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3 mars 2009 2 03 /03 /mars /2009 11:26

"TEL QU'EN LUI-MÊME..."

La légende littéraire raconte que le poète Stéphane Mallarmé, exerçant la profession de professeur d'anglais, fut souvent chahuté par ses élèves. Ainsi, un jour qu'il entrait dans sa salle de cours, il fut étonné de trouver inscrit sur le tableau l'un de ses vers : "Je suis hanté. L'azur ! L'azur ! L'azur ! L'azur !" Alors qu'il se retournait pour s'enquérir sans doute du pourquoi du comment, une pluie de boulettes de papier s'abattit sur lui.

Le pauvre Mallarmé vient d'entrer dans sa salle
Où, - pour une fois ! - les gamins semblent bien sages
Dans la salle de cours pleine de trente et sales
Guignols pour une fois sages comme des images.

Ce professeur d'anglais qui écrit des poèmes,
Rêve d'éternité, d'inédits coups de dés,
Il fronce le sourcil et même est-il blême
De ce grand silence à les entendre voler,

Les s'estompant ailées, ô mouches de l'été !
Tiens... Se pourrait-il tout de même... Se pourrait-
-Il ? Les furieux marmots semblent s'être amendés :
Ecrivons donc de ce jour la date à la craie !

"Je suis hanté. L'azur ! L'azur ! L'azur ! L'azur !"
A écrit au tableau une main invisible ;
Se retournant furax, le voilà pris pour cible,
L'angliciste en proie aux boulettes de papier.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 mars 2007

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 17:02

LA FUYANTE

Dans le roux de l'automne, une jeune dame à
Cheval, entre les feuillées ombrées, à cheval
A travers les troncs noirs et blancs, elle passa,
L'amazone fugitive et tranquille au bois.

Dans l'automne brûlé une jeune dame à
Cheval, entre les feuillées vannées, à cheval
Entre les troncs tachés de blanc, elle passa,
L'amazone fugitive à travers le bois.

Sous le fleuve bruissant, sous l'oeil secret du lynx,
Cavalière
sur l'éclair fauve de la robe
Immobile fugitive fugace sphinx,

A travers les traits, les coups, les vifs, les encoches,
Dans le temps suspendu et le bois elle va,
La fuyante aux cheveux fous qui jadis passa.

Patrice Houzeau
La Dunkerquerie et ses songeries de singe
le 20 mars 2006

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 14:35

EN REGARDANT LE CRABE-TAMBOUR

Le Crabe-Tambour
est un film de Pierre Schoendoerffer (France, 1977) avec dans les rôles principaux Jean Rochefort, Jacques Perrin, Claude Rich, Jacques Dufilho.
Ce film, à mon sens, est remarquable par sa construction (flash-backs, histoires dans l'histoire) et par son propos (réflexion sur le respect dû à la parole donnée, et, au sens que les compositeurs et les peintres donnent à ce mot, étude de la façon dont pensent et agissent ceux qui ont pour métier d'être militaires).

I
Des hommes sur la mer ; certains se souviennent :
"Wilsdorf, vous connaissez ? On l'appelait le Crabe-Tambour.
C'était un autre temps, un temps indochinois.
Un homme en blanc ; sur son épaule, un chat noir.
Des hommes sur le fleuve, un cigarillo
Et un cor de chasse mais le Commandant n'aime pas
Que l'on parle sur sa passerelle en dehors du service.
Le Commandant lit Le Nègre du Narcisse
Et prie à déjeuner le médecin d'assistance à la pêche.
Il parle d'un autre temps, un temps d'opium
Et de jonque, à la dérive.
Toujours le cor de chasse et les têtes coupées
Des ennemis ; la vieille leur collait une cigarette
Allumée entre les lèvres pour faire plus vivant.

II
Deux hommes parlent d'un troisième, le Crabe-Tambour,
Un grand escogriffe avec un chat noir
Dans un film sur la parabole des talents.

III
Vous l'avez revu ? La question reste en suspens.
Et puis le Commandant ne veut pas répondre ; pas encore.
D'ailleurs, le navire souffre, il gémit, la mer est forte,
Il faut être à son poste, sur la passerelle.
Un singe a fauché la montre laissée sur une pierre.
Cap à l'Ouest, cap sur le Crabe dit le Chef
Qui raconte une histoire du pays bigouden,
Ce menton que cogne toutes les tempêtes de l'Atlantique,
Une histoire de signe puisque tout est signe,
L'écho sur l'écran du radar, la trace dans le ciel,
Le vieux Crabe là-haut qui regarde la mer,
Une histoire d'homme, de ceux dont on se souvient :
Tout le monde connaît son chat noir sur les bans ;
Il l'appelle Monsieur Ma Conscience.

IV
Le Commandant est malade ; c'est son dernier commandement.
Le film évoque alors les croix des soldats tombés
Et la foi dans la rectitude de nos choix.
Capturé par des guerriers du désert, en cage le crabe ;
Les villageois lui crachent dessus.
Il finit, car il connaît la manoeuvre, par se faire accepter
Et racheter par la Marine , en thallers
Et quelques vieux fusils. Et puis il y a eu le Putsch d'Alger.
Le Commandant est malade ; c'est son dernier commandement.
Il est d'ailleurs déjà mort une fois ; aussi s'est-il donné un dernier ordre ;
Toute ma vie j'ai monté la garde, sentinelle...
Il est question aussi de l'ignoble salive du chien de Pavlov.
"Ignoble" puisqu'elle concerne les hommes autant que les chiens.
Les deux hommes se parleront à distance, se reconnaîtront ; une fois encore.

V
"Sentinelle". Le monde est ainsi arpenté de ces hommes-sentinelles
Riches de leurs talents perdus et pleins d'honneur pourtant.
La Sentinelle est par ailleurs le titre d'un très beau film d'Arnaud Desplechins.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 mai 2006

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 14:19

SONNET RÉFÉRENTIEL, NOSTALGIQUE ET NONCHALANT

Ah, tiens... je me sens comme un coup d'état dans l'âme ;
Pan ! Pan ! Quoi qu'c'est ? C'est la nostalgie permanente...
Le passé est une rue sans heures ni drames ;
C'est cette rue du Nord en été qui me hante...

Ah, tiens... je me sens comme un coup d'épée dans l'eau ;
Flic ! Flac ! Quoi qu'c'est ? C'est la nostalgie camarade... (1)
Le passé ? L'intro de Break it up (2), le piano,
Une fille en chemise blanche qui me nargue.

Zut alors si le soleil quitte ces bords !
(3)
Ça, c'est du Rimbaud que je lisais dans l'été
Nonchalant et seul de mes années de lycée.

Ah, tiens... je me sens comme
un coup de dés jamais
N'abolira le hasard
(4) et donc quel bazar !
Un coup de Trafalgar ? Une virée de bord ?

Mais non, c'est un sonnet, avec un vers de trop encore ! (5)

Notes
:
(1) qui est aussi une excellente chanson de Serge Gainsbourg.
(2) qui est aussi un excellent morceau du Patti Smith Group.
(3) qui est le premier vers du poème Michel et Christine.
(4) qui est aussi le début d'un poème particulièrement allumé de Stéphane Mallarmé.
(5) Variante sentimentale qui ne mange pas de pain :
Non ! Mais ce que je sais, c'est que je l'aime encore... (6)
(6) qui est à peu de choses près piquée à Jacques Brel et à cette fort belle chanson intitulée : Je ne sais pas.

Patrice Houzeau
La Dunkerquerie et ses singeries
le 9 mars 2006

Commentaires

Bin décidément, on se rejoint!!!!LEs blogs seron t-ils des ferments à sonnets?

Posté par orlando de rudde, 11 mars 2006 à 20:52
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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 14:13

"LE BEURRE DE SARDINE"

Un truc que j'aime bien faire de temps en temps à l'apéritif, c'est ce que ma mère appelle du "beurre de sardine". Je suppose que l'appellation "beurre" vient du fait que cela se sert sur des toasts ou des canapés ou des demi ou même quart de tranches de pain.
C'est simplissime et très bon.
Vous prenez des sardines en boîte, si possible des filets de manière à éviter les arêtes. A l'aide d'une fourchette, vous les écrasez, écrabouillez, réduisez en miettes de sardines.
A ce moment-là, vous gueulez un coup parce que le chat, estomac sur pattes par l'odeur alléché, a sauté sur la table.
Une fois le chat sauvé, vous prenez du Saint-Moret que vous mélangez à la sardine pilée. Le mélange doit être onctueux, donc vous continuez à écraser et mêler et malaxer et machiner sardine et Saint-Moret auquel vous rajoutez du beurre doux.
Après avoir flanqué un coup de torchon à cette saloperie de bon sang de bonsoir de sale bête de chat, vous rajoutez au mélange bien touillé onctueux un peu de moutarde. N'oubliez pas à chaque phase de l'opération de goûter de manière à ce que votre préparation ait du goût sans être agressive, ce qui serait dommage vu le prix du beurre !
Enfin, vous tartinez ce mélange sur des toasts, canapés, ou des tartines coupées en deux ou en quatre, c'est vous qui voyez...
Vous mettez tout ça sur un plat et vous servez avec un truc qui se boit.
Prévoyez tout de même un ou deux paquets de chips et/ou des biscuits apéritifs, ou encore de la saucisse de Rosendaël (Dunkerque) que vous trouverez au Faisan doré, très bonne boucherie-charcuterie.

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 22 janvier 2006

Commentaires

Et ce gentil petit beurre de sardine, moi, je le glisse dans de petits chaussons de pâte feuilletée, achetée toute faite (attention de ne pas en enrober le chat) que je passe au four... Je fais de même avec du thon ( avec de l'échalotte, de l'aile et ce qu'on veut). MAis un de mes grands succès, ce sont des chaussons de même sorte remplis de rillettes et d'épinards, le tout terriblement asaisonné. Attention de ne pas préparer un chausson au chat!!! Ca se repère facilement, une pâte feuilletée qui miaule!
Posté par
orlando de rudde, 22 janvier 2006 à 23:41

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 12:59

LECTRICE

La lune passe le feuillage et dévoile la joueuse. La patience du chat reste en dehors de la conversation des inquiets.

Les pièces de bois porteuses de géométries variables sont de temps à autre manipulées par des visiteuses amicales qui n’en aiment pas pour autant perdre.

Le lit s’enfonce dans les miroirs ironiques de la grande maison tandis que l’ombre de la mère douloureuse poursuit la petite fée verte aux tintements de cristal.

Dans l’ombre zébrée de néons et dans l’aigreur des limonaires un imperméable assez imperturbable fume la pipe.

Qui se souvient pourtant des mots de tous les jours sinon le romancier, le chroniqueur des pluies, des miroirs et des cadavres du placard ?

Patrice HOUZEAU

Hondeghem , le 26 janvier 2005

 

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 12:53

C'T'UN JOB, LA GRATTE

Les cymbales sifflent leurs brefs serpents au-dessus des faces spectatrices.
Les faux soleils des feintes folies jaunissent la scène, la smoguent.
Les travailleurs à la chaîne de l'accord électrique font leur job.
C't'un job, la gratte, c't'un job la gratte dans l'hirsute et le déchiré.

Les saxophones jettent leurs rauques fontaines.
Les bougalous gueulent comme des ânes, des veaux, des sourds.
Les comiques de l'électrique, pour être plus photogéniques, ont pris l'habitude de mimer des tragiques qui ont perdu le sens.
Ça gueule d'la voix, ça gueule d'la voix dans la vanité lyrique.

Puis quand le concert est terminé
Et que la nuit est bien tombée
Les musiciens crevés et vaguement désabusés vont se coucher.

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 19 janvier 2006

 

Commentaires

Ca me rappelle un concert de Marcus Miller et tant d'autres.

Posté par RASKOLNIKOV 19 janvier 2006 à 23:35
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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 10:38

NOTES SUR L'ARBRE

Tu regardes l'arbre qui  lie la terre au ciel.
Des pendus s'y balancèrent, le visage lacéré de corbeaux, les gencives nues, entre le vide et l'empire des insectes.
Ils furent de ta famille, ces hommes perdus, ces noms oubliés dans le bruissement des siècles, Ces "petits pantins noirs grimaçant sur le ciel" dont parla Rimbaud.
Dans la sèche douceur de ses syllabes, dans ce dit que révèle le vent, tu te demandes d'où vient ce don de l'arbre, cette fontaine à prophéties que tu imagines dès lors jaillie d'une terre très ancienne sur laquelle, aux terrasses poignardées, les peuples forgèrent langues et palais, chants du bouc et rires du masque.
Et si tu écrivais des chansons à rire du Diable, de ces chansons agitées de tambourins et de guitares, de harengs, de grands vents, d'ânes latinisants jouant aux échecs avec des fils d'archevêques, de tours très hautes d'où les loups et les ours lancent des huiles bouillantes sur des compagnies gueulantes et leurs seigneuries grimaçantes, tandis qu'un roi s'en va pêchant à l'étang des chimères et que le chevalier errant poursuit sa partie avec la Mort...
Ne faudrait-il pas alors recueillir ces chansons sous le titre de "Fatrasies de l'Arbre" ?
Sans doute, car il est de haut mérite, ce grand gaillard que nous croisons dans l'immobilité de l'été et qui prend sens à nos fenêtres.

Patrice Houzeau
Rosendael, le 11 juin 2003
Hondeghem, le 20 avril 2006

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28 février 2009 6 28 /02 /février /2009 08:10

LE TOMBEAU DU MUSICIEN

La neige a sang figé et l'hiver est baroque
Une voix dans le ciel Ah bah c'est un corbeau
Que dessine l'archet et les masques s'en moquent
Si l'orchestre des morts joue toujours un peu faux

Dans la brume un carreau cassé c'est un pochard
Et ses pas dans la nuit de la gare se perdent
Il beugle de vieux airs d'opéra cauchemar
Il titube et s'effondre et jure un grand coup Merde

On joue du squelette et aussi de l'épinette
Au carnaval noir des yeux qui ne voient plus rien
Ce soir bal macabre on joue de la trompinette

Pour fêter dignement le musicien du temps
Passé dans le gris de la flaque un air de chien
Il passe et les violons s'en vont à tous les vents

Patrice Houzeau
Nandy, le 14 février 2006

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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 16:58

FANTAISIE FOUGÈRE
Notes sur Le Jardin aux Fougères de Michel Houellebecq (Poésie, J'ai Lu, p.201).
En caractères gras, of course, le Houellebecq.

Nous avions traversé le jardin aux fougères,
L'existence soudain nous apparut légère
Sur la route déserte nous marchions au hasard
Et, la grille franchie, le soleil devint rare.

Très vains tatous bavards, nous autres, hagards dans les fougères et autres plantes d'éternité, du rêve à s'en faire sauter la mirette, emberlificotés de la berlue, la bouche garnie de soleils, des bulles dans la cafetière, des ailes de géant dans l'hypothèse, du rêve sensationnel à la une de nos faces, du rêve de villes débordantes de sens et d'aubes légères, lancés dans l'infini noir

Boules de flipper, fonçant à toute berzingue et à tout hasard le long des champs qui défilent, les banlieues et les gares.

De silencieux serpents glissaient dans l'herbe épaisse,

Même sifflante racinienne, même sussurement des serpents, mais ici silencieux, les serpents, alors que dans l'alexandrin à Racine, ils sifflent :

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
        (Racine, Andromaque)

Lui, Houellebecq, superpose la musique à l'image suscitée, l'allitération et l'ancienne revenante, le poétique abolissant ainsi le silence. Racine, lui, maître du présent de vérité générale, - c'est une des caractéristiques de l'art classique, ce présent de vérité générale qui n'en finit plus de résonner -, évoque ce bruissement de l'ombre, cet orchestre des hallucinations, ce saxophone des enfers, cette leçon des ténèbres, pour qui sont, hein ? pour qui, mais pour qui donc qu'ils sont, ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? Allô, la Terre, la Nuit vous parle.

Ton regard trahissait une douce détresse
Nous étions au milieu d'un chaos végétal,
Les fleurs autour de nous exhibaient leurs pétales.

Du coup, évidemment, nous romançons, fictionnons, la rimaillons la détresse, la rentabilisons, l'humaine turpitude, le chaotique, le névrotique, l'infernal, le végétal, fatal, banal comme la mort à l'hôpital, nous la sublimons dans les profondeurs psychanalytiques, jusqu'à l'exhibition des pétales, la contemporanéïté, le conceptuel, le carnaval, la bricolade publique, la mascarade subventionnée, la bruit de la foule ébaubie, béate, barbouillée de frites, de kebabs, de bière tandis que les événements mécaniques et les élucubrations électriques empêchent tout le monde de dormir.
Je ne veux qu'un chien pour aboyer la nuit,
Qu'un coq pour rappeler le jour et son ciel vide ;
Qu'on flanque sur la croix ces bruyants saltimbanques
Et qu'on me laisse seul dans l'empire muet.

Hu ! Hu ! Cornes au Cul ! Vive le Père Ubu !

Animaux sans patience, nous errons dans l'Eden,
Hantés par la souffrance et conscients de nos peines
L'idée de la fusion persiste dans nos corps
Nous sommes, nous existons, nous voulons être encore.

Aussi sûrs de nous-mêmes que "sans patience", nous maîtrisons le proverbial, la raison de tout, l'effet et la cause, nous faisons deux plus deux font des millions de bouches dans le désert.
Aussi sûrs de nous-mêmes que de notre mort, lancés dans l'infini noir

Boules de flipper, fonçant vers le sourire des dieux et leurs jeux de hasard, nous persistons dans la métaphore de l'être ; nous persistons, comme la fougère, le poétique en plus./

Il n'est donc point vrai que, il est donc absolument vrai que :

Nous n'avons rien à perdre. L'abjecte vie des plantes
Nous ramène à la mort, sournoise, envahissante.
Au milieu d'un jardin nos corps se décomposent,
Nos corps décomposés se couvriront de roses.

Les yeux se ferment. Le coeur s'arrête. Et hop ! Nous n'existons plus. Je n'existe plus. Ça n'existe plus que sous forme de viande vide. Qui vit avec cette idée n'est pas forcément l'admiratif des plantes, le contemplatif des jardins et des serres, le niais, béat, bébéte devant "l'abjecte vie des plantes", cet empire des mâchoires et des mandibules, qui murmure perpétuel et partout, comme le Seigneur,
Sur la terre où les croix se peuplent de cadavres,
Où nous sommes ces doigts que le piano dévore,
Mon ami, que voulez-vous, à la fin de tout,
Les roses ne sont que des plantes carnivores.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 24 avril 2006

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