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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 23:13

FOUDRE LENTE

Je vis, je meurs;...
(Louise Labé)

Georges Guillain évoque dans Domicile fixe (in Ecrit(s) du Nord n°5, p.41, 1999) cette foudre lente de l'ennui qui finit toujours par nous atteindre.

L'ennui que l'on dit parfois mortel...

Le silence est un tonnerre lointain

écrit Jean Tardieu dans Nocturne (L'accent grave et l'accent aigu, Poésie/Gallimard, p.102)

Décasyllabe. Attribution au silence d'une connotation singulière, celle du tonnerre lointain.

Par association d'idées, je pense à ce titre étonnant :

The Delicate Sound of Thunder.

Il s'agit d'un album de Pink Floyd.
On pourra évoquer aussi la soie des orages.

Le silence est une qualité particulière de temps, un temps vide d'occupations sonores, un temps qui renvoie à l'intime, à la périphrase du coeur battant :

ce mortel battement
qui couvre le silence

                         (Jean Tardieu, op. cité, p.51, Mortel battement )

Mais vivants, nous sommes bavards :

Par un bruit de paroles
je m'efforce d'imiter
ce mortel battement
qui couvre le silence.
                        
(Jean Tardieu, op. cité)

D'où sans doute ce goût immodéré que nous avons pour la musique, cette autre qualité particulière de temps, qui, rythmant le silence, nous renvoie à un espace imaginaire dans lequel nous nous immergeons avec joie; et plus la musique est riche, plus cet espace est vaste : l'opéra, le baroque, le jazz, le blues, le rock progressif, les chansons, les expérimentations de l'électro-acoustique élargissent ce champ de l'imaginaire radicalement éloigné des sons utiles du quotidien et de ce monotone et électronique tohu-bohu pour boîtes à bipèdes, qui loin de la finesse de Led Zeppelin et de l'intelligence de Pink Floyd, loin de la révolte des Clash et de l'humour de Nina Hagen, complaisent maintenant aux cervelles de nos apprentis productifs des lycées professionnels et généraux.

Le temps est ainsi multiple (tonnerre lointain, mortel battement, musique) :

Il faut habiter le temps
multiple,
lui ressembler.
                    (Jean Tardieu, op. cité, p.69, Aucun lieu )

En étant nous-mêmes multiples, habitants intenses d'une durée que nous apprécions à sa juste valeur, celle de la foudre lente qui nous laisse le temps de nous effacer, - de nous espacer si nous croyons en la réincarnation ou à l'éternel retour -, en étant nous-mêmes, nous éprouvons dès lors cette durée qui sépare la partie d'échecs que le chevalier joue avec la Mort dans Le Septième Sceau d'Ingmar Bergman de cette visite de la Mort au château qui clôt le film, cette durée qui sépare l'invitation à souper de la visite du Commandeur, durée très brève comme si le théâtre et le cinéma étaient avant tout des métaphores de la briéveté du temps de vie dont nous disposons, métaphores du trajet de la foudre pour reprendre ce beau titre d'un roman de Stanislas-André Steeman.

                                                Patrice Houzeau
                                                Hondeghem, le 22 avril 2005

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 22:58

GASPARD

Ce n'était pas un nain, mais vu qu'il était pas bien grand non plus, nous moqueurs, on faisait comme...
Sûr qu'il était venu, tout calme et bien orphelin, avec ses yeux lourds de crapaud, de nain dormeur, vers les embrouilles des grandes villes, les complications modernes, et vu qu'on le trouvait pas fufute, le gazier, on s'en payait de bonnes tranches de foutage de gueule, pour parler comme les élèves des sections littéraires.

Tout gnome qu'il était, il avait des pulsions, le bougre, des envies de chair fraîche, de roucoulades sous la nuit bleue des gares, de baisades, de salaceries et d'amoureuses flammes... Mais c'était pas gagné... Et mis à part les arpenteuses en pantalon moulant, les yeux mauves et les ongles rouges, on voyait pas bien comment il pouvait tirer son coup...Car il était pas beau, le laid gamin des campagnes perdues...

Après avoir grenouillé dans trente-six magouilles, avoit tâté du Poulaga Palace, s'être bien pris des mandales et des bouts ferrés au derche, un beau jour, nous constatâmes sa disparition...On s'attendait bien à le voir ressurgir dans la presse des matins blafards façon fait divers, très cadavéré, gonflé des noyades, décapité, découpé, morcelé, défiguré, égorgé, éventré, castré, coupé des choses de la vie, acidifié, carbonisé, puzzelifié, le nain tragique...On apprit qu'il était devenu mercenaire chez des apaches en uniforme, crapaud guerroyeur en Afrique, dans la jungle des luttes insensées, à expérimenter des armes folles sur des bipèdes innocents, à se canarder, à se viander, à se friter avec d'autres mercenaires aussi brûlés que lui de la boîte à fantasmes...

Enfin, même la camarde, pourtant si accueillante, n'avait pas voulu de lui, et il revint parmi les gens de la ville, un peu plus dingo, narvalo, idiot...Il abrita sa carcasse mitée de fièvres dans une bicoque tenue par une ex-vamp des peep-shows (qui avait réussi à chanter assez juste à la starac), vira alcoolo, puis bien atteint, tout vidé de sens, il finit par psychoter tout à fait dans une institution exprès pour...

Il y délira beaucoup, contant qu'il était fils de princesse, enlevé par des sbires, pour des histoires de fric énorme, puis, abandonné de tous, qu'il finit par être trucidé en 1833.
Bref, il était déjà mort.

                                         Patrice Houzeau                                         
                                        
Hondeghem, le 20 avril 2005


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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 22:50

"La Toilette d'Hélène"

Les fleurs d'encre d'Aubrey Beardsley.
Ainsi La Toilette d'Hélène (1895) : des lignes serrées et des spirales de points jaillissent des visages semblables aux masques d'une comédie rêvée, jaillissent des monstres querelleurs.
L'un tire les cheveux de l'autre, lui écrase la face d'un escarpin noir, serre le poing comme si ce poing allait s'abattre sur la face du nain à l'oreille pointue.

Des jeunes femmes aux yeux baissés.
Hélène a les seins nus et l'officiante le visage voilé.

Un nain bossu joue du violoncelle.
Une matrone victorienne - canne, fauteuil, obésité, chapeau à voile -, assiste au spectacle de cette toilette.

Les nains tapageurs au bas du dessin contrastent avec le calme du spectacle érotique dont nous surprenons l'instant.
L'officiante vêtue presqu'entiérement d'encre noire contraste avec la blancheur du corps d'Hélène.

L'édition Taschen de Gilles Néret (1998) nous apprend qu'Hélène est le nouveau nom qu'il (Beardsley) donne à Vénus.

 
Patrice HOUZEAU
 Hondeghem , le 20 avril 2005

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 22:30

Note sur Malpertuis de Jean Ray

On trouve à la page 43 de l'édition de poche (J'ai Lu Science-Fiction)
du célèbre Malpertuis de Jean Ray la description suivante:

"Passé ce rideau noyé d'ombre et hérissé de pointes, on se trouve devant une bâtisse d'invraisemblable laideur, de pierres niellées, pourries de lèpre, aux fenêtres crevées, à la toiture béante: les ruines de l'ancien couvent des Barbusquins."

L'ombre et les pointes semblent protéger le couvent des intrusions de l'extérieur.
Pourtant, le couvent est en ruines :
pierres niellées, (...) pourries de lèpre, (...) aux fenêtres crevées (...) à la toiture béante.
Le temps a fait son oeuvre.
L'oeuvre du temps peut bien garder les défenses intactes, ombre et pointes, il n'en reste pas moins que le domaine n'est plus habitable.
Insalubre, il semble tout indiqué pour la révélation d'un mystère, l'exposition d'une situation fantastique, la curiosité des victimes.

Le style de Jean Ray confine souvent au poème en prose:
"bâtisse d'invraisemblable laideur"
L'élision du déterminant "une" transforme l'expression en périphrase.
Le couvent des Barbusquins est désormais la
bâtisse d'invraisemblable
laideur
.

pierres niellées
: Il est intéressant de noter que, dans le Petit Robert de 1997, le terme "nielle" a deux entrées:
1) n.m. TECHN. Inscrutation décorative d'émail noir dans une plaque de métal.
2) n.f. Maladie de l'épi des céréales. "la nielle du blé".

Ornement et maladie. Le fantastique use souvent de cette opposition entre la beauté, le style, le décor soigneusement travaillé et cette maladie du réel qu'est l'irruption de l'incompréhensible, de l'absurde, de l'angoisse, de l'indicible qui, ne pouvant se dire que par une expression "forcée", hyperbolique, métaphorique, prend dès lors les formes les plus violentes.
Ainsi, dans certains films de Dario Argento, les scènes les plus épouvantables se déroulent dans des institutions prestigieuses (l'Opéra Garnier dans
Le Fantôme de l'Opéra, un pensionnat et cours de danse mondialement connu dans Suspiria).
De même, l'opposition entre la beauté des victimes et l'avidité de leurs bourreaux surnaturels est un lieu commun de la tradition vampiresque.
Ceci dit, il arrive que le bourreau soit plus noble (ou moins ignoble) que ses victimes.
C'est le cas du Fantôme de l'Opéra qui, dans le film de Dario Argento, éventre, égorge, empale, décapite des individus particuliérement bas et glauques (cupidité et pédophilie notamment) dans le même temps qu'il se meurt d'amour pour une jeune et jolie cantatrice.

Patrice HOUZEAU
Hondeghem, le 15 avril 2005

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 22:14

"A L'AUBE ENTRE LES VIVANTS"
NOTE SUR INTERMEZZO DE JEAN GIRAUDOUX (Acte 2, scène sixième)

Isabelle s'adresse au Spectre.
Isabelle est une fille qui parle aux fantômes. Avec les fantômes.
Ce qu'elle voudrait c'est que le Spectre ne soit pas le seul à rendre visite aux vivants.
Isabelle veut réveiller les morts.

            ISABELLE
"Nous avions pensé hier, après tous nos échecs, que ce qui avait
le plus de chance de les alerter, de les émouvoir, d'éveiller ce qui peut être les nerfs d'une ombre, d'un brouillard, ce devait être une espèce de long cri, de longue plainte, uniforme,répétée longuement."

Isabelle est une rêveuse et imagine dans sa rêverie que l'on pourrait appeler les fantômes à se manifester.
Traditionnellement, c'est le rôle du spiritisme que de mettre en oeuvre le contact entre les vivants et les morts.
Mais Isabelle est originale, aussi originale que la pièce de Giraudoux dont elle est l'héroïne.
Elle n'est pas une toquée, une naïve, une affolée du fantasme, une fofolle à fantômes, une gogo que charlatans de la table tournante et escrocs de l'occulte pourraient manipuler aussi
facilement qu'un lecteur du Da Vinci Code.
Héroïne giraldulcienne, elle ne peut donc qu'imaginer des solutions poétiques à des
problèmes métaphysiques. Ainsi, qui mieux que le Spectre lui-même pourrait appeler ses frères en l'au-delà à se manifester, à manifester leur être au monde ?

"Comme ce cri vrai ou rêvé de locomotive qui nous éveille parfois à l'aube entre les vivants. Ou ce cri des sirènes des paquebots la nuit, dans des estuaires dont les molles méduses elles-mêmes sont atteintes."

Pousser un cri, pousser une plainte, un long cri, une longue plainte. Voilà ce qui sans doute pourrait "éveiller ce qui peut être les nerfs d'une ombre, d'un brouillard". Il s'agit donc d'agir à la façon d'un réveil-matin ou d'une sirène d'alarme, la longue vibration d'un gong ou le sifflement de rappel.
L'assonance "on" en signale la longueur nécessaire :
ombre, long cri, longue plainte, longuement. Isabelle compare ce cri au sifflement de la locomotive à vapeur ou au cri de la sirène des paquebots. Il est à noter que locomotive et paquebot sont deux moyens de transport comme s'il y avait une distance à parcourir entre le monde des esprits et le monde des vivants, comme si les fantômes, en se réveillant, en se manifestant, étaient des visiteurs étrangers arrivés en gare ou à bon port.

L'expression à l'aube entre les vivants me semble remarquable.
L'aube est un lieu pour les vivants.
Le début du jour, la blancheur, le mot aube rappellent que tout est d'abord page blanche,
attente d'accomplissement.
L'aube est le préliminaire d'un rituel quotidien: sortir du monde clos des songes pour retrouver la société ouverte des vivants.
L'aube prouve.
L'aube est une preuve de la vie consciente.
Est-ce pour cela que nous ne pouvons dissocier, dans notre civilisation judéo-chrétienne,
la lumière blanche de la pureté et la blancheur étincelante de la féérie ?

                                             Patrice HOUZEAU
                                             Hondeghem, le 14 avril 2005

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 22:03

ARGUMENT POUR HISTOIRE POLICIERE
(et scénariste en mal d’inspiration)

C’est l’histoire d’un homme qui revient dans une petite ville de province (on a vite fait le tour, quelques rues commerçantes, des bistros – prévoir une scène de bistro, ça fait français - une grand’place, et voilà tout). De ce coup-là, - son retour-, il y a plein de choses : des reconnaissances (tu n’as pas changé, mais si, mais non, tu es gentille, ah si seulement tu n’étais pas parti, et que j’eusse point rencontré l’autre cocu-là), des changements dans la ville (elle avait disparu, la marchande des quatre saisons, et l’Auvergnat, d’où qu’il est, l’Auvergnat ?). Bon, il revient, l’homme d’un pays étranger et fort lointain. Il se rend au cimetière se recueillir sur la tombe d’une énigmatique inconnue (scène récurrente dans le roman, ça fait mystérieux) : citation : « Le vent froissait les feuillages comme si c’étaient des papiers de bonbon ; il serrait les dents, Ludovic, et parfois son regard était si dur que l’on aurait pu se cogner dedans ». Forcément, il a vieilli (ses traits sont plus marqués, ses cheveux ont pris un coup de gris) mais il est devenu drôlement balèze en langues étrangères (prévoir une conversation téléphonique en langue étrangère, ça fait aventurier) et, surtout, son désir de vengeance reste intact. Et justement, son pire ennemi (çui-là à cause de qui il s’est exilé) se fait révolvériser cadavre quelques jours après le retour de notre bonhomme des caraïbes. Quoi qui va s’passer ? Eh bien, notre zig va être suspecté, of course et because c’est qu’il y en a eu des casseroles dans cette vieille lune : détournements de fonds, pots-de-vin, histoires de fesses (prévoir une scène de cul, ça fait vendre). Interrogé, tourmenté, inquisitionné, perquisitionné, tout son passé va être de nouveau d’actualité, à ce monsieur. Mais, bon, avec l’aide d’une vaillante journaliste, laquelle est blonde et fume des Camel (ça fait américain)  et dont il va tomber amoureux (et d’abord, il fait ce qu’il veut, vu que la mystérieuse inconnue sur la tombe de qui il va se recueillir, c’était sa femme suicidée à cause de tant de coups du sort, que c’en est pas dieu possible), il va réussir à prouver son innocence et l’on trouvera le coupable, un autre gaillard à qui l’assassiné, de son vivant, avait fait bien des misères, allez…
-
Remarque : Oui, je sais, ça fait assez idée de scénario pour un film avec Jean-Paul Belmondo des années 70-80, mais je suis sûr que l'on peut en faire quelque chose de c'truc-là qu'j'ai écrit parce que ça m'amuse.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 janvier 2009

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 18:07

TÉNÈBRES D'EAU
Notes sur le film Dark Water (honogurai mizu no soko kara) (1) de Hideo NAKATA (Japon, 2001).

1)
Dès le début du film, la pluie, la pluie tombe, fatale, sur les gens.

2)
Une jeune femme brune, mince, dans un bureau. Une affaire de divorce et de logement. Une affaire de garde d'enfant aussi : la petite fille s'appelle Ikouko. Ikouko Matsubara.
La jeune femme a suivi une psychothérapie : "ça fait plus de dix ans maintenant". Elle travaillait alors comme correctrice dans une maison d'éditions et corrigeait des textes pornographiques et violents.

3)
La pluie, deux parapluies. La mère et la fille cherchent un logement.
Un immeuble. Un gardien d'immeuble avec video pour observer les couloirs de l'immeuble et ce qui se passe dans l'ascenseur.
Il y a de l'eau dans l'ascenseur. Le titre nous l'a déjà indiqué : il s'agit d'une histoire en rapport avec l'eau, cette familiarité étrange d'où nous venons.

4)
"Il faut dire que ces jours-ci, il a plu sans arrêt", c'est l'homme qui fait visiter l'appartement qui dit cela.
L'humidité ronge l'appartement.
Bientôt Ikouko disparaît.
La petite fille dans l'ascenseur, vers le toit, la terrasse d'où l'on voit la ville grise. Une musique de synthétiseur annonce une découverte : une sacoche rouge ornée du motif d'un lapin et de l'inscription "Mimiko".
Le sac va bientôt se trouver dans une poubelle puisque : "Il n'y a pas d'enfant qui vit dans cet immeuble en ce moment".
D'ailleurs, mis à part Yoshimi (la mère) et Ikouko (la fille), l'immeuble semble désert. Étrangement désert comme si l'immeuble était une sorte de non-lieu.

5)
L'appartement où le duo mère-fille s'installe : une tache d'humidité au plafond qui grandit au fil des scènes comme un abcès qui grossirait jusqu'à en crever.
Seule dans la cuisine, la mère prend un médicament puis de l'eau et dans le verre : un signe, un cheveu noir.
Peu après, de l'ascenseur, la mère entrevoit une petite fille fantomatique.
Il pleut sans cesse. Nicolas Bardot dans une critique publiée sur http://www.filmdeculte.com (mot clé sur Google : Dark Water) fait remarquer que "l'eau, dans laquelle baignent les âmes des morts, inonde Tokyo jusqu'à l'appartement de Yoshimi".

6)
Il pleut sans cesse. La mère a besoin de travailler : entretien d'embauche dans une petite maison d'éditions.
Pendant ce temps-là, la petite Ikouko attend à l'école maternelle sous la pluie.
Ikouko illustre le thème de la peur de perdre son enfant, de la peur de l'égarement de l'enfant.
D'où le motif de l'affiche d'avis de recherche d'une petite fille disparue : Mitsuko auquel le prénom Ikouko semble faire écho.
Mitsuko au moment de sa disparition portait un anorak jaune et un sac rouge.

7)
La réapparition du sac rouge et les visions intermittentes de la petite fille en anorak jaune.
Hideo NAKATA suggère des fantômes dans les immeubles, des démons dans la vie moderne : ainsi, dans la salle de gymnastique de l'école, isolée par une partie de cache-cache, Ikouko est le témoin d'une manifestation spectrale qui va la rendre malade.
Dès lors, Ikouko va se parler beaucoup à elle-même.

8)
La mère mise en accusation : Fille d'un couple divorcé, jadis somnambule, soupçonnée de mauvais traitements envers sa fille, elle finit par croire à un complot de son mari.
Critiquée par les "conciliateurs" du divorce, mise en crise par l'énigme, déstabilisée par l'illusion cinématographique (cf la scène du mari écrasant son mégot de cigarette), elle est sans doute sur le point de perdre pied, de se noyer.
Un allié providentiel pourtant, un avocat :" Si vous continuez comme cela à vous fragiliser de jour en jour, vous aurez de plus en plus de mal à obtenir la garde de votre fille" lui dit-il.
Yoshimi dans le film doit donc prouver qu'elle est une bonne mère pour son enfant.

9)
Ikouko est malade dans l'appartement pluvieux.
La mère s'endort à son chevet sous la tache qui grandit et suscite des rêves de petite fille en anorak jaune, sac rouge, tennis blanches marchant dans la pluie de la ville et les mouvements de caméra, à travers les percussions lentes, l'ascenseur aux inconnus.
Sortie soudaine du rêve : de plus en plus d'eau ; Ikouko disparue ; immeuble absolument vide, désert comme un hôtel hanté.
Panique. Dans l'ascenseur, - avec la robinetterie, il s'agit d'un des liens avec le monde spectral -, des drôles de bruits comme une voix mêlée d'eau. Terrasse. Une petite fille s'y cache. La mère appelle sa fille. Terrasse : réapparition du sac rouge. Coup de gong.
Retour à l'appartement : bruit de pas dans l'appartement du dessus, celui d'où logiquement l'eau coule.
D'ailleurs, la porte étant ouverte, Yoshimi entre dans ce lieu inoccupé : il y a de l'eau partout et des robinets grands ouverts. L'appartement est saturé de pluie.
Au milieu de cette furie liquide : Ikouko en état de crise somnambulique.
Sur le mur, l'ombre d'une petite fille aux cheveux pluvieux.

10)
D'où déménagement.
"Mitsuko est revenue dans l'appartement du dessus et maintenant elle essaie d'emmener Ikouko" explique Yoshimi.
Les fantômes ont besoin de compagnie.
La petite morte tente de saisir la petite vive.
L'allié providentiel intervient et apporte une solution rationnelle à chacun des phénomènes : "Quoi que vous voyez, c'est une illusion d'optique et de toute manière, monter ici en pleine nuit et voir ce que vous avez vu, cela aurait fait peur à n'importe qui."
Disant cela, le personnage donne une assez belle définition du cinéma fantastique : cette illusion à laquelle nous croyons durant le temps de la fiction et dans la nuit de la salle et qui, lorsqu'elle est bien faite, nous renvoie effectivement à la peur de la toute puissance de la mort.

11)
Tout semble en ordre. Plus d'eau. On refait la tapisserie.
Réapparition du sac rouge dans le sac d'école d'Ikouko.
Dès lors, le film va se joue à trois personnages : Mitsuko, Yoshimi, Ikouko.
La mère affronte l'énigme. Elle se rend sur la terrasse puisque le lieu semble habité. Nuit. Lampe-torche. De l'eau coule de la citerne. Yoshimi est Cassandre. Elle prévoit ce que les flash-backs nous montrent. Elle lit dans le temps.
Le fantastique est donc lié à une focalisation interne.

12)
Approche du dénouement. Le fantôme enfin découvert se manifeste
: eau noire, trouble, bouillonnante dans la baignoire, citerne où retentissent des coups qui cabossent la paroi.
Des ténèbres de l'eau la morte saisit la vive. Avec l'apparition de la mort en anorak jaune, l'eau, dans un raz-de-marée qui semble envahir tout l'immeuble, tend à se faire tombe.

13)
"Dark Water" est un film sur la peur maternelle de perdre son enfant qui se transforme ensuite en peur filiale de perdre sa mère. Un film sur le sentiment d'abandon qui, concrètement, nous transforme en fantôme, en âme en quête de reconnaissance. Ikouko vit tandis que sa mère accepte de rejoindre Mitsuko dans l'au-delà.
C'est aussi un film sur les liens qui unissent les vivants et les morts, cette toute puissance de l'être mort sur l'inconscient et donc sur chacun de nos actes.
Nous sommes conditionnés par nos morts, nous sommes joués par des morts qui nous semblent si proches et qui ne sont jamais qu'un macabre défilé d'étrangers trépassés.

14)
Epilogue : dix ans plus tard.
Ikouko est devenue une jeune fille en uniforme de lycéenne.
Devant l'école maternelle de son enfance, dans le vide d'après les heures de classe, la voilà sur le chemin de l'immeuble déserté, abandonné, puis la voilà dans l'appartement de son enfance, laissé tel quel, étrangement bien rangé comme si le passé ordonnait toute chose.
"Pendant tout ce temps, ma mère avait veillé sur moi" est la dernière réplique du film, en voix off sur l'image d'une lycéenne qui passe, comme la pluie, la pluie qui s'est d'ailleurs absentée des derniers plans de ce film tout à la fois fantastique et mélancolique.

Note : (1) "honogurai mizu no soko kara"
: Si quelqu'un pouvait me donner la traduction de ce titre, cela serait vraiment sympa !

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 12 janvier 2006

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 17:58

NOTES SUR L'APPARTEMENT DE GILLES MIMOUNI (1996)
LE TEMPS DES ENIGMES.

1)
Le parti pris d'esthétisme du film a pour conséquence de souligner la beauté des actrices : Monica Belluci, Romane Bohringer.

Longs cheveux noirs coiffés, décoiffés, recoiffés.

Lisa regarde l'heure.
L'un des lieux de l'action : le magasin de chaussures détonne dans la rue parisienne des années 90. On dirait un magasin des années 50, tiré d'un film d'Hitchcock.
La musique évoque d'ailleurs souvent une atmosphère à la Modiano : années 50, début des années 60. On y entend du Charles Aznavour ("Le temps, le temps..., le temps et rien d'autre...").

Une clé est restée longtemps sous une plaque d'égout.

2)
-"Regarde, c'est Alice.".
La comédienne (Romane Bohringer) tourne le dos aux spectateurs cependant qu'elle joue l'un des rôles d'une tragédie représentée : "Tu ne vois pas le serpent qui rampe sur ma poitrine."
Ai-je bien entendu ? Un serpent qui "rampe" ; ne glisserait-il pas plutôt sur les seins de la jeune femme ?
Mise en abyme. D'ailleurs Alice est celle qui traverse le miroir, le temps, la représentation habituelle des phénomènes spatio-temporels où nous nous agitons en désespoir de cause.
Pour l'heure, Alice, - ce prénom toujours évoque les merveilles -, Alice pleure.
Son maquillage en prend un coup. Un coup de théâtre, bien sûr.
Il s'agit d'un masque blanc qui évoque la tragédie antique.
L'un des plans du film nous la montre, me semble-t-il, au moment du maquillage, métamorphose du visage.
Les pleurs, en rompant le charme du maquillage, rappellent que le masque ne fait jamais que dissimuler un temps l'apparaître des acteurs. Derrière le loup se cache l'homme. Plus terrible encore car son rôle est entiérement improvisé, imprévisible.
L'un des personnages ne cesse de devoir être à Tokyo mais c'est à Paris que les intrigues se nouent, que le temps se reconstitue comme la figure sans cesse fuyante d'un puzzle toujours recommencé.
Nous ne cessons jamais de devoir-être.
Le cinéma est une collection d'énigmes qui concerne le devoir-être.
L'amateur de films est donc un amateur d'énigmes.

3)
Rose rouge. Rose blanche. Sans épines, bien entendu puisque nous sommes dans la représentation d'un monde où il n'est pas question d'argent.
Pourrait-on penser à un soap-opéra de luxe, tel qu'Hollywood sait en produire ? Non. La construction du film n'est pas linéaire.
L'Appartement est un film sur les vertiges et les vestiges du temps.
On pourrait penser à David Lynch mais sans violences, ni scènes de sexe.
Les personnages semblent se croiser comme en un songe, parfois sans se reconnaître, sans même se voir.
Certes, l'on s'y ment beaucoup, et comme dans les vaudevilles, les soap-opéras, c'est par le mensonge que l'action progresse, mais nous savons depuis Mulder et Scully que "la vérité est ailleurs".

4)
Intérieur style art déco.
Après tout, le cinéma est un art nouveau.
- "Lisa !... Laquelle ?" demande Lucien au téléphone.
Le mensonge trouble les identités. On ne sait qui est qui. On ne le sait plus. L'a-t-on jamais su ?

Plus tard : Alice donne un rendez-vous à son ami Max dans un café en face de l'hôpital ; (n'est-elle pas infirmière ?).
Par ailleurs, Lucien ignore qu'Alice connait Max.
Et que vient faire dans ce quadrille (Lisa, Lucien, Alice, Max) la blonde Sandrine Kiberlain ?
Blonde en parallèle des deux brunes Alice et Lisa.
Elle apparaît ainsi plusieurs fois dans la narration, cette fuite du temps dans laquelle les personnages mentent et changent.

5)
Il est question de chaussures rouges.
Il s'agit pour Max de vérifier si ces chaussures vont à Alice.
Alice chausse du 39.
Lisa du 37.
Alors ? Cendrillon reste inaccessible.
D'ailleurs Alice se prétend infirmière et ment.
D'ailleurs elle est bien piètre Cendrillon qui ne connaît pas l'appartement où elle est censée vivre et sert du café dans des verres à pied. Elle dit plus tard qu'elle fait n'importe quoi.
"La fille de l'appartement" : Alice ou Lisa ?
De toute façon, Alice, Max et Lucien se retrouvent dans un café.
Alice est muette. Max en chemise blanche. Lucien en chemise noire.
Lucien : -" Mon père disait toujours : il  faut se méfier des gens qui ont l'air trop sincères."
Jeu de dupes ? Forcément puisqu'il s'agit de cinéma.

6)
A la fin, Alice plaque Lucien. Au café où on a commandé de la vodka, elle dit qu'elle revient. Un peu d'eau, ça ira mieux. Lucien, après s'être regardé dans un miroir de poche brisé, la regarde partir.
Elle file à l'anglaise.
Alice fuit à Rome.
Lucien la cherche dans un Paris d'escaliers, de concierges, de meublés et d'hôtels particuliers.

7)
Feuilles mortes. Echarpe blanche. Long manteau noir. Lisa.
Max court et enfin arrache au départ son Alice retrouvée.

8)
Fausse fin. En fait, cela finit par un meurtre.
Comme dans le journal. La victime est liée au marchand d'art.
Le feu. L'essence. Le briquet. Lisa est brûlée vive.
Ce film aurait pu être une comédie. Mais dans la vie réelle,- c'est-à-dire, celle que les spectateurs appellent "la vie réelle" -, le désir et la mort sont liés, indissociables.
Alice fuit les vertiges parisiens. Elle prend l'avion.
A l'aéroport, après avoir retrouvé Alice, Max, en fin de compte et par hasard, retrouve sa blonde (Sandrine Kiberlain).
Ni Lucien, ni Lisa, ni Max, ni Alice ne seront plus ensemble.
Quadrille disloqué. Temps passé.
Alice est partie et le film fini.

9)
L'Appartement est un film de Gilles Mimouni.
Marc Cholodenko (celui du "Roi des Fées" ?) a collaboré à l'écriture du scénario.
La musique est de Peter Chase. On y entend chanter Charles Aznavour.
On songe au Vertigo d'Alfred Hitchcock où il est question aussi de chaussures, d'usurpation d'identité, d'énigme trop belle pour être honnête.
On songe aussi à la beauté glacée des pages de publicité pour les produits de luxe dans les pages des magazines.

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 9 janvier 2006.

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 17:51

ELOGE DE L'ANARCHIE DOUCE
NOTE SUR ALEXANDRE LE BIENHEUREUX DE YVES ROBERT

Vu ce soir, et même revu, Alexandre le bienheureux de Yves Robert.
Décidément, j'aime bien ce film éloge de la paresse et du repli sur soi. On pourra le trouver égoïste, ce "fichez-moi la paix, moi je roupille" mais comme ce n'est jamais que de la fiction, ce n'est pas grave.
Disant cela, je sais que je puis en faire hurler quelques uns qui estiment que l'oeuvre littéraire doit être plus ou moins au service d'une "morale" qu'ils appellent même "éthique" pour faire plus philosophique.
Je suis plutôt bon public et donc cela ne me gêne en rien, ce rêve de campagne et de complicité avec un toutou d'un bonhomme, cultivateur de son état, qui a trimé pendant dix ans sous les ordres de sa femme, "la Grande", et qui, le jour de l'enterrement de sa bourgeoise, décide de n'en plus faire qu'à sa tête .
D'autant plus que la paresse d'Alexandre (formidable Philippe Noiret) s'oppose à l'aliénation par le boulot à tout prix pour gagner des sous et faire tourner la machine : "Faut suivre l'escalade" comme dit la délicieuse et en fin de compte vipérine Agathe (Marlène Jobert en sa jeunesse).
D'autant plus que la paresse d'Alexandre s'oppose à la sainteté des hiérarchies que les fondateurs d'industries tentent de nous faire passer pour des modèles "naturels" : Il faut que chacun fasse sa part de boulot dans le respect des lois et la peur des gendarmes. (Ceci dit, tous les personnages du film sont plutôt braves types et n'en veulent à Alexandre que parce que son comportement est "déplacé" : puisqu'il est propriétaire de 120 hectares, il a le devoir de les faire fructifier ; sans doute, s'il était "l'idiot du village" ou "le rentier" ou "le pensionné" ou "le fonctionnaire", le regard porté sur lui serait moins désapprobateur).
D'autant plus que la paresse d'Alexandre s'oppose à la tyrannie de la loi commune, à la cupidité générale, à la "tradition" qui voudrait qu'un homme soit obligé de vivre avec une femme, "tradition" très utile lorsqu'effectivement on a la charge de 120 hectares (il est même nécessaire alors de faire des enfants qui aideront d'une manière ou d'une autre) mais "tradition" hautement grotesque lorsque l'on a décidé de se reposer et de faire "à s'mode" selon la très sage expression de Madame ma mère.
Bref, j'aime ce film parce qu'il est doucement anarchiste, quelque peu "s'fiche du monde".
J'aime ce film parce qu'il est doucement poétique (les dialogues entre Alexandre et son chien, quelques gags dont on retrouvera l'esprit chez Woody Allen : cf la séquence du jeu télévisé où le spectateur, de sa ferme et devant "l'étrange lucarne" dans laquelle le Général De Gaulle dans les années 60 créa des sketchs incroyables, souffle les réponses au candidat).
J'aime ce film parce qu'il me fait penser à l'atmosphère des films de Jacques Tati ou de certains contes de Marcel Aymé.
J'aime ce film parce que, de la même manière que le spectacle de mes chats endormis me donne envie de sommeil, le spectacle d'un homme mettant le repos au centre de sa vie me fait considérer égoïstement mon lit comme un de mes lieux de réflexion, - sinon de méditation ! -, favoris.

          Patrice Houzeau
          Hondeghem, le 24 octobre 2005

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 17:41
Sur la Guerre des Mondes de Spielberg

Hier soir, samedi 9 juillet 2005, j'ai eu l'occasion de voir La Guerre des Mondes, le dernier film de Steven Spielberg. Quelques réflexions en passant :

1) Le rythme de ce film est soutenu. Pas de longueurs. Pas de sentimentalisme. Une descente dans l'enfer de l'invasion extra-terrestre qui ne laisse aucun répit au spectateur s'il se laisse prendre au jeu. Et, croyez-moi, on se laisse prendre très facilement.

2) Des séquences réussies et parfois impressionnantes telles que celle du train en flammes qui traverse l'écran de droite à gauche ou celle de la pluie de vêtements, lente et macabre dans la nuit, ou encore celle des cadavres charriés par le fleuve, scène que découvre Rachel, celle qui doit être sauvée et ici la fille du personnage principal.

3) Les machines extra-terrestres sont sous terre depuis longtemps, "des millions d'années" dit-on dans le film et cela en prévision de l'invasion. Certes, mais étant donnée l'actualité, - attentats à New-York le 11 septembre 2001, à Madrid en 2004 et à Londres le 7 juillet dernier -, on pense aussi aux "réseaux dormants" des terroristes, qu'ils soient intégristes de l'islam ou déstabilisateurs professionnels, présents dans un grand nombre de pays sans doute, souterrains, clandestins ou occultés par des activités paravents et prêts à entrer en action.

4) Certaines séquences du film, à mon avis, évoquent discrétement mais assurément l'holocauste, la mise en oeuvre de l'extermination des juifs par les nazis durant la seconde guerre mondiale : la pluie de vêtements, les massacres, l'emprisonnement des personnes dans des "cages" et l'utilisation du sang de ces personnes comme carburant semble-t-il.
L'un des personnages du film dit même : "Ce n'est pas une invasion mais une extermination."
La fille du personnage principal (Ray) se prénomme Rachel et le combat de Ray, tout au long du film, a pour but -et prend ainsi tout son sens- de préserver Rachel, de la sauver de l'horreur.

5) Le premier pays à être touché par l'invasion est l'Ukraine. Dans la version que nous connaissons tous, et qui était déjà très bonne, celle des années 50, il n'était pas question alors de l'Ukraine qui était une région de l'URSS et le film pouvait être vu comme une métaphore de la guerre froide et des conséquences d'une attaque venue de l'Est.
Ici, la mention de l'Ukraine au rang des victimes rappelle que les ex-pays du Bloc Est ont aujourd'hui le même ennemi que les Etats-Unis et l'Europe et partagent désormais les valeurs et les intérêts du Monde Libre.
Il n'est donc pas innocent que l'un des premiers symboles à tomber devant l'attaque des vivantes machines tueuses extra-terrestres soit un lieu de culte chrétien.

6) Je pourrais continuer ainsi mais mon propos n'est pas de passer en revue chacun des éléments qui m'est resté en mémoire mais plutôt de vous inciter à aller voir ce film qui n'est pas, à mon sens, un simple divertissement, mais une mise en garde.
D'ailleurs, comme vous le verrez par vous-même, le propos est plutôt pessimiste, même si les "aliens" s'avèrent en fin de compte allergiques à "l'air de la liberté", et plusieurs scènes du film laissent songeurs quant à l'attitude des humains en cas de crise grave.
Spielberg fait donc preuve d'une lucidité assez démoralisante mais certainement salvatrice si l'on prend pour principe qu'il vaut mieux prévenir que guérir.

                        Patrice Houzeau
                        Hondeghem, le 10 juillet 2005
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