EN REGARDANT MAZARIN
Notes sur la deuxième partie du téléfilm La Reine et le Cardinal de Marc Rivière.
"Je cherche le silence et la nuit pour pleurer" : Ce vers de Corneille est cité à plusieurs reprises dans cette deuxième partie.
C'est que l'on n'est pas dans la reconstitution historique mais dans le romantique pour étrange lucarne.
Au moins, on se souviendra des noms et de ce que fut "la Fronde" et de ce qu'en fit Mazarin.
Mazarin en exil semant la confusion chez les frondeurs en faisant donner à l'un ce qui offensera l'autre. Diviser pour régner.
L'homme en rouge est bien habile et le parlement met même sa tête à prix (100 000 livres).
La Cour est à Bourges.
Il faut éviter Paris.
"Condé a pris le parti des Espagnols contre le Roi" dit un homme du peuple. "ça va mal finir" qu'il ajoute. Le monde est plein de craintes.
On prie.
Mazarin, c'est ici Philippe Torreton dans le téléfilm La Reine et le Cardinal de Marc Rivière (France, 2008), diffusé en deux parties le mardi 10 et le mercredi 11 février 2008 et qui a pour sujet l'amour de la mère de Louis XIV, Anne d'Autriche, pour celui qui, en venant à bout de la Fronde, a permis de conforter le futur Roi-Soleil sur le trône de France.
Madame de Longueville, une frondeuse celle-là, est rousse comme la messagère.
Le jeune Louis XIV règne. Il rappelle Mazarin.
La mère du roi, le téléfilm nous la montre fort belle, magnifique même (Alessandra Martines).
Beau gosse, le Cardinal aussi.
On entend claveciner dans des cordes un peu trop romantiques.
On voit de temps en temps les corps nus du principal ministre et de la Régente.
Se doutaient-ils, les historiques, qu'on les représenterait, des lustres plus tard, sous des traits d'acteurs, corps nu contre corps nu, afin que le bon peuple de maintenant puisse se rincer l'oeil des amours célèbres et pourtant fort décriées par cet autre bon peuple, celui du XVIIème siècle.
Ah, c'est-y pas qu'on nous referait le coup des amours princières, de l'histoire couleur rose bonbon, de la romance en costumes, avec panaches et grands chapeaux, chevaux magnifiques et coups d'épées ?
Mazarin est de retour d'exil.
"Vous êtes un chat" lui dit la Reine.
"Parler des affaires", c'est là le sujet de l'Italien à la soeur du Roi d'Espagne.
Le Roi s'escrime.
Les troupes de Condé sont supérieures en nombre - "de trois fois" dit Turenne - à celles du Roi.
"Nous allons nous battre" dit le jeune Louis XIV qui, par ailleurs, trouve Olympe, l'une des nièces de Mazarin, "ravissante".
Bataille : épées et cavaliers et hennissements de chevaux et cris de douleur. Les hommes d'armes se crèvent la panse pour ces puissants-là qui veulent le pouvoir.
Mazarin y perd un neveu, un tout jeune homme, dans cette guerre-là des "Frondeurs" contre le Roi de France.
Mazarin envisage un nouvel exil.
Ce qui déplaît à la Régente.
Faut-il faire assassiner le Cardinal de Retz ?
Mazarin préfère le faire arrêter.
De loin, il tire les ficelles et arrive à ses fins : en finir avec la faction des Frondeurs (Condé, Conti, Anne de Longueville, Gaston d'Orléans, Retz).
On mime un chat et un oiseau.
Le "chat", c'est Mazarin pardi ; "l'oiseau", c'est Retz sans doute.
Sur le mot "théâtre, on arrête Retz.
C'est un "coup de théâtre" donc.
Jean-Baptiste Colbert est l'administrateur des biens de Mazarin.
"Venezia" et "Matteo" furent-ils les vrais noms des matous du matois Mazarin ?
Roucoulade derechef avec la Reine.
Le Roi s'amuse avec des filles.
"Le Roi de France se doit d'épouser au plus haut". Il n'est donc pas question que la nièce du parrain du roi, la "ravissante" Olympe, épousât Louis XIV. "Elle n'est pas pour vous, Sire."
La Duchesse de Longueville, la grande bringue rousse, a la colère facile et ne prétend pas souscrire à l'union de son frère Armand (Conti) et d'Olympe.
La paix avec l'Espagne : ce que Mazarin n'avait pas voulu d'abord, il le veut maintenant et pourquoi pas marier Louis à Marie-Thérèse.
Ce qui lie les êtres : un secret qui s'ajoute à tous ceux qui constituent déjà des liens si forts.
Lettres : de Marie Mancini (une autre nièce de Mazarin) au Roi et du Roi à Marie Mancini. On y parle musique, de Corneille, de Shakespeare, de Cervantès, de Dante ; ce sont aussi des lettres chiffrées.
Marie supplante Olympe dans le royal.
Mazarinette : gâteau rouge et blanc, comme cardinaliste vêture ; "mazarinette" puisque c'est ainsi qu'on les surnommait, dans le peuple, les nombreuses nièces à Mazarin.
Succulentes, les mazarinettes ; les mazarinades furent si amères.
Le 46ème Régiment d'infanterie s'appelle "Le Mazarin français".
Ce siècle fut celui où les êtres se doivent.
Se devoir à soi-même comme on se doit à l'Etat.
Louis en Flandres. On entend canonner. Louis a une insolation ; son chapeau est tombé dans les dunes.
Mazarin est goutteux. D'où de grandes douleurs aux jambes.
"Encore une conscience qu'il nous faudra apaiser" dit Mazarin à propos de la Duchesse de Savoie qui pressent que le Roi, en fin de compte, n'épousera pas la Princesse de Savoie.
Des "citrons glacés". C'est ce qui fait bien "digérer" et tout "passer".
La politique est l'art de faire avaler des couleuvres à des vipères.
Marie Mancini triste : "Je regarde passer le Roi."
Figures d'exil, comme Marie à Brouage, ou figures d'Etat, comme Louis épousant l'Infante, toutes les figures se doivent au théâtre de l'être, cette comédie des humains cependant qu'il y a toujours une paix à trouver, une fronde à confondre, le silence et la nuit pour pleurer, et l'Histoire à écrire, à représenter, jusqu'à la fiction, ce pain d'épices et de songes que, chaque jour, le spectacle nous donne, pour mieux semble-t-il nous éviter d'avoir à supporter l'âpreté de la vérité.
Mettre Mazarin, la Reine Anne, Marie Mancini, le jeune Louis XIV au centre d'une fiction française, c'est écrire une romance, c'est vouloir rassurer l'honnête homme de la classe moyenne et la femme qui travaille parce que maintenant un seul salaire ne suffit plus.
C'est faire contraste avec la brutalité des fictions élisabethaines ; c'est affirmer qu'il y a autre chose que la brute, sordide, violente, mesquine, sanglante, insupportable, atroce réalité que l'araignée Internet diffuse maintenant partout et qui ne prouve jamais qu'une seule chose : les êtres humains, quand ils sont en surnombre, ne peuvent que s'entre-détruire. Nul philosophe n'y pourra trouver remède et je crains bien que l'état latent de guerre soit la clé des ressources humaines.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 février 2009