PUISQUE JE LE PENSAI 1. "Puisque je le pensai c'est donc que c'était vrai." (Verlaine, Bonheur, pièce XVII) Ce genre d'alexandrin m'amuse. Non-sens. Le vrai, c'est ici qu'il pensait ce qu'il pensait (c'était vrai que je le pensai est l'implicite du vers)....
CITATIONS "Je veux être heureuse malgré les dieux et les hommes." (Caroline von Schelling, 1763-1809, Lettres du premier romantisme, 1871, cité par Raoul Vaneigem in "Dictionnaire de citations", le cherche midi éditeur, 1998). Dans le même ouvrage, cela...
BON CHEVALIER Bon chevalier masqué qui chevauche en silence, (J'aime bien le mystère qui passe dans ce vers sa cape chevaleresque de chevalier inconnu.) Le Malheur a percé mon vieux coeur de sa lance. (Les coeurs, c'est fait pour être percés. Flèches...
PAR LA FENÊTRE LA PLUIE LES GENS QUI PASSENT 1. On a beau lui coller sur les os les plus habits, la gothifier d'allure, la brailler électrique, en faire d'l'idole pour refoulés, la mort, c'est dégoûtant, c'est plein d'humains crevés dedans. 2. "... et...
NOUS SPHINX 1. "Votre trouble présent, votre douleur passée" (Racine, Phèdre, III, 3, v. 890, [Oenone]) D'après ce que je comprends, pour les psychanalystes, bon nombre de nos troubles présents sont liés à des douleurs passées, des refoulés plus ou moins...
SI J'AURAIS SU 1. Je suis plein de mensonges; ma bouche leur sert d'appât. 2. "Quel feu mal étouffé dans mon coeur se réveille ?" (Racine, Phèdre, IV, 5, v.1194 [Phèdre]) Nous vivons avec des feux mal étouffés. Des circuits neuronaux qui, à tout moment,...
SA PART DE LABYRINTHE 1. "Vous nourrissez un feu qu'il vous faudrait éteindre." (Racine, Phèdre, III, 1 v.754 [Oenone]) Nos passions sont des phénix. Nous les trimbalons partout. Et nous nourrissons inconsciemment des feux qu'il nous faudrait éteindre....
PAR QUEL TROUBLE ME VOIS-JE ? 1. Ouvrir un livre... ouvrir la bouche du Sphinx... 2. "Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent ! Quelle importune main, en formant tous ces noeuds, A pris soin sur mon front d'assembler mes cheveux ? Tout m'afflige,...
J'IGNORE LE PROJET QUE LA REINE MEDITE 1. "J'ignore le projet que la reine médite" (Racine, Phèdre, IV, 5, v.1461 [Panope]) La jeune femme célibataire dans le cercle des femmes mariées, pour peu qu'elle sache s'y prendre (jolie, sympathique, un brin mélancolique,...
SIX NOTES AUTOUR DU VERS 558 DU PHEDRE DE RACINE "Songez que je vous parle une langue étrangère" (Racine, Phèdre, II, 2, v. 558 [Hippolyte]) 1. J'admire ce vers. C'est pour cette fluidité, cette clarté, cette grâce que je lis Racine, et non pas pour leurs...
COMME SE MOQUE LE MERLE 1. "Il faut d'un vain amour étouffer la pensée" (Racine, Phèdre, III, 3, v.825 [Oenone]) Aphorisme. Mieux vaut en effet l'étouffer, la chimère de l'inaccessible autre, avant qu'elle n'arrive à vous étouffer tout à fait. C'est que...
EN LISANT LEONARD COHEN II Les vers cités ici entre guillemets sont de Leonard Cohen et figurent dans l’anthologie « Musique d’ailleurs ». Leur traduction, qui figure entre parenthèses, est de Jean Guiloineau. (Source : « Musique d’ailleurs * », coll....
EN ECOUTANT DU BAROQUE 1. J'espère ne jamais avoir à réellement souffrir. Cela me rendrait peut-être plus bienveillant, et il me déplairait de ne plus pouvoir vitupérer à mon aise. 2. Le monde est une si grande gueule, et polyglotte, et oratoire, que...
LE TEMPS FILE ET NOUS DECOUD 1. Nous séduisons par nos qualités ; nous pouvons émouvoir par nos faiblesses ; nous agaçons par nos répétitions. 2. L'aphorisme est un pluriel de majesté. Un roi nous demeure. 3. Les suicides sans raison apparente prouvent...
EN LISANT CIORAN (11-20) 11. "la nature exacte de son propre secret" (Ecartèlement) Vivantes énigmes, nous semons des indices dont nos exégètes tirent toujours d'hâtives conclusions. En bout de course, on finit par en sortir du labyrinthe des travaux...
EN LISANT CIORAN (31-40) 31. "la peur d'être dupe" (Cioran, De l'inconvénient d'être né) Nos actions, ainsi que que nos inactions, sont les déclinaisons de la peur d'être dupe. Faire preuve d'humilité c'est accepter souvent d'être floué, de passer pour...
PAS TROP EN DIRE 41. "un hystérique de l'ataraxie" (Cioran, Syllogismes de l'amertume) Nous sommes intoxiqués de syllabes. Nous hystrionnons hystériquement. Nous nous en enivrons jusqu'à l'ataraxie. En cela, nous suivons l'allitération. 42. "celle [la...
POUR VOUS DEVORER BIEN SÛR 46. "vos têtes penchées vers vos coeurs" (Cioran, précis de décomposition) La tête penchée, mon Dieu qu'elle est belle ! Avec son petit nez, sa bouche, ses yeux clairs, et ses oreilles bien ourlées, et ses petites dents pour...
SE PENCHANT SUR SOI, IL CHUTA DANS L'INEXORABLE 56 "l'homme se penche sur soi" (Cioran, Sur les cimes du désespoir) C'est comme ça qu'il finit par se chuter dedans, par s'abîmer dans son propre abîme, par être aspiré par son propre vertige. 57. N'ayant...
PLUS DE NOUS 61. "C'est ainsi que le "destin", qui ne peut rien vouloir, est celui qui a voulu ce qui nous arrive" (Cioran, Précis de décomposition) Nous sommes prisonniers des séries. La plupart des objectifs que nous nous assignons ont pour but de nous...
VOUS NON PLUS D'AILLEURS 66. La tête à Cioran : un oiseau de nuit. S'il avait pu voler, il se serait enfui par la fenêtre pour aller se fracasser contre une vitre. 67. Il n'y aura pas de miracle : je n'aurai pas la paix aujourd'hui. Vous non plus d'ailleurs....
ET QUELQUE CHOSE ARRIVE 131. Je ne puis voir quelqu'un souffrir par amour sans en éprouver envie de rire et vague mépris. Quand moi-même je suis pris, chipé, floué, il me semble souffrir d'un malaise existentiel si profond que je m'en sens aspiré façon...
AVEC LE DOS DU HERISSON 141. Il n'y a pas d'avance, quand on écrit, il faut y aller avec le dos du hérisson. 142. "Comme si la mer était faite pour les hommes !" (Cioran, Le Crépuscule des pensées) Rien n'existe pour nous. Nous ne sommes pas le but de...
DU SAULE ET DU SEUL 146. Le signifié est une illusion efficace. 147. "à l'ombre d'un saule pleureur" (Cioran, Le Crépuscule des pensées) La langue française permet la paronomase du saule et du seul. C'est pratique pour qui est enclin à se lamenter sur...
DU REGARD DES BÊTES 161. "Suis-je en toi cadavre ou volcan ?" (Cioran, Le Crépuscule des pensées) En fin de compte, c'est tout un : de la matière agitée de particules aléatoires et aussi paradoxales qu'un chat mort et vivant dans une boîte mystérieuse....
