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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 21:23

LA DIGITALE

Celle là, une bringue scrofulariacée, une plante à fleurs quoi, c'est ça qu'ça veut dire scrofulariacée et qu'éventuellement elle peut-être vivace et malodorante comme une bande de sales gosses, scrofulaire, une toxique des clairières, la môme digitale, fleurs en doigt de gant et grappes dressées, fleurs pourpres dans les coins siliceux, le sol à silices, la poussière des éléments, jaune pâle dans les calcaires patelins.

Tonicardiaque qu'elle est, la gueuse digitale, minuteur du palpitant, elle lui en ralentit la cadence, au muscle rêveur, affirme ses contractions, pousse pas pépère, c'est une valse, vas-y doucement, à la tombe.

Dans les pharmacopées, on en tire la digitaline, très amère, la servante au grand coeur, qui s'accumule dans l'organisme, d'où si on fait pas très sérieusement gaffe, intoxication, fait divers, roman de moeurs et complications à barreaux, policier à énigmes et atmosphère façon Simenon ou Agatha Christie ou Thérèse Desqueyroux, des ennuis trop énormes, à vous retrouver suicidé dans une cellule ou banni dans la rue, photographié des photographes compatissants qui vont se faire des sous, des sous avec votre face plombée de sans-abri dans des expositions à esthètes, à notables bonnes âmes, et puis cité dans les statistiques urbaines et revendiqué dans les campagnes à votez pour moi, bande de chômeurs à diplômes, cité, revendiqué, sociologisé pour finir d'un arrêt cardiaque et hypothermique dans le grand hiver des choses humaines.

        Patrice Houzeau
        Hondeghem, le 24 août 2005

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 05:20

LES OISEAUX LA NUIT

Les oiseaux la nuit souvent, ça fait comme s'ils les épiaient, les passants, les marche-vite, les titubants zigzaguants, les raseurs de murs, les reluqueurs de fenêtres, les envisageurs de façades, les intrigants sous la lune, les qui-cherche-quoi, qui-cherche-qui, les qui savent pas où crécher, les incertains quidams incognitos comme l'ombre, les paumés d'leur destination. Souvent, les suivent de leurs grand yeux ouverts, ronds comme les cercles. Font de grands hou ! hou ! en froufroutant de toutes leurs ailes, pour les effrayer un peu, les perdus de vue d'leur lit, pour leur frissonner le palpitant, aux chevaliers d'la brune.

Y en a qui disent comme ça parmi les allumés du verbiage, les bricoleurs de la vision, les peinturlureurs d'épouvantes, y en a qui disent comme quoi, - ah les poètes ! ah les fous ! -, les oiseaux la nuit parfois, ils en choisissent un, le kidnappent, le dérobent du sol, l'envolent, le voltigent dans les airs lacérés des feuillures, puis en poussant leurs grands cris d'oiseaux, très métalliques cris, et très humains aussi, comme des cris de femme battue ou malade, ils lui
volent son coeur puis sa dent en or puis son alliance.

Puis vous le retrouvez le lendemain, là, sur un banc ; il n'a plus ni femme, ni argent, ni coeur et vous regarde passer avec des yeux gris, et voilés.

                          Patrice Houzeau
                          Hondeghem, le 23 août 2005

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 05:08
Intarissablement paraphrase

               "Le Temps qui ne connaît ni son but, ni sa source,
               Mais rencontre toujours des soleils dans sa course,
               Tombe de l'urne bleue intarissablement !"
                                    ( Jules Laforgue, Intarissablement )

A vue de nez, je parierais bien qu'au noir des cieux ne rêve nul Songeur mais que dans ce vide où l'étoile ruisselle, les atomes sont pleins de palais et de belles, de chansons, de romans, de souffles et de coeurs

battants... Je parierais bien qu'on comprend rien et que tout grince en choeur dans le sang, le rire et la trouille universelle. Pendant ce temps que je cause, les montres vont roulant les oiseaux pêle-mêle, les saisons et le retour de l'éternel Seigneur.

Pendant ce temps que je cause, des renards électriques vont criant des refrains fous et des châteaux dans l'onde, les corbeaux, les mourants, les cités et les mondes. A leurs poignets, les montres du toujours au calme écoulement,

les montres sans raison ni regard mais la source s'éparpillent sans cesse au soleil dans sa course et veinent le ciel bleu d'un grand tic-tac qui ment, qui ment, qui ment, intarissablement !

                       Patrice Houzeau
                       Hondeghem, le 2 août 2005

Commentaires

vilein meussieu

espéce de connare, je sui en L et jeu te hé. jai un dewoar de fransés sur ce poéme et tu pourré kan maime l'awoar analizé dens ça totalité mintenent jeu vé aitre obligué de rélchire. moua qui émeré avoar tré bian au bac de franssé.
Posté par chloé, 11 septembre 2007 à 17:46
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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 05:03

Bigot, bigote : adj. et nom. Ce mot viendrait d'une ancienne expression anglaise, d'un juron saxon : bi god et désigne une personne d'une dévotion exagérée et tendant au sectarisme.
exemple :
On ne peut venir à bout de l'insolence.
Une armée de bigots n'y aurait aucune chance
Car l'insolence est la baïonnette de la parole
Qui tourne les voeux pieux en comédie frivole,
       Qui enrage les hypocrites
Et fait se gondoler les saints ironiques.

Employé comme adjectif, ce mot désigne l'attitude et l'allure d'une personne bigote.
Exemple : Sous le ciel gris aux moutons noirs, on voyait passer les habits sombres et la face jaune des maigres bigotes le long des pâtures où les vaches, comme on sait, lentement s'empoisonnent.

bigoterie
: foi à la vue étroite. ex : Elle était aussi confite en bigoterie qu'un bâton dans une sucette.

bigotisme
: n.m. Dévotion qui pousse un peu trop vite le Christ vers sa croix. ex : Le bigotisme et la libéralité financière sont les deux qualités essentielles du gogo à dianétique, du pigeon que les sectes plument avec la bonne conscience de celui qui n'a pas de souci avec son banquier, surtout s'il est suisse.

               
Patrice Houzeau
               Hondeghem, le 25 juillet 2005


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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 04:50

FANTAISIE ULTRA-MARINE EN LISANT LAFORGUE

Le narrateur a vu les morts. C'était dans un pays de poème, de légende ou dans ces rêves que l'on fait parfois et où l'on parle avec nos défunts.
Le narrateur a entendu les morts. C'était dans un pays de tempêtes "aux ardentes rafales" puisque les légendes nous rappellent que les grands vents, souffles sans bouche, évoquent la bouche sans souffle des trépassés.
De ces morts vus et entendus, le narrateur dit ceci et le dit au présent de vérité générale puisque les morts sont hors du temps, suspendus dans le présent de la mémoire :

Ils hurlent en sifflant et l'ardente rafale
Emporte les éclats de leur voix sépulcrale.
(1)

S'étant imprudemment approché du "choeur des trépassés" qui chantaient et hurlaient et sifflaient qu'il y a qu'un cheveu sur la tête à Mathieu et qu'il y a qu'une dent dans la mâchoire à Jean, le narrateur se trouve nez à nez avec une jeune femme étrange, une jeune morte à la chair blanche comme le lait, aux yeux bleus comme le ciel avant les rougeurs des acides et ses cheveux étaient de l'or des cités perdues.  Sa robe portait fines dentelles et bijoux d'un éclat plus vif et mirifique que l'éclat des anges du mal.
Avant même qu'il ait pu ne plus voir, la jeune morte le pousse dans les flots bleus et bruns qui piaffent et gémissent : Plouf ! et dans ce plouf qui dura longtemps, longtemps, longtemps, il entendit la jeune morte prononcer ces paroles étranges :

Car vous irez pourrir, fière et fine mondaine,
                  Chef-d'oeuvre unique de Paris,
Pourrir comme un chien mort ! Car le plomb et le chêne
                  Sont de dérisoires abris !
(2)

Plus tard, le narrateur, revenu sain et sauf par le miracle de la prose, décrira ainsi sa plongée dans l'univers océanique :

Donc, je m'en vais, flottant aux orgues sous-marins,
Par les coraux, les oeufs, les bras verts, les écrins,
(3)

Qu'a-t-il vu dans les profondeurs sous-marines ? A-t-il été papouillé par des poulpes papouilleurs ? A-t-il été poursuivi par des moules géantes ou des sirènes dévoreuses ? A-t-il rencontré les Atlantes, géants oubliés, qui l'ont pourchassé à travers des labyrinthes d'algues et de coraux ? A-t-il été médusé par Médusa qui promène sa chevelure de serpents entre les palais noyés des cités englouties ? A-t-il joué aux cartes avec la verdâtre dépouille d'un capitaine hollandais rescapé d'un opéra de Wagner ? A-t-il vu les bases ultra-marines ultra-secrètes des envahisseurs extra-terrestres que l'on reconnaît à leur petit doigt levé et à leur accent anglais ? A-t-il été avalé par une baleine biblique, un serpent de mer archaïque puis recraché comme détestablement humain sur les rives d'une contrée exotique où des missionnaires en cavale le ramenèrent à la civilisation et à l'affection des commerçants de son quartier ? Qu'a-t-il vu ? Nous ne le saurons pas vu qu'il était devenu aussi muet qu'un corse dans un commissariat de police.

Mais en tout cas, cela le marqua car nous le retrouvâmes, le narrateur, très blême et tout croyant, dans une campagne aussi pieuse que paumée en pleine nature, ce qui, avouons-le, est la moindre des choses pour une campagne digne de ce nom :

Oh ! lorsqu'au dehors, memento des morts,
                            Pleure et beugle la bise,
Oubliant Paris, ses vices, ses cris,
                            Seul au fond d'une église,
Dans un coin désert, je pleure au concert
                            Des orgues éternelles,
Devant les vitraux douloureux et beaux
                            Des ardentes chapelles
! (4)

écrit-il dans ses souvenirs et dans un poème simplement appelé Apothéose .

(1) : Jules Laforgue, La Chanson des Morts
(2) : Jules Laforgue, Guitare
(3) : Jules Laforgue, Préludes autobiographiques
(4) : Jules Laforgue, Apothéose

Les vers de Laforgue cités dans cette fantaisie sont extraits du recueil Les Complaintes et les premiers poèmes , Poésie/Gallimard).

                                   Patrice Houzeau
                                   Hondeghem, le 3 août 2005

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 16:49

L'orage au-dessus des villes agite la face de tôle froissée d'un dieu invisible, inconnu de l'orchestre.
La barque de nuit chargée d'éclairs. Son visage sans pardon mènent aux botaniques miraculeuses. Les chardons et les roses et leurs sopranes polyglottes traversent les géométries du rythme. Des théologies poussent dans la gorge légère des fougères et des farouches.
Les ondes, les rideaux, les sables remuent dans la nuit, remuent leurs bouches de cheval légende.
Les songes, les chevaux, les masques remuent dans la nuit, remuent en murmurant leur théâtre nocturne.
Leurs lèvres sont donc de fable.
L'orage au-dessus des villes agite la tête du dieu Horus apparu dans l'élégante fureur d'une cinématographie sur le temps, les armes et les lois.
Ses ailes froissèrent le ciel.
Les yeux aux fenêtres chargées d'éclairs. Ils regardent passer la barque de nuit et s'effacer les rideaux mouvants sur les bouches ouvertes du fleuve.

                              Patrice Houzeau
                              Hondeghem, le 23 juin 2005

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 16:43
Fantaisie sur une insomnie

Vertige lucide    J'entends monter
Vers moi le hurlement secret des morts
  (Jean Tardieu, Insomnie, L'accent grave et l'accent aigu, p.106, Poésie/Gallimard)

Tout au long tout au long de la nuit
Ouverts les yeux seul seul seul veilleur
De mon coeur pendant qu'partout ça dort

Me voilà dans le cosmos l'espace
Me passe à travers le corps Cassandre
Dont la bouche est pleine de cendre

Ça bouge dans la boîte à images
Alors les morts aux lèvres de sable
Se mettent à hurler des chansons

Insensées des cymbales d'la foudre !
Dans un silence de chat qui dort
D'énigmes s'emmêlant les pinceaux

Bientôt c'est l'aube la belle idiote
J'atterris dans un soleil pâlot
Ça cause ça cause à la radio

Nous voilà plongeant dans la journée
Avec nous chimères et sirènes
Aux noms cachés aux corps déliés

Avec nous le vent levant les herbes
Ce palais désert devant la mer
Et les rumeurs    les rébus    les clés

Perdues    lointaines      passées        jetées.

                   Patrice Houzeau
                   Hondeghem, le 19 juin 2005

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 15:57
ARTHUR 

        Arthur, sale sans doute, pauvre et très pensif, déchirait la petite spirale de son âme de sale gosse et ses bottines le long des aubes du temps perdu, aux cailloux, aux moqueries des canards, aux chemins hantés des mauvais anges de la faim, de la soif comme si derrière toutes ces villes bêtes et grasses s'étendait le désert, le désert et la fable.

                                   Patrice Houzeau
                                   Hondeghem, le 13 juin 2005
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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 15:12

Voici l'heure de l'enchantement muet.
Un piano fantôme en souligne les effets.

Dans le livre on lit les lignes du corbeau sur l'arbre qu'on voit noir. Le cruel crieur, l'ironique à la fenêtre, conte ses contes sombres.
Voilà la plainte.
La cloche des curés a parfois la langue fourchue. Dans le ciel, qu'on voit noir, violemment qu'elle tinte.
Voilà la ville.

On s'y promène, rêveur sans denier du rêve.
Des anges aux yeux roux glissent le long des toits. Ils ont les moustaches hérissées et le regard méfiant des témoins muets. C'est qu'ils ont croisé les couteaux bleus aux mains blanches des assassins calmes.
A l'aube, aux premières électricités, les fenêtres du fleuve sont gonflées de yeux morts et de cris sans voix.
Pendant ce temps, -mais c'est à suivre-, souples, filent, -vives-, les silhouettes sans bruit des cambrioleuses des films en noir et blanc qui jettent dans la rue le sort de leur flamme.

                          Patrice Houzeau
                          Hondeghem, le 10 juin 2005

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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 13:31
Ah il s'en passe

 

Sur trois vers de Jules Laforgue :

Sous le ciel pluvieux noyé de brumes sales
                                 ******
Et les bruissements argentins des feuillages.
                                 ******
Tombe de l'urne bleue intarissablement !
                                 ******

Ah il s'en passe, trucs, vipères et couleuvres !
Sous le ciel pluvieux noyé de brumes sales,
Sous le ciel pluvieux rempli de noyées rousses,
Sous le ciel pluvieux où passent des chiens jaunes,

Que l'on est dégoûté de tout ce que l'on fait
Tous les jours dans le sans-soleil rayé de pluie;
L'on se prend à rêver en fumant à l'été
Sans fin des clairs matins jusqu'aux nuits étoilées;

Et
, dans les bruissements argentins des feuillages,
Et, dans les froissements des fées vertes de l'herbe,
Et, dans les déchirements de la soie des orages,

On laisse glisser le temps, cheval sous la pluie,
Qui, dans la rue longue au sans-fin du vent passant,
Tombe de l'urne grise intarissablement.

                                       Patrice Houzeau
                                       Hondeghem, le 20 mai 2005

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