HORLOGES METONYMIQUES
"Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci."
(François Villon, L’Epitaphe Villon, vers 1 à 4, cité par Pierre Seghers in Le Livre d’or de la poésie française, marabout université, p.60)
1) Frères humains : c’est un oxymore évidemment.
2) « qui après nous vivez » : La relative synchronise l’après-nous et le présent absolu. Le vivant, c’est pour nous – et ce n’est que par rapport à nous - du contemporain, de l’ascendant (l’avant-nous) et du descendant (de l’après-nous).
3) Les cœurs : ce sont des choses étonnantes que les cœurs, des métonymies que nous promenons tout au long de l’existence, des horloges métonymiques...
4) « pitié de nous pauvres » : « de nous pauvres » : ce complément fonctionne comme un complément de nom, pire ! comme un complément de détermination !
5) Dieu : Dis,euh… Dieu, pourquoi donc, pourquoi donc que ça va pas mieux, dis, euh… le monde ?
6) « avoir merci de » : c’est de l’ancien français et ça veut dire « avoir pitié de ». Cf aussi : « avoir à sa merci » : être en mesure, après l’avoir vaincu, ou étant sur le point de le vaincre, d’exercer sa pitié sur son adversaire ; « être sans merci » : être sans pitié, impitoyable.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 janvier 2009