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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 18:58

NOTES 51 A 61 SUR LES STATUES
Brefs en lisant Les Statues (Dessins de Ferry - Scénario de Pombal - Couleurs de Monic, Le Lombard, 1997)

 

51.
Si ça se trouve, nous ne tombons amoureux que de copies. Mais comme alors cela signifie que nous sommes nous-mêmes des copies, cela est dans l'ordre des choses. En outre, cela explique l'importance de la reproduction dans nos si rationnelles sociétés.

 

52.
Poignardé par son propre bras en était le modèle, l'auguste meurt entre deux Laïos.

 

53.
Un autre sphinx posé sur la boîte d'une Pandore en papier mâché.

 

54.
Et puis un autre sphinx encore faisant face aux ténèbres d'une autre statue, le visage fermé farouche d'une vieille femme.

 

55.
Un colosse de pierre. Le temps lui a abîmé la jambe. Le colosse de pierre a été taillé pour soutenir une voûte. Le temps lui a abîmé la jambe et la voûte est donc vouée à l'écroulement.

 

56.
Planche 41 : Annonce du dernier coup.

 

57.
On a beau dire La vie est un songe, tout n'est qu'illusion, nothing is real, il n'en reste pas moins qu'il est rare que l'on puisse dire : "Le reste de la journée se passait comme dans un rêve..." (cf planche 42).

 

58.
Les revoilà sur la flotte, avec un drôle d'instrument à consulter, qu'on dirait un instrument de musique, qu'ils ont tiré, si je comprends bien, d'une boîte bleue.

 

59.
Ce n'est pas l'instrument qui jacte directement, c'est une fée, une fée apparue dans une sorte de nuée étoilée. Elle a comme des plumes aux épaules. Ou sont-ce des feuilles ?

 

60.
La boucle de la légende s'est nouée à nouveau. Le temps a refermé ses ailes de dragon.

 

61.
Ses ailes de dragon. Je ne crois pas si bien dire. C'est que toutes les femmes de cette dynastie finissent par cracher dans la soupe en attendant les concurrents.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er août 2013

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 08:06

NOTES 1 A 9 SUR L'IRLANDE A BICYCLETTE
Brefs en lisant L'Irlande à bicyclette, de Johann Sfar et Tanquerelle (Editions Delcourt, 2006).

 

1.
Il y a un homme qui cauchemarde. Les bandes dessinées de Joann Sfar, des orinies, des songes dessinés (ici par Tanquerelle). Le récit du rêve intitulé "L'Irlande à Bicyclette" commence donc par un cauchemar. Une mise en abyme du cauchemar dans le songe, qui est lui-même une mise en abyme de l'autre en soi.

 

2.
Le professeur Bell est persuadé que ses cauchemars lui sont envoyés par un de ses ennemis. L'illusion comme malédiction. Le cauchemar comme sort jeté. Le réel complote contre la conscience.

 

3.
Lorsque le professeur Bell s'est "viandé sur le pavé"; heureusement, sa pipe ne s'est pas cassée. Lui non plus. D'ailleurs, la pipe fumait encore.

 

4.
Le sol, parfois, un miroir. Il fait des traits qu'on dirait un spectre d'herbe, grise, en noires épines. "Il n'est pas tranquille."

 

5.
Fou furieux furax professeur s'efforçant de fracasser la cafetière d'un de ses étudiants : c'est ainsi que Bell apparaît à la planche 5.

 

6.
La planche 6 est pleine de fumée. Fumigène et hallucinée.

 

7.
Evidemment, quand on part en Irlande, il n'est pas étonnant d'avoir un fantôme sur son porte-bagages. Il vaut d'ailleurs mieux emporter son propre fantôme. C'est tout de même plus discret. Après tout, le fantôme est un être personnel, un être intime, dont on peut supposer qu'il connaît vos secrets.

 

8.
Le fantôme découvre des cadavres. C'est un spectre révélateur. C'est même leur truc, aux spectres, de révéler. Les fantômes, c'est rien qu'des balances. Et si ça se trouve, des fois, ils mentent aussi bien que s'ils étaient encore vivants. Sans compter les fantômes corbeaux et les spectres usurpateurs.

 

9.
Le fantôme qui accompagne le Professeur Bell de Sfar et Tanquerelle : une grande bouche d'ombre qu'on dirait un long Ah muet promenant un linceul vert percé de deux trous pour ses yeux de ténèbres. C'est d'ailleurs un fantôme que l'on peut avoir dans le nez, et puis qui vous sort par les narines. Je me demande si les lecteurs actuels comprennent encore ces expressions : "avoir quelqu'un dans le nez" ; "avoir quelqu'un ou quelque chose qui vous sort par les narines", ce qui signifie dans les deux cas que l'on ne peut supporter quelqu'un ou quelque chose. Par ailleurs, je le trouve très sympathique, le spectre vert de Bell, mais il y a peu de chances qu'il me rentre dans le nez pour voir ce qui me hante. J'ai renoncé depuis longtemps à être un personnage de bande dessinée.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 juillet 2013

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 07:36

NOTES 10 A 19 SUR L'IRLANDE A BICYCLETTE
 

Brefs en lisant L'Irlande à bicyclette, de Johann Sfar et Tanquerelle (Editions Delcourt, 2006).

 

10.
Je me demande si un fantôme peut se mettre en bouteille. Sous forme liquide s'entend. Et s'il est buvable et si c'est le cas, quelle est sa teneur en alcool. Cela doit dépendre sans doute de son origine et de son ex-mode de vie.

 

Note : Le fantôme qui accompagne le professeur Bell, mis en bouteille, il constituerait une liqueur verte. Ce qui n'est pas sans évoquer.

 

11.
La question que pose la planche 10, c'est de savoir si un corps peut contenir plusieurs âmes. La tradition veut qu'il y ait une seule âme par corps. C'est là une vue essentialiste de l'âme. Je penche moi pour la pluralité des âmes dans un seul corps. Ainsi, ces âmes passant notre existence à se quereller, se chamailler, se rabibocher, se prendre en grippe, se comploter, s'illusionner, s'adorer, se déchirer l'une l'autre, cela explique bien des choses, n'est-il pas ?

 

12.
On ne peut pas rentrer dans la peau de l'ours avant de l'avoir vue sauter d'arbre en arbre. C'est là une vérité griffue, poilue, dentue et solidement accrochée aux branches.

 

13.
Tout passe à travers les fantômes. C'est que la terre tourne. Il se peut donc que l'on shloupsât et bonkât. Et c'est normal, un linceul n'est pas un parachute.

 

14.
Evidemment, la pluie traverse les spectres. Sinon, cela ferait comme des trouées dans la pluie. Ce ne sont pas les fantômes qui font des trous, c'est le vent, le vent trouant, le vent gouffrant, le vent qui tente de nous retourner la peau comme un gant.

 

15.
"Pain rassis", "bouffe rance", "bière tiède", il ne manquerait plus que des morts-vivants.

 

16.
Un Blam ! Blam ! Blam ! a pour but de blâmer définitivement, radicalement, ontologiquement, les morts qui ont eu l'outrecuidance d'outre-tombe de se prendre pour des vivants.

 

17.
Le cimetière de la planche 16 m'a tout l'air circulaire. C'est que la terre tourne.

 

18.
Au centre de la planche 17, Eliphas évoque les banshees, les "délicieuses banshees couvertes de taches de rousseur." Ce serait-y pas une allusion à la Banshee qui accompagne Corto Maltese dans Les Celtiques, de Hugo Pratt ?

 

Note :
- Qui est Eliphas ?
- Je ne vous le dirai pas. Vous n'avez qu'à acheter l'album.

 

19.
Planche 18, le professeur Bell soulève une dalle mystérieuse. Ce qui explique que, lorsque l'on n'y arrive pas, à la soulever, la dalle mystérieuse, l'on s'exclame "Que dalle ! et puis mystère et vert fantôme !" C'est une tradition, voyez, d'autant plus ancienne que je viens de l'inventer.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 juillet 2013

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 01:22

NOTES 20 A 30 SUR L'IRLANDE A BICYCLETTE
Brefs en lisant L'Irlande à bicyclette, de Johann Sfar et Tanquerelle (Editions Delcourt, 2006).

 

20.
Quand il nocke nocke nocke à la porte des "lutins d'Irlande", Le professeur Bell est incliné d'la tête, vers la gauche.

 

21.
Dans la lumière verte, les lutins sont tout ridés. Tout vieux. Tout moches. C'est pour ça sans doute qu'on n'en voit jamais, de lutins. Zont trop honte d'être si moches. Du coup, on a inventé les nains d'jardin.

 

22.
Planche 21, Ophélia, elle est toute coulante. Elle est croulante sans l'air d'être jeune. C'est que la terre tourne.

 

23.
Le professeur Bell a de longues mains, pour se saisir de l'irréel.

 

24.
Planche 23, les têtes de morts ont l'air de contempler la scène macabre qui vient de se dérouler sous leurs yeux. Il y en a certaines, elles ont l'air d'en être toutes retournées. En fait, moi, je pense qu'elles s'en fichent. Elles se disent que le nombre des vivants diminue et que donc le nombre des morts augmente. C'est d'ailleurs une loi qui ne souffre aucune réciprocité.

 

25.
Ossour, c'est sûr, est tout en rogne ; c'est pour ça qu'Ossour, tout comme un sourd, cogne.

 

26.
En général, quand on perd un ami, une amie, on gagne un fantôme, du même sexe que celui ou celle que l'on a perdu. C'est un échange, une compensation onirique. Le professeur Bell, lui, il se retrouve tout seul - y a bien un ange, mais il reste de pierre -, et son fantôme, et son poteau, de lui s'éloignent.

 

27.
Le surnaturel est plein de chevaliers avec lances, armures, panaches, heaumes illustrés de dragons, blasons et destriers  ardents, noirs, caparaçonnés, alambiqués, miniaturés, casés et onomatopéiques. C'est drôle, cette manie du médiéval de s'inviter dans la contemporanéité. En même temps, c'est décoratif, les chevaliers ; ça produit toujours son effet.

 

28.
Planche 27 : "d'un coup au milieu de rien." Et pis big et bang, clique et claque, Zig et Puce, Quick et Flupke, Tic et Tac, Us and Them, Me and You, et tous les matins du monde qui jamais ne pouet pouet.

 

29.
Je me demande quelle est la probabilité pour qu'un amas nuageux avec drache puisse donner la parfaite illusion d'un château dans le ciel avec cavaliers volants en approche, et tours merveilleuses, et créneaux, meurtrières, donjons, tout le médiéval toutim. Puis qu'on voie ça en compagnie d'un linceul jactant, alors là, la probabilité, ça fait longtemps qu'elle mange les pissenlits de la spéculation par la racine carrée.

 

30.
Hypothèse induite par Eliphas : Si la grosse pluie devient un lac suspendu au ciel, normal donc que s'y reflètent des ailleurs. C'est un genre de mirage. Et si le professeur Bell y est aussi lui-même, c'est que le professeur Bell aussi est un mirage.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 juillet 2013

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 00:04

NOTES 31 A 38 SUR L'IRLANDE A BICYCLETTE
Brefs en lisant L'Irlande à bicyclette, de Johann Sfar et Tanquerelle (Editions Delcourt, 2006).

 

31.
Planche 30, le fantôme est enveloppant, sirotant, brolo-brolant.

 

32.
Manger son thon à l'huile à même la boîte, c'est un peu comme profaner une sépulture. Cela ne se fait pas. Pas étonnant qu'elle en est choquée, la fille dévêtue qui fume une longue pipe et porte un ruban au cou. Cela ne se fait pas, c'est tout.

 

33.
Il faut bien avaler le petit navire pour que ça produise son effet elficologique. C'est ainsi que l'on invoque l'Irlande et que soudain, il n'est plus seul.

 

34.
Elle a la chevelure rousse cascadante, ondulante, flamboyante, avec un visage malin, mignon, frimousse. Elle est légère comme l'armure d'une fée cavalière.

 

35.
Le professeur Bell n'est pas aimé des dieux. Il est trop cynique, trop revanchard, trop jaloux, trop imprévisible, trop fantôme à ombre de fantôme, trop regard qui fait peur, trop positiviste et puis impulsif, si impulsif.

 

36.
Curieux comme elle est vert d'eau la fille de Petrus Barbygère. On la dirait pastel, nénuphar en robe lilas, la nana que ça ferait un refrain amusant ça lilas, la nana.

 

37.
Le professeur Bell a unilatéralement remonté le temps. Il n'est donc plus synchrone avec son état civil.

 

38.
Le professeur Bell maintenant est plus petit que lui-même. C'est drôle comme il me fait penser au Little Nemo de Winsor McCay. On dirait qu'il va rêver.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 juillet 2013

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29 juillet 2013 1 29 /07 /juillet /2013 22:15

NOTES 39 A 47 SUR L'IRLANDE A BICYCLETTE
Brefs en lisant L'Irlande à bicyclette, de Johann Sfar et Tanquerelle (Editions Delcourt, 2006).

 

39.
Le professeur Bell n'a plus d'hallucinations. C'est qu'il est lui-même hallucinant.

 

40.
Un gamin dans les rues, surtout s'il a plu, ça va des fois de splatch ! à baf ! Heureusement qu'il ne peut faire usage d'une arme à feu, il risquerait bien de descendre le livreur de charbon, et le ciel, et quelques passants, et le lecteur, ce témoin si bavard puisqu'il vit, le lecteur, dans ce monde réel où l'on parle des êtres de fiction avec autant de sérieux qu'un physicien précise que la physique quantique et la théorie de la relativité générale sont incompatibles.

 

41.
Planche 40, le fantôme, i fairytale (en français de série B, il fairytelle "e"-deux "l"-"e"), ce qui est normal pour un fantôme. Le spin doctor storytells (ouh là, je m'avance d ans le rosbif, attention que des chats et des chiens ne me tombent point sur la tête) et le fantôme i fait dans le fairy tale ; tout est dans l'ordre ; on nous raconte que des conteries.

 

42.
Vouloir un "sommeil sans rêves", c'est vouloir un poisson sans arêtes, une sirène sans chanson, un dieu sans paroles, un orage sans éclairs, un éclair sans café, un café sans sucre, un truc que noir quoi.

 

43.
Le rêve est la matière première de la conscience. C'est une éponge à absorber les illusions.

 

44.
Il a le naseau fumant, Little Nemo/Professeur Bell, il a le naseau fumant et complot en tête.

 

45.
Il embauche une sorte de banshee (selon les critères d'Eliphas énoncés à la planche 17, - "délicieuse et couverte de taches de rousseur").

 

46.
Dans les vieilles histoires épouvantables, il est courant que le commanditaire d'un assassinat se fasse porter la tête de son ennemi. Vous imaginez ça, des vivants circulent en ville avec des têtes coupées dans des boîtes, - et dans des cartons à chapeau, c'est possible ça ? - à moins qu'il existât une sorte de carton spécial, de carton à tête tranchée.

 

47.
Donc l'histoire finit par une tête coupée, je ne vous dis pas laquelle, vous n'avez qu'à acheter l'album "L'Irlande à Bicyclette", tome 5 des aventures du "Professeur Bell", par Joann Sfar et Tanquerelle, aux Editions Delcourt, 2006.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 juillet 2013

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 22:03

DU QUASI TOUT ET DU DEJA
(En feuilletant le hors-série que l'Histoire et Marianne consacrent au Corto Maltese de Hugo Pratt, juillet 2013).

 

1.
p.48 : Corto et son interlocutrice ont tous deux les yeux baissés. Son interlocutrice s'appelle Banshee. Et Corto lui demande de confirmer que ce nom de Banshee renvoie au malheur, au porte-poisse. C'est que les  banshees "sont des sorcières de mauvais augure" répond la fille en vert. Il y a du vent. Des feuilles mortes y filent. Les vivants y filent aussi, peu à peu éparpillés, lentement dissous dans l'air. Corto et sa Banshee aussi.

 

2.
p.62 : Pleine page. Très peu de lignes. Paysage de neige. Quelques cavaliers lointains. Abstraction. Il s'agit sans doute de la Russie de 1917, au moment où "le baron Ungern-Sternberg écume la région à la tête de sa "Division sauvage" (p.63) mais la pleine page ne le précise pas. Cavaliers stylisés parcourant la ligne claire, occupant un espace perdu, un empire du blanc, se frottant à la mort jusqu'à s'y fondre.

 

3.
"Bizarre... On dirait des caractères runiques..."
(p.77 [Corto])

 

  Bizarre... bin oui, c'est dans le bizarre qu'il oeuvre Corto.
  On voit qu'il soliloque dans sa tête aux petites bulles blanches qui s'échappent du phylactère il soliloque et il dit que c'est bizarre, il regarde une tête de lion, une statue sous le croissant de lune On
  Dirait que ce sont des flammes couchées lissées qui tissent la crinière du lion il a les yeux baissés le flamboyant comme si lui aussi il soliloquait en dedans de lui-même peut-être que l'être se tient dans ce monologue intérieur, peut-être que le monologue intérieur est la façon dont l'étant, qui est parfois si bruyant, manifeste son être.
  Des signes qu'il a sur son épaule le lion, des gravés que c'est ça, ces signes, qui l'épatent, le marin, des signes bizarres des
  Caractères runiques que ça lui semble à Corto (il a beaucoup lu, comme Hugo Pratt dit-on, aussi qu'il avait une bibliothèque incroyable dit-on, aussi que ce fut l'un des plus documentés parmi les dessinateurs de bandes dessinées dit-on, aussi qu'il fut un grand voyageur dit-on)
  Runiques les caractères, c'est saxon non ça les caractères runiques, ou viking peut-être je vas vérifier, attendez un instant... bon, Wikipédia i dit comme ça que le runique ça servait aux Anglo-Saxons à écrire le "vieil anglais" et aux Scandinaves le "vieux norrois" tout ça ne nous dit pas ce que font ces caractères runiques gravés sur l'épaule d'un lion de Venise que ça fait penser à une histoire à la Borges que j'en ai comme l'écho d'un Saxon tout armé peau de bête sombre et grounch grommelant des runes en méditant sur le quasi tout et le déjà ça.

 

4.
"Es-tu la Rose alchimique ?
- Oui, tu me cherchais ?"
(p.101 [Corto / La Rose])

 

  Es-tu ceci cela cela ceci ? Es-
  Tu ? Quand on s'interroge, c'est sur l'être que voyez moi au départ de ce texte je me demandais dois-je écrire "es-tu ce que nous rêvons ?" ou "es-tu ce dont nous rêvons ?" que je m'en pose voyez des questions sur l'être de
  La langue ou de la
  Rose celle qu'on dit
  Alchimique je sais pas ce que ça veut dire que la rose est le symbole d'un savoir occulte donc que c'est joli la rose pis épineux pis éphémère
  Es-tu ce que nous rêvons ?
  Es-tu ce dont nous rêvons l'être ?
  Oui qu'elle répond la Rose car dans les aventures de Corto Maltese ça prosopope parfois que dans les rêves en fait on ne les entend pas parler, les objets ; en tout cas moi j'ai pas souvenance d'en avoir rêvés, des objets jacteurs, que c'est propre à ce rêve éveillé que l'on appelle la fiction de les faire se mettre à table, les objets
  Tu causes tu causes c'est tout ce que tu qu'elle
  Me dit peut-être la Rose
  Tu causes tu causes et pis des catastrophes qu'elle
  Me dit peut-être la Rose que je regarde dans la case de papier où Corto Maltese demande
  "-Es-tu la Rose alchimique ?
  - Oui, tu me cherchais ?" qu'elle répond la Rose
  Tu me cherchais comme si elle ne connaissait pas, déjà, la réponse.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 juillet 2013

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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 19:36

TENTER L'INVISIBLE

 

1.
Des fois, je me demande, écrire, ce serait pas un peu tenter l'invisible, des fois, jusqu'à ce qu'il vous attrape.

 

2.
La porte entrebâillée... la jeune femme en robe rouge... Si j'osais  se dit-elle.
(cf Séraphine, France de Riga, T.2 La Blanchisserie, Glénat 2008, p.44)

 

La maison est grande, dedans la robe rouge.
Porte sur quelque conversation secrète...
Entrebâillée... je regarde ses longues mains, à
La belle espionne...
Jeune à courir vite dans les rues, jeune
Femme... elle est de la blanchisserie...
En robe rouge, la jolie,
Robe rouge avec des reflets de craie ;
Rouge robe comme teintée de calcaire et de sang ;
Si jamais... elle serait tuée sans doute... Si
J'osais...
Pas un pli... elle bouge pas la jolie rouge...

Se colle l'oreille à la porte... il se
Dit des drôles de choses...
Elle bouge pas, écoute les messagères.

 

3.
Le poinçon levé... dans les bois, la course, la tueuse...
(cf Séraphine, op.cité, p.25)

 

Le corps dans les bois... au
Poinçon levé l'échevelée...
Levé son bras, à l'assassine...
Dans la pente du bois suit sa victime,
Les corps se cherchant dans les
Bois, la mort loin des villes...
La course maintenant... quelques foulées rapides,
Course vers celle que l'on fait chuter,
La lame clouant la robe au sol, le blanc des yeux,
Tueuse l'autre, cet éclair révélé.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 juin 2013

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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 08:02

COMME S'IL TOMBAIT DE L'OUBLI
En lisant le tome 22 des aventures de Jessica Blandy, Blue Harmonica, par Renaud et Dufaux, Editions Dupuis, collection "Repérages", 2003.

 

1.
Une grande ville vide, ciel bleu-gris, neige qui tombe, et l'homme à l'harmonica - il tombe bien puisque le titre du tome 22 des aventures de Jessica Blandy est justement "Harmonica Blue" - et puis quelqu'un arrive avec un nom.

 

2.
- Ils sont parmi nous, déjà parmi nous. - Qui ça ? - Les autres, nous autres...

 

3.
L'élégante silhouette de Jessica Blandy dans son grand manteau, dans la neige, dans la rue vide, dans la beauté de son jeune visage, dans l'ambiguité des rapports humains - Dommage... elle avait de bien jolies jambes. (page 6).

 

4.
J'aime bien que Jessica soit une personne connue... et assez... controversée... (page 13). Jessica, elle dit aussi qu'il n'y a pas que la logique en ce monde... (page 34) La logique, c'est une affaire d'ingénieur... de technicien... au jour le jour, la logique, elle est un rien bousculée, la logique... fantasmes et symboles, le voilà très baroque notre quotidien... d'où l'atmosphère doucement fantastique des aventures de Jessica Blandy... Le bizarre dans les plis... On peut passer à côté... On passe à  côté... On se dit, tiens, c'est curieux, et puis on est pris par autre chose, par les apparences de la logique... par l'urgence... par l'ordre des priorités... par ce qu'on croit si rationnel.

 

5.
Il y a ce drôle de bonhomme, vêtu comme dans la vieille Amérique, celle des gravures, des westerns, Mister Chance qu'il s'appelle. La ville semble m'approuver. Mais je reste modeste. Je ne suis que l'intermédiaire... (page 24). Intermédiaires... Des fois, je me dis que nous sommes tous les intermédiaires, les médias d'une langue que nous croyons connaître et qui nous est radicalement étrangère. D'où cette façon qu'il a, le réel, de nous échapper, de s'esquiver, de nous navrer, de nous effrayer, de faire volte-face et de nous sauter à la gueule, remué golem par cette langue dont nous sous-estimons sans doute l'infinie puissance.

 

6.
Je ne doute pas que bien des phrases portent des messages secrets. Ils nous sont insaisissables. Nous ne pouvons que les mettre en scène, en rythme, en voix. L'art ainsi... surréaliste en diable... singulière façon de mettre en oeuvre des messages qui nous échappent et qui nous agitent

 

7.
Ce qu'il sait, c'est qu'elle a été aussi, Jessie, cette femme coincée dans un bordel... droguée... offerte au premier venu... (page 43) Comment le sait-il ? Comment sait-il ce que Jessica elle-même a oublié ? Et le Mexique ?... On a parlé du Mexique... (page 46). Blue Harmonica, c'est celui qui sait... D'ailleurs, lui aussi consulte des ordinateurs (cf page 41). Naguère, il aurait consulté des archives. L'humain est le seul animal qui se dote d'une technologie utile à la conservation de sa mémoire. Comme s'il avait peur de tomber dans son propre oubli.

 

8.
Tout au long de l'album quasi, la neige... comme l'éparpillement d'un ange de l'oubli.

 

9.
Ils ne deviennent personne (page 19). Ceux que l'on oublie, c'est comme s'ils devenaient personne... Page 16, faces cornues, bleuâtres peintes sur un mur, tatouages, tête d'aigle, serpent à tête de mort, diable tirant la langue, Mexique...

 

10.
La multiplication des symboles ne peut, en aucun cas, constituer un être, puisque, justement, l'être est ce qui reste une fois qu'il est entiérement dénoté, dépouillé de ses oripeaux symboliques. Et c'est là que l'on s'aperçoit qu'il ne reste pas grand chose, vraiment pas grand chose : l'entrée murée d'une ancienne bouche de métro.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 juin 2013

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 23:29

SUR QUELQUES DESSINS DE MATHIEU LAUFFRAY

 

DBD # 72 (avril 2013), pp 40-47 : portfolio Mathieu Lauffray. Les citations des propos du dessinateur figurent ici entre guillemets.

 

1.
p.40 : escaliers monumentaux. Crâne de pierre. Orbites démesurées. Trous. Gouffres. Architecture gris-vert. Ruines des jungles. "Murailles", "cité perdue". Petits bonshommes. Quatre têtes dans quatre cases.

 

"J'ai penché un peu l'horizon afin de rendre plus ardue la progression vers les portes monumentales."

 

C'est le privilège des graphistes, des dessinateurs, des peintres, de jouer avec la géométrie, de dérégler l'espace, de plonger nos yeux dans un ailleurs pour lequel nous nous fascinons, parce qu'on est bien futile, et tout rêve, à croire que le réel n'est jamais qu'une réalité par défaut.

 

2.
p.41 : brume. Lanterne. Massif pirate. Seul. Sabre. Trésor fabuleux et jambe de bois. Roches à peine distinctes dans le brouillard.
Et, comme nous tous, "il fait signe à ses compagnons encore invisibles", lesquels n'arrivent jamais, bien entendu, même que s'ils se pointaient, on serait bien embêtés, car, à mon avis, il faut être pirate fieffé pour se réjouir du jaillissement de ses compagnons invisibles, il faut habiter les brumes, je vois que ça.

 

3.
p.42. Arbres surdimensionnés. On nage dans le géant. Epave dans cette drôle de forêt pleine d'eau. Comme si le navire avait éperonné, éventré la forêt. Brume. Pâle lumière. "Chaloupe", "jungle", "halluciné".

 

"Tout l'exercice est de faire que l'on y croie toujours."

 

C'est vivre ça, raconter des histoires et s'y prendre de telle façon que l'autre ne cesse pas trop d'y croire. Ceci dit, on ne peut pas mentir efficacement à tout le monde.

 

4.
p.43. Masque de cire de lune. Elegance des cils. Bouche entrouverte. Mépris. Dédain. Froideur. Fond noir. Ténèbres.

 

"La reine du monde souterrain, Pellucidar !" : J'admire que la reine du monde souterrain porte en son nom tant de lucidité : l'oeil des ténèbres serait-il si clairvoyant ?

 

5.
p.44. Tarzan au serpent. Géant python. "Albinos" python. Enroulé autour des arbres et prêt à bouffer le Tarzan torse nu et poignard levé.

 

"et la lutte qui oppose reptiles et mammifères n'est pas près de s'arrêter."

 

Serpents et mamelles sont deux mots qui vont si bien ensemble qu'ils se fichent sur la gueule avec une patience de siècle.

 

6.
p.45 : Hubert-Félix Thiéphaine portraituré. Tête penchée sur le côté. Les yeux levés vers un ailleurs qui s'apprêterait à lui tomber sur la figure. Diagonale - j'ai envie de dire diagonale du fou (c'est idiot et j'aime beaucoup les chansons de Thiéphaine) - diagonale qui semble quasi lui ployer le cou. "Effets de diffraction".

 

7.
p.46. Une planche. Maison grignotée d'encre. Léprée. Ravagée.

 

"mais, une fois de plus, rien ne va se passer comme il le voudrait."

 

C'est, comme dit le film, que l'Aventure, c'est l'Aventure. C'est même ce "rien ne va se passer comme il le voudrait" qui détermine nos existences ; sinon, ce serait pas de jeu. Les dieux expérimentateurs nous ont inoculé le hasard. Depuis, on roule nos dés et nos bosses.

 

8.
p.47. Pas beau le vampire. Pas charmant. Argenté du bulbe. les yeux mi-clos comme s'il allait soudain baver des ghh, des gahas, des ghou-uh ! Vertical des écoutilles. Gros pif. Noble tout de même, muté mutant, "classe". Un saigneur quoi.

 

"Le monsieur a vu défiler la course des siècles et a le sens du drame."

 

L'Histoire, un théâtre. Péripéties périlleuses, rebondissements diaboliques, tuiles tueuses, critiques coups. Le Vampire, en dehors de sa soif de sang, est celui qui, loup fondateur, regarde passer la caravane des siècles.

 

9.
Les mangeurs visitent. Les gens meurent si vite, me glisse Elise à l'oreille.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 11 avril 2013

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