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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 23:57

EN LISANT CIORAN (21-30)

21.
Être amoureux, c'est sortir du doute pour entrer dans l'illusion. Ce qui revient à sortir de la réalité pour entrer dans l'espérance. C'est ne plus vouloir exister qu'en fonction de l'autre, c'est-à-dire en fonction de son propre désir, l'autre devenant alors l'objet infiniment précieux de ce désir si passionnément altruiste. Heureusement, cela souvent feint de durer. Nous retournons alors - à moins d'être tout à fait sot - à la solidité de nos doutes, au tangible de l'être qui est ce qu'il n'est pas.

22.
Il n'y a pas d'autre génie que celui de la langue. Le reste est pure technique et donc apprentissage.

23.
Si l'on veut faire métier de penser, il est indispensable de s'exercer longuement à la virtuosité rhétorique. Si l'on veut réellement penser, cette virtuosité n'est guère utile. Elle encombre plutôt.

24.
La mort d'un brave homme transcende tous les discours. Celle d'un salaud les souligne.

25.
Les aphoristes sont souvent classés à droite. C'est qu'ils tranchent. Sabrent. Les autres sont d'autant plus prolixes et longs dans leurs développements qu'ils sont, ligne à ligne, acharnés à se chercher des raisons d'approuver.

26.
Jadis, j'allais travailler dans l'espoir de plaire à quelqu'un. Maintenant, je me lève avec le souci de ne pas trop déplaire ; ça doit être ça, vieillir.

27.
Je suis parfois agité par la tentation de jeter sur le papier une suite d'aphorismes qui me semblent grouiller en moi comme vers. Dans le petit cinoche de ma caboche, me v'là silhouette, formidable et très tressautant, tout s'coué... éclairs de chair... l'homme électrique, c'est patate !... Hélas, la plupart du temps, il me faut renoncer à ce projet pour m'aller faire platement le pédagogue.

28.
Un enfant est d'autant plus cruel qu'il est le brouillon de l'adulte à venir.

29.
"Chopin a promu le piano au rang de la phtisie." (Cioran, Syllogismes de l'amertume)
Musicalité : binaire et ternaire font chiasme : "Chopin / a promu / le piano / au rang " puis quatre syllabes qui finissent sur une aigüe quasi dissonance. On ne peut plus élégamment se moquer.

30.
Les nerfs travaillent pour nous. En secret souvent, mais de façon redoutablement efficace. Ce sont les activistes de nos âmes.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 mars 2012

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 22:59

EN LISANT CIORAN (11-20)

11.
"la nature exacte de son propre secret" (Ecartèlement)
Vivantes énigmes, nous semons des indices dont nos exégètes tirent toujours d'hâtives conclusions. En bout de course, on finit par en sortir du labyrinthe des travaux et des jours, - v'là qu'on passe, et toujours aussi ignorant de la nature exacte de ce qu'on tenait tant à protéger.

12.
Deux morts possibles : déchiré par le Minotaure ou aspiré par le grand vide où nous ne manquons pas de tomber en sortant du dédale.

13.
Une professeure de philosophie, qui parfois me parlait, me dit un jour que la lecture de Cioran la rendait mélancolique. Pour moi, lire Cioran m'enchante, me ravit, m'euphorise presque. Peut-être ne suis-je pas assez positiviste et amoureux de mes semblables ?
Et si je suis cynique, c'est sans doute qu'un chien doté de la parole et doué de raison s'exprime par ma bouche. Franchement, je préfère ce chien à l'espèce de limande qui tient lieu d'âme à la plupart des bien-pensants.

14.
Certaines âmes adhèrent d'autant plus facilement aux modes du temps qu'elles sont aussi plates qu'une note de service.
Le coeur hérisson et la voltige empêchent cette adhérence.

15.
La présence d'un goret volant dans le ciel délirant de Pink Floyd me fait encore sourire d'aise.

16.
"une interrogation sans fin et sans objet"
C'est là un fait admis : on ne peut se connaître soi-même, cependant l'on comprend que l'on n'est jamais qu'une "interrogation sans fin et sans objet". Nous nous encombrons d'illusions existentielles dont la seule utilité est de nous agiter en nous faisant croire que nous existons.

17.
Celui qui prétend nous connaître mieux que nous-même est au mieux un médecin, au pire un aveugle.

18.
Jadis existait le "secret de la confession". L'obscure justice de Dieu transcendait l'humaine législation. Le confessionnal était alors une sorte de chambre d'enregistrement où nous mettions nos péchés en gage. Le pacte était clair : payez-nous en absolutions, en compassion et pardons, et nous n'aurons de cesse de vous prouver que l'Eglise doit être d'autant plus puissante que sont lourds nos péchés aux épaules du Christ.
Les juges humains finirent par considérer que ce mont-de-piété ecclésiastique se devait lui aussi d'être utile à la manifestation de la vérité. Du secret du confessionnal on est passé au secret de polichinelle.

19.
Le temps, une pelote de fil que nous dévidons plus ou moins patiemment cependant qu'un chat capricieux en fait ce qu'il veut.

20.
"même pas ce monde-ci"
Le sceptique doute de l'autre monde comme de ce monde-ci. Seul ce qui le touche semble pour lui exister. Un sceptique amoureux est un oxymore qui m'enchante.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 14 mars 2012

 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 22:13

EN LISANT CIORAN (1-10)

Sources : Cioran : Le Crépuscule des pensées (Livre de Poche, biblio essais, n°4185, traduit du roumain par Mirella Patureau-Medelco, revu par Christiane Frémont) / Ecartèlement (Gallimard, 1979).

1.
J'aime bien cette image grotesque et pathétique du bonhomme Cioran lançant ses "os à la tête" de Dieu (Cioran, Le Crépuscule des pensées, chapitre III : "Mon Dieu, fais ce que tu peux jusqu'à ce que je te flanque mes os à la tête.").

2.
"Chaque homme est son propre mendiant." (Le Crépuscule des pensées)
... et sa propre caricature.

3.
"Les gens sont, en général, des objets." (Le Crépuscule des pensées)
Les puissants collectionnent ces objets. Les intellectuels les analysent. Les médecins les réparent. Les assassins les assassinent. Les politiques leur racontent des bobards. Les prêtres aussi.

4.
"A l'instar du moi, il [Dieu] devient une irréalité qui se cherche." (Le Crépuscule des pensées).
Dieu est la part fictionnelle de l'humain. Le plus étrange, c'est que c'est dans cette fiction qu'il se cherche l'humain. Autant se chercher dans une meule de foin.

5.
Dieu est un nez, un nez qui se fourre partout. Du coup, le fils de Dieu, il est bien né aussi, le fils de Dieu, tiré du nez de son père. Comme pour son doigt, celui que, selon Henri Rochefort, Dieu s'est mis dans l'oeil, les questions sur le nez de Dieu ne manquent pas ; d'ailleurs, je vous demande un peu : Dieu a-t-il le nez long, le nez creux, le nez qui s'allonge ?

6.
"avec un dégoût amusé" (Ecartèlement)
Il faut avoir le caractère assez fort pour s'amuser de ses dégoûts. Faire de sa nausée une farce est un acte ontologiquement héroïque et scéniquement efficace.

7.
"même de près, ils paraissaient des ombres" (Ecartèlement)
C'est l'essence même de ceux que nous nommons "les autres". En pleine lumière, ce ne sont pourtant que des ombres. L'essentiel de ces existences est fait d'ombres et ce n'est jamais qu'à une pincée de lumière que nous nous adressons, la clarté d'un visage, un regard dont nous ignorons la joie ou le souci.

8.
Les plus brillants des esprits nous semblent plus brillants encore quand nous comprenons de quelle zone d'ombre ils tirent leur clarté.

9.
"Sarvakarmaphalatyâga" (Ecartèlement)
Evidemment, le mot attire l'oeil, formule magique, héritage où nous pourrions chercher quelque racine indo-européenne.
Evidemment, on peut s'y laisser fasciner, s'y laisser prendre comme à la singulière énigme que pose tout visage.
Evidemment, sa signification est d'autant plus attirante qu'elle semble très loin de notre prétention à vouloir expliquer la complexité humaine par le politique ou, pire encore, par la sociologie (quant à la psychologie, c'est carrément crime contre l'esprit).
Evidemment, on dirait quasi une formule à la Mandrake-le-Magicien.
Evidemment, l'attrait esthétique du mot, son élégante longueur, cette modulation sur la page murmurée par des lèvres secrètes, transcende sa signification.
C'est par leurs esthétismes que les autres cultures finissent par nous attirer alors qu'elles devraient nous être aussi intolérables que le discours d'un libre-penseur à l'enterrement d'un proche.

10.
La tolérance est une faiblesse esthétique.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 mars 2012

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 19:34

AUTO-FICTION

1.
L'Histoire est l'auto-fiction de l'humanité.

2.
Le passé n'existe pas. Cependant, il est infiniment présent. Pour consoler l'humain de l'absolue disparition de tout apparaître, il fallait bien le grand Tout de Dieu, et la naïveté des résurrections.

3.
L'être du temps, c'est la métamorphose. Nous donnons un nom nouveau à chaque forme nouvelle, qui ne devient vraiment nouvelle qu'à partir du moment où elle est nommée.

4.
Les morts sont jaloux des vivants. C'est pour ça qu'ils reviennent et poussent de grands Ouh ouh de désespoir.

5.
Je me souviens d'avoir expliqué à mes élèves que le passé n'existant pas, l'Histoire était donc une tentative de reconstruction de ce qui nous échappe absolument et qu'en conséquence, expliquer un événement historique revenait à se perdre dans le maquis des causes et des effets. Les élèves firent part de mes réflexions à ma distinguée collègue d'Histoire-Géographie en lui faisant remarquer que, le passé n'existant pas, il était tout à fait vain de passer son temps à se pencher sur un savoir aussi spectral que l'analyse de documents historiques. Et c'est ainsi leur prophétisa-t-elle "qu'à l'examen vous allez vous ramasser un zéro dans une matière qui n'existe pas." Ce qui est bien vu.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 mars 2012

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 16:47

"Je n'ai pas besoin d'identité, puisque je suis moi-même!"
(Orlando de Rudder, 1er mars 2012, sur son blog)

Voilà une phrase que j'aime bien ! ça nous change des calembredaines plus ou moins sinistres que l'on peut entendre sur l'identité nationale ! Qu'il soit français, américain, juif, arabe, chinois ou australien, un con est un con. La connerie a ça de commun avec l'intelligence qu'elle dépasse les frontières. Sans doute est-elle transversalement linguistique, ce qui induit que l'on n'est pas stupide de la même façon selon le jargon qu'on cause, mais on peut sans doute être aussi inhumain, et cela quelle que soit sa langue maternelle.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 mars 2012

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 10:21

PLUS QUE…

 

« Mais il viendra des heures où tu reconnaîtras qu’il est l’infini et qu’il n’y a rien de plus terrible que l’infini. » (Nietzsche, Le Gai Savoir, dans la traduction d’Henri Albert revue par Marc Sautet, Le Livre de Poche n°4620, fragment 124, « Sur l’horizon de l’infini ».)

 

« … quitté la terre »… démarré… « à bord »… hop ! l’humanité aéronef, nef tout court, nef des fous… coupés les ponts… « brisé » et même « brisé la terre »… sans généalogie, sans livre d’histoire, lost in the sea comme dit une chanson à sombreros… eau là, là, là… c’est l’océan… énorme masse… l’ailleurs… le frère des déserts… là où « il viendra des heures », des heures à infini… que tu le sentiras cela « qu’il n’y a rien de plus terrible que l’infini »… fait penser au vers de Rimbaud dans Ophélie : « - Et l’Infini terrible effara ton œil bleu ! »… c’est que « rien n’est plus terrible que »… incomparable dans le terriblement, l’infini… émiette tout… fait poussière… imparable… accorde toutes les cordes… ouvre la porte à tous les possibles, à tous les lointains, à tous les autres dieux qui le rythment… L’enfer ? – une répétition, un éternel retour de la même diachronie… une synchronie maligne, l’enfer… et toujours Jeanne sera au bûcher… au contraire du paradis, temps étale, bénéfique synchronie… Jeanne n’a pas fini sur le bûcher, elle a vécu, guerrière à l’est, mariée même dit-on, seigneuriale… Terrible comme une prison… Nietzsche utilise l’image de « l’oiseau » qui « [se heurte] maintenant aux barreaux de cette cage »… « maintenant »… Le présent, en voilà une d’école d’infini… qu’on se laisse fasciner, on est hanté… tétanisé par le temps semblant infiniment périlleux… grignoté par les et si… alors voilà que ça violonne de la nostalgie… qu’ça accordéonne… qu’ça lacrymal limonaire… « mal du pays »… de la liberté qu’on avait dans le défini, le plancher des vaches, le circonstancié, l’administré… et maintenant, « plus de terre », plus de ports, plus que l’espace infiniment réducteur, infiniment fait miettes de nous, là où nous ne sommes plus que…

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 juin 2011

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 12:41

FEROCE CHRONOS

 

« Passez loin de l’horloge
       elle mord elle mord
   Passez loin de l’horloge
       y habite la mort »

(Raymond Queneau, Chanson grave)

 

On peut donner le conseil de passer loin de l’horloge… c’est vrai que le temps est plein de dents… mécanique à broyer l’âme, à rapetisser… l’horloge y habite la mort écrit Queneau… les aiguilles, c’est notre crâne sur le bureau, à nous autres, modernes… l’administration s’en mêle… elle tend à nous enfermer dans des emplois du temps, dans des grilles horaires… c’est plus rassurant de savoir tout le temps ce qu’ils font les gens… d’autant qu’on est de plus en plus nombreux… ça flanque le vertige… la nausée des grands nombres… du coup, on multiplie les contrôles, les enquêtes, les fichages, les autorités… y a des alibis pour ça : réseaux sociaux, sociologie appliquée aux nécessités des institutions, mutualisation des moyens, politiquement correct, éducation à la citoyenneté (poil aux nénés) (1), santé publique, et la sacro-sainte communication (à tel point que pour la pieuvre éducative, de plus en plus souvent qu’un élève timide, réservé, qui répugne à la performance orale, devient suspect d’on ne sait quel handicap)… les aiguilles, Queneau le dit bien, ça grave, comme celles qui enregistrent le son… ça grave les visages… ça grave la longue histoire des visages… le désespoir et le malgré tout de l’espérance… mais ça Queneau le dit pas, il la dit mordante bête, l’horloge… féroce Chronos… il a raison, le temps, c’est du bec qui claque avant de nous happer, hacher menu, déchiqueter néant…

 

(1)   S’cusez, j’ai mauvais esprit…

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 juin 2011

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 12:09

MORTAL BEAUTY

 

“To what serves mortal beauty” (Gerard manley Hopkins)

 

La beauté, qu’elle soit mortelle, qu’est-ce que ça veut dire ? Apprécie-t-on le beau parce qu’il est voué à disparaître, ou l’apprécions-nous parce que nous-mêmes nous sommes voués à disparaître ? ça explique en tout cas, selon la traduction de Pierre Leyris, ce « zèle ardent pour ce qui est », - Men’s wits to the things that are,  ce goût que nous avons pour ce que la beauté souligne, l’éphémère des belles choses… celles qui agitent le sang d’une drôle de gigue (does set dancing blood) ; - en cela, elles sont dangereuses, les belles choses… la beauté est injuste… parce qu’elle est fragile… ou si rare que le monde finit par tourner autour d’elle, majesté muette d’un royaume fasciné. 

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 juin 2011

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 12:04

TROP TARD

 

« Trop tard
   c’est la mort des tarots
 »
(Michel Leiris, Trop tard, Haut Mal)

 

Ça commence chanson… Trop tardC’est la mort des tarotsCafard… Le moral à zéroUn bar… Je vais boire un pernod… C’est ce qu’elles racontent, la plupart des rengaines, qu’il est toujours trop tard… à les effacer toutes, les figures en couleurs… plus la peine d’interroger le devin… c’est plié, cuit et recuit… le trop tard est arrivé… et nous, taraudés par ce ver-là, bras ballants, bouche ouverte… le temps se met à nous durer alors… à nous obséder tic-tac… nous voilà cloué à l’anaphore du perdu… nous voilà dans l’excès du trop tard, l’ensemble débordant… le trop tue le tout… trop tard, le temps nous lâche… au milieu de l’incertitude… au milieu de ce temps… il aurait pu être autrement si seulement… illusion… rien n’est jamais trop tard… accomplissement comme un autre… trop tôt, juste à temps, trop tard… c’est la loterie… ça fait sens au moment où ça éclate… le trop tard, c’est de la fiction, de l’impossible désormais, de l’aurait pu, de l’utopie… du chemin dans le jardin aux sentiers qui bifurquent… c’est une image de Borges… Trop tard ! Trop tard ! Trop tard ! Ça  sonne tocsin, rappel de l’évidence tragique… nous ne mourrions pas si bêtement si seulement nous n’étions pas si bêtes et si seuls… 

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 juin 2011

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 13:40

FIGURE EBLOUISSANTE

 

« … la figure éblouissante de lumière noire du comte de Lautréamont. » (André Breton, Anthologie de l’humour noir, « présentation d’Isidore Ducasse »)

 

La gueule lampadaire… de la lumière noire qui éblouit, ça fait penser « soleil noir », celui de la mélancolie… avalé qu’il l’a, le comte, son soleil noir à Nerval… face à spleen… gueule à langueur… après ça éblouit, la prose à Ducasse Isidore… drolatique… je cite : « Oh ! ce philosophe insensé qui éclata de rire en voyant un âne manger une figue ! (…) Eh bien, j’ai été témoin de quelque chose de plus fort : j’ai vu une figue manger un âne ! » (Les Chants de Maldoror, Chant quatrième)… du désespoir parodique… c’est pas si gai… je cite encore : « Nature ! nature m’écriai-je en sanglotant, l’épervier déchire le moineau, la figue mange l’âne et le ténia dévore l’homme ! »… c’est que la nature est constituée d’éléments qui s’entredévorent, se recyclent gosier… c’est que d’la refonte… d’la remballe moi tout ça, on va en faire des merguez… est-ce que ça s’use ?... Car qui c’est-y qui les époussette les éléments, qui fait le ménage dans la cambuse fondamentale ?... C’est d’l’auto-nettoyant peut-être… du mange-tout… A force ça va la nettoyer, la surface, des bruyants mécaniciens, des bricoleux expansifs, des transcendantaux alchimistes et des subtils généticiens… resteront les zautes zanimaux, en attendant qu’ils soient à leur tour virés néant.

 

Patrice Houzeau
Le 24 mai 2011

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