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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 08:46

LONGTEMPS OU PAS LONGTEMPS

« Longtemps ou pas longtemps ne veut rien dire. Le mange-minutes en prend à son aise !... Depuis hier j’ai l’impression d’être aujourd’hui et demain n’arrangera pas les choses. » (Jean-Claude Forest, Barbarella, Les Colères du mange-minutes, Dargaud, collection 16/22, 1980, p.59).

1)
    
Longtemps : Le longtemps ne concerne que les vivants. Sinon, c’est de l’antan, de « l’en-temps », de l’en-dedans du temps fermé comme un sarcophage (étymologiquement « ce qui mange les corps »).

2)
    
« ne veut rien dire » : rien ne veut jamais rien dire. C’est nous qui voulons dire, c’est nous qui signifions.

3)
    
« le mange-minutes » : périphrase pour le temps qui passe, et nous découpe en tranches, en miettes-secondes, en volumes horaires. Que le « mange-minutes » puisse « en prendre à son aise », et même connaître des colères, suppose une nature en soi du temps qui peut laisser songeur. N’est-ce pas plutôt nous qui avons la possibilité d’en prendre à notre aise et de partager nos jours entre colères et soulagements ?

4)
    
Hier, aujourd’hui, demain : jaune d’œuf, moutarde et huile… Le temps, quelle mayonnaise !

5)
    
« depuis hier, j’ai l’impression d’être aujourd’hui » : paradoxalement, ce sont les adverbes de temps qui permettent de rendre compte de la relativité des temps que nous vivons. Le présent mange le passé et demain ne peut rien pour aujourd’hui (« et demain n’arrangera pas les choses »). Du reste, c’est logique : demain ne peut arranger que les choses de demain. Par exemple, la pilule du lendemain ne peut arranger que les conséquences de l’aujourd’hui, de la veille. Notons encore que ces adverbes de temps peuvent aisément se substantiver : l’hier, l’aujourd’hui et le demain. C’est dire leur puissance sur nous, pauvres mortels.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 janvier 2009

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