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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 08:43

NOTES SUR LES "AMOURS JAUNES" DE TRISTAN CORBIERE
CORBIERE EN POETE PUNK (3)

 

Les vers de Tristan Corbière cités ici sont extraits des Amours jaunes dans l'édition établie par Christian Angelet (Livre de Poche, collection Classiques de poche, 2003).

 

Il ne naquit par aucun bout,
Fut toujours poussé vent-de-bout,
Et fut un arlequin-ragoût,
Mélange adultère de tout.
              (Tristan Corbière, Les Amours jaunes, "Epitaphe", Livre de Poche, p.50).

 

Assonances. Le ouh ! moqueur. La moue auto-dérisoire.
"Par aucun bout" car il faut toujours que cela commence par un "bout", le "bon bout de la raison" de Rouletabille ou ces travaux qui tissent nos jours et dont nous devons venir à bout.
Sinon, on n'est jamais que porté, "poussé" par le deci-delà du vent.
Et nous voici "arlequins", petits rigolos, tout bricolés de pièces rapportées. Christian Angelet nous apprend d'ailleurs dans une note à ce vers que le terme "arlequin" désignait les "restes de comestibles provenant de la desserte des grandes maisons et qui se vendaient à bas prix sur les marchés parisiens".
Corbière en autoportrait ? Un néologisme : "l'arlequin ragoût", le "mélange de tout", "adultère" bien sûr, Tristan Corbière en poète punk ne serait jamais être trop bâtard.

 

A propos du titre.
Le recueil Les Amours jaunes fut publié à compte d'auteur en août 1873.
Les Amours jaunes est un titre qui appelle le commentaire puisque la couleur jaune le connote fortement.
Dans sa préface à l'édition parue au Livre de Poche (collection "Classiques de poche", 2003), Christian Angelet écrit que "les premiers commentateurs y ont vu un calque de l'expression rire jaune" (cf préface, p.13).
Il cite à ce propos André Breton :"On peut aimer jaune comme on rit jaune.".
Le préfacier ajoute que "l'interprétation désormais communément admise est que le jaune désigne tout bonnement le cocuage et, plus généralement, la trahison".
A mon sens, les deux interprétations ne s'excluent pas.
Le recueil se veut évidemment ironique, cynique, grinçant comme l'essieu fantôme de "la brouette de la Mort" (cf la pièce intitulée "Nature morte").
On ne rit jaune que de ce qui nous est déplaisant.
La trahison, le cocuage, sont déplaisants.
Mais en donnant ce titre, Tristan Corbière affiche la couleur : Il tourne en dérision le modèle romantique et ses illusions lyriques (l'amour éternel, l'éternel féminin et toutes ces fariboles qui font le succès des chansons de la starac', - à ce propos, je signale que le dernier album des Rolling Stones "Rollingstonesabiggerbang" (sic) marque un retour au rock n' roll dans ce qu'il a de plus ironique et de plus intéressant au niveau rythmique : Charlie Watts et Keith Richards tels qu'en eux-mêmes ; à mille lieues donc des dandineries gnangnans des dindes et dindons de la farce TF1) mais revenons à Corbière qui "trahit" en quelque sorte, en tournant le dos à l'école des bons sentiments et surtout en méprisant les convenances littéraires.
Les amours sont donc jaunes du jaune des cocus mais jaunes aussi du jaune des traîtres.
Ainsi les premiers vers du poème "la fin" où il "trahit" Victor Hugo (alors que tant d'autres allaient lui cirer les pompes !) en s'attaquant à "Oceano nox" :

 

Eh bien, tous ces marins - matelots, capitaines,
Dans leur grand Océan à jamais engloutis,
Partis insoucieux pour leurs courses lointaines,
Sont morts - absolument comme ils étaient partis.


Allons ! c'est leur métier ; ils sont morts dans leurs bottes !
                (Tristan Corbière, La fin, Les Amours jaunes)

 

Et pour que cela soit bien clair, il cite même en exergue les vers de Victor Hugo :

 

Oh ! Combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis !...
                (Victor Hugo, Oceano nox).

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 29 décembre 2005

 

merci ^^
ça ma beacoup aidé ton texte aaaaaaaa javance
cest pas facile detre une littéraire !!
<<3
Posté par NANA 14 janvier 2007 à 11:53
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commentaires

H
<br /> <br /> Votre article est fort intéressant, mais il est tout de même dommage qu'il n'y soit pas fait allusion à Paul Verlaine qui, au demeurant, a écrit de belles lignes pour faire connaître ce génial<br /> poète breton...<br /> <br /> <br /> Bien amicalement,<br /> <br /> <br /> Hervé VILEZ.<br /> <br /> <br /> <br />
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