Des dragons-chats et du professeur Got.
Dans une ville de verre et de serres pleines de plantes plus étranges, sous un ciel où passent des astronefs chargés de patrouilles de gorets de l'espace, on remarque un homme de dos, grand, mince, à la manière des héros de bandes dessinées.
Une autre femme de l'espace, avec des cheveux verts à la manière d'une fan de Baudelaire, joue à l'harmonica des airs d'un blues fatal sous le lac inversé où se mirent les requins des rues et les écailles des dragons-chats.
Je profite de cette occasion pour rappeler que les dragons-chats sont des animaux bien utiles pour allumer les feux de cheminée ainsi que, grâce à leur mâchoire réglable, les cigarettes, les cigares et les joints que moi personnellement je suis contre mais que s'ils étaient en vente libre, - je vois ça d'ici Pif Gadget avec ses vrais filtres pour véritable Ganja ou vingt grammes de libanais en cadeau pour tout abonnement aux Inrockuptibles -, mais que donc s'ils étaient en vente libre, - et il paraît que l'herbe à fumer est bien utile pour soulager ponctuellement les gens atteints de sclérose en plaques par exemple -, mais qu'enfin s'ils étaient en vente libre, cela permettrait d'en finir avec certaines organisations mafieuses, les dealers dans les lycées et les "grands frères", y seraient plus obligés de sortir le soir après 22 heures, au risque de faire de mauvaises rencontres, pour "ramener l'argent à la maison et nourrir la famille" comme je l'ai entendu ces jours-ci à la radio dans la bouche d'un jeune homme que les mesures de couvre-feu à l'usage des banlieues avaient l'air de chagriner.
Bien sûr, cela supprimerait rapidement quelques milliers d'emplois dans l'économie parallèle mais l'Etat serait gagnant grâce aux taxes qu'il ne manquerait pas de percevoir et qui serviraient, - n'en doutons pas -, à rétribuer les fonctionnaires de police affectés à la surveillance de nos si vivantes banlieues qui font actuellement la joie des journalistes étrangers et des leaders d'extrême-droite.
De plus, cela permettrait de revoir à la télévision le sympathique professeur Claude Got avec sa blouse blanche qui se ferait un devoir, - pour la plus grande joie des buralistes, des limonadiers et des pharmaciens, de dénoncer l'Etat pourvoyeur de drogues et d'affirmer sans rire que les fumeurs de cigarettes sont appelés à devenir des citoyens de seconde zone comme je le lui ai déjà entendu dire une fois à la télévision, un jour qu'il était particulièrement en verve, - peut-être était-il dopé ? -, que même il dira que c'est pas vrai qu'il l'a pas dit mais que moi j'vous l'dis qu'il l'a dit, l'abstinent à diplômes, le méprisant d'la faculté, l'énervant toubib.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 novembre 2005