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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 11:23

DU MYSTERIEUX MISTER B (I)

1.
"Je suis Tom Dorsey !... Tom Dorsey ! Directeur du "Tombstone Epitaph" pour vous servir !"
(Jean Giraud, Mister Blueberry, Dargaud, page 3, planche 1b)

Les bâtons de la foule rythment la poussière, passent la poussière, légendent la poussière. De la machine sortent les hommes, déïcules, ridicules même, ou têtes baissées. Encore leur faut-il traverser la contrée, lutter contre la montre des dissolutions. Le mythe est au prix de ce poids d'ombres. Faut-il s'étonner que nous soyons suivis ?

2.
"Vous avez certainement raison, sir, si l'aventure moderne consiste à cuire sous un soleil d'enfer !..." (Mister Blueberry, page 4, planche 2b)

Les ombres foutent les foies, pèsent comme des regards. Les yeux de la poussière dévisagent les enquêteurs. Ce sont pourtant dans ces ombres que sont entreprises les racines. Les peaux au soleil se multiplient comme des brûlures. Des chevaux portent cette légende que traverse le vent déployé.

3.
"Ho...vous savez, dans l'Ouest les fables vont bon train..." (Mister Blueberry, page 5, planche 3a)

Les héros peuplent les langues. Ce sont des mines d'or que ces légendaires. Vivants, ils ont les cartes en main, ces signes que l'on change en or, en dollars, en plomb. Il y a d'ailleurs toujours quelqu'un pour demander à voir.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 avril 2008

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 11:10

SURPRISE DU DOGUE

Surprise du dogue Brutus lorsque, ayant été libéré par la cassure (CRAC) de la branche, où l'avait accroché sa laisse, et s'élançant tout aboyant (Wouah ! Wouah !), il passa par-dessus Tintin qui l'esquiva, le chien, tout simplement en se baissant, voyant l'animal emporté par son élan voler pour aller, en leur tombant dessus, bousculer comme quilles ses deux maîtres qui, sous le coup, furent entourés d'un tas de petites étoiles noires fort propres à signifier la violence du choc.

(d'après Hergé, Le Secret de la Licorne, page 51, cases 5 et 6, éditions Casterman)

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 22 janvier 2008

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 11:03

!?

!?

A gauche de la case, le phylactère est composé d'un point d'exclamation (!) suivi d'un point d'interrogation (?), signes de ponctuation qui marquent la surprise de Tintin, dont le buste apparaît dans l'ouverture du mur de briques qu'il a lui-même, pour pouvoir s'évader, pratiquée grâce à un bélier de fortune, surprise de Tintin face au bric-à-brac de cette galerie dans la cave où, dans la perspective des piliers de cette case 5 de la page 41 de l'album Le Secret de la Licorne du grand Hergé (éditions Casterman), on distingue une multitude d'antiquités, bleu bibelot, tête d'os d'animal, fantoche à fil, fixe regard d'une paire de masques asiatiques, meuble à y trouver de vieilles lettres, vert bouddha, épées, lances, fauteuils bien propres à y lire du Voltaire, tableaux, boîte à musique, paravent, bustes de plâtre, idoles de bois, de bronze, de terre cuite, armures, tout un tas d'encombrants jusqu'à cette silhouette blanche, là-bas, d'une statue qui, le bras levé, semble boucher le passage, ou peut-être héler l'aventurier qui soudain, au détour d'une case, à l'autre bout de la galerie, surgirait, imprévisible, inéluctable, extraordinaire.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 janvier 2008

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 10:58

DISPARITION

Et, au seuil d'une de ces pièces, qui évoquent ces intérieurs clairs et lisses - cependant que hantés - des tableaux de René Magritte, l'inspecteur Dupont, avec un -t, tout de noir vêtu, comme un croque-macchabée, portant moustache en brosse et chapeau melon, à l'image de son double Dupond, avec un -d, puisqu'ils sont appelés à tous se ressembler, les fonctionnaires de la sécurité nationale, autant par manque de personnalité (cependant que Dupond et Dupont brillent justement par le grotesque attaché à leur personne, ce qui est, après tout, une manière d'avoir de la personnalité) que par souci d'anonymat (bien que, parce que grotesques justement, Dupont et Dupond ne passent guère inaperçus) - l'inspecteur donc constate avec l'effarement du fonctionnaire devant un événement qu'aucune circulaire n'a prévu, effarement comparable sans doute à celui du coq devant un radio-réveil, ou à celui d'un banquier devant une dégringolade boursière, que :

- "Sapristi !... Le mort a disparu !..." (Hergé, Le Secret de la Licorne, page 29, case 8, éditions Casterman).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 janvier 2008

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 10:52

TERRIBLEMENT

"Par Lucifer ! Je te ferai avaler ta barbe, porc-épic !..."

  (Hergé, Le Secret de la Licorne, page 24, case 7, éditions Casterman)

 

Ainsi, dans la généalogie des aventures du capitaine Haddock, s'exprimait terriblement le terrible pirate à la terrible cape rouge et au non moins terrible panache rouge sur couvre-chef gris, surmontant de terribles yeux et une barbe en pointe noire, celle très caractéristique des hommes accoutumés aux terribles batailles navales, aux effroyables abordages, aux pillages impitoyables, croisant le fer avec François, chevalier de Hadoque et ancêtre du capitaine haut en couleurs et amateur d'épithètes rares, lequel ancêtre fut lui aussi fort en gueule :

 

"Et moi, je te déplumerai, perroquet bavard !... Flibustier de carnaval !... Pirate d'eau douce !... Anthropopithèque !" qu'il répond, terriblement.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 19 janvier 2008 

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 10:46

GOTHIQUES CROQUIS

D’après la case 1 de la page 15 de Noces de brume de Sokal (Casterman, 1985) et la case 8 de la page 27 de la même splendide et sombre fantaisie.

Elle se complainte, la brune, les yeux bavants de larmes, qu’elle a peur de ne pas avoir assez de sang à donner…
Au ciel glacé ricane la chauve souris (hi ! hi !) : « saigner les hommes…saigner les hommes…saigner les hommes… » qu’elle n’arrête pas de couiner, ivre de son vol fou.

Bon, le canard en imperméable se radine chez Raspoutine. C’est tout bleu chez Raspoutine, et tout froid aussi. Le canard, -on voit ses yeux luire dans l’ombre qu’il fait de lui-même à la porte où commence à s’engouffrer un vent genre sibérien-, terrible, le justicier palmé, il le dit d’ailleurs qu’il fait pas chaud. Confirmation du maléfique lynx, satanic majesty himself : on s’les caille because qu’le feu est mort.
C’est tout bordel chez Raspou : coffre et revenant, tête de mort animal, des araignées jouent de la mandoline pour passer le temps, - c’est pas dans la bédé, ça, mais on s’en fout ! -, des pendus swinguent à la fenêtre illunée, c’est-à-dire que la lune leur fait l’éclairage, aux brothers branchés, - ça non plus, c’est pas dans la bédé, mais on s’en balance ! -, Raspou fume le cigare, énorme et clairvoyant :
-          « Je t’attendais, Canardo… »

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 novembre 2007

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 09:06

SOLITUDE DE RITA

Notes sur La femme du magicien, album d'illusions formidables, vivaces et terribles de François Boucq d'après un récit de Jérome Charyn (Casterman, 1994)

Page 42, case 5 : A la table des affreux, un combat de scorpions dans une boîte en carton.

Page 54 : Conversation de policiers dans le fast-food où travaille Rita. Question de la serveuse, Nancy, - c'est ce qu'indique son badge - Hello My name's Nancy - :
- "Il y a encore eu du grabuge cette nuit ?
- "Ouais, dans Central Park, on a trouvé un cadavre pas piqué des vers..."

Pages 60-61 : Solitude de Rita dans son vestiaire puis face à la blague de mauvais goût que lui font ses collègues : dans la chambre froide, une pièce de viande, - os, côtes, viande rouge avec chapeau, imperméable hors d'usage, - beaucoup des objets dessinés par François Boucq ont l'air ainsi, "hors d'usage", périmés et terribles -, et cette pancarte : "Kiss me Baby".
Remarque de Nancy :
- "Dorothée, viens voir ! Rita vient de découvrir une nouvelle victime du sadique de Central-Park !"
Nancy et Dorothée énormes, rappelant que les Etats-Unis sont le pays de la surconsommation, du surpoids,  de la surenchère. Entre ces deux pièces-là aux dents évidentes, Rita passe, menue, seule, muette. D'ailleurs, elle n'a plus rien dit depuis plusieurs pages, plus rien dit depuis sa dernière métamorphose en loup, rien dit depuis qu'elle a posé cette question à l'homme dans l'ombre, cette question-clé pour porte condamnée :
- "Edmond ?!! C'est toi, Edmond ?

Solitude de Rita à chacune des pages de ce récit non pas désenchanté, - il y a de la charogne magique, de l'enchanteur pourrissant dans cette histoire -, non pas désenchanté mais plutôt "désillusoire". Dans cette partie médiane de la page 61, un "strip" de trois cases :

1) Dans la voiture de police, l'inspecteur Velvet Verbone, profil droit, élégant comme un détective de roman anglais, maniéré presque à la façon d'un Hercule Poirot, jette un coup d'oeil sur un illustré :
- "C'est vous qui lisez ces trucs là ?
- C'est mon gosse qui me les refile pour quand je poireaute" répond le policier.

2) Un extrait de l'illustré : une séquence de lutte entre un homme affolé et un loup-garou. Les quelques cases citées, se présentant comme un exemple de culture populaire américaine, semblent "authentifiées" par des dialogues en anglais. Cet extrait de récit bon marché, en noir et blanc, primaire, travail de studio pour publication de consommation courante, en apparaissant ainsi dans un récit  particulièrement travaillé, original, sophistiqué, semble prouver que l'enjeu de l'enquête ne serait jamais qu'une légende idiote, une mômerie, un prétexte, une illusion.

3) Séparée du profil droit de l'inspecteur Verbone, Rita, de trois-quart face, sur son lieu de travail, - le "fast-food" -, jette un coup d'oeil elle aussi sur quelques croquis abandonnés sur une table : en quelques traits, ils esquissent le visage de la serveuse.

Solitude de Rita au centre de la case 7 de la page 61. Elle se trouve dans un bout de rue qui tient de l'impasse, de la bordure de fabrique, du passage entre les rues passantes, les artères principales, et les quartiers pauvres aux locations étroites, étriquées, accumulées du centre-ville.

Page 63, case 8 : Un scorpion dans la boîte à sucre que l'inspecteur Verbone tend à Rita.

Les illusions sont des choses mortes. Evidemment.

Post-scriptum
: Des mêmes Boucq et Charyn,  je vous conseille le formidable, vivace et terrible aussi Bouche du Diable (Casterman éditeur).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 octobre 2007

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 08:51

A L'ENVIE DU VENT

Dans le vertige de l'escalier rompu, le jeune homme du roman classique, - ici Kidnappé ! dessiné par Hugo Pratt d'après l'oeuvre de Robert-Louis Stevenson -, a grimpé les taches noires de la pierre. Il vient de frôler la mort. Le vent souffle sur une grisaille d'arbres.
Que fait ce jeune homme dans la tourmente ?
Cherche-t-il à percer quelque romanesque mystère d'histoire policière à lire la nuit, chez soi, dans le confort des couvertures ou la paix du fauteuil tandis que, derrière les fenêtres, le vent décorne les boeufs et lance son loup sur les portes ?
S'est-il rendu, le petit jeune homme, à un énigmatique rendez-vous fixé par un demeurant de l'invisible ?
Ce talent en tout cas, ce talent du gris, du noir et du blanc qui rythment les pages, ce si vif talent de Hugo Pratt incite au songe, au rêve éveillé, incite à l'envie du vent, à la foudroyante, à la palpitante lenteur des aventures dessinées :

Case_extraite_de_Kidnapp____de_Hugo_Pratt_p

Cases extraites de Kidnappé ! de Hugo Pratt, d'après l'oeuvre de Robert-Louis Stevenson, Cong S.A, p.8, citées ici à titre d'exemple et d'illustration.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mai 2007

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 08:26

NOTES SUR NOCES DE BRUME (Sokal, Casterman, 1985)

                                        1

Il y a un canard effrayé, fume et joue à la roulette russe.

Il boit aussi un peu trop, l'inspecteur Canardo.

Une jeune fille qui s'appelle Emily. Elle est brune et souvent pleure. Emily, en voilà un prénom ancien, anglo-saxon par son "y", prénom prononcé dans l'intemporel de la fiction.
Emily. On pense aux soeurs Brontë, à d'autres vents, ceux de Hurlevent. Et au mot légende jusqu'où semble souffler le vent.

"Je ne suis plus que l'ombre de ma propre légende qui se meurt faute de pouvoir mourir avec elle..." monologue-t-il, le géant lynx, le haret Raspoutine, shakespearien soudain.

Tragédie, soubresaut d'ombres avant leur extinction, avant que ne commence réellement leur légende.


L'un des jurons les plus utilisés par la bête est : "Par les Saintes Icônes !"
Le juron, référence à un autre monde qui souligne l'absurdité du monde présent, du monde vécu.

Le livre : une scénographie d'ombres.

Emily, la jeune fille, - ses longs cheveux noirs volent au vent glacé -, (toute fiction se grave dans le gel), dit aux hommes :
- "Pauvres pantins impuissants... Je fais ce que je veux de votre cervelle."

Comme on sait.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 mai 2007

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 08:05

NOTES SUR LA FILLE DU PROFESSEUR
(d'après La fille du professeur, dessin de Guibert, scénario de Sfar, Dupuis, collection Expresso)

1.
In medias res dans la rue
elle le tire par le bras
elle l'a au bout de sa main,
cet homme dont on ne voit pas le visage
elle le tire par le bras
et le presse de venir dans la rue
Lui il annonce tout de suite la couleur
il précise son paradoxe.

2.
Car - vrai ! - dans la lumière blanche
l'ombre qui parle ne raffole pas forcément du soleil
fût-elle pharaonne
fût-elle en compagnie d'une demoiselle
fût-elle protégée d'un haut-de-forme
momie suscitée par la magie du dessin.

3.
Mais c'est à Kensington qu'elle veut aller,
la demoiselle au parapluie,
la sans cavalier ; c'est à Kensington
qu'elle veut aller avec cette momie
qui fera bien l'affaire
vu que dans cette vieille angleterre
la fille d'un professeur ne peut décemment
pas prétendre s'amuser sans être accompagnée.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 28 avril 2007

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