de "nous fûmes"."

Et puis le goût des images :
"Tu te tresserais une cotte de mailles avec les couteaux du verglas" ("Paysage pour un enfant à venir" in Poèmes choisis (1952)).
C'est sûr qu'avec ce qui les attend, les mômes, z'ont intérêt à s'armer sûr, à s'armurer plus, à se cuirasser coeur et carcasse, corps et âme, crâne et tibia.
C'est ainsi que dans ce texte, l'enfant est "chevalier des jours à venir", que "l'Hiver et la Nuit" pourraient fort bien inviter à "leur Cour où le mystère déploie son long manteau de feux".

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er juillet 2012

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