OREILLE DANS LE VENT

OREILLE DANS LE VENT

Je ne suis pas sérieux vu que je n'ai plus dix-sept ans
Ce vin est trop bon je vais donc le boire
C'est que j'ai perdu une oreille dans le vent
Et que les ombres chuchotent mes déboires

A quoi donc que ça sert de rimer ainsi
Si vous n'avez pas de quoi vous payer
Ce qu'il vous faut pour être ainsi
Que les autres alors vous aimeraient

C'est que vous êtes maladroit aussi
Vous ne vous donnez pas la peine
Et d'autres passent devant vous qui
Vous semblent pourtant si riquiquis

C'est que vous êtes méchant aussi
Vous ne vous rendez pas compte que
L'existence est une chaîne d'utilités
De il faut que suivi de il faut que

C'est entendu j'ai bouffé le chien féroce
Mon Bonaparte monte une vieille rosse
J'agite un sabre de bois
Et mon dada bascule un peu dans la fosse

Allez donc voir ailleurs si j'y suis
Ô fantoches de moi même
Quelle bande de bras cassés mes esprits
Vous ne valez pas une tarte à la crème

Rimer c'est ridicule écrire c'est puéril
Si ce n'est pas pour trouver des secrets
Gagnants de quoi trancher la queue du diable
Et l'accrocher trophée dans la salle à manger

De quoi tirer la langue sur la photo
De quoi composer de bons mots
Et des pensées profondes comme des ventres
En attendant que la frangine à la faux

Vienne vous décrocher le coeur
Et que vous retourniez d'où
Vous auriez mieux fait de ne point jaillir
Diable stupide trempé de boue.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 mai 2012