Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 00:15

Des dragons-chats et du professeur Got.

Dans une ville de verre et de serres pleines de plantes plus étranges, sous un ciel où passent des astronefs chargés de patrouilles de gorets de l'espace, on remarque un homme de dos, grand, mince, à la manière des héros de bandes dessinées.

Une autre femme de l'espace, avec des cheveux verts à la manière d'une fan de Baudelaire, joue à l'harmonica des airs d'un blues fatal sous le lac inversé où  se mirent les requins des rues et les écailles des dragons-chats.

Je profite de cette occasion pour rappeler que les dragons-chats sont des animaux bien utiles pour allumer les feux de cheminée ainsi que, grâce à leur mâchoire réglable, les cigarettes, les cigares et les joints que moi personnellement je suis contre mais que s'ils étaient en vente libre, - je vois ça d'ici Pif Gadget avec ses vrais filtres pour véritable Ganja ou vingt grammes de libanais en cadeau pour tout abonnement aux Inrockuptibles -, mais que donc s'ils étaient en vente libre, - et il paraît que l'herbe à fumer est bien utile pour soulager ponctuellement les gens atteints de sclérose en plaques par exemple -, mais qu'enfin s'ils étaient en vente libre, cela permettrait d'en finir avec certaines organisations mafieuses, les dealers dans les lycées et les "grands frères", y seraient plus obligés de sortir le soir après 22 heures, au risque de faire de mauvaises rencontres, pour "ramener l'argent à la maison et nourrir la famille" comme je l'ai entendu ces jours-ci à la radio dans la bouche d'un jeune homme que les mesures de couvre-feu à l'usage des banlieues avaient l'air de chagriner.
Bien sûr, cela supprimerait rapidement quelques milliers d'emplois dans l'économie parallèle mais l'Etat serait gagnant grâce aux taxes qu'il ne manquerait pas de percevoir et qui serviraient, - n'en doutons pas -, à rétribuer les fonctionnaires de police affectés à la surveillance de nos si vivantes banlieues qui font actuellement la joie des journalistes étrangers et des leaders d'extrême-droite.
De plus, cela permettrait de revoir à la télévision le sympathique professeur Claude Got avec sa blouse blanche qui se ferait un devoir, - pour la plus grande joie des buralistes, des limonadiers et des pharmaciens, de dénoncer l'Etat pourvoyeur de drogues et d'affirmer sans rire que les fumeurs de cigarettes  sont appelés à devenir des citoyens de seconde zone comme je le lui ai déjà entendu dire une fois à la télévision, un jour qu'il était particulièrement en verve, - peut-être était-il dopé ? -, que même il dira que c'est pas vrai qu'il l'a pas dit mais que moi j'vous l'dis qu'il l'a dit, l'abstinent à diplômes, le méprisant d'la faculté, l'énervant toubib.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 novembre 2005

Partager cet article
Repost0
21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 00:08

D'après Printemps urbain de Pablo Neruda (in Mémorial de l'île noire, traduit par Claude Couffon, Poésie/Gallimard, p.144-145).

                                   Bref, tout ce qui arrivant à chacun
                                   s'en va et reste inexorablement
                                                Pablo Neruda

Il était bien ennuyé aussi contemplait-il le pavé,
Le pavé aussi usé qu'un fond de pantalon
Quand il s'ennuyait à l'école des garçons,
Le pavé aussi morne qu'un poème trop long
- Vous en avez ici la leçon ! -
Aussi usé, chiffonné, martelé, estompé, raboté
Jusqu'à n'être plus qu'une pétanque de creux et de bosses
Sur lesquels la demoiselle mélancolie d'automne,
La demoiselle dont on fait des chansons
Et sur qui plaisantent salement les gosses,
La demoiselle pluvieuse pleurait comme une madeleine
Qui aurait perdu sa tasse de thé.
Bref, c'est en ville, il y a des pavés et de la pluie.

Après quoi l'histrion soleil débarqua
Matamore mouché de mille mouches
Sur le sol où erraient les orangers fatigués.
En dehors des orangers, on pouvait voir passer aussi quelques exilés politiques, des guitaristes aux mains tranchées et le fantôme de la liberté avec son orchestre de
jazz, tout un tas de macchabées tout en os
jouant du blues d'un air féroce...
Comme tous les chevaux avaient fui,
Les cavaliers étaient bien embêtés,
Leurs femmes aussi,
Et on pouvait se demander s'il n'y avait pas eu une révolution,
Un coup d'état ou le démantélement d'une organisation secrète...

Finalement les coups de pinceau des citrons
Et les traits des mandarines, des clémentines, des sanguines
Achevèrent le tableau où se démenait la fable d'un écureuil.
On murmurait dans la futaie, c'était entendu,
Quelque opéra du printemps
Au milieu des fleurs d'oranger
Des fiancés naïfs comme des électeurs
Et des demoiselles de la grande vertu d'être complétement nues...

Hector, lui, se demandait s'il était d'ici, de ces murs froids
Où la fumée mimait des bêtes bizarres.
Il se demandait aussi si son âme appartenait à la bière,
Au chili con carne et au film du dimanche soir.
Telle est la question qu'on se pose quand on sort
De soi, quand on y entre, ou quand on perd de vue son lit jusqu'au lendemain,
Comme le disait si bien René Char.
C'était aussi la question que lui posaient les cloisons,
Le papier peint, les chats, les coussins et les miroirs
Si souvent interrogés qu'ils ne se donnaient plus la peine de réfléchir
Autrement que par habitude.
D'ailleurs, ils ne répondaient plus qu'en anglais désabusé
Aux amis d'Hector qui s'inquiétaient de sa santé.

Parfois, Hector se confondait avec le décor,
Et ses amis, alors, usaient sans vergogne de son nez, de ses souliers,
De ses vêtements neufs, de sa viande de boeuf,
De ses mains de pianiste et du noir de ses yeux,
De son coeur ouvert comme une ville
Où s'étaient entassés les vignes et les digues,
Les amours et les retours, les trains de nuit et les aubes là-bas, tout au bout des étés
passés, derrière les rangées de pins parasols et les draps et les terrasses,
Le sable des châteaux et le sphinx de soi-même,
Bref, tout ce que nous sommes
Et tout ce que nous ne sommes plus...
Là-dessus, le téléphone se mit à sonner
Et il se fit engueuler...

                         Patrice Houzeau
                         Hondeghem, le 2 janvier 2005



Partager cet article
Repost0
20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 23:54

Les rives de la nuit sont pleines de noyés
Qui chantent les regrets et les noms des sirènes

La lune est pleine de loups blancs
Et se balance doucement
Sous la griffe des arbres

J'allais sans humour et je poursuivais mon ombre
Trop rapide pour moi l'ombre l'araignée le fantôme

L'herbe de la nuit pousse
Le loup farouche le loup

              Patrice Houzeau
              Nandy, le 17 juillet 2005

Partager cet article
Repost0
19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 17:34

LA PROVISOIRE D'APRES MALINES

Des prés toujours, de l'herbe, de l'herbe avec des vaches dedans.
Du train on voit le vent vaguement chatouiller la girouette, les briques rouges sous des chapeaux gris bleu.
Grise la féerie; l'allitération des "f" à feuillage défie l'oeil, les frisottis sur la nuque des frênes défilent le long d'un désert d'herbe blanche.
C'est la grande paix des ruminants sur la terre sous un ciel à plat bleu.
On ne l'entend pas mais un coq chante.
On ne les entend pas mais des cloches sonnent.
Le train est si silencieux, si glissant que l'on dirait bien un train fantôme en visite dans la campagne provisoire.

                     Patrice Houzeau
                     Hondeghem, le 8 septembre 2005

Partager cet article
Repost0
19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 17:17

PAYSAGE AU COQ

Kobolds
: "Génies qui, dans les légendes germaniques, ont pour tâche de garder les trésors souterrains." (Michel Dansel, note in Paul Verlaine, Choix de poèmes, Nouveaux Classiques Larousse, 1973, p.49).

Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
P
leure, on veut croire.
            
(Paul Verlaine, Paysages belges)

C'est dans le Nord. Je lisais un poème de Verlaine
Et pensais à ma mère du temps qu'elle était reine.

Sous le loup blanc d'une lune comédie,
Tu m'en raconteras des histoires, dis...
Ainsi semblait dire la petite fille du tableau
A son père endormi sous un chapeau.

L'été infernal avait posé sa patte
Sur la campagne, l'herbe noire, les mille-pattes
Et les croix des carrefours, ces relais du Bon Dieu que l'on appelle
Chapelles.

Ah on peut bien rêver dans les grandes villes,
On peut s'en imaginer des campagnes verdoyantes mirifiques,
Dans les grands entassements où qu'on vit
Entre les hôpitaux et les usines,
Les statistiques et les parkings.

Les yeux mi-clos, dans un brouillard gris et rose,
On peut rêver les Kobolds de l'herbe silicose
Qui s'en vont par la ville à Charles où le vent,
Cette grande bête comme un crime, le vent bien tannant
Pleure comme un veau, un coq ivre, un lion saoûl.

On peut bien les entendre chanter encore, le loup,
Le renard et la belette dans les rêves du demi-sommeil,
Les coqs et les poules des chansons très vieilles
Qui boivent aux cafés tapageurs
Où sent le chou en sueur.

Et on peut voir sous la pluie, - Mon Dieu, s'il vous plaît ! -, Paul Verlaine, hébété comme un spectre bègue, un enfant idiot.

Avec les doigts d'un pendu déjà vert
         Le drôle agace une guitare

                  (Paul Verlaine, Un pouacre)

Sous le loup blanc d'une lune comédie,
Tu m'en raconteras des histoires, dis...

Dans la ville à l'astronome, ville étudiante,
Troquets nocturnes, une voix poussait une beuglante,
Une beuglante de carabin au cabaret,
Une beuglante de carabin et de carabine,
Entre les, - il pleut des ossements ! -, les squelettes de la pluie,
Les squelettes tout skettés
Qui crachent la chique et giclent la gigue ;
Donc le carabin beuglant que :

              "Avec les doigts d'un pendu déjà vert
                On peut, mes gîns, m'entendez-vous,
                M'entendez-vous, mes gîns,
                On peut agacer des guitares
                Jusqu'à ss'que...
                                            Jusqu'à ss'que...
                                                                        Jusqu'à ss'que...
                Les Kobolds s'en aillent !"

Et puis, quand revient l'automne
Avec sa figure de mauvaise fille,
De ce pays le vent grisé dans l'herbe folle
Grimpe sous les pieds des revenants qui sifflent
Des chansons du Grand Brel comiques et mélancoliques
A remplir les chapelles, à vider les églises ;
Et il pleure de ce pays le vent grisé, il pleure, le loup,
Il pleure comme un veau, un coq ivre, un lion saoûl.

D'ailleurs, on peut voir sous la pluie, - Mais s'il vous plaît ! -, Paul Verlaine, hébété comme un spectre bègue, un enfant idiot.

Elle dort.
                Ô ses paupières violettes !
                     (Paul Verlaine, L'impénitence finale)

Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin

                     (Paul Verlaine, Après trois ans)

Sous le loup blanc d'une lune comédie,
Tu m'en raconteras des histoires, dis...
Elle dormait. Ses paupières tremblaient comme l'automne.
Elle dormait dans la fenêtre que la pluie chiffonne.

Et sous son chapeau, le père réveillé
Allume sa pipe et semble songer.
Entre les doigts de la grande bringue mélancolie
S'agitent les grosses ficelles de nos vies,
La pluie qui quicke et flupke sur les toits gris,
La brique rouge du Nord et le trottoir qui luit
Tandis qu'on dit demain, tantôt,
Au marché, au bistrot,
A la frontière quand, fidèle comme un chien,
Le soir jaune et bleu revient
Par l'herbe grise, les gares vides
Et les demeures énigmatiques
Où les demoiselles de Delvaux attendent infiniment
L'infini de l'été.

La neige tombe sur l'herbe froide.
Le soir bleuït les croix des carrefours.

On s'endort et passe, - mauvais fantôme -,
Paul Verlaine entre les jets d'eau qui jouent toujours
Les mêmes argentines
Sous le loup blanc d'une lune en Espagne.

          Patrice Houzeau
          Marpent-Hondeghem, le 3 septembre 2005


Partager cet article
Repost0
19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 16:55

LES FRERES BUITONI : FRAGMENT ROSSE D'UN CONTE DE FEES

Au petit déjeuner
Dans le pays des forêts profondes
Où les paysans endettés
Sèment leurs enfants inutiles
Au petit déjeuner
A l'heure où la chouette va se coucher
En chantonnant du Dutronc
A l'heure où le dernier des vampires retourne sans sa casa capitonnée en regrettant la gothique époque où il était une énorme vedette une star comme on n'en fait plus
A l'heure où le dernier des Mohicans retourne dans sa plaine
A l'heure où la rose est prise à la fontaine
Ce qui ne veut rien dire mais qui fait joli
Au petit déjeuner donc
Dans le château de l'ogre
Les trois frères vidèrent
Une pinte chacun
Une pinte de sang pour sûr
De sang bien chaud tout frais
Ah ça ! il n'aurait pas dû le géant
Qui mange les enfants perdus des forêts noires
Les autres aussi d'ailleurs mais c'est plus compliqué
Il n'aurait pas dû attirer ainsi
Dans le ventre de son château
Les terrifiques frères Buitoni
Les bonbons les cachoux
Et les caramels mous
Que voulez-vous
Ça ne nourrit pas son môme
Et le voilà bien attrapé
Qui gît dans son sang
Le géant égorgé
A la manière des gorets
Ce n'est pas aux enfants du village d'à côté
Que l'on apprend à faire la tripaille
Et il aurait dû s'inquiéter du pedigree
De cette marmaille
Il aurait su alors
Que les trois frères étaient respectivement
Fils du ficeleur
Fils de l'égorgeur
Fils du charlatan
On ne sait jamais à qui l'on a affaire.

      Patrice Houzeau
      Hondeghem, le 16 octobre 2005

Partager cet article
Repost0
18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 10:59

SONNET HYPNOTIQUE

La batterie rapide répétitive en boucle
Tandis que la voix monte et descend les arpèges qui tournoient
La batterie rapide répétitive en boucle
Hypnotique hypnotique hypnotique

Tandis que les syllabes de la jeune femme
Montent et descendent je ne sais quel automne dans la voix
Je ne sais pas pourquoi
Je la vois

Avec des cheveux courts pas très grande dans un jeans
Et les yeux du plus bel effet d'acier gris bleuté
Ou couleur d'ombre dans l'éclat de la musique

Electrique sur le rythme de / sur le rythme de / sur le rythme de
La batterie rapide répétitive en boucle
Hypnotique hypnotique hypnotique.

Patrice Houzeau
Rosendael, le 28 novembre 2005

Partager cet article
Repost0
18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 10:40

PROMENADE DU CHIEN

Voici l'heure de retrouver les lignes
des fleurs avant qu'il ne fasse sombre
les bataillons d'orties aux dents vertes
et les fantômes des livres en balade
Voici l'heure de promener le chien
noeud d'ombres à la langue qui pend
en sifflant c'est un vent de terre dans l'herbe
qui vient à l'heure de la promenade
quand tu pars une heure avec le chien
et ces noeuds de mots dans le cerveau.

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 7 janvier 2006

Partager cet article
Repost0
17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 21:43
La blague des deux grenouilles

Deux grenouilles s'en allaient cheminant
Par un sentier sec et un soleil assoiffant.
Toutes les deux, - pauvrettes ! -, avaient la langue pendante
Et, pour tout dire, déjà se voyaient mourantes,
      Petits sacs de peau désséchée
      Que l'on voit au bord des fossés,
Quand tout à coup apparut une mare
Qui mit fin à leur solaire cauchemar.
En trois sauts elles furent dans l'eau. Ah !
Elles étaient sauvées et avaient fini de souffrir
Et d'aise et de contentement l'une s'écria : "Coa !";
Ce à quoi sa soeur répondit : "Peuchère ! J'allais le dire !"

                   Patrice Houzeau
                   Hondeghem, le 24 juillet 2005
Partager cet article
Repost0
17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 21:39
LA VIPERINE

  Deux fois sur l'aride et la pierre. Les taches brun-noir mangent les petits masques des circulantes. Les poils raides rappellent d'anciennes sauvageries où un esclave coûtait moins cher qu'une vache, rappellent les serpents de la reine et les villas sous le soleil de plomb bleu, entre les fruits et les cris.
Ce sera d'abord la dame rouge des désirs et des crimes, bien avant le mystère et la rime, puis les fées brèves et bleues de l'été, enfin la fête fauve éparpillée des papillons violets, mauves, éphémères comme l'idée d'une chanson. On voit rarement par ces chemins les blanchisseuses et les petites filles à l'ancienne mode.
Le triangle du fruit mime de loin la tête du serpent; pourtant, par analogie, on la croyait remède aux morsures de vipère.

                           Patrice Houzeau
                           Hondeghem, le 24 juillet 2005
Partager cet article
Repost0

Recherche